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Acte I Scène XVII Mamy, Suzon, Gaby, Catherine, Augustine, Louise, Mme ChanelSUZON. Papa a-t-il revu sa sœur en ville ? GABY. Sûrement pas ! SUZON. Comment est-elle ? GABY. Est-ce que je sais ? Je ne l'ai jamais vue. MAMY. Moi, on me l'a montrée de loin... C'est une belle femme... assez étrange! SUZON. De quoi vit-elle ? J'aimerais bien lui parler... GABY. Tu lui parleras où tu voudras, mais pas dans cette maison. SUZON. J'irai la voir. GABY. Laisse faire la police, c'est son rôle de poser des questions. Pas le tien... Louise, mon manteau ! SUZON, assez bouleversée. Je suis absente depuis un an. Je vois tout avec des yeux neufs. C'est incroyable comme en un an les visages changent ! GABY. Tu trouves que j'ai vieilli ?... (Elle se mord les lèvres.) Mais cette catastrophe va bien se charger de me donner mon âge ! Marcel..., nous nous comprenions, nous étions tendrement unis... AUGUSTINE, sourdement, mais durement. ...Au point de faire chambre à part ! GABY, fait face à Augustine, Marcel rentrait tard parfois, il travaillait souvent la nuit, il m'avait demandé d'occuper provisoirement la chambre du second. As-tu quelque chose à ajouter ? AUGUSTINE, soutenant le regard de Gaby. Pas pour l'instant. MAMY. Mes petites..., calmez-vous. Il ne faut pas rester sans aide... Pars avec la voiture, Gaby... Dépêche-toi ! Madame CHANEL, s'avançant. Madame, on ne peut pas laisser ce pauvre Monsieur tout seul. Si Madame le permet, je vais monter... CATHERINE, terrorisée. Et si l'assassin est encore là ? Madame CHANEL. Non, ne fais pas de roman, ma petite fille. Il ne nous a pas attendues. Il s'est sauvé ! LOUISE. Par la fenêtre de la chambre, on peut sauter sur le toit du garage... Madame CHANEL, accablée. Mais non ! II a dû partir par la porte, comme il est venu... L'assassin est plus fort que l'on croit... Plus proche..., plus... (Un silence.) GABY. Que voulez-vous dire ? Madame CHANEL. ...Je me comprends ! (Elle arrive à la porte du père.) La clef n'est pas à la serrure... Qui a pris la clef ? C'est vous, Madame ? GABY. Non ! Qui a la clef ? Augustine, tu as la clef ? AUGUSTINE. Non !... J'ai pas la clef. C'est Suzon. Suzon. Non !... GABY. Mais enfin qui a la clef ? C'est invraisemblable ! Qui a pu la prendre ? (On commence à s'affoler.) Madame Chanel. C'est vous, Madame! GABY . Moi ?... Je me suis évanouie! AUGUSTINE, traquée, Je tenais Gaby! SUZON. Moi aussi... D'ailleurs, nous sommes toutes passées devant cette porte : Louise est allée chercher les sels, Madame Chanel un coussin, Catherine une mouchoir... MAMY. Moi, je n'ai pas bougé ! Aaah ! (Elle ouvre ses mains et constate.) On l'a mise dans mon tricot ! (Elle tend la clef.) .. GABY . N'approfondissons pas ! Madame Chanel, j'ai une parfaite confiance en vous. Vous êtes peut-être la seule, dans cette maison, à qui je vais donner la clef sans arrière-pensée... AUGUSTINE. C'est agréable pour les autres! GABY. Madame Chanel, puisque vous êtes la plus courageuse, voici la clef. (Elle la lui donne.) Madame CHANEL. Merci, Madame ! (Elle gravit les marches.) AUGUSTINE, à Gaby. Tu aurais pu consulter les autres, non ? GABY . Je fais ce que je crois être mon devoir. AUGUSTINE . Ton devoir ! GABY . Ne laissez entrer personne, madame Ghanel. AUGUSTINE, dressée. Ah! non alors ! Si madame Chanel entre, nous devons toutes entrer. LOUISE . C'est évident. Ou personne ou tout le monde. MAMY. Il ne faut toucher à rien! LOUISE . A cause des empreintes... Madame CHANEL, clouée sur place, devant la porte. Voulez-vous insinuer, Mesdames, que j'ai demandé la clef dans ce but ? (Affreux silence.) Très bien. Dans ce cas-là... (Elle redescend.) MAMY. Oh ! Madame Chanel, ne soyez pas susceptible... Madame CHANEL, l'œil mauvais. Je n'ai jamais été susceptible. C'est pour ça que je sers depuis quinze ans dans cette maison... On peut me dire ce qu'on veut. Tout m'est égal. Je suis ici pour gagner mon pain. C'est tout... D'ailleurs, je préfère ne pas être montée... Je peux bien vous le dire... J'avais peur, comme vous... (Elle brandit la clef.) Alors, cette clef, «qui la garde ? Personne ? Bon ! je la pose là ! (Elle la met sur la tablette et furieuse, va s'asseoir. Silence... On s'èloigne de cette clef maudite.) LOUISE, soudain. Cet homme qui rode peut-être, autour de nous... MADAME CHANEL. Un homme? Pourquoi un homme? MAMY. Quest-ce que ça peut-être dautre? MADAME CHANEL. Mais... une femme! (Sensation muette... On se regarde.) AUGUSTINE, grince. C'est honteux. Vous avez lair de nous accuser! GABY, ironique. Quand on a la conscience tranquille... AUGUSTINE, froidement. Tu me détestes, nest-ce pas ? GABY. Non. Tu mes indifferente ! AUGUSTINE. Vous lentendrez? MAMY. Augustine, ma chérie, tais-toi !... Gaby, excuse-la... GABY. Evidemment, ta petite chouchoute, tu la couves ! AUGUSTINE, explosant. Mais oui, maman, donne raison à Gaby... Elle est riche à present..., très riche et elle va nous mettre dehors... Alors, fait ta cour, maman, sauve ton bifteck... Vous nosez rien lui dire parce que vous êtes toutes des lâches... Mais, moi, je dirai des choses à la police... Des choses que je sais... GABY. Quelles choses ? AUGUSTINE. C'est mon affaire. SUZON. On ne calomnie pas quelquun sans preuves. Mefie-toi... (Brouhaha général d'approbation et de fureur.) AUGUSTINE. C'est une coalition contre moi ! Ta mère mattaque de front... GABY.- Tu préfères, toi, attaquer de dos? (Affreux silence.) AUGUSTINE, qui fond eu larmes Que je suis malheureuse... Tout le monde dit que je suis une idiote, une laissée pour compte, un fruit sec... Mais quest-ce que jai au monde comme consolation, dites-moi ? Dites-moi... Je nai ni lâge ni le physique pour faire la vie. LOUISE. Oh çà ! AUGUSTTNE, elle s'est tournée vers Louise qu'elle voit ricaner. Ni la mentalité... ! LOUISE, du tac au tac. Pleurez pas ! Vous avez la poésie ! AUGUSTINE La poésie ? LOUISE. Oui, souvent, de la fenêtre de ma chambre, je vous vois, la nuit, arpenter le parc en recitant des vers... (Aux autres.) Parole!.. MAMY. Il ne fallait pas y prendre garde, Louise. LOUISE. On na pas tant de distractions dans ce coin perdu ! Mademoiselle Augustine, le soir, dans le parc... en train de déclamer... C'est ma télévision à moi ! (Augustine pique sa crise.) MAMY. Calme-toi... Veux-tu boire quelque chose pour te détendre ? AUUGUSTINE, J'ai horreur de boire quoi que ce soit quand je ne suis pas à table... .. GABY. Tiens ? Je croyais que tu, tétais levée cinq fois cette nuit pour boire... ? AUGUSTINE, ...Au lit, cest defférent... Je suis une grande malade... Je suis cardiaque. MAMY. Va prendre des cachets pour te calmer! AUGUSTINE, se levant. - C'est ça, mes cachets !Eh bien, je vais prendre toute la boîte d'un seul coup, comme ça vous serez débarrassées de moi;... (Elle sort en hurlant.) MAMY. Excusez-la!... Ma pauvre petite... (La grand-mère, soudain, se dresse et sort de sa voiture. Les autres femmes son effarées... Mamy fait trois pas.) TOUTES. Elle marche ! Ça alors ! Elle marche ! GABY. Maman ! Qu'est-ce que ça veut dire ? Tes jambes? MAMY, glapit, hautaine. Ça va ! (Et elle disparaît rejoindre Augustine. Consternation et inquiétude... L'horloge sonne la demie.) SUZON. Mais, elle marche donc ? GABY. Il faut croire ! C'était bien la peine de nous faire acheter cette chaise roulante ! Tout est organisé entre elle et son Augustine ! Je suis écœurée! (Un silence.) Madame CHANEL. Que faire, Madame ? GABY. Je pars... Louise, mon manteau, je vous prie... Ça fait trois fois que je vous le démande... (Louise sort.) Madame CHANEL. ... Je vais mettre une bûche... (Elle sort.) Date: 2015-12-18; view: 309 |