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TABLE DES SÉANCES 66 page

de me livrer à une petite gambade au-dehors,

je vous évoquerai ce livre marqué du sceau

de notre époque contemporaine qui s'appelle Lolita.

 

Je ne vous impose pas plus la lecture de cet ouvrage que d'une série d'autres qui semblent indiquer une certaine constellation de l'intérêt autour justement du ressort du désir. Il y a des choses mieux faites que Lolita sur le plan si l'on peut dire théorique. Mais Lolita est tout de même une production assez exemplaire.

 

Pour ceux qui l'entrouvriront, rien ne paraîtra obscur quant à la fonction dévolue à un i(a).

Et bien évidemment, d'une façon d'autant moins ambiguë qu'on peut dire que, curieusement, l'auteur se pose dans une opposition tout à fait articulée avec ce qu'il appelle « la charlatanerie freudienne »

et n'en donne pas moins à plusieurs reprises…

d'une façon qui lui passe vraiment inaperçue

…le témoignage le plus clair de cette fonction symbolique de l'image de l’autre [i(a)].

Y compris le rêve qu'il a, peu de temps avant de l'approcher d'une façon décisive, et qui la lui fait apparaître sous la forme d'un monstre velu et hermaphrodite.

 

Mais là n'est pas l'important.

L'important dans la structure de cet ouvrage est qu'il a toutes les caractéristiques de la relation

du sujet au désir, au fantasme à proprement parler névrotique, pour la simple raison qui éclate dans

le contraste entre le premier et le second volume :

 

- entre le caractère étincelant du désir tant qu'il est médité, tant qu'il occupe quelques trente années de la vie du sujet,

 

- et sa prodigieuse déchéance dans une réalité enlisée…

aucun moyen même d'atteindre le partenaire

…qui constitue le second volume et le misérable voyage de ce couple à travers la belle Amérique.

 

Ce qui est important et en quelque sorte exemplaire, c'est que par la seule vertu d'une cohérence constructive, le pervers se livre, à proprement parler, apparaît dans un autre.

 

Un autre :

- qui est plus que le double du sujet,

- qui est bien autre chose,

- qui apparaît là littéralement comme son persécuteur,

- qui apparaît en marge de l'aventure comme si…

et en effet c'est tout ce qu'il y a

de plus avoué dans le livre

le désir dont il s'agit chez le sujet ne pouvait vivre que

dans un autre, et là où il est littéralement impénétrable et tout à fait inconnu.

 

Le personnage qui se substitue, à un moment de l'intrigue, au héros, le personnage qui, lui,

à proprement parler, est le pervers qui, lui, réellement accède à l'objet, est un personnage dont la clef ne nous est donnée que dans les gémissements derniers qu'il pousse au moment où il tombe



sous les coups de revolver du héros.

Cette sorte de négatif du personnage principal…

qui est celui dans lequel repose

effectivement la relation à l'objet

…a là quelque chose de bien exemplaire et qui peut nous servir de schéma pour comprendre que ce n'est jamais qu'au prix d'une extrapolation

que nous pouvons réaliser la structure perverse.

 

La structure du désir dans la névrose est quelque chose

d’une bien autre nature que la structure du désir dans la perversion,

et tout de même ces deux structures s'opposent.

 

À vrai dire, la plus radicale de ces positions perverses

du désir…

celle qui est mise par la théorie analytique comme au point le plus originel à la base du développement

et au point aussi terminal des régressions les plus extrêmes, à savoir le masochisme,

…celle-là ne pouvons-nous pas ici rappeler…

faire toucher du doigt, dans une

évidence procurée par le fantasme

…à quel point les plans sont négligés dans la façon dont nous nous précipitons dans l'analyse, à formuler…

dans des formules collapsées
…la nature de ce en présence de quoi nous sommes ?

 

Je prends ici le masochisme parce qu'il nous servira de pôle pour cet abord de la perversion.

 

Et chacun sait qu'on tend :

 

- à réduire le masochisme dans ses diverses formes, à un rapport qui, au dernier terme, se présenterait dans un rapport tout à fait radical, de sujet à son rapport à sa propre vie,

 

- à le faire confluer… au nom d'indications valables et précieuses qu'a données FREUD sur ce sujet …avec un « instinct de mort » par quoi il se ferait sentir d'une façon immédiate et au niveau même

de la pulsion, de l'élan considéré comme organique, quelque chose de contraire à l'organisation

des instincts.

 

Sans doute y a-t-il là quelque chose qui,

à la limite, présente un point de mire, une perspective sur laquelle sans aucun doute il n'est point indifférent de se fixer pour poser certaines questions.

 

Bref, ne voyons-nous pas…

à poser comme ici le situent sur ce schéma

les lettres qui en indiquent la relation

…la position du désir essentiel, dans une division

du rapport du sujet au discours, quelque chose

qui apparaît de façon éclatante et qu'on a tort

de négliger dans l'intérieur même du fantasmatique

de ce qu'on appelle masochisme ?

 

De ce masochisme sur lequel, tout en en faisant l'issue d'un instinct des plus radicaux,

les analystes sans aucun doute sont d'accord

pour s'apercevoir que l'essentiel de la jouissance masochiste

ne saurait dépasser une certaine limite de sévices.

 

Tels ou tels traits, d'être mis en relief,

sont faits, je crois, pour nous éclairer au moins

sur un médium, sur quelque chose qui nous permet

de reconnaître là le rapport du sujet, quelque chose d'essentiel, à quelque chose qui est à proprement parler le discours de l'Autre.

 

Est-il besoin d'avoir entendu les confidences

d'un masochiste ?

 

Est-il besoin d'avoir lu le moindre des nombreux écrits qui lui sont consacrés…

et dont il est de plus ou moins bons

qui sont encore sortis récemment

…pour ne pas reconnaître une dimension essentielle

de la jouissance masochiste liée à cette sorte

de passivité particulière qu'éprouve et dont jouit

le sujet, à se représenter son sort comme se jouant

au-dessus de sa tête, entre un certain nombre de gens qui sont là autour de lui et littéralement sans tenir compte de sa présence, tout ce qui se prépare

de son destin étant discuté devant lui

sans qu'on tienne de lui le moindre compte ?

 

Est-ce qu'il n'y a pas là un des traits,

une des dimensions les plus éminemment saillantes, perceptibles, et sur laquelle d'ailleurs le sujet insiste comme étant un des constituants

de la relation masochiste ?

 

Voici donc en somme une chose où se saisit,

où apparaît ce qu'on peut toucher du doigt,

que c'est dans la constitution du sujet

en tant que sujet…

- et en tant que cette constitution est inhérente au discours,

- et en tant que la possibilité est poussée à l'extrême que ce discours comme tel… ici révélé, épanoui dans le fantasme …le tienne, lui sujet, pour néant,

…que nous trouvons une des premières marches.

 

Marche - mon Dieu ! - assez importante puisque c'est sur celle-là, à partir de celle-là, qu'un certain nombre de manifestations symptomatiques se développeront.

 

Marche qui nous permettra de voir à l'horizon

le rapport qu'il peut y avoir entre l'instinct de mort considéré comme une des instances les plus radicales, et ce quelque chose dans le discours qui donne

ce support sans lequel nous ne pourrions nulle part accéder à lui, ce support de ce non-être qui est

une des dimensions originelles, constitutives, implicites, aux racines mêmes de toute symbolisation.

 

Car nous avons déjà pendant toute une année, l'année que nous avons consacrée à l'Au-delà du principe du plaisir, articulé cette fonction propre à la symbolisation,

qui est essentiellement dans le fondement de la coupure, donc ce par quoi le courant de la tension originelle, quelle qu'elle soit, est pris dans une série d'alternatives qui introduisent ce qu'on peut appeler la machine fondamentale, qui est proprement ce que nous retrouvons comme détaché, comme dégagé au principe de la schizophrénie du sujet, où le sujet s'identifie à la discordance de cette machine, par rapport au courant vital, à cette discordance comme telle.

En ce sens…

je vous le fais remarquer au passage

…vous touchez là du doigt d'une façon exemplaire,

à la fois radicale et tout à fait accessible,

une des formes les plus éminentes de la fonction de cette Verwerfung.

 

C'est en tant que la coupure est à la fois constitutive et en même temps irrémédiablement externe au discours en tant qu'elle le constitue, qu'on peut dire que

le sujet, en tant qu'il s'identifie à la coupure, est verworfen. C'est bien à cela qu'il s'appréhende et se perçoit comme réel.

 

Je ne fais ici que vous indiquer une autre forme…

je ne crois pas foncièrement distincte,

mais assurément tout autrement articulée et approfondie

…du « Je pense donc je suis ».

 

Je veux dire que c'est pour autant que le sujet participe à ce discours…

et il n'y a que ceci en plus de la dimension cartésienne, que ce discours est un discours

qui lui échappe et qu'il est deux sans le savoir

…c'est en tant qu'il est la coupure de ce discours

qu'il est au suprême degré d'un « je suis »

qui a cette propriété singulière dans cette réalité, qui est vraiment la dernière où un sujet se saisisse,

à savoir la possibilité de couper quelque part

le discours, de mettre la ponctuation.

 

Cette propriété où gît son être essentiel, son être où il se perçoit en tant que la seule intrusion réelle qu'il apporte radicalement dans le monde comme sujet, l'exclut pourtant, à partir de toutes les autres relations vivantes, au point qu'il faut tous

les détours que nous autres analystes savons,

pour que « Je » l'y réintègre.

 

Nous avons la dernière fois brièvement parlé de la façon dont les choses se passent chez les névrosés. Nous l'avons dit :

pour le névrosé le problème passe par la métaphore paternelle, par la fiction, réelle ou pas, de celui qui jouit en paix de l'objet.

 

Au prix de quoi ?

De quelque chose de pervers.

 

Car nous l'avons dit, cette métaphore est le masque d'une métonymie :

derrière cette métaphore du père comme sujet de la loi, comme possesseur paisible de la jouissance,

se cache la métonymie de la castration.

 

Et regardez-y de près, vous verrez que la castration du fils n'est ici que la suite et l'équivalent

de la castration du père, comme tous les mythes…

derrière le mythe freudien primitif du père,

et le mythe primitif du père

…l'indiquent assez :

CHRONOS châtre JUPITER, JUPITER châtre CHRONOS

avant d'arriver à la royauté céleste.

 

La métonymie dont il s'agit tient au dernier terme

en ceci, c'est qu'il n'y a jamais qu'un seul phallus dans le jeu.

 

Et ceci, c'est justement ce que, dans la structure névrotique, il s'agit d'empêcher qu'on voie.

 

Le névrosé ne peut être le phallus qu'au nom de l'Autre. Il y a donc quelqu'un qui l'a, qui est celui de qui dépend son être. Il n'a pas ce que chacun sait qu'on appelle « le complexe de castration », mais s'il n'y a personne à l'avoir, il l'a encore bien moins, naturellement.

 

Le désir du névrosé…

si vous me permettez cette formule

un tant soit peu résumative de quelque

chose que j'entends ici vous faire sentir

…c'est pour autant qu'il est entièrement suspendu…

comme tout le développement

de l'œuvre de FREUD nous l'indique

…à cette garantie mythique de la bonne foi

du signifiant, à quoi il faut que le sujet s'attache pour pouvoir vivre autrement que dans le vertige.

 

Ceci nous permet d'arriver à la formule du désir

du névrosé.

 

Et chacun sait qu'il y a un rapport étroit, historique, entre l'anatomie que le freudisme

fait de ce désir, et quelque chose de caractéristique d'une certaine époque que nous vivons, et dont

nous ne pouvons pas savoir sur quelle forme humaine, vaguement vaticinée par des prophètes de divers acabits, elle aboutira, ou achoppera.

 

Mais ce qui est certain, c'est que quelque chose

nous est sensible dans notre expérience,

pour peu que nous n'hésitions pas à l'articuler

c'est que le désir du névrosé

dirai-je d'une façon condensée

…c'est ce qui naît quand il n'y a pas de Dieu.

Ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit !

À savoir que la situation soit plus simple quand

il y en a un !

 

La question est ceci, c'est que c'est au niveau

de cette suspension du Garant Suprême

qui est ce que cache en lui le névrosé

…que se situe et s'arrête et se suspend, ce désir du névrosé.

Ce désir du névrosé, c'est ce qui n'est un désir

qu'à l'horizon de tous ses comportements.

 

Parce que…

et vous me permettez de vous faire la communication d'une de ces formules qui vous permettent de reconnaître le style d'un comportement

…nous dirons que, par rapport à ce désir où il se situe, le névrosé est toujours à l'horizon de lui-même,

qu'il en prépare l'avènement.

 

Le névrosé…

si vous me permettez une expression que je crois calquée sur toutes sortes de choses que nous voyons dans l'expérience quotidienne

…est toujours occupé :

 

- à faire ses bagages,

 

- ou son examen de conscience (c'est la même chose)

 

- ou à organiser son labyrinthe (c'est la même chose).

 

Il les rassemble ses bagages, il en oublie

ou il les met à la consigne, mais il s'agit toujours de bagages pour un voyage qu'il ne fait jamais.

 

Ceci est absolument essentiel à considérer si nous voulons bien nous apercevoir qu'il y a un contraste du tout au tout, quoiqu'en dise une pensée paresseuse qui se traîne comme un escargot le long du phénomène, qui sans vouloir y rassembler à aucun moment une perspective, une perspective quelconque…

 

Il s'agit d'opposer à cela la structure du désir pervers.

 

Chez le pervers bien sûr il s'agit aussi d'une béance.

Il ne peut s'agir aussi…

puisque c'est cela qui est la relation fondamentale …que du sujet [suprimant ?] son être dans la coupure.

 

Il s'agit de savoir comment chez le pervers cette coupure est vécue, est supportée.

 

Eh bien là, assurément, le travail au long des années des analystes…

pour autant que leurs expériences avec

des malades pervers leur ont permis d'articuler ces théories quelquefois contradictoires, mal raccordées les unes aux autres mais suggestives de l'ordre de difficulté auquel ils ont affaire

…est quelque chose dont nous pouvons en quelque sorte prendre acte.

 

Je veux dire dont nous pouvons parler comme d'un matériel qui lui-même trahit certaines nécessités structurales qui sont celles à proprement parler

que nous essayons ici de formuler.

 

Je dirai donc que dans cet essai que nous faisons ici, d'institution de la fonction réelle du désir, nous pouvons inclure jusqu'au discret délire, jusqu'au délire bien organisé auquel ont été amenés ceux qui se sont approchés de ce sujet par la voie de ces comportements, je veux dire, des psychanalystes.

 

Je vais en prendre un exemple.

Je crois qu'actuellement, à tout prendre, personne n'a mieux parlé, je crois, de la perversion

qu'un homme fort discret autant que plein d'humour dans sa personne, je veux dire M. GILLESPIE.

 

Je conseille à ceux qui lisent l'anglais…

ils en tireront le plus grand profit

…la première étude de GILLESPIE qui a abordé ce sujet à propos du fétichisme, sous la forme d'un article, Contribution au fétichisme (octobre 1940, I.J.P), ensuite de notes qu'il a consacrées à Analysis of sexual perversions, dans le numéro XXXIII (1952, 4ème partie), et enfin le dernier qu'il a donné

dans le numéro de juillet-octobre 1956 (numéro XXXVII, 4ème et 5ème parties):

La Théorie générale des perversions[126].

 

Quelque chose s'en dégagera pour vous,

c'est que quelqu'un qui en somme est si libre, et pèse assez bien les diverses avenues par lesquelles on a tenté d'aborder la question, nettement plus complexe naturellement qu'on ne peut l'imaginer dans une perspective sommaire, celle de la perversion qui serait purement et simplement la pulsion se montrant à visage découvert…

 

Ce n'est pas dire pour autant non plus, comme on l'a dit, que la perversion puisse se résumer dans une sorte d'approche qui tend en somme à l'homogénéiser

à la névrose.

 

Je vais droit à ce qu'il s'agit d'exprimer,

à ce qui nous servira désormais de repère

pour interroger à divers titres la perversion.

 

La notion de splitting y est essentielle, démontrant déjà quelque chose que nous pourrions, nous, applaudir…

et ne croyez pas que je vais m'y précipiter

…comme recouvrant en quelque sorte la fonction, l'identification du sujet à la fente ou coupure

du discours, qui est celle où je vous apprends

à identifier la composante subjective du fantasme.

Ce n'est pas justement que l'espèce de précipitation qu'implique cette reconnaissance ne se soit pas déjà offerte et n'ait pas fourni l'occasion à une sorte d'aperçu, un peu honteux de soi-même, chez tel

des écrivains qui se sont occupés de la perversion.

 

Je n'ai pour en témoigner qu'à me référer au troisième cas auquel M. GILLESPIE, dans le deuxième des articles, se réfère. C'est le cas d'un fétichiste.

Ce cas je vous le brosse brièvement.

 

Il s'agit d'un fétichiste de trente ans dont

le fantasme s'avère après l'analyse expressément comme d'être fendu en deux par les dents de la mère dont la proue pénétrante, si je puis dire, est ici représentée par ses seins mordus, aussi par la fente que, lui, vient de pénétrer et qui se change soudain en une créature ressemblant à un gorille velu.

 

Bref, tout un retour sur une décomposition-recomposition, ce que M. GILLESPIE appelle l'angoisse de castration est rapporté à une série de déroulements où intervient aussi bien la primitive exigence de la mère

ou le primitif regret de la mère, et d'autre part

une conception, le dois dire non démontrée, mais supposée en fin de compte, au terme de l'analyse par l'analyste, conception kleinienne, avec identification à la fente.

 

Disons qu'au terme de l'article, M. GILLESPIE écrit de cette espèce d'aperçu, ou d'intuition à demi assumée, interrogative, questionnante, mais qui est vraiment à mon avis tout à fait significative

du point extrême où est mené quelqu'un qui suit avec attention…

je veux dire après développement dans le temps, après cette explication que seule l'analyse

nous donne de ce qui se trouve au fin fond

de la structure perverse

…« la configuration du matériel à ce moment nous conduisit à une spéculation autour du fantasme associé avec ce split ego… »

l'ego « refendu », si nous acceptons ce terme de refendu dont on se sert assez volontiers pour parler de

ce splitting sur lequel FREUD en quelque sorte a terminé

son œuvre.

 

Car, vous le savez je pense, l'article inachevé de FREUD[127] sur Le splitting de l'ego, la plume lui est tombée des mains si l'on peut dire et il l'a laissé inachevé. c'est cet article qui fut retrouvé après sa mort.

 

Cette refente du moi a conduit Monsieur GILLESPIE

à une spéculation autour du fantasme associé avec

la refente du moi et l'objet refendu. C'est le même mot que

nous pouvons employer si nous employons ce terme.

C'est le « split ego » et le « split object ».

 

« Est­ce que l'organe génital féminin

c'est GILLESPIE qui s'interroge

n'est pas l'objet fendu, le split object par excellence ? Et le fantasme d'un ego, d'un split ego

ne peut-il provenir d'une identification avec l'organe génital qui est une fente, le split female génital? Je tiens compte, dit-il, que quand nous parlons de splitting de l'ego, de la refente du moi, et de l'objet correspondant, nous nous référons aux mécanismes mentaux que nous présumons au phénomène. »

 

Je veux dire par là que nous faisons de la science, que nous nous déplaçons dans des concepts scientifiques.

 

« …et le fantasme appartient à un niveau différent du discours

l'ordre d'interrogation que se

pose M. GILLESPIE est intéressant

néanmoins les fantasmes, les nôtres pas moins que ceux de nos patients, doivent toujours jouer un rôle dans la façon dont nous conceptualisons ces procès sous-jacents. Il nous semble, par conséquent, que le fantasme d'être soi-même fendu en deux morceaux tout comme la vulve est fendue, peut être tout à fait approprié au mécanisme mental du splitting de l'objet et de l'introjection de l'objet fendu conduisant à la refente de l'ego. C'est implicite, bien entendu, dans un tel fantasme de la vulve comme d'un objet fendu qui fut une fois intact, et la refente, splitting, est le résultat d'une attaque sadique,

soit par le père, ou par soi-même. »

 

Il est bien clair que nous nous trouvons là devant quelque chose qui, pour un esprit aussi prudent

et mesuré que M. GILLESPIE, ne peut pas manquer

de frapper comme quelque chose où il joue lui-même

à aller à l'extrême d'une pensée en réduisant,

en quelque sorte, à une sorte de schéma identificatoire tout à fait primordial ce qui peut ensuite

nous servir d'explication à quelque chose qui n'est,

en l'occasion, rien moins que la structure même

de la personnalité du sujet.

Puisque ce dont il s'agit tout au long de cet article…

il n'y a pas que ce cas à citer

…c'est de ce quelque chose de si sensible et qui se décompose dans le transfert avec les pervers, c'est à savoir des splitting qui sont ce qu'on appellerait à l'occasion, couramment, de véritables divisions de la personnalité.

 

Plaquer en quelque sorte la division de la personnalité du pervers sur les deux valves d'un organe originel de la fantasmatisation, est là quelque chose qui est bien fait à l'occasion à faire sourire, voire dérouter.

 

Mais à vrai dire ce que nous trouvons en effet…

et là ceci doit être saisi à tous les niveaux

et sous des formes extrêmement différentes

de la formation de la personnalité des pervers

…c'est quelque chose que déjà nous avons indiqué

par exemple dans un de nos articles[128], celui que

nous avons fait à propos du cas d'André GIDE remarquablement étudié par le Professeur DELAY[129].

 

C'est quelque chose aussi qui se présente comme

une opposition de deux volets identificatoires.

Celui lié plus spécialement à l'image narcissique

de soi-même : i(a) d'un côté, qui est ce qui règle

chez l'illustre patient dont nous avons la confidence

sous mille formes dans une œuvre…

et sans doute nous devons tenir compte de

la dimension de cette œuvre, car elle ajoute quelque chose à l'équilibre du sujet

…mais ce n'est pas à ce propos que je veux développer pleinement ceci que je vous indique.

 

Parce qu'après tout, le temps de l'année est près


Date: 2016-03-03; view: 434


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