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TABLE DES SÉANCES 65 page

de ce tender, - qui est aussi tender en anglais –

ce n'est pas « la carte du tendre » mais « la carte du tender »

qui ici, s'offre à nous !

Et c'est dans ce petit morceau que l'enfant,

à la vérité, s'isole, se définit, se situe lui-même dans ce quelque chose qu'il peut détacher de

la chaîne signifiante.

 



C'est dans ce reste, dans ce petit tas minuscule, dans cette ébauche d'un objet, qui n'apparaît ici

que sous la forme de petit morceau, d'un tout petit morceau, le même qui provoquera tout d'un coup sa sympathie « panique » quand il le verra sous la forme

de taillures de crayon sur la poitrine de

Mélanie KLEIN et, la première fois, s'émouvra

en présence de cette autre en s'écriant :

« Pauvre madame KLEIN ! » [ op. cit. p. 272 ]

 



Le désir donc n'est pas la demande.

Cette première intuition expérimentée à tout instant, qui nous ramène aux conditions originelles,

ne doit pas freiner l'attention.

 



Un sujet vient nous trouver.

Pourquoi cela ?

Qu'est-ce qu'il demande ?

En principe, satisfaction et bien-être.

À ceci près que toute satisfaction n'entraîne pas pour lui bien-être, loin de là !

 



Qu'est-ce que nous lui répondons ?

 



À organiser l'histoire du sujet…

comme l'histoire de l'analyse,

comme l'histoire de la technique !

…dans le sens de quelque chose qui doit répondre

à cette demande de satisfaction.

 



Par quelle voie ?

Par une voie qui est celle-ci, à savoir en tentant

de répondre à la demande de satisfaction du sujet

par une réduction de ses désirs à ses besoins.

 



Or n'y a-t-il pas là un paradoxe, alors que d'autre part, toute notre expérience on peut dire,

se soutient dans cette dimension d'ailleurs aussi évidente pour le sujet que pour nous ?

Pour nous, parce que tout ce que nous avons articulé va se résumer à ce que je vais dire.

Et pour le sujet, parce qu'en fin de compte, le sujet le sait fort bien au moment où il vient nous trouver.

 



On est en train de me dire que quelqu'un est en train de faire une thèse importante sur la signification sociale de l'analyse[125], et cela me laisse entendre qu'il y aura là des éléments extrêmement riches d'expériences et extrêmement bien poursuivis.

 



J'ose espérer, car je crois qu'effectivement

la représentation sociale de l'analyse est beaucoup moins distordue dans l'ensemble de la communauté qu'on ne l'imagine, que ce qu'il en ressortira

de la façon la plus claire c'est cette chose qui est franchement à la base, au principe même de ce qu'un sujet implique devant nous par sa présence même, c'est quoi ?

 



C'est que dans les données de sa demande il y a ceci qu'il ne se fie pas à son désir. Le facteur commun devant lequel les sujets nous abordent est ceci : c'est que son désir, il ne s'y fie pas.

 



Qu'il puisse, par suite de nos artifices, s'engager

à notre suite dans sa référence au besoin,

dans ce désir, voire dans sa sublimation dans

les voies élevées de l'amour, il reste, au départ,

ce qui caractérise le désir, c'est qu'il y a quelque chose qui comme tel ne peut pas être demandé, et à propos de quoi

la question est posée, et que c'est cela qui est

à proprement parler, le champ et la dimension du désir.

 



Vous savez… pour introduire cette division,

cette dialectique du désir, ce que j'ai fait

à une date très précise…

à savoir maintenant, il y a deux ans et demi

…je suis parti de quoi ?

 



De ce que FREUD dit à propos du complexe d'Œdipe

chez la femme.

Est-ce que ceci, est-ce que ce que je viens d'articuler n'est pas lisible dans le fait que,

au niveau de l'expérience analytique, au niveau de l'expérience inconsciente, est-ce qu'il n'y a pas lieu de détacher ceci :

qu'est ce que la femme demande au départ,

ce par quoi, nous dit FREUD, elle entre dans l'œdipe ?

 



Ce n'est pas d'avoir une satisfaction,

c'est d'avoir ce qu'elle n'a pas comme tel.

Il s'agit, vous le savez, du phallus.

 



Ce n'est pas autre chose que la source jaillissante de tous les problèmes qui surgirent pour essayer

de réduire la dialectique de la maturation du désir chez les femmes à quelque chose de naturel.

 



Le fait est que nous y parvenions ou pas - à cette réduction - ce que nous avons à surmonter c'est

un fait d'expérience, un fait d'expérience qui est celui-ci :

c'est que la petite fille, à un moment de son développement…

après tout peu nous importe que ce soit

un processus primaire ou secondaire,

c'est un processus saillant et irréductible

…ce qu'elle demande d'avoir, à savoir le phallus,

c'est de l'avoir…

à ce moment critique du développement

que FREUD met en valeur

…c'est à l'avoir à la place où elle devrait l'avoir si elle était un homme. Il s'agit bien de cela,

il n'y a pas là-dessus d'ambiguïté.

 



Et tout le procès de ce qui se passe implique

qu'en fait, même quand elle parviendra à l'avoir…

car elle est dans une position très privilégiée, la femme, par rapport à l'homme

…ce phallus, qui est un signifiant, je dis bien un signifiant,

elle peut l'avoir réellement.

 



C'est même ce qui fait son avantage et la relative simplicité de ses problèmes affectifs par rapport

à ceux de l'homme.

 



Mais il ne faut pas que cette relative simplicité nous aveugle, parce que ce phallus qu'elle peut avoir, réel, il n'en reste pas moins qu'en raison du départ, à savoir qu'il s'est introduit dans sa dialectique, dans son évolution, comme un signifiant, elle l'aura toujours en moins à un niveau de son expérience.

 



Je réserve toujours la possibilité limite de l'union parfaite avec un être, à savoir de quelque chose

qui fonde complètement, dans l'étreinte, l'être aimé avec son organe.

 



Mais ce qui constitue le test de notre expérience et les difficultés mêmes auxquelles nous avons affaire dans l'ordre sexuel, se situe précisément à ceci : c'est que ce moment idéal…

et en quelque sorte poétique, voire apocalyptique, de l'union sexuelle parfaite

…ne se situe qu'à la limite, et que ce à quoi

en fait, dans le test commun de l'expérience,

la femme a affaire, même quand elle parvient à

la réalisation de sa féminité, c'est à l'objet phallique toujours en tant que séparé.

 



C'est même parce qu'elle y a affaire comme tel,

et sous ce registre, que son action, son incidence peut être perçue par l'homme comme castratrice.

 



Au reste, ceci bien sûr reste pour elle, jusqu'à analyse, inconscient. De même que reste inconscient ceci, c'est que ce phallus qu'elle n'a pas, elle l'est symboliquement, pour autant qu'elle est l'objet du désir de l'autre.

 



Mais pas plus l'un que l'autre, ceci elle ne le sait. Cette position spécifique de la femme vaut en tant qu'elle lui est inconsciente, ce qui veut dire en tant qu'elle ne vaut que pour l'autre, pour le partenaire.

 



Il reste néanmoins que la formule, la formule très singulière dans laquelle se résout son rapport au phallus, c'est paradoxalement que dans l'inconscient elle l'est, à la fois, et elle l'a.

C'est là un des effets les plus singuliers du rapport au discours, c'est que c’est à cette position […] de

la femme idéale, de la femme en son monde fantasmatique : dans l'inconscient, elle l'est et elle l'a - au meilleur des cas - à ceci près qu'elle ne le sait pas,

sinon par son désir.

 



Et par son désir de ceci il résulte…

vous le verrez dans la suite de mon développement qu'il y a une singulière similarité de sa formule…

si l'on peut s'exprimer ainsi

…de sa formule trans-subjective, de sa formule inconsciente, avec celle du pervers.

 



Si tout ce que nous avons découvert de l'économie inconsciente de la femme tient dans des équivalences symboliques du phallus avec tous les objets qui peuvent se séparer d'elle

et y compris au premier chef l'objet le plus naturel

à se séparer d'elle, à savoir son « produit infantile »

…si c'est là ce qu'elle trouve à situer dans

une série d'équivalences phalliques…

je ne fais que reproduire ici

le test même de la doctrine analytique

…nous allons nous trouver en présence de ceci :

que pour elle, le plus naturellement du monde, les objets naturels finissent par réaliser cette fonction d'objet

du désir, en tant que ce sont des objets dont on se sépare.

 



Et c'est ceci qui nous explique, je crois, la moindre fréquence de la perversion chez la femme, c'est que, inscrites dans le contexte culturel…

il n'est pas question qu'elle soit ailleurs

…ses satisfactions naturelles trouvent naturellement, si je puis m'exprimer ainsi, à se situer dans la dialectique de la séparation comme telle, dans la dialectique d'objets signifiants du désir.

 



Et c'est ce que des auteurs analystes, ils sont plus d'un, ont exprimé très clairement, et d'une façon qui vous paraîtra sans doute beaucoup plus concrète que ce que je viens de dire, en disant que s'il y a moins de perversions chez les femmes que chez les hommes, c'est qu'elles satisfont, en général, leurs ardeurs perverses dans leurs rapports avec leurs enfants.

 



C'est pourquoi…

non pas « votre fille est muette »

…mais c'est pourquoi il y a quelques enfants

dont nous avons, comme analystes, à nous occuper.

On retombe, comme vous le voyez, sur des vérités premières, mais il n'est pas inutile d'y retomber

par une voie qui soit correcte et claire.

 



J'en profiterai aussi pour vous indiquer quelque chose destiné, au moins pour la partie masculine

de mon assemblée, à apporter un tempérament

à ce qu'elle pourrait éprouver d'étonnement, voire d'impatience, devant une des propriétés singulières de leurs rapports avec leur partenaire de l'autre sexe.

 



Je veux parler de ce qu'on appelle communément la jalousie. Comme d'habitude, l'analyste qui a apporté tant de clarté, a apporté bien entendu autant d'obscurité :

 



« Aucun progrès

disait NESTROY, si apprécié par FREUD

n'est moitié aussi grand qu'on ne se l'imagine. »

 



Le problème de la jalousie…

et spécialement de la jalousie féminine

…a été noyé dans l'analyse, sous la forme bien différente de la jalousie masculine.

 



La jalousie féminine…

qui par des dimensions marquées, des dimensions aussi distinctes, le style de l'amour

dans l'un et l'autre sexe

…est vraiment quelque chose qui, je crois, ne peut vraiment bien se situer qu'au point le plus radical.

 



Et si vous vous souvenez dans mon petit graphique

de la demande, du rapport à l'autre du sujet,

qui interroge cette relation et qui, si je puis dire, y frappe l'autre de la déchéance signifiante,

pour apparaître lui-même comme déchu en présence

de quelque chose qui est en fin de compte le reste

de cette division, ce quelque chose d'irréductible, de non-demandable, qui est précisément l'objet du désir.

 



C'est pour autant que pour le sujet, en tant

qu'il se fait objet d'amour, la femme dans l'occasion,

voit bien dans ce reste ce quelque chose qui

en elle est le plus essentiel, qu'elle accorde tant d'importance à la manifestation du désir.

 



Car enfin, il est tout à fait clair que dans l'expérience, l'amour et le désir sont deux choses différentes, et qu'il faut tout de même parler clair et dire que l'on peut beaucoup aimer un être

et en désirer un autre.

 



C'est précisément dans la mesure où la femme occupe cette position particulière, et qu'elle sait très bien la valeur du désir, à savoir qu'au-delà

de toutes les sublimations de l'amour,

le désir a un rapport à l'être :

 



- même sous sa forme la plus limitée, la plus bornée, la plus fétichiste et, pour tout dire, la plus stupide,

 



- sous la forme même limite où, dans le fantasme, le sujet se présente comme aveuglé et où le sujet n'est littéralement plus rien qu'un support et un signe, le signe de ce reste signifiant des rapports avec l'autre,

 



…c'est néanmoins à cela qu'en fin de compte la femme attachera la valeur de preuve dernière que c'est bien à elle qu'on s'adresse.

L'aimer, avec toute la tendresse et le dévouement

que l'on peut imaginer, il n'en restera pas moins

que si un homme désire une autre femme, elle sait

que même si ce que l'homme aime c'est son soulier

ou le bas de sa robe ou la peinture qu'elle a

sur le visage, c'est néanmoins de ce côté-là

que l'hommage à l'être se produit.

 



Il est de temps en temps nécessaire de rappeler des vérités premières, et c'est pour cela que je pense que vous m'excuserez du ton peut-être un peu poussé que j'ai donné à cette digression.

Et maintenant, voyons où vont les choses :

à savoir par rapport à cette zone de l'objet où s'instaure cette ambiguïté.

 



Et quelle est la fonction comme telle du phallus ?

Déjà, elle ne peut pas ne pas vous apparaître

comme singulièrement amorcée par ce que je viens

de vous dire concernant le mauvais objet interne.

 



On peut dire que la métaphore paternelle, comme

je l'ai appelée, y instaure sous la forme du phallus,

une dissociation qui est exactement celle

qui recouvre la forme générale…

comme il fallait s'y attendre

…que je vous ai donnée comme pour être celle

de l'interdit, à savoir que :

 



- ou bien le sujet ne l'est pas,

 



- ou bien le sujet ne l'a pas.

 



Ce qui veut dire que si le sujet l'est, le phallus

et cela s'illustre tout de suite sous cette forme, à savoir comme objet du désir de sa mère

…eh bien il ne l'a pas ! C'est-à-dire qu'il n'a pas le droit de s'en servir, et c'est là la valeur fondamentale

de la loi dite de prohibition de l'inceste.

 



Et que, d'autre part, s'il l'a…

c'est-à-dire qu'il a réalisé l'identification paternelle

…eh bien il y a une chose certaine, c'est que,

ce phallus, il ne l'est pas !

Voilà ce que signifie, au niveau, je dirais, symbolique le plus radical, l'introduction

de la dimension de l'œdipe.

Et tout ce qu'on élaborera à ce sujet reviendra toujours à cet : « ou bien…, ou bien… » qui introduit

un ordre au niveau de « l'objet qu'on ne peut pas demander ».

 



Le névrosé, lui, se caractérise de quelle façon ?

Eh bien le névrosé, bien sûr, use de cette alternance. C'est pour autant qu'il se situe pleinement au niveau de l'œdipe…

au niveau de la structuration

signifiante de l'œdipe comme tel

…qu'il en use, et d'une façon que j'appellerai métonymique, et même que j'appellerai…

pour autant qu'ici « il ne l'est pas » se présente

comme premier par rapport à « elle ne l'a pas »

…une métonymie régressive.

 



Je veux dire que le névrosé est celui qui utilise l'alternative fondamentale sous cette forme métonymique en ceci que, pour lui, « ne pas l'avoir » est la forme sous laquelle il s'affirme, et de façon masquée, « l'être », j'entends le phallus.

 



Il « n'a pas » le phallus pour « l'être » de façon cachée, inconsciente, pour ne pas « l'avoir » afin de « l'être ». C'est le « pour être » un peu énigmatique sur lequel j'avais terminé, je crois, notre dernier entretien. « C'est un autre qui l'a », pendant que lui « l'est » de façon inconsciente. Observez bien ceci, c'est que le fond de la névrose est constitué en ceci, c'est que dans sa fonction de désirant, le sujet prend un substitut.

 



Prenez l'obsessionnel, et regardez effectivement ce qui se passe au terme de ses démarches compliquées: ce n'est pas lui qui jouit. De même que pour l'hystérique, ce n'est pas d'elle dont on jouit.

 



La substitution imaginaire dont il s'agit est précisément la substitution du sujet au niveau où

je vous apprend ici à le situer, c'est-à-dire du S, c'est la substitution de son moi comme tel à ce sujet S, concernant le désir dont il s'agit.

 



C'est pour autant qu'il substitue son moi au sujet, qu'il introduit la demande dans la question du désir.

 



C'est parce que quelqu'un…

qui n'est pas lui, mais son image

…est substitué à lui dans la dialectique du désir, qu'en fin de compte il ne peut demander…

comme l'expérience le fait toucher sans cesse

…que des substituts.

 



Ce qu'il y a de caractéristique dans l'expérience du névrosé, et ce qui affleure à son propre sentiment, c'est que tout ce qu'il demande, il le demande

pour autre chose.

 



Et la suite de cette scène, par où l'imaginaire en somme, vous le voyez, vient ici jouer ce rôle dans ce que j'ai appelé « la métonymie régressive du névrosé »,

a une autre conséquence, car dans ce domaine

il ne peut pas être arrêté :

le sujet est substitué à lui-même au niveau de

son désir, il ne peut demander que des substituts

en croyant demander ce qu'il désire.

 



Et plus loin encore, il est d'expérience qu'en raison même de la forme dont il s'agit, c'est-à-dire du moi en tant qu'il est « le reflet d'un reflet », et la forme de l'autre,

il se substitue aussi à celui dont il demande.

 



Car il est tout à fait clair que nulle part plus

que chez le névrosé, ce moi séparé ne vient facilement prendre la place de cet objet séparé que je vous désigne comme étant la forme originelle de l'objet du désir.

 



L'altruisme du névrosé, contrairement à ce que l'on dit, est permanent. Et rien n'est une voie plus commune des satisfactions qu'il cherche que ce que l'on peut appeler « se dévouer à satisfaire » alors tant qu'il peut, chez l'autre, toutes les demandes, dont il sait bien pourtant qu'elles constituent chez lui

un perpétuel échec du désir.

Ou en d'autres termes, de s'aveugler dans son dévouement à l'autre, sur sa propre insatisfaction.

 



Ce ne sont pas là, je crois, des choses qui soient compréhensibles en dehors de la perspective

que j'essaie pour vous d'articuler ici.

 



C'est à savoir, en fin de compte, que la formule

Sàa pour le névrosé se transforme en quelque chose…

si vous voulez, sous réserve et sommairement

…de l'identification de son être inconscient.

 



Et c'est pour cela que nous lui donnerons le même signe qu'au « S barré », S, à savoir « phallus barré ».

 



À savoir qu'en présence d'un objet, c'est la forme

la plus générale d'un objet du désir, qui n'est autre que cet autre en tant qu'il s'y situe et s'y retrouve : à i(a).

 



Il nous faut maintenant passer à la perversion.

 



Eh bien, il est tard !

Je remettrai donc à la prochaine fois la suite

de ce discours.

 



Si je ne peux pas le faire avancer plus vite,

n'y voyez d'autre effet que de la difficulté

en quoi nous avons à progresser.

 



 



24 Juin 1959Table des séances

 



 



La difficulté à laquelle nous avons affaire ne date pas d'hier. Elle est de celles après tout sur lesquelles toute la tradition moraliste a spéculé,

à savoir celle du désir déchu.

 



Je n'ai pas besoin de faire retentir du fond des âges l'amertume des sages ou des pseudo-sages

sur le caractère décevant du désir humain.

 



La question prend une forme explicitée dans l'analyse pour autant d'abord que la première expérience analytique

nous montre les pulsions dans leur nature partielle, le rapport à l'objet supposant une complexité,

une complication, un incroyable risque

dans l'agencement de ces pulsions partielles,

et faisant dépendre la conjonction à l'objet

de ces agencements.

 



La combinaison des pulsions partielles nous montre vraiment le caractère foncièrement problématique

de tout accès à l'objet qui, pour tout dire,

ne nous montre une théorie qu'au prix de la montrer la plus contraire de ce que nous pouvons concevoir d'un premier abord de la notion d'instinct qui,

de toute façon, même si nous laissons extrêmement souple son hypothèse finaliste, n'en reste pas moins… quelle qu'elle soit : toute théorie de l'instinct est une théorie, si l'on peut dire, du centrage de l'objet.

 



À savoir que le processus dans l'organisme vivant fait qu'un objet est progressivement fixé dans

un certain champ, et là capté dans une certaine conduite, processus qui par lui-même se présente

sous une forme de concentration progressive du champ.

 



Tout autre est le processus, toute autre est la dialectique

que nous montre l'analyse :

on progresse au contraire par addition, combinaison de ces pulsions partielles, et on arrive à concevoir l'avènement d'un objet satisfaisant, celui qui correspond aux deux pôles de la masculinité et de la féminité, au prix de la synthèse de toutes sortes de pulsions interchangeables, variables, et de combinaisons,

pour arriver à ce succès, très diverses.

 



C'est pourquoi, d'une certaine façon, vous pourriez penser qu'en définissant par le Sàa, ici placé

dans le schéma ou graphe dont nous nous servons

pour expliquer, pour exposer la position du désir dans un sujet parlant, il n'y a là après tout

rien d'autre qu'une notation très simple :

- dans le désir quelque chose est exigible qui est le rapport du sujet avec l'objet,

- que (a) c'est l'objet,

- le grand S c'est le sujet, et rien de plus.

 



Rien de plus original dans cette notation,

que cette petite barre qui rappelle que le sujet,

à ce point d'acmé de la présentification du désir, est lui-même marqué par la parole.

Et après tout ce n'est rien d'autre que ce quelque chose qui rappelle que les pulsions sont fragmentées.

 



Il convient de bien noter que ce n'est pas à cela

que se limite la portée de cette notation.

Cette notation désigne non pas un rapport de sujet à l'objet,

mais le fantasme, fantasme qui soutient ce sujet comme désirant, c'est-à-dire en ce point au-delà

de son discours où il s'agit du réel.

 



Cette notation signifie que dans le fantasme le sujet est présent comme sujet du discours inconscient.

Le sujet est là présent en tant qu'il est représenté dans le fantasme par la fonction de coupure qui est la sienne, essentielle, de coupure dans un discours, et qui n'est pas n'importe quel discours, qui est un discours qui lui échappe, le discours de l'inconscient.

 



 



Ceci est essentiel et si vous en suivez le fil

vous ne pourrez manquer d'être frappés de ce qu'il met en relief de dimensions toujours omises quand

il s'agit des fantasmes pervers. Je vous ai déjà indiqué l'autre jour la prudence avec laquelle il convient d'aborder ce que nous appelons fantasme pervers.

 



Le fantasme pervers n'est pas la perversion.

L'erreur la plus grande est de nous imaginer

que nous comprenons la perversion…

nous tous tant que nous sommes, c'est-à-dire

en tant que nous sommes plus ou moins névrosés sur les bords

…pour autant que nous avons accès à ces fantasmes pervers.

 



Mais l'accès compréhensif que nous avons au fantasme pervers ne donne pas pour autant la structure

de la perversion, encore qu'en quelque sorte

elle en appelle la reconstruction.

 



Et si vous me permettez de prendre un peu de liberté dans mon discours d'aujourd'hui, à savoir


Date: 2016-03-03; view: 452


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