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Une société en recomposition

 

Dans ce contexte, la société se recompose autour de trois pôles : les élites, les classes moyennes et le monde ouvrier (I. Lescent-Giles, 1997). Le déclin des élites traditionnelles (nobility, ou noblesse titrée, et gentry, ou petite noblesse rentière de la terre) au profit de la grande bourgeoisie d’affaires est un mythe. La richesse de l’aristocratie demeure considérable, mais les deux groupes tendent à fusionner durant le dernier tiers du XIXe siècle : la haute banque et le négoce international apparaissent comme des activités respectables. Les négociants et financiers de la City multiplient les mariages aristocratiques. Ils inscrivent leurs fils dans les public schools de 1890 à 1914, 70% des membres du London Stock Exchange, 50% des merchant bankers, 37% des négociants appartenant aux conseils d’administration des banques sortent de telles écoles contre 16% des dirigeants de la sidérurgie. Les industriels demeurent pour la plupart à l’écart du pouvoir : d’ailleurs, leurs fortunes sont moins élevées que celles des financiers et des négociants. Leur ascension sociale ne s’amorce qu’après 1900. Ils restent minoritaires au sein du patronat, formé surtout de petits patrons appartenant aux classes moyennes.

 

Ces classes moyennes paraissent difficiles à définir : en sont membres tous ceux qui travaillent pour vivre, en dehors des métiers manuels. Il s’agit d’un groupe très hétérogène, au sein duquel les professions libérales occupent une place croissante (avocats, experts comptables, ingénieurs conseils, médecins), mais incluant aussi les cadres des banques ou ceux des entreprises. En 1880, elles comptent pour 3,4% de la population active. Comme partout en Europe occidentale, elles se professionnalisent. En 1880 et 1914, les organismes représentatifs se multiplient (Chartered Institute of Bankers) de même que les examens et les formations visant à renforcer la crédibilité institué en 1901 par l’Institution of Civil Engineers). Les classes moyennes incluent également les commerçants de gros et de détail, les fonctionnaires et les employés de bureau, dont le nombre s’accroît extrêmement vite de 1880 à 1914. Avec les propriétaires-exploitants agricoles, l’on atteint environ 17% de la population active. En 1909, selon un contemporain, 4 millions de personnes appartiennent aux classes moyennes, définies par leur revenu : entre 700 livres et 160 livres, revenu au-delà duquel on paie des impôts sur le revenu. Néanmoins, la majorité de ce groupe gagne environ 160 à 200 livres par an. Les employés de bureau adoptent d’ailleurs un mode de vie proche du monde ouvrier, tout en voulant s’en démarquer.



 

La working class correspond à ceux qui gagnent moins de 160 livres par an. Ils ne forment pas non plus un milieu homogène, même si gagne chez eux un sentiment d’appartenance à la classe ouvrière. La distance est grande entre l’ouvrier typographe, au mode de vie bourgeois, membre d’un syndicat et d’une société mutuelle lui garantissant un minimum d’indemnité chômage et maladie, et l’immigrant irlandais travaillant aux docks de Liverpool ou dans les usines textiles du Lancashire, vivant dans des tandis urbains où règnent l’alcoolisme, l’insalubrité et la pauvreté extrême. Néanmoins, l’ouvrier des grandes usines textiles reste l’exception, la règle étant l’emploi dans de petites usines ou des ateliers traditionnels. Reste posée la question du niveau de vie.


 


Date: 2015-12-11; view: 989


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