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TABLE DES SÉANCES 67 page

de s'achever, il faut bien donner pour la suite, lancer en avant quelques petites amorces sur ce que nous permettent d'approcher nos aperçus.

 

C'est le rapport qu'il y a dans le titre que j'ai mis

au premier chef, ici particulièrement saillant, entre justement ce que ce schéma articule, à savoir le désir et la lettre.

Qu'est-ce à dire, si ce n'est que c'est dans ce sens que doit être cherché à proprement parler, dans

la reconversion du désir à cette production qui s'exprime dans le symbole, lequel n'est pas la super-réalité que l'on croit, mais essentiellement au contraire fait de son bris, de sa décomposition en parties signifiantes.

 

C'est - dis­je - dans la reconversion de l'impasse du désir dans cette matérialité signifiante que nous devons situer, et ceci si nous voulons donner un sens convenable au terme, le processus de la sublimation comme telle.

 

Notre André GIDE, incontestablement, mérite d'être situé dans la catégorie qui nous pose le problème

de l'homosexualité. Et qu'est-ce que nous voyons ?

 

Nous voyons ce double rapport à un objet divisé

en tant qu'il est le reflet de ce garçon malgracieux, voire « disgracié » comme s'exprimait un écrivain[130]

à ce propos, que fût le petit André GIDE à l'origine.

Et que dans ce rapport furtif à un objet narcissique, la présence de l'attribut phallique est essentielle.

 

GIDE est homosexuel.

 

Mais il est impossible…

c'est là le mérite de cet

ouvrage de l'avoir montré

…il est tout à fait impossible de centrer, de concentrer la vision d'une anomalie sexuelle du sujet si nous ne mettons pas en face…

ce dont lui-même a témoigné

…cette formule, si - dirai-je - vous ne savez pas

ce qu'est « l'amour d'un uraniste ».

 

Et là, il s'agit de son amour pour sa femme, à savoir de cet amour hyper-idéalisé dont j'essaie sans aucune peine dans cet article de rassembler ce qui, dans le livre de DELAY, est pointé avec un très grand soin,

à savoir toute la genèse par quoi cet amour pour

sa femme se rattache à son rapport à la mère.

 

Non pas seulement la mère réelle telle que nous

la connaissons, mais à la mère en tant qu'elle recèle une structure dont il sait qu'il va être question maintenant de déceler la véritable nature.

 

Une structure, dirai-je tout de suite, où la présence du mauvais objet, je dirai plus, la topographie de ce mauvais objet, est essentielle.

 

Je ne peux pas m'attarder dans un long développement qui reprenne petit à petit, point par point,

toute l'histoire d'André GIDE, comme son œuvre,



à ses différentes étapes, a pris soin de le dégager :

 

 

« Mais pour dire à quel point l’instinct d’un enfant peut errer, je veux indiquer plus précisément deux de mes thèmes de jouissance : l’un m’avait été fourni …//… dans ce conte charmant de Gribouille, qui se jette à l’eau, un jour qu’il pleut beaucoup, non point pour se garer de la pluie, ainsi que ses vilains frères ont tenté de le faire croire, mais pour se garer de ses frères qui se moquaient. Dans la rivière, il s’efforce et nage quelque temps, puis s’abandonne ; et dès qu’il s’abandonne,

il flotte ; il se sent alors devenir tout petit, léger, bizarre, végétal ; il lui pousse des feuilles par tout le corps ; et bientôt l’eau de la rivière peut coucher sur la rive le délicat rameau de chêne que notre ami Gribouille est devenu. – Absurde !

 

fait s'écrier l'écrivain à son interlocuteur

 

– Mais c’est bien là précisément pourquoi je le raconte ; c’est la vérité que je dis, non point ce qui me fasse honneur. Et sans doute la grand-mère de Nohant ne pensait guère écrire là quelque chose de débauchant ; mais je témoigne que nulle page d’Aphrodite ne put troubler nul écolier autant que cette métamorphose de Gribouille en végétal le petit ignorant que j’étais. »

 

 

J'ajoute pour revenir à cela, parce qu'il ne faut pas en méconnaître la dimension, l'autre exemple de

ce fantasme provocateur à ses jouissances primitives qu'il nous donne :

 

 

« Il y avait aussi, dans une stupide piécette de Mme de Ségur : Les dîners de Mademoiselle Justine, un passage où les domestiques profitent de l’absence des maîtres pour faire bombance ; ils fouillent dans tous les placards ; ils se gobergent ; puis voici, tandis que Justine se penche et qu’elle enlève

une pile d’assiettes du placard, en catimini le cocher vient lui pincer la taille ; Justine, chatouilleuse, lâche la pile ; patatras ! toute la vaisselle se brise. Le dégât me faisait pâmer. »[131]

S'il vous en faut plus pour saisir le rapport,

le fantasme du second avec ce quelque chose de

tout à fait primordial qu'il s'agit d'articuler dans le rapport du sujet à la coupure, vous citerai-je…

ceci est tout à fait commun devant de tels sujets …qu'un des fantasmes fondamentaux dans l'initiation masturbatoire fut aussi par exemple, le fantasme d'une révélation verbale concernant plus précisément quelque chose qui est la chose imaginée dans le fantasme,

à savoir par exemple une initiation sexuelle comme telle, prise comme thème du fantasme en tant qu'il est existant.

 

Le rapport…

décelé dans le premier de ces fantasmes du sujet

…à quelque chose de détaché et qui progressivement fleurit, a quelque chose de remarquable…

pour autant qu'il nous présentifie ce quelque chose qui est démontré par cent observations analytiques, à savoir le thème maintenant tout

à fait admis et courant, l'ordre d'identification du sujet au phallus pour autant qu'il surgit d'une fantasmatisation d'un objet interne à la mère

…ceci est structure communément rencontrée et

qui pour l'instant ne fera aucune difficulté à être acceptée et reconnue comme telle par aucun analyste.

 

L'important - ici nous le voyons - est manifesté comme tel dans le fantasme, pris dans le fantasme comme support de quelque chose qui représente pour le sujet une des expériences de sa vie érotique initiale d'un […], et ce qui importe pour nous, c'est de savoir plus précisément de quelle sorte d'identification il s'agit.

 

Nous l'avons dit, la métonymie du névrosé est essentiellement constitué par ceci :

c'est qu'il ne l'est, à la limite…

c'est-à-dire en un point qu'il atteindra

dans la perspective fuyante de ses symptômes

…que pour autant qu'il ne l'a pas, le phallus, et c'est ce qu'il s'agit de ne pas révéler.

 

C'est-à-dire que nous rencontrerons chez lui…

à mesure que l'analyse progresse …une croissante angoisse de castration.

Il y a dans la perversion quelque chose que

nous pouvons appeler un renversement du processus de la preuve.

Ce qui est à prouver par le névrosé, à savoir

la subsistance de son désir, devient ici

dans la perversion la base de la preuve.

 

Voyez-y quelque chose comme cette sorte de retour

en honneur dans l'analyse que nous appelons

« raisonnement par l'absurde ».

 

Pour le pervers la conjonction se fait,

qui unit en un seul terme…

en introduisant cette légère ouverture que permet une identification à l'autre tout à fait spéciale

…qui unit en un seul terme le « il l'est » et « il l'a ».

Il suffit pour cela que cet « il l'a » soit en l'occasion « elle l'a », c'est-à-dire l'objet de l'identification primitive.

 

Il l'aura, le phallus, l'objet d'identification primitive, qu'il se soit, cet objet, transformé en fétiche dans un cas,

ou en idole dans l'autre.

 

Nous avons tout l'empan entre la forme fétichiste

de ces amours homosexuels et la forme idolâtrique illustrée par GIDE. Le lien est institué, si l'on peut s'exprimer ainsi, dans le support naturel.

 

Nous dirons que la perversion se présente comme une sorte de simulation naturelle de la coupure.

C'est en cela que l'intuition de GILLESPIE est là comme un index :

 

- ce que le sujet n'a pas, il l'a dans l'objet.

 

- Ce que le sujet n'est pas, son objet idéal l'est.

 

Bref un certain rapport naturel est pris comme matière de cette fente subjective qui est ce

qu'il s'agit de symboliser dans la perversion

comme dans la névrose.

 

Il est le phallus, en tant qu'objet interne de la mère, et il l'a dans son objet de désir. Voilà à peu près ce que nous voyons chez l'homosexuel masculin.

 

Chez l'homosexuelle féminine…

Souvenez-vous du cas articulé par FREUD, et que nous avions ici analysé en comparaison avec le cas de Dora.

 

Que se passe­t-il au tournant où la jeune patiente de FREUD se précipite dans l'idéalisation homosexuelle ?

 

Elle est bien le phallus, mais comment ?

 

En tant qu'objet interne de la mère aussi !

 

Et ceci se voit d'une façon très nette quand au sommet de la crise, se jetant par-dessus la barrière du chemin de fer, FREUD reconnaît que dans ce niederkommen [enfanter, accoucher] il dit qu'il y a quelque chose

qui est l'identification à cet attribut maternel.

 

Elle se fait l'être dans ce suprême effort de don

à son idole qu'est son suicide.

 

Elle choit comme objet, pourquoi ?

 

Pour lui donner ce qui est l'objet de l'amour,

lui donner ce qu'elle n'a pas, la porter au maximum de l'idéalisation, lui donner ce phallus objet de son adoration auquel l'amour homosexuel…

pour cette personne singulière

qui est l'objet de ses amours

…s'identifie.

 

Si nous essayons de porter ceci à propos de chaque cas, si nous faisons dans chaque cas un effort d'interrogation, nous retrouverons là ce que

je prétends avancer comme une structure.

 

Vous pouvez toujours la retrouver, non seulement dans la perversion, mais spécialement dans cette forme…

dont on objecte, certainement avec pertinence, qu'elle est extrêmement polymorphe

…à savoir l'homosexualité, surtout avec l'usage

que nous donnons à ce terme d'homosexualité,

combien de formes diverses l'expérience en effet

ne nous en présente­t-elle pas !

Mais enfin quand même, n'y aurait-il pas aussi intérêt à ce que nous situions au niveau de

la perversion quelque chose qui pourrait constituer le centre comme tel de…

en admettant que toutes sortes de formes périphériques intermédiaires entre la perversion et, par exemple, disons la psychose,

la toxicomanie, ou telle ou telle autre forme

de notre champ nosographique

…l'homosexualité, comparée à ce que la dernière fois par exemple nous essayions de formuler comme étant

le point sur lequel le désir de désir qu'a le névrosé s'appuie, à savoir ce rapport à l'image de l'autre grâce à quoi peut s'établir tout ce jeu

de substitution où le névrosé n'a jamais à faire

la preuve de ce dont il s'agit, à savoir qu'il est

le phallus : soit bel et bien Φ à i(a).

 

Nous dirons que nous avons ici quelque chose qui est un certain rapport de l'identification primitive : I, avec l'identification narcissique, spéculaire, qui est i(a). [I→i(a)]

 

C'est pour autant que quelque chose existe déjà, qu'une schize est déjà dessinée…

entre l'accession du sujet identificatoire, symbolique, rapport primordial à la mère,

et des premières Verwerfungen

…c'est pour autant que ceci s'articule à la seconde identification imaginaire du sujet à sa forme spéculaire,

à savoir i(a), c'est ceci qui est utilisé par le sujet pour symboliser ce qu'avec GILLESPIE nous appellerons la fente, à savoir ce en quoi le sujet intervient

dans son rapport fantasmatique.

 

Et ici le phallus est l'élément signifiant essentiel pour autant qu'il est ce qui surgit de la mère comme symbole de son désir :

 

- ce désir de l'Autre qui fait l'effroi du névrosé,

- ce désir où il se sent courir tous les risques,

 

…c'est cela qui fait le centre autour de quoi

va s'organiser toute la construction du pervers.

Et pour autant, ce désir de l'Autre est bien

ce que l'expérience nous montre aussi dans son cas, de plus reculé, de plus difficile d'accès.

 

C'est cela même qui fait la profondeur et la difficulté de ces analyses qui nous ont été permises :

- du primitif accès qui a été donné par la voie de l'expérience infantile,

- des constructions et des spéculations spécialement liées aux primitives identifications objectales.

 

Bien évidemment GIDE se fut-il offert - à ses dépens - rien ne dit que l'entreprise eut pu être menée assez loin. GIDE ne s'est pas offert à l'exploration analytique.

 

Pourtant, si superficielle qu'en fin de compte

soit une analyse qui ne s'est développée que dans

la dimension dite sublimée, nous avons sur ce point d'étranges indications.

 

Et je crois que personne à ma connaissance n'a donné son prix à ce petit trait qui apparaît comme

une singularité de comportement qui signe presque

de son accent symptomatique ce dont il s'agit,

à savoir l'au-delà du personnage maternel, ou plus exactement son intérieur, son cœur même.

Car ce cœur de l'identification primitive se retrouve au fond de la structure du sujet pervers lui-même.

 

Si dans le névrosé, le désir est à l'horizon

de toutes ses demandes longuement déployées

et littéralement interminables, on peut dire

que le désir du pervers est au cœur de toutes ses demandes.

 

Et si nous le lisons dans son déroulement incontestablement noué autour d'exigences esthétiques, rien ne peut pourtant plus frapper que, je dirais, la modulation des thèmes autour desquels il se succède.

 

Et vous vous apercevez que ce qui apparaît dès

les premières lignes, ce sont les rapports du sujet avec une vision morcelée, un kaléidoscope qui occupe les six ou sept premières pages du volume.

Comment ne vous sentez-vous pas porté au plus lointain de l'expérience morcelante ?

Mais il y a plus : la notion, la perception

qu'il prend à tel moment et qu'il articule lui-même en ceci qu'il y a sans doute, dit-il, la réalité

et les rêves, mais qu'il y a aussi « une seconde réalité ».

 

Et plus loin encore…

c'est là que je veux en venir, c'est le plus minuscule des indices, mais chacun sait que pour nous ce sont ceux-là qui sont les plus importants

…il nous raconte l'histoire dite « du nœud dans le bois d'une porte ».

 

Dans le bois de cette porte, quelque part à Uzès,

il y a un trou parce qu'un nœud a été extrait.

Et ce qu'il y a au fond :

 

« C'est une petite bille - lui dit-on - que votre papa a glissée là quand il avait votre âge »[132].

 

Et il nous raconte…

pour l'admiration des amateurs de « caractères »

…qu'à partir de ces vacances, il passe un an à se laisser pousser l'ongle du petit doigt pour l'avoir assez long à la prochaine rencontre pour aller extraire cette petite bille dans le trou de bois.

 

Ce à quoi il parvient en effet, pour n'avoir plus ensuite dans la main qu'un objet grisâtre

qu'il aurait honte de montrer à quiconque.

 

Moyennant quoi - je crois qu'il le dit - il le remet à sa place, coupe son petit ongle, et n'en fait confidence à personne - sauf à nous, la postérité

qui va immortaliser cette histoire.

 

je crois qu'il est difficile de trouver une meilleure introduction à la notion rejetée dans une magnifique […] tout est d'une persévérance de quelque chose

qui nous présente la figure de la forme sous laquelle se présente le rapport du sujet pervers avec l'objet interne, un objet qui est au cœur de quelque chose. Le rapport de cet objet comme tel, en tant que c'est la dimension imaginaire du désir, dans l'occasion du désir de la mère, d'ordre primordial, qui vient jouer le rôle décisif, le rôle symbolisateur, central,

qui permet de considérer qu'ici, au niveau du désir, le pervers est identifié à la forme imaginaire du phallus.

 

C'est là ce sur quoi la prochaine fois nous ferons notre dernière leçon sur le désir, cette année.

 

 

1er Juillet 1959Table des séances

 

Nous arrivons à la fin de cette année que j'ai consacrée

à mes risques et périls tout autant qu'aux vôtres

…à cette question du désir et de son interprétation.

 

Vous avez pu voir en effet que c'est sur la question de la place du désir dans l'économie de l'expérience analytique que je suis resté sans en bouger,

parce que je pense que c'est de là que doit partir toute interprétation particulière d'aucun désir.

 

Cela n'a pas été - cette place - facile à cerner.

C'est pourquoi aujourd'hui je voudrais simplement,

en un mot de conclusion, vous indiquer les grands termes, les points cardinaux par rapport auxquels

se situe ce que nous sommes arrivés cette année, j'espère, à vous faire sentir, de l'importance de

la précision à donner à cette fonction du désir comme tel.

 

Vous le savez, la moindre expérience que vous pouvez avoir des travaux analytiques modernes,

et spécialement de ce qui est constitué par exemple par une observation d'analyse, vous montrera

comme trait constant…

je parle d'une observation quelconque

qu'on se plait à communiquer au moment analytique que nous vivons et qui commence déjà

il y a une vingtaine d'années

…ce sont des cas qu'on appelle, par rapport aux névroses typiques de l'ancienne littérature, des « caractères névrotiques », des cas limites quant à la névrose.

 

Qu'est-ce que nous rencontrons dans le mode d'abord du sujet ?

J'en ai lu un certain nombre ces derniers temps, histoire de faire le point, où en est la cogitation analytique concernant ce qui fait l'essentiel

du progrès impliqué par l'expérience ?

Eh bien en gros, on peut dire qu'avec une surprenante constance, l'état actuel des choses…

c'est-à-dire au moment d'analyse où nous sommes

…est dominé…

de quelque côté qu'elle prenne ses mots d'ordre

…par la relation d'objet.

 

Elle converge vers la relation d'objet.

 

Ce qui sous cette rubrique, se rattache à l'expérience kleinienne se présente, après tout,

plus comme un symptôme que comme un centre de diffusion, je veux dire une zone où a été particulièrement approfondi tout ce qui s'y rapporte.

 

Mais foncièrement, l'un quelconque des autres centres d'organisation de la pensée analytique qui structurent la recherche n'en est pas tellement foncièrement éloigné.

 

Car la relation d'objet vient à dominer toute la conception que nous nous faisons du progrès de l'analyse.

 

Ce n'est pas là une observation qui soit des moins frappantes de celles qui s'offrent à nous en cette occasion. Néanmoins dans le concret d'une observation rapportée aux fins d'illustration d'une structure quelconque, auquel se situe le champ de notre objet nosologique, l'analyse paraît se poursuivre pendant un certain temps sur une ligne de ce que

l'on pourrait appeler de « normativation moralisante ».

 

Je ne dis pas que c'est dans ce sens que se passent directement les interventions de l'analyste - c'est selon le cas - mais c'est dans cette perspective

que l'analyste lui-même prend ses repères.

 

La façon même dont il articule les particularités

de la position du sujet par rapport à ce qui l'entoure, à cet objet, seront toujours ceux d'une appréciation de cette appréhension de l'objet par le sujet qu'il a en analyse, et les déficiences de cette appréhension de l'objet en fonction d'une normale supposée de cette approche de l'autre comme tel.

Où en somme, il nous sera montré que l'esprit

de l'analyste s'arrête essentiellement sur

les dégradations de cette dimension de l'Autre qui, en somme, est repéré comme étant à tout instant méconnu, oublié, déchu dans le sujet de sa propre condition de sujet autonome indépendant,

de l'Autre pur, de l'Autre absolu.

 

C'est tout !

 

C'est un repérage qui en vaut un autre pour ce qui

y est pris essentiellement, qui est d'accorder

dans toute vie pléniaire, cette appréciation

de l'autre dans son autonomie, son relief.

 

Ce qui est frappant, ce n'est pas tellement cela pourtant, avec tous les présupposés culturels

que cela implique, c'est un ralliement implicite à

ce qu'on peut appeler un système de valeurs qui,

pour être implicite, n'en est pas moins là présent.

 

Ce qui est frappant c'est, si l'on peut dire,

la précipitation d'un certain tournant qui est qu'après avoir, avec le sujet, longuement élaboré

les insuffisances de son appréhension affective

quant à l'autre, nous voyons en général…

soit que cela traduise directement je ne sais quel tournant de l'analyse concrète,

soit simplement que ce soit par une sorte de hâte à résumer ce qui paraît à l'analyste les derniers termes de l'expérience

…nous voyons toute une articulation essentiellement moralisante de l'observation tomber en quelque sorte brusquement à une sorte d'étage inférieur et trouver ce dernier terme de référence dans une série d'identifications extrêmement primitives :

celles qui…

de quelque façon qu'on les intitule

…se rapprochent toujours plus ou moins de cette notion des bons et des mauvais objets, internes, introjectés, ou externes, externalised, projetés.

 

Il y a toujours quelque penchant kleinien dans cette référence aux expériences d'identification primordiale. Et le fait que ce soit masqué dans d'autres occasions par la mise en valeur des derniers ressorts auxquels sont attribuées les fixations…

qu'on les appelle à cette occasion dans des termes plus anciens, dans des termes de référence instinctuelle, dans des rapports par exemple à

un sadisme oral comme ayant profondément infléchi la relation œdipienne

…et que le sujet motive en dernier ressort

cet accident du drame œdipien, l'identification œdipienne, c'est toujours à quelque chose du même ordre qu'il s'agit de se référer au dernier terme.

 

C'est à savoir ces identifications dernières où nous rapportons en somme tout le développement du drame subjectif, que ce soit dans la névrose, voire dans les perversions.

 

C'est à savoir ces identifications qui laissent dans une ambiguïté profonde la notion même de la subjectivité.

 

Le sujet y apparaît essentiellement comme identification à ce qu'il peut considérer comme étant de lui-même, plus ou moins.

Et la thérapeutique se présente comme un réarrangement de ces identifications au cours d'une expérience […] qui prend son principe dans une référence à la réalité, dans

ce que le sujet a en somme à accepter ou à refuser

de lui-même, dans quelque chose qui dès lors prend

un aspect qui peut sembler être extrêmement hasardeux pour ce qu'en fin de compte cette référence à la réalité

n'est rien d'autre qu'une réalité.

 

Et la réalité supposée par l'analyste en fin

de compte, qui revient sous une forme encore plus implicite cette fois, encore plus masquée cette fois, peut être tout à fait scabreuse, surtout impliquer une normativité idéale, qui est à proprement parler celle des idéaux de l'analyste, comme étant la mesure dernière à quoi est sollicité de se rallier

la conclusion du sujet qui est une conclusion identificatoire :

 

« Je suis en fin de compte ce que je reconnais être en moi, le bon et le bien; j'aspire à me conformer à une normativité idéale qui, pour cachée, pour implicite qu'elle soit, est quand même celle qu'après tant de détours je reconnais pour m'être désignée".


Date: 2016-03-03; view: 461


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