De la fin du Moyen Âge au 18ème siècle, la société est largement féodale et presque exclusivement agricole.
L'Europe connait plusieurs phases de croissance démographique et de prospérité économique qui sont toujours entrecoupées par des crises profondes : épidémies, guerres et disettes.
Toutefois, les premières associations capitalistes apparaissent dès la Renaissance, les techniques enregistrent d'importants ??? et les foires attestent de l'existence d'échanges.
L'usine, au sens moderne, est inexistante. C'est un mélange inédit d'agriculture et d'artisanat : l'économie moderne est en germe.
L'Europe occidentale connait, de 1500 à 1800, une croissance démographique supérieure au reste du monde. Cette avance reste limitée et si l'Europe occidentale n'est pas plus riche que le reste du monde, elle commence déjà à le dominer.
L'idée d'investissement de rapport se diffuse d'abord chez les financiers qui se lancent dans le négoce, puis chez des négociants qui réussissent à s'autofinancer ou à trouver les moyens de se financer.
ð Dans quelles conditions des économies anciennes se sont-elles projetées dans le cycle de la croissance industrielle ? Y a-t-il eu des préalables nécessaires et suffisants à la révolution industrielle ?
I) Structures, sociales économiques et politiques
A) Evolution de la société
Dès le 16ème siècle, la Réforme protestante conduite par Martin Luther et Jean Calvin porte une base de valeurs qui révolutionnent la conception du travail et de la vie. En effet, le travail n'a pas à être considéré comme le châtiment mais comme une valeur fondamentale.
L'évolution des idées est également marquée par la dimension prise par la bourgeoisie au sein de la société et par un affranchissement du féodalisme.
B) Transformation de l’entreprise
Dès la fin du Moyen Âge, l'historien Fernand Braudel note que les activités du capitalisme marchand et financier sont déjà largement développées dans le nord de l'Italie, les Pays-Bas ou l'Allemagne du Nord.
Dès le 17ème siècle, les grandes compagnies commerciales maritimes préfigurent l'entreprise moderne.
Avant la révolution industrielle, les « investisseurs » associés au sein de sociétés en nom commun (SNC) ???? tandis que les premières sociétés de capitaux comme les sociétés en commandite par actions (actions négociables à la Bourse) remontent en France au Code du commerce de 1807, mais restent marginales.
Une nouvelle forme juridique d'entreprise, la société anonyme (SA) facilite les apports en capitaux de plusieurs investisseurs.
Ainsi en Angleterre, la mise en place des joint stock companies (JSC) fait suite à l'abrogation du «Bubble Act» en 1825 et au «Joint Stock Companies Act» de 1856 et, en France, est instaurée la société anonyme après les lois de 1863 et 1867 (et en Allemagne en 1870).
C) Libéralisme à l’aube de l’industrialisation
Au 17ème siècle, le mercantilisme « économie au service du prince » énonce les premières considérations et théories économiques.
En 1776, l’auteur libéral Adam Smith est partisan d'un État-gendarme capable d'assurer d'une part des prérogatives régaliennes et d'autre part des fonctions tutélaires.
Par ailleurs, la division du travail est déjà à l'œuvre depuis au moins un siècle. Elle est source d'efficience et de meilleure productivité et contribue à généraliser les pratiques de marché.
Le siècle des Lumières promeut la conception d'un État garant des libertés individuelles, parmi lesquelles, la liberté du commerce et de l'industrie et la libre concurrence => en France décret d'Allarde en 1791 et loi Le Chapelier en 1791
En Angleterre, les Combination Acts de 1799 et 1800 engagent un processus similaire.
Ce libéralisme est donc à l'origine de la généralisation du marché au 19ème siècle : celui-ci devient un facteur décisif dans le processus d'industrialisation.
D) Progrès scientifiques
La révolution industrielle marque une véritable rupture au niveau des techniques mais de nombreuses industries ne sont pas à proprement parler récentes : imprimerie, soierie remontent au milieu du 15ème siècle.
De même, l'invention de l'horloge est l'une des premières activités mécaniques, occasionnant le perfectionnement de certaines techniques et favorisant la division du travail.
On observe aussi au niveau local et rural une forme de proto-industrialisation nécessaire à la transition vers une économie industrielle.
Durant cette proto-industrielle (ou proto-industrialisation ?) selon l'expression de Franklin Mendels – des « nébuleuses industrielles », comme en Flandres au 17ème siècle, apparaissent dans lesquelles se développent des formes embryonnaires d'entreprises pour contourner les règles corporatives. Les premières formes juridiques d'entreprises reposant sur la libre association de sociétaires voient le jour.
II) Mutations liées : agriculture et démographie
A) Un monde agricole archaïque
On observe une prépondérance de l’agriculture dans ces économies préindustrielles.
Le reste du monde reste agraire à l’exception de quelques zones colonisées et dominées par l’Europe colonialiste.
En Europe, à l’ouest de l’Elbe, le grand domaine n’est plus qu’un système à produire des rentes foncières et une hiérarchie complexe s’est formée dans les mondes ruraux.
Les techniques ont, dans l’ensemble, peu progressé et restent peu productives => la famine reste courante et touche aussi les villes.
Malgré cela, tous les investissements sont avant tout fonciers.
A cette industrie paysanne médiocre peut être couplée une industrie rurale qui permettra l’arrivée du factory system d’où émergera l’industrie nouvelle.
Mais la stagnation de l’agriculture est surtout liée à la faiblesse des structures communicatives et de circulation.
Le transport, même s’il s’améliore, reste très lent et seul le transport transocéanique et colonial s’améliore rapidement => ses profits sont à l’origine de la multiplication des signes monétaires, de l’intervention de l’état dans les circuits économiques et l’apparition des premières banques régulatrices.