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TABLE DES SÉANCES 57 page

 

- en tant qu'ils jouent ce rôle du (a),

 

- en tant qu'ils sont par les sujets eux-mêmes qui les expérimentent destinés à changer de nature.

 

Ce qui chez le sujet jusque-là…

dans la liberté des stades pré-initiatiques

qui caractérisent les sociétés primitives

…a été laissé à une sorte de jeu indifférent des désirs naturels, les rites d'initiation prennent

la forme de changer le sens de ces désirs, de leur donner, à partir de là précisément, une fonction :

 

- où s'identifie, où se désigne comme tel l'être

du sujet, où il devient si l'on peut dire homme, mais aussi bien femme de plein exercice,

 

- où la mutilation sert ici à orienter le désir, à lui faire prendre précisément cette fonction d'index, de quelque chose qui est réalisé et qui ne peut s'articuler, s'exprimer que dans un au-delà symbolique et un au-delà qui est celui que nous appelons aujourd'hui l'être,

une réalisation d'être dans le sujet.

 

On pourrait à cette occasion faire quelques remarques latérales et nous apercevoir que si quelque chose s'offre à l'atteinte, à la marque signifiante du rite d'initiation, ce n'est bien entendu pas par hasard que ce soit tout ce qui peut s'y offrir comme appendice.

 

Vous savez aussi bien que l'appendice phallique n'est pas

le seul qui en l'occasion est employé, que sans aucun doute aussi le rapport que le sujet peut établir

dans toute référence à lui-même, et qui est celui

où nous pouvons concevoir que l'appréhension vécue puisse être la plus remarquable…

à savoir le rapport de tumescence

…désigne bien entendu au premier plan le phallus

comme quelque chose qui s'offre d'une façon privilégiée

à cette fonction de pouvoir s'offrir à la coupure

et aussi bien d'une façon qui sera assurément, plus que dans tout autre objet, redoutée et scabreuse.

 

C'est ici que pour autant que la fonction du narcissisme est rapport imaginaire du sujet à soi-même, elle doit être prise pour le point de support où s'inscrit,

au centre, cette formation de l'objet significatif.

Et là aussi nous pouvons peut-être apercevoir comment ce qui est ici important dans l'expérience que nous avons de tout ce qui se passe au niveau du stade du miroir

à savoir l'inscription, la situation où le sujet peut placer sa propre tension, sa propre érection, par rapport à l'image d'au-delà de lui-même qu'il a dans l'autre

…nous permet d'apercevoir ce que peuvent avoir

de légitime certaines des approches que la tradition



des psychologues-philosophes avait déjà faites

de cette appréhension de la fonction du moi.

 

Je fais ici allusion à ce que MAINE DE BIRAN nous a apporté dans son analyse si fine du rôle du sentiment de l'effort :

- le sentiment de l'effort pour autant qu'il est « poussée », appréhendée par le sujet des deux côtés à la fois,

- pour autant qu'il est l'auteur de la poussée mais qu'il est aussi bien l'auteur de ce qui la contient,

- pour autant qu'il éprouve cette poussée de lui comme telle à l'intérieur de lui-même.

 

Voilà qui, rapproché de cette expérience de la tumescence, nous fait bien apercevoir combien peut se situer là et entrer en fonction, à ce même niveau de l'expérience

comme ce par quoi le sujet s'éprouve sans jamais pourtant pouvoir se saisir, puisque aussi bien ici il n'y a pas à proprement parler de marque possible, de coupure possible

…quelque chose dont je crois que le lien ici doit être repéré pour autant qu'il prend valeur symbolique, symptomatique, au même niveau de l'expérience qui est celui que nous essayons d'analyser ici dans l'expérience, qui est celui si paradoxal de la fatigue.

 

Si l'effort ne peut servir d'aucune façon au sujet, pour la raison que rien ne permet de l'empreindre de la coupure signifiante, inversement il semble que ce quelque chose dont vous savez le caractère de mirage, le caractère inobjectivable au niveau de l'expérience érotique, qui s'appelle la fatigue du névrotique :

- cette fatigue paradoxale qui n'a rien à faire avec aucune des fatigues musculaires que nous pouvons enregistrer sur le plan des faits,

- cette fatigue, en tant qu'elle répond, elle est en quelque sorte l'inverse, la séquelle, la trace d'un effort que j'appellerai de « signifiquantité ».

C'est là que nous pourrions trouver…

et je crois qu'au passage il importait de le noter

…ce quelque chose qui est, dans sa forme la plus générale, ce qui au niveau de la tumescence, de la poussée comme telle du sujet, nous donne les limites où vient s'évanouir la consécration possible dans la marque signifiante.

 

Nous arrivons à la troisième forme de ce petit(a), pour autant qu'il peut ici servir d'objet.

 

Ici j'aimerais bien qu'on ne se méprenne pas et assurément je n'ai pas devant moi assez de temps pour pouvoir mettre l'accent sur ce que je vais essayer ici d'isoler dans tous ses détails.

 

Ce que je crois le plus favorable à vous montrer

ce dont il s'agit et comment je l'entends…

hors d'une relecture attentive que je vous prie de faire de ce que j'ai écrit sur le sujet

D'une question préalable à tout traitement possible de la psychose, à savoir ce que j'ai articulé de ce que nous permet,

d'une façon si poussée, si élaborée,

d'articuler le délire de SCHREBER

…c'est ce qui va nous permettre de saisir la fonction de la voix dans le délire comme tel.

 

Je crois que c'est :

 

- pour autant que nous aurons cherché à voir en quoi la voix dans le délire répond tout spécialement aux exigences formelles de ce (a),

 

- pour autant qu'il peut être élevé à la fonction signifiante de la coupure, de l'intervalle comme tel, que nous comprendrons les caractéristiques phénoménologiques de cette voix.

 

Le sujet produit la voix et, je dirai plus, nous aurons à faire intervenir cette fonction de la voix pour autant que faisant intervenir le poids du sujet, le poids réel du sujet dans le discours, dans la formation de l'instance du surmoi, la grosse voix est à faire entrer en jeu comme quelque chose qui représente l'instance d'un Autre se manifestant comme réel.

 

Est-ce de la même voix qu'il s'agit dans la voix du délirant ?

 

La voix du délirant, est-elle ce quelque chose dont M. COCTEAU a essayé d'isoler la fonction dramatique sous le titre La Voix humaine ?

 

Il suffit de se rapporter à cette expérience que

nous pouvons en avoir en effet, sous une forme isolée

là où COCTEAU, avec beaucoup de pertinence et

de flair, a su lui-même nous en montrer l'incidence pure, à savoir au téléphone.

 

Qu'est-ce que la voix nous apprend comme telle,

au-delà du discours qu'elle tient au téléphone ?

 

Il n'y a assurément pas là à varier et à vous faire un petit kaléidoscope des expériences qu'on en peut avoir.

 

Qu'il vous suffise d'évoquer qu'essayant de demander un service dans n'importe quelle maison de commerce, ou n'importe quoi d'autre, vous vous trouvez avoir

au bout du fil une de ces voix qui vous en apprennent assez sur le caractère d'indifférence, de mauvaise volonté, de volonté bien établie d'éluder ce qu'il peut y avoir de présent, de personnel dans votre demande, et qui est très essentiellement cette sorte de voix qui vous en apprend assez déjà sur le fait que vous n'avez rien à attendre de celui que vous interpellez :

une de ces voix que nous appellerons « une voix de contremaître » ce terme si véritablement magnifiquement fait par

le génie de la langue, non pas qu'il soit contre le maître, mais il est le contraire du maître véritablement.

 

Cette voix, cette sorte de présentification de

la vanité, de l'inexistence, du vide bureaucratique que peut vous donner quelquefois certaines voix,

est-ce cela que nous désignons lorsque nous parlons de la voix dans la fonction où nous avons à la faire intervenir au niveau de (a) ?

 

Non, absolument pas !

 

 

Si ici la voix se présente bel et bien et comme telle, comme articulation pure et c'est bien

ce qui fait le paradoxe de ce que nous communique

le délirant quand nous l'interrogeons et que quelque chose qu'il a à communiquer sur la nature des voix paraît se dérober toujours de façon si singulière, rien de plus ferme pour lui que la consistance

et l'existence de la voix comme telle.

 

Et bien sûr, c'est justement parce qu'elle est réduite sous sa forme la plus tranchante,

au point pur où le sujet ne peut la prendre

que comme s'imposant à lui.

 

Et aussi bien ai-je mis l'accent…

quand nous analysions le délire du Président SCHREBER

…sur ce caractère de coupure qui est tellement

mis en évidence que les voix entendues par SCHREBER sont exactement les débuts de phrases :

 

« Sie sollen werden, etc. »

 

…et justement des mots, les mots significatifs

qui s'interrompent, qui se poussent, laissant surgir après leur coupure l'appel à la signification.

 

Le sujet y est intéressé en effet ici, mais à proprement parler en tant que lui-même disparaît, succombe, s'engouffre tout entier dans cette signification

qui ne le vise que d'une façon globale.

 

Et c'est bien dans ce mot :

 

« il l'intéresse »

 

…que je résumerai aujourd'hui, au moment de vous quitter, ce quelque chose que j'ai essayé d'appréhender et de saisir pour vous aujourd'hui.

 

Je conviens que cette séance a été peut-être une des plus difficiles de toutes celles que j'ai eu à vous tenir.

Vous en serez, j'espère, récompensés la prochaine fois.

Nous aurons à procéder par des voies moins arides.

 

Mais je vous ai demandé aujourd'hui de vous soutenir autour de cette notion d'intérêt, c'est le sujet :

 

- comme étant dans l'intervalle,

 

- comme étant ce qui est dans l'intervalle du discours de l'inconscient,

 

- comme étant à proprement parler la métonymie de cet être qui s'exprime dans la chaîne inconsciente.

 

Si le sujet se sent éminemment intéressé par ces voix, par ces phrases sans queue ni tête du délire,

c'est pour la même raison que dans toutes les autres formes de cet objet que je vous ai aujourd'hui énumérées, c'est au niveau de la coupure, c'est au niveau de l'intervalle qu'il se fascine,

qu'il se fixe pour se soutenir à cet instant

où, à proprement parler, il se vise et il s'interroge comme être, comme être de son inconscient.

 

C'est bien là ce autour de quoi nous posons la question ici, et je ne veux tout de même pas finir…

au moins pour ceux qui viennent

ici pour la première fois

…sans leur faire sentir quelle est la portée

d'une telle analyse, de ce petit chaînon qu'est

mon discours d'aujourd'hui par rapport à ceux

qui se succèdent depuis des jours.

 

C'est qu'aussi bien ce dont il s'agit,

c'est justement de voir ce que nous devons faire

par rapport à ce fantasme.

 

Car ce fantasme je vous en ai montré ici les formes les plus radicales, les plus simples, celles dans lesquelles nous savons qu'il constitue les objets privilégiés du désir inconscient du sujet.

 

 

Mais ce fantasme, il est mobile, si on le taquine

il ne faut pas croire qu'il puisse, comme cela, laisser tomber, lui, un de ses membres.

Il n'y a pas d'exemple qu'un fantasme convenablement attaqué ne réagisse pas en réitérant sa forme de fantasme.

Aussi bien nous savons à quelles formes de complications ce fantasme peut atteindre pour autant, justement, que sous sa forme dite « perverse » il insiste,

il maintient, il complique sa structure, il essaie

de plus en plus près de remplir sa fonction.

 

Est-ce qu'interpréter le fantasme, comme on dit,

doit être purement et simplement ramener le sujet

à un actuel à notre mesure, l'actuel de la réalité que nous pouvons définir comme hommes de science,

ou comme hommes qui nous imaginons qu'après tout, tout est réductible en termes de connaissance ?

 

Il semble bien que ce soit quelque chose vers quoi penche toute une direction de la technique analytique,

de réduire le sujet aux fonctions de la réalité, cette réalité que je vous rappelais la dernière fois, cette réalité qui, pour certains analystes, paraît

ne devoir pas pouvoir s'articuler autrement

que comme ce que j'ai appelé « un monde d'avocats américains ».

 

Est-ce que, sans aucun doute, l'entreprise n'est pas hors de la portée des moyens d'une certaine persuasion ?

Est-ce que la place occupée par le fantasme ne nous requiert pas de voir qu'il y a une autre dimension où nous avons à tenir compte de ce qu'on peut appeler les exigences vraies du sujet ?

 

Précisément cette dimension non point de la réalité, d'une réduction au monde commun, mais d'une dimension d'être, d'une dimension où le sujet porte en lui quelque chose - mon Dieu ! - qui est peut-être aussi incommode à porter que le message d'HAMLET, mais qui aussi bien, pour devoir peut-être le promettre à un destin fatal, n'est pas quelque chose non plus dont nous, analystes

si tant est que, nous analystes, nous pouvons dans l'expérience du désir trouver plus qu'un simple accident, que quelque chose d'après tout bien gênant, mais dont il n'y a en somme qu'à attendre que ça se passe et que la vieillesse vienne pour que le sujet retrouve tout naturellement « les voies de la paix et de la sagesse »

…ce désir nous désigne à nous, analystes, autre chose.

 

Cette autre chose qu'il nous désigne :

 

- comment devons-nous, avec, opérer ?

 

- Quelle est notre mission ?

 

- Quel est en fin de compte notre devoir ?

 

C'est là la question que je pose en parlant de l'interprétation du désir.

 

 


27 Mai 1959Table des séances

 

HAMLET ( 8 )

 

Nous allons aujourd'hui poursuivre l'étude de

la place de la fonction du fantasme en tant qu'il est symbolisé dans les rapports du sujet, pourvu

de la part du sujet en tant que marqué de l'effet

de la parole par rapport à un objet(a) que nous avons essayé,

la dernière fois, de définir comme tel.

 

Cette fonction du fantasme, vous le savez, se situe quelque part au niveau de ce rapport que nous avons essayé d'inscrire dans ce que nous appelons le graphe.

 

 

C'est quelque chose de très simple en somme, puisque les termes se résument aux quatre points, si je puis dire, situés aux croisements des deux chaînes signifiantes

par une boucle qui est celle de l'intention subjective. [Δ → I ]

 

Ces croisements donc, déterminent ces quatre points que nous avons appelés points de code, qui sont ceux de droite, ici [A et S àD], et ces deux autres points

de message [S(A) et s(A)], ceci en fonction du caractère rétroactif de l'effet de la chaîne signifiante

quant à la signification.

Voici donc les quatre points que nous avons appris

à meubler des significations suivantes,

ce sont les lieux où vient se situer la rencontre de l'intention du sujet avec le fait concret, le fait qu'il y a langage. Ici, les deux autres signes sur lesquels nous allons avoir à venir aujourd'hui sont

S en présence de D, [S à D], et S signifiant de A, [S(A)].

 

Ces deux chaînes signifiantes, vous le savez…

ceci est élucidé depuis longtemps

…représentent respectivement :

 

[G1]la chaîne inférieure, celle du discours concret

du sujet en tant qu'elle est comme telle,

disons accessible à la conscience.

 

Ce que l'analyse nous a appris, c'est pour autant qu'elle est accessible à la conscience,

c'est peut-être, c'est sûrement parce qu'elle part d'illusions que nous l'affirmons entièrement transparente à la conscience. Et si…

 

- pendant plusieurs années, j'ai insisté devant vous par tous les biais par lesquels pouvaient vous être suggérées les parts illusoires qu'il y a dans cet effet de transparence,

 

- si j'ai essayé de montrer, par toutes sortes de fables dont vous avez peut-être encore le souvenir, comment à la limite, nous pouvions essayer, sous la forme d'une image dans un miroir rendue efficace au-delà de toute subsistance du sujet, par quel mécanisme persistant, dans le néant subjectif réalisé par la destruction de toute vie,

 

- si j'ai essayé de vous donner là l'image d'une possibilité de subsistance de quelque chose d'absolument spéculaire, indépendamment de tout support subjectif,

 

…ce n'est pas pour le simple plaisir d'un tel jeu, mais cela repose sur le fait qu'un montage structuré comme celui d'une chaîne signifiante peut être supposé durer au-delà de toute subjectivité des supports.

La conscience…

pour autant qu'elle nous donne ce sentiment d'être moi dans le discours

…est quelque chose qui dans la perspective analytique

celle qui nous fait toucher sans cesse du

doigt la méconnaissance systématique du sujet

…est quelque chose que justement notre expérience nous apprend à référer à un rapport, nous montrant que cette conscience…

pour autant qu'elle est d'abord expérimentée, qu'elle est d'abord éprouvée dans une image

qui est image du semblable

…est quelque chose qui, bien plutôt, recouvre

d'une apparence de conscience :

 

- ce qu'il y a d'inclus dans les rapports du sujet à la chaîne signifiante primaire, naïve, à la demande innocente,

au discours concret pour autant qu'il se perpétue de bouche en bouche, organise ce qu'il y a

de discours dans l'histoire même,

- ce qui rebondit d'articulation en articulation dans ce qui se passe effectivement à plus ou moins

de distance de ce discours concret commun, universel, qui englobe toute activité réelle, sociale du groupe humain.

 

[G2]L'autre chaîne signifiante est celle qui nous est positivement donnée dans l'expérience analytique comme inaccessible à la conscience.

 

Vous sentez bien pour autant que déjà, pour nous, cette référence à la conscience de la première chaîne est suspecte, a fortiori cette seule caractéristique de l'inaccessibilité à la conscience est quelque chose qui, pour nous, pose des questions sur ce qu'il en est du sens de cette inaccessibilité.

 

Aussi bien devons-nous considérer

et je vais y revenir

…devons-nous bien préciser ce que nous entendons par là.

 

Devons-nous considérer que cette chaîne…

comme telle inaccessible à la conscience

…est faite comme une chaîne signifiante ?

 

Mais c'est là-dessus que je reviendrai toute à l'heure, posons-la pour l'instant, comme elle se présente à nous.

 

 

Ici, le pointillé sur lequel elle se présente signifie que le sujet ne l'articule pas en tant que discours. Ce qu'il articule actuellement c'est autre chose.

Ce qu'il articule au niveau de la chaîne signifiante se situe au niveau de la boucle intentionnelle [Δ → I ].

 

C'est pour autant que le sujet se repère en tant qu'agissant dans l'aliénation de la signifiance avec le jeu de la parole, que le sujet s'articule - comme quoi ? - comme énigme, comme question, très exactement.

 

Ce qui nous est donné dans l'expérience à partir de ce qui est tangible dans l'évolution du sujet humain, dans un moment de l'articulation enfantine, à savoir qu'au-delà de la première demande avec déjà tout ce qu'elle comporte comme conséquence, il y a un moment où il va chercher à sanctionner ce qu'il a devant lui, à sanctionner les choses dans l'ordre inauguré par la signifiance. Comme tel, il va dire « Quoi ? »

et il va dire « Pourquoi ? »

C'est à l'intérieur de ceci qui est référence expresse au discours, c'est ceci qui se présente comme continuant la première intention de la demande, la portant à la seconde intention du discours comme discours, du discours qui s'interroge, qui interroge les choses par rapport à lui-même, par rapport à leur situation dans le discours, qui n'est plus exclamation, interpellation, cri du besoin mais déjà nomination.

 

C'est ceci qui représente l'intention seconde

du sujet et si, cette intention seconde, je la fais partir du lieu A, c'est pour autant que si le sujet est tout entier dans l'aliénation de la signifiance, dans l'aliénation de l'articulation parlée comme telle, et que c'est là et à ce niveau-là que se pose la question que j'ai appelée la dernière fois :

sujet comme tel, du « S ? » avec un point d'interrogation.

 

Aussi bien, ce n'est pas que je me complaise dans les jeux de l'équivoque, mais il est aussi bien cohérent avec le niveau auquel nous procédons,

au point que nous articulons.

 

C'est à l'intérieur de cette interrogation…

de cette interrogation interne au lieu

institué de la parole, au discours

…c'est à l'intérieur de ceci que le sujet doit essayer de se situer comme sujet de la parole, demandant là encore :

 

- Est-ce ?

- Quoi ?

- Pourquoi ?

- Qui est-ce qui parle ?

- Où est-ce que cela parle ?

 

C'est précisément dans le fait que ce qui s'articule au niveau de la chaîne signifiante n'est pas articulable au niveau de ce « S ? », de cette question qui constitue le sujet une fois institué dans la parole, c'est en ceci que consiste le fait de l'inconscient.

 

Ici je veux simplement rappeler…

à l'usage de ceux qui pourraient ici s'inquiéter, comme d'une construction arbitraire, de cette identification de la chaîne inconsciente que

je présente ici, par rapport à l'interrogation du sujet, être dans les mêmes relations que celles du discours premier de la demande à l'intention qui surgit du besoin

…je veux vous rappeler ceci :

c'est que si le signifiant, si l'inconscient a un sens, ce sens a toutes les caractéristiques de la fonction de la chaîne signifiante comme telle.

 

Et ici je sais bien qu'en faisant ce bref rappel,

je dois faire, pour la plupart de mes auditeurs, allusion à ce que je sais qu'ils ont déjà entendu

de moi quand j'ai parlé de cette chaîne signifiante, pour autant qu'elle est illustrée dans l'histoire

que j'ai publiée ailleurs, la fable des disques blancs

et des disques noirs, en tant qu'elle illustre quelque chose de structural dans les rapports de sujet à sujet, pour autant qu'on y trouve trois termes.[110]

 

Dans cette histoire un signe distinctif permet d'identifier, de discriminer par rapport à un couple blanc ou noir, le rapport avec les autres sujets.

 

Pour ceux qui ne s'en souviennent pas, je me contenterai de leur dire qu'ils se réfèrent à

ce que j'ai écrit à ce sujet par rapport à cette succession d'oscillations par où le sujet se repère.

 

Par rapport à quoi ?

 

Par rapport à la recherche de l'autre qui se fait

en fonction de ce que les autres voient de lui-même

et de ce qui les détermine de façon conclusive,

à savoir ce que j'appellerai ici le [genre ?],

ce par quoi le sujet décide qu'il est effectivement blanc ou noir, s'avère prêt à déclarer ce pour quoi la fable est construite.

 

Est-ce que vous ne trouvez pas là très exactement

ce qui, dans la structure de la pulsion, nous est d'usage familier, à savoir ce fait d'identification relative, cette possibilité de la dénégation,

du refus de l'articulation, de la défense, qui sont aussi cohérentes à la pulsion que l'envers à l'endroit d'une même chose, et qui se concluent par quelque chose qui devient pour le sujet la marque, le choix dans telles conditions, dans telles situations,


Date: 2016-03-03; view: 449


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