Les Perini allaient passer toutes leurs vacances dans la vieille maison de Vistale, un village de la commune de Piana. Là on retrouvait les grands-parents qui continuaient à y vivre, le vieux grand-père avec ses belles histoires d'autrefois, la grand-mère avec son foulard noir sur la tête. Là, parmi les paysans et les pêcheurs, on se sentait plus près de la terre corse, de ses traditions, de ses racines.
Non loin de Vistale il y avait une plage, la plage de Figaïola, et c'est là que Danielle passait presque toutes les journées pendant les vacances. Comme sa soeur Renée adorait aussi la promenade, c'est généralement avec elle que Daidelle partait en expéditions.
Il y avait quatre kilomètres pour aller de Vistale à la plage de Figaïola. Mais c'était ennuyeux de devoir revenir chaque soir à Vistale. C'est pourquoi les sœurs ont décidé un jour de s'installer sur la plage, d'y passer la nuit comme le jour. Elles se sont construit une cabane de branchages, comme Robinson. Mais ce n'était pas commode: les branches des maquis n'ont presque pas de feuilles et elles laissaient passer la pluie et le soleil.
Alors les sœurs ont eu une idée magnifique: elles ont rapporté de la maison un grand drap, elles l'ont installé sur quatre bouts de bois et cela leur a fait une petite maison où elles pouvaient s'abriter, se déshabiller, dormir. Les pêcheurs de Figaïola étaient bien étonnés. «Ces gamines, disaient-ils, ont peur de rien». Ils étaient pleins d'admiration pour l'ingéniosité des fillettes. A Vistale on a bien vite imité leur exemple: les parents de Danielle et les habitants du village venaient souvent camper sur la plage les journées les plus chaudes.
Les grands amis de Danieîle, c'étaient les pêcheurs de Figaïola. Ils étaient presque tous vieux: les hommes jeunes s'engageaient généralement dans la marine, car cette petite pêche côtière ne leur rapportait pas assez d'argent pour vivre,eux et leurs familles. Danielle passaient les heures à causer avec les pêcheurs, pendant qu'ils préparaient leurs lignes et leurs filets, elle les aidait à tirer leurs barques sur la plage et sa grande joie c'était d'aller pêcher en mer avec eux, surtout la nuit. Elle partageait souvent avec eux leur bouillabaisse, faite avec l'huile d'olive du pays et les homards, les langoustes et les poissons tout frais péchés.
Les journées de Danielle et de sa sœur étaient bien remplies. Il fallait aller acheter des provisions, puis chercher du bois dans le maquis, allumer le feu pour préparer le repas. Les jeunes filles se baignaient, puis elles grillaient au soleil.
Mais le plus grand plaisir de Danielle c'était de nager. Elle était la meilleure nageuse dans son pays. Sa grande joie était de s'en aller nager loin, loin dans la mer.
Mais Danielle n'aimait pas seulement la mer, elle aimait aussi la terre, sa terre, son maquis. Lorsqu'elle était à Vistale, elle faisait de grandes randonnés dans la campagne. Personne ne connaissait le maquis mieux que Danielle. Lorsque la nuit tombait, elle rentrait à la vieille maison de Vistale, avec de gros bouquets de fleurs, rayonnante et gaie.