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VERS LE NOUVEAU MONDE 26 page

- Non.

- Et si tu ne travaillais pas ici, si ta responsabilité d'infirmier n'était pas engagée envers lui, tu le ferais ?

- Non plus, probablement.

- C'est quoi, déontologie ou manque de couilles?

- J'en sais rien.

- Bon, on va bien voir. Tu es viré, Barney.

Il opina du bonnet, sans manifester de surprise.

- Et puis, Barney ?

Elle posa son doigt sur ses lèvres.

- Chuuut, hein ?J'ai ta parole, n'est-ce pas ? Ne me force pas à te rappeler que je peux te casser les reins avec ces antécédents que tu as en Californie. Je n'ai pas besoin de revenir là-dessus, ou si ?

- Tu n'as pas à t'inquiéter, répliqua Barney. C'est plutôt moi qui devrais flipper. Je ne sais pas si Mason a l'habitude de laisser partir ses employés. Peut-être qu'ils « disparaissent », juste...

- Pas de souci, toi non plus. Je lui dirai que tu as attrapé une hépatite. Après tout, tu ne connais pas grand-chose de ses petites affaires, à part qu'il essaie d'aider la justice de son pays... Et comme il sait qu'on te tient avec cette histoire de Californie, il va te laisser partir gentiment, crois-moi.

Un moment, Barney se demanda qui, du frère ou de la sœur, avait semblé le patient le plus intéressant aux yeux du docteur Lecter.


 

 

Il faisait nuit noire quand le long fourgon argenté vint s'arrêter devant la grange de Muskrat Farm. Ils étaient en retard, et de fort méchante humeur.

Au début, tout s'était bien passé à l'aéroport de Baltimore Washington. L'inspecteur du département de l'Agriculture monté à bord avait donné son accord à l'entrée des seize animaux sans barguigner. Lui-même expert en race porcine, le fonctionnaire n'avait encore jamais vu pareils spécimens.

Lorsque Carlo Deogracias avait inspecté le camion qui devait les emmener à la ferme, par contre, il avait constaté qu'il s'agissait d'une bétaillère dont les anciens occupants avaient laissé des traces nauséabondes un peu partout. Il avait refusé de faire débarquer ses bêtes et l'avion avait donc été immobilisé pendant que les trois Sardes et le chauffeur très en colère partaient à la recherche d'un véhicule plus convenable, trouvaient une station de lavage et récuraient l'intérieur à la vapeur.

En arrivant à la route d'accès à la ferme, dernière contrariété : après avoir jaugé le tonnage du camion, le garde forestier leur avait refusé le passage sous prétexte qu'ils devraient emprunter un pont qui n'était pas prévu pour un tel poids. Il les avait obligés à prendre la piste de service à travers la forêt domaniale. Les trois derniers kilomètres, le gros véhicule s'était péniblement faufilé sous les arbres, accrochant les branches au passage.



Carlo fut cependant satisfait en découvrant la belle grange de Muskrat Farm, la propreté des lieux et la souplesse avec laquelle le petit chariot élévateur déposa les caisses dans les stalles abandonnées par les poneys.

Quand le conducteur de la bétaillère arriva avec un aiguillon électrique en proposant d'envoyer une décharge à l'un des porcs afin de vérifier s'il était toujours sous l'effet du sédatif, Carlo lui arracha la pique des mains et lui lança un regard si menaçant que l'autre ne s'avisa pas de demander qu'il la lui rende.

Le maître-porc voulait que ses bêtes sortent de leur léthargie dans la pénombre et qu'elles ne quittent leur caisse qu'après avoir retrouvé toutes leurs facultés motrices. Il craignait en effet que les porcs réveillés en premier ne soient tentés de s'offrir une collation au détriment de ceux encore plongés dans leur sommeil forcé : quand les bêtes n'étaient pas assoupies en même temps, la moindre forme allongée réveillait leur appétit.

Piero et Tommaso devaient d'ailleurs redoubler de vigilance depuis que la bande avait dévoré le réalisateur et, quelques jours après, son cameraman préalablement décongelé. Il n'était plus question de traverser l'enclos ou la pâture quand les cochons étaient lâchés. Non pas qu'ils se soient montrés menaçants, à grincer des dents comme le feraient des sangliers : non, ils se contentaient de regarder les hommes avec la terrible obstination du cochon et s'approchaient lentement, de côté, jusqu'à se retrouver assez près pour charger.

Tout aussi entêté qu'eux, Carlo ne pensa à prendre quelque repos qu'après avoir inspecté avec une torche la longue clôture qui bouclait la partie du sous-bois réservée par Mason à ses porcs, en bordure de la forêt domaniale. Avec son couteau de poche, il fouilla l'humus sous les arbres et trouva des glands. Plus tôt, alors qu'ils roulaient dans les dernières lueurs du jour, il s'était dit qu'il devait y en avoir par là quand il avait entendu des geais gazouiller. Et, certes, il y avait des chênes dans la pâture clôturée, mais pas trop, heureusement : il ne voulait pas que les bêtes se nourrissent d'elles-mêmes, ce qui leur aurait été des plus faciles dans la forêt.

Mason avait aussi fait construire au bout de l'auvent de la grange une solide barrière percée d'un portail à deux vantaux superposés, sur le même principe que celui que Carlo avait installé en Sardaigne. Derrière cette protection, il allait pouvoir alimenter ses cochons en jetant par-dessus les traverses des vêtements bourrés de carcasses de poulets, de quartiers d'agneaux et de légumes qui atterriraient dans la mêlée.

Ils n'étaient pas intrépides, mais ils ne craignaient ni les hommes ni le bruit, et même Carlo n'aurait pu s'aventurer dans l'enclos avec eux. Le porc est un animal à part : il a des éclairs d'intelligence et un sens pratique d'une logique effrayante. Ceux-ci ne manifestaient pas d'hostilité particulière envers les humains, ils avaient simplement pris goût à les manger. Ils avaient également des pattes aussi nerveuses qu'un taureau de combat, les mâchoires redoutables d'un chien de berger, et les mouvements qu'ils effectuaient autour de leurs gardiens avaient un sinistre relent de préméditation. Piero, ainsi, avait frôlé la mort la fois où il avait récupéré une chemise dont ils avaient pensé pouvoir se resservir pour un de leurs repas.

Jamais encore il n'y avait eu des porcs d'une telle puissance, plus massifs que le sanglier d'Europe et d'une égale brutalité. Carlo avait le sentiment d'être leur créateur. Ce qu'ils allaient bientôt faire, cette incarnation du mal qu'ils allaient prochainement détruire, serait le seul hommage rendu à son œuvre, et il n'en demandait pas plus.

A minuit, tous, hommes et bêtes, étaient profondément endormis : Carlo, Piero et Tommaso dans le grenier de la sellerie, les cochons toujours enfermés, ronflant, leurs élégants petits sabots commençant à piaffer dans leurs rêves, quelques-uns s'étirant sur la toile propre qui leur servait de litière. A peine éclairé par le feu de la forge, le crâne du trotteur Ombre mouvante surveillait l'ensemble.


 

 

En s'apprêtant à attaquer un membre du FBI avec la fausse preuve fabriquée par Mason, Paul Krendler prenait un risque qui lui serrait un peu la gorge. Si Madame le procureur général des États-Unis découvrait la supercherie, elle n'hésiterait pas à l'écraser comme un cafard.

Mais, au-delà de l'inquiétude pour son propre sort, la perspective de ruiner la carrière de Clarice Starling ne le préoccupait pas autant que s'il s'était agi d'un homme. Car un mâle doit nourrir sa famille, tout comme il le faisait lui-même en dépit de la gloutonnerie et de l'ingratitude de ladite nichée.

Et puis, Starling devait être mise hors course, de toute façon : si on la laissait remonter les pistes avec l'ingéniosité obtuse et tenace des femmes, elle finirait par retrouver Hannibal Lecter. Et, dans ce cas, Mason Verger ne lui donnerait rien, ni argent, ni protection.

Le plus tôt elle serait dépouillée de ses ressources et exposée en appât facile, le mieux ce serait.

Au cours de son ascension, d'abord en tant que procureur local très impliqué dans la vie politique, puis au département de la justice, Krendler avait déjà eu à casser professionnellement des gêneurs. Il savait d'expérience que sur ce plan les femmes sont beaucoup plus vulnérables que les hommes : si l'une d'elles est promue à un poste qui n'aurait pas dû revenir à quelqu'un de son sexe, il est toujours facile, et payant, de proclamer qu'elle l'a obtenu en couchant.

Quoique ce genre d'accusations ne pourrait jamais marcher avec Clarice Starling, se dit-il. En fait, il ne connaissait pas une femme qui aurait eu autant besoin d'un bon coup de rouleau par-derrière. Il pensait parfois à cette corrosive revanche quand il se fourrait un doigt dans le nez.

Il aurait été incapable d'expliquer son animosité à l'encontre de Starling. C'était une haine viscérale, qui appartenait à une partie de lui-même où il ne pouvait se risquer, un recoin avec des sièges couverts de housses, un plafonnier en dôme, des poignées aux portes et des crémaillères aux fenêtres, et une fille qui avait l'aspect de Starling mais non sa réserve et qui, sa culotte tombée autour des chevilles, lui demandait ce qui pouvait bien lui arriver, bon sang, et pourquoi il n'y allait pas, enfin, et s'il « n'était pas un peu pédé, par hasard », un peu pédé, un peu pédé...

Si on ne savait pas à quel point Starling était cul-serré, pensa Krendler, sa prestation en blanc et noir était étonnamment supérieure aux qualités érotiques que pouvaient suggérer ses rares promotions, il devait l'admettre. Les satisfactions professionnelles n'étaient certes pas tombées en masse dans son escarcelle, tout au long de ces années : en ajoutant de temps à autre une touche empoisonnée à son dossier, Krendler avait réussi à influencer la direction du personnel du FBI de telle manière que les postes gratifiants qu'elle aurait été en droit d'attendre ne lui soient jamais proposés. Son indépendance d'esprit et son refus de mâcher ses mots avaient facilité le travail de sape.

Mason n'était pas disposé à attendre les conclusions de l'enquête interne sur la fusillade du marché aux poissons. D'ailleurs, il n'était nullement assuré que Starling en sorte ternie : la mort d'Evelda Drumgo et des autres était à l'évidence le résultat d'une mauvaise conception du raid. Et c'était un miracle qu'elle ait pu sauver ce petit moutard, un parasite de plus à nourrir sur les deniers publics... Rouvrir la plaie de cette horrible histoire n'avait rien de difficile, certes, mais ce serait une manière stérile de s'en prendre à Starling.

Non, la méthode Mason était bien meilleure. Plus rapide, plus radicale. D'autant que le moment était propice. Un axiome en vigueur à Washington et dont la pertinence a été vérifiée encore plus souvent que celle du théorème de Pythagore stipule en effet qu'en présence d'oxygène un seul pet bien sonore émis par un coupable patent couvrira plusieurs flatulences mineures dans la même pièce, à condition que celles-ci se produisent simultanément ou presque. En d'autres termes, le procès en destitution du Président accaparait alors suffisamment le département de la justice pour que Krendler ait tout loisir de régler son compte à Starling.

Mason Verger exigeait des échos dans la presse, que le docteur Lecter ne manquerait pas de remarquer. Mais Krendler devait s'arranger pour que l'affaire apparaisse comme un déplorable incident. Par chance, une occasion se présentait qui allait lui faciliter la tâche : ce serait bientôt l'anniversaire de la création du FBI.

La conscience de Krendler était assez souple pour lui accorder l'absolution quand il le fallait. Elle lui murmurait maintenant, en guise de consolation, que si Starling perdait son job, elle devrait au pire se passer de la grande antenne parabolique qui planait au-dessus du repaire de gouines où elle vivait. Au pire, il donnait ainsi à une gâchette facile l'opportunité de passer par-dessus bord et de ne plus mettre en danger la vie d'autrui.

Une gâchette trop nerveuse par-dessus bord, de quoi empêcher le bateau de tanguer, compléta-t-il, ravi par ces deux métaphores nautiques qui semblaient conférer une logique rassurante à son raisonnement. Que ce soit le tangage du bateau qui l'ait expédiée à la baille ne lui traversa pas l'esprit.

Dans les modestes limites de son imagination, Krendler menait une vie fantasmatique intense. A cet instant, il se représenta pour sa plus grande délectation une Starling vieillie trébuchant sur ses seins affaissés, ses jambes lisses désormais couvertes de varices et de verrues, peinant dans l'escalier avec un ballot de linge sale dans les bras, tête tournée pour ne pas avoir à supporter la vue des taches suspectes sur les draps, réduite pour gagner son pain à faire la bonniche dans un hôtel miteux tenu par un couple de vieilles lesbiennes poilues.

Il imagina ce qu'il lui allait lui dire, tout de suite après son triomphal « petite connasse de provinciale ». Inspiré par les déductions psychologiques que le docteur Doemling avait avancées sur son compte, il s'approcherait tout près d'elle lorsqu'on lui aurait retiré son arme et il laisserait tomber, les lèvres pincées par le mépris : « Même pour une petite Blanche sudiste, vous êtes quand même un peu vieille pour continuer à baiser votre papa, non ? » Il répéta plusieurs fois la formule dans sa tête et se demanda s'il ne devrait pas la noter quelque part.

Krendler disposait donc de l'instrument, de l'occasion et de tout le venin nécessaires à la ruine de Starling. Il se préparait à passer à l'action quand le hasard et la poste italienne vinrent lui apporter encore une aide considérable.


 

 

Aux environs de Hubbard, le cimetière de Battle Creek est une petite cicatrice sur la peau fauve du Texas intérieur en décembre. Ce jour-là, le vent siffle comme il a toujours sifflé ici et comme il sifflera toujours. Inutile d'attendre qu'il se calme.

Dans la nouvelle section, les pierres tombales sont plates, ce qui rend la pelouse plus facile à tondre autour. Aujourd'hui, un ballon argenté en forme de cœur danse au-dessus de la tombe d'une petite fille dont ce doit être l'anniversaire. Dans la partie la plus ancienne, les allées sont tondues aussi soigneusement, les abords des sépultures un peu moins souvent. Des bouts de rubans fanés et des tiges de fleurs mortes se décomposent dans l'humus. Tout au fond du cimetière, un tas de compost attend les vieux bouquets. A mi-chemin du ballon flottant et du compost, une pelleteuse est arrêtée. Un jeune Noir est aux commandes. Un autre, qui se tient près de la machine, protège de ses deux mains la cigarette qu'il allume dans le vent.

- Mr Closter, je tenais à ce que vous soyez présent pour que vous puissiez constater ce à quoi nous sommes confrontés, dit Mr Greenlea, le directeur des pompes funèbres de Hubbard. Je suis certain que vous dissuaderez les proches de s'infliger un spectacle pareil. Ce cercueil... et je veux à nouveau vous féliciter pour votre goût... ce cercueil fera très bonne figure, ils n'ont pas besoin d'en voir plus. Je suis heureux de vous accorder la remise professionnelle dessus. Mon propre père, qui n'est plus de ce monde à l'heure qu'il est, repose exactement dans le même modèle.

Un signe de tête à l'adresse du conducteur de la pelleteuse, et la mâchoire mécanique arrache un morceau de la tombe affaissée par le temps et les mauvaises herbes.

- Pour la stèle, c'est entendu, Mr Closter ?

- Oui, répond le docteur Lecter. Les enfants en veulent une seule pour le père et la mère.

Ils restent là, silencieux, leur pantalon claquant dans la brise, jusqu'à ce que le pelleteur soit descendu à une soixantaine de centimètres.

- A partir de là, mieux vaut continuer à la main, observe Mr Greenlea.

Les deux ouvriers se laissent tomber dans le trou et commencent à rejeter des pelletées de terre sans effort. On voit qu'ils ont de la pratique.

- Doucement, maintenant, commande Mr Greenlea. Il ne doit pas avoir tenu le coup, le cercueil. Rien à voir avec celui que nous allons lui donner...

La bière en vulgaire pitchpin s'est en effet effondrée sur son occupant. Greenlea demande à ses fossoyeurs de bien dégager les côtés et de glisser une toile sous le fond qui, lui, a résisté. Retiré dans ce brancard improvisé, le cercueil est placé à l'arrière d'un camion.

 

 

Sur une table à tréteaux dans le garage du funérarium de Hubbard, les planches pourries du couvercle furent retirées, révélant un squelette de bonne taille.

Le docteur l'examina rapidement. Une balle avait endommagé la côte juste au-dessus du foie, il y avait également une fracture enfoncée et un impact en haut de la tempe gauche. Le crâne, envahi de mousse et d'humus, présentait dans sa partie visible des os zygomatiques bien dessinés qu'il reconnut sans mal.

- La terre ne laisse pas grand-chose, n'est-ce pas ? constata Greenlea.

Les ossements étaient encore à moitié couverts par ce qui avait été un pantalon et des lambeaux de chemise de cowboy, dont les boutons en nacre étaient tombés dans la cage thoracique. Un chapeau en feutre, de cow-boy également, un modèle de grande taille dans le style de Fort Worth, était posé sur la poitrine du cadavre. Il y avait une entaille dans le bord et un trou au-dessus du ruban.

- Vous avez connu le défunt ? s'enquit le docteur Lecter.

- Notre groupe n'a racheté cet établissement et repris l'entretien du cimetière qu'en 1989, Mr Closter. Je suis installé ici depuis mais notre société a son siège à Saint Louis. Désirez-vous conserver ces vêtements ? Je pourrais vous fournir un costume, mais je ne pense pas que...

- Inutile, coupa le docteur Lecter. Nettoyez seulement les os. Rien d'autre à part le chapeau, le ceinturon et les bottes. Mettez les mains et les pieds dans des sachets en toile et enveloppez le tout dans le meilleur linceul en soie que vous ayez, avec le crâne et le reste. Pas besoin de les réarranger, mais gardez-les tous. Est-ce que la récupération de la stèle suffira, en compensation du travail de comblement de la tombe ?

- Bien sûr. Si vous voulez juste signer ici, je vais vous donner des copies de tout ça...

Mr Greenlea était enchanté d'avoir vendu son cercueil. Habituellement, lorsque l'un de ses confrères venait récupérer un corps, il se contentait d'expédier les ossements dans une boîte pour proposer ensuite à la famille une bière sortie de ses propres ateliers.

Les formulaires d'exhumation présentés par le docteur Lecter étaient parfaitement conformes au code texan de la santé et de la salubrité publiques, article 711.044. Ce n'était pas étonnant, puisqu'il les avait fabriqués lui-même après avoir téléchargé les clauses et les fac-similés sur le site Web de la bibliothèque juridique du Groupement des comtés texans.

Avec l'aide appréciable de la plate-forme électrique à l'arrière du camion que le docteur Lecter avait loué, les deux employés des pompes funèbres chargèrent le cercueil neuf et le fixèrent sur son support à côté d'une malle-penderie en carton, le seul autre objet transporté à l'arrière.

- Quelle bonne idée, de se déplacer avec son placard à vêtements! s'extasia Mr Greenlea. Comme ça, votre costume de cérémonie ne se froisse pas dans une valise, n'est-ce pas ?

Arrivé à Dallas, le docteur sortit de la penderie un étui à violoncelle et installa dedans le tas d'os enveloppé du linceul. La partie inférieure était juste assez spacieuse pour accueillir le chapeau, dans lequel le crâne vint se loger confortablement.

Après s'être débarrassé du cercueil au cimetière de Fish Trap, il rendit le camion de location à l'agence de l'aéroport de Dallas-Fort Worth, où il enregistra l'étui pour Philadelphie.


 

IV

 

GRANDES OCCASIONS


Date: 2015-12-18; view: 973


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