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Acte I Scène XV Mamy, Suzon, Gaby, Catherine, Augustine, Louise, Mme Chanel(Madame Chanel redescend avec un coussin et Louise avec des sels.) Madame CHANEL. — Mais... un couteau comment ? LOUISE. — Un genre de poignard. Madame CHANEL. — Le poignard avec le manche en corne ? LOUISE. — Oui. Madame CHANEL. — Monsieur me l'avait demandé pour découper du carton. AUGUSTINE, — Du carton ? Qu'est-ce qu'il faisait avec du carton ? (Sous l'effet des sels et relevée par les coussins, Gaby reprend alors connaissance.) GABY. — II faut téléphoner à la police. SUZON. — Tout de suite ? Madame CHANEL. — Nous n'avons que trop tardé... (Catherine prend l'appareil de téléphone et le passe à Suzon qui actionne le déclic plusieurs fois.) SUZON. — I! n'y a pas de tonalité. Ça ne répond pas! (Soudain le regard de Catherine devient fixe. Elle regarde le fil, le tire à elle. Il vient, coupé net. Sensation.) CATHERINE. — On a coupé les fils du téléphone ! GABY. — Qui ? SUZON. — ...Quelqu'un ! (Un silence. Le vent fait battre un volet. Le store en bois de la fenêtre bouge.) AUGUSTINE, dans un souffle. -— Vous croyez que... s quelqu'un »... est encore dans la maison? MAMY. — Ecoutez ! J'entends du bruit par là... (Suspense. Louise ouvre soudain la porte derrière elle, pousse un cri, mais conclut.) LOUISE. — Non ! Rien ! Madame CHANEL. — Oh! oh! c'est le vent ! Et votre imagination! CATHERINE. — Qu'est-ce qu'on va faire, si le commissaire n'arrive pas? GABY, se lève. — Il viendra ! Je vais le chercher en voiture... SUZON. — Oui, maman... GABY. — Louise, mon manteau! LOUISE, fait un pas, s'arrête soudain. — Madame !... les chiens! SUZON. -— Quoi, les chiens... LOUISE. — Ils n'ont pas aboyé de la nuit! AUGUSTINE. — Alors? LOUISE. — Méchants comme ils sont, ils auraient aboyé si... (Un silence.) GABY. — Si quoi 1 SUZON. — Vous voulez dire : si un étranger était entré dans la propriété ? LOUISE. — Oui. C'est ça ! AUGUSTINE. — Mais, si personne n'est venu de l'extérieur... ça veut. dire... quoi ? (Un silence... Le vent fait soudain tomber le store avec un bruit sec. Cris. Affolement général. Puis on fait ouf... La grand-mère prend le bras de Chanel... qui hurle de peur. Puis.) MAMY. — Ce n'est plus tenable ! Il faut que vous alliez voir ! Madame CHANEL. — Eh ?... Oui, il faut... que... Madame... aille voir. GABY, pas fière, se retourne vers Suzon. — Oui, il faut que quelqu'un prenne cette initiative... SUZON. — Oui... il faut... (Elle fixe Augustine.) AUGUSTINE, glapit. — Je suis cardiaque MAMY. — Je ne peux pas marcher, moi ! (On se tourne vers Louise qui se met à sangloter.) GABY. — Si je comprends bien, personne n'ose bouger ! ! ! (Madame Chanel a un petit geste de frayeur qui se répercute sur les autres.) SUZON, nette. — Que s'est-il passé hier soir ? GABY. — Rien de spécial. Ton père est rentré vers les huit heures. Nous avons diné... Puis il s'est retiré dans sa chambre pour travailler... SUZON. — Il n'a pas reçu de visites? GABY. — Non. (Approbation générale.) Avec le temps qu'il a fait ! Il faudrait du courage pour gravir la colline ! SUZON. — Pas de coup de téléphone? GABY. — Pas que je sache! Madame CHANEL. -— On aurait entendu la sonnerie... MAMY. — C'est un vagabond, un voleur qui s'est introduit... et qui... AUGUSTINE. — Ecoute ce qu'on dit, maman ! Louise qui dort au-dessus du garage aurait entendu les chiens aboyer, dans ce cas-là! LOUISE. — Ils n'ont pas bougé, j'en suis sûre. MAMY. — Mais alors ? Ce serait quelqu'un que nous connaissons ? Un familier de la maison? (Un silence.) SUZON. — Qui a téléphoné la dernière ? (Silence.) Qui a téléphoné la dernière? Madame CHANEL. — Moi! SUZON. — Eh bien ! dites-le! Madame CHANEL. — Eh bien ! je le dis ! Ce matin, vers les sept heures et demie, j'ai commandé de la viande chez le boucher! (Devant les yeux accusateurs de Mamy.) ...Du gigot, là ! SUZON. — Donc, ce matin à sept heures et demie, l'assassin était encore ici. Il a coupé les fils du téléphone après. (Affreux silence.) Il faut se rendre à l'évidence... Les affaires de papa marchaient-elles? GABY. — Oui!. Tu sais comme était ton père ! Un brasseur d'argent, un homme d'action! Très intelligent ! Il avait mille et un tours dans son sac pour réussir ! Personnellement, il ne m'a jamais dit que ça n'allait pas bien. Et puis, il est admirablement secondé par M. Farnoux. SUZON. — Monsieur Farnoux ? GABY. — Oui, son nouvel associé à l'usine. SUZON. — Ah oui !... Ce monsieur est-il déjà venu ici ? GABY. — Non ! (Elle se reprend.) Si ! une fois ou deux peut-être... Nous ne le fréquentons absolument pas... Enfin, très peu ! Madame CHANEL, — Je me souviens que les chiens, le jour où il est venu chercher Monsieur, l'ont à moitié renversé... parce que monsieur Farnoux a un chien chez lui et que les nôtres l'avaient senti... SUZON. — Donc, il faut abandonner l'idée de penser que ce monsieur... aurait... ? GABY. — Bien sûr ! C'est invraisemblable ! SUZON. — Connaissez-vous quelqu'un qui aurait voulu du mal à papa ? Madame CHANEL. -— Personne ! AUGUSTINE. — C'est vite dit ! Quand il allait à Paris, on ne sait pas au juste qui il fréquentait... GABY. — Que vas-tu imaginer ? Un étranger à huit heures ici, dans notre salon, coupant le téléphone... ? et personne ne le voit ! MAMY. -— Te rends-tu compte de ce que ça signifie, Gaby, pour nous toutes ici ? SUZON, après un temps. — Qui hérite des biens de papa ? GABY. — Moi !... Je veux dire, nous... Enfin, dans ce cas on vend l'usine, et on partage entre les enfants et la femme... La femme a la moitié et... Les notaires savent tout ça... Je n'y comprends rien. On nous donne à chacun de l'argent liquide... Enfin ! (Elle s'embrouille et, finalement, elle pleure.) Catherine, va me chercher un mouchoir ! CATHERINE. — Il faudra prévenir la soeur de papa! (Et elle disparaît dans les étages.) Date: 2015-12-18; view: 327
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