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TABLE DES SÉANCES 52 page

 

Partons de ce qu'il nous dit, puis nous verrons après en quoi cela peut venir apporter de l'eau à notre moulin. FREUD nous dit :

le complexe d'Œdipe entre dans son Untergang, dans sa descente, dans son déclin, dans ce déclin qui sera une péripétie décisive pour tout développement ultérieur du sujet, à la suite de ceci :

 

- pour autant, dit-il, que le complexe d'Œdipe n'a été éprouvé, expérimenté sous les deux faces de sa position triangulaire,

 

- pour autant que le sujet, rival du père, s'est vu sur ce point concret d'une menace, qui n'est rien d'autre que la castration, c'est-à-dire que pour autant qu'il veut prendre la place du père, il sera châtré,

 

- pour autant qu'il prendra la place de la mère… c'est littéralement ce que dit FREUD

il perdra aussi le phallus, puisque le point d'achèvement, de maturité de l'œdipe, la découverte plénière du fait que la femme est châtrée, est faite également.

C'est très précisément en tant que le sujet est pris dans cette alternative close qui ne lui laisse aucune issue, sur le plan de quelque chose que nous pouvons articuler comme le rapport, que nous allons essayer plus loin de mieux approfondir cette chose qui s'appelle le phallus et qui est la clef de la situation, qui à ce moment-là est celle qui se forme comme celle du drame essentiel de l'œdipe.

 

L’œdipe, dirai-je, en tant qu'il est précisément chez le sujet, marque le joint et le tournant qui le fait passer du plan de la demande à celui du désir.

 

C'est en tant que cette « chose »…

car je laisse l'interrogation sur

la qualification, et nous allons voir

ce que cela doit être pour nous

…je n'ai pas dit « objet », en disant « chose »,

je dis réelle, non encore symbolisée mais en quelque sorte

en puissance de l'être : ceci, pour tout dire,

que nous pouvons appeler un signifiant avec un sens diffus.

 

Le phallus, c'est ceci qui nous est présenté par FREUD comme la clef de l'Untergang, de la descente, du déclin de l'œdipe. Et nous voyons rassemblé dans l'articulation freudienne quelque chose qui ne met point la fille

dans une position - je ne dis pas dissymétrique -

tellement dissymétrique.

 

Et c'est en tant :

 

- que le sujet entre quant à cette « chose » dans un rapport que nous pouvons appeler de lassitude…

c'est dans le texte de FREUD

…quant à la gratification,

 

- c'est en tant que le garçon renonce à être à la hauteur

ceci a été encore plus articulé pour la fille : qu'aucune gratification n'est à attendre sur ce plan

 

- c'est en tant, pour tout dire, que quelque chose dont on sait que ne se produit pas à ce moment-là l'émergence articulée, que le sujet a à faire son deuil du phallus, que l'œdipe entre dans son déclin.



La chose se dégage d'une façon tellement évidente

que c'est autour d'un deuil, qu'il ne se peut pas

que nous n'essayions pas de faire le rapprochement pour nous apercevoir que c'est par là que, pour nous, s'éclaire la fonction ultérieure de ce moment de déclin, son rôle décisif qui, ne l'oublions pas, n'est pas seulement…

ne peut pas être seulement, pour nous,

…le fait que les fragments, les détritus plus ou moins incomplètement refoulés dans l'œdipe vont ressortir au niveau de la puberté sous la forme de symptômes névrotiques, mais ceci que nous avons toujours admis aussi, qui est de l'expérience commune des analystes, de ceci dépend quelque chose dans l'économie, non plus seulement de l'inconscient, mais dans l'économie imaginaire du sujet, qui ne s'appelle rien d'autre que sa normalisation sur le plan génital.

 

À savoir qu'il n'y a pas d'heureux succès de la maturation génitale, sinon par l'achèvement justement aussi plein que possible de cet œdipe, et en tant que l'œdipe porte comme conséquence le stigmate,

chez l'homme comme chez la femme, du complexe de castration.

 

C'est ici alors, peut-être…

en faisant le rapprochement, la synthèse avec

ce qui nous a été donné dans l'œuvre freudienne concernant le mécanisme du deuil

…que nous pouvons nous apercevoir que c'est cela, pour nous, qui va être éclairant quant au fait

que se produit chez le sujet ce deuil,

sans doute particulier puisque ce phallus n'est pas, sans doute, un objet comme les autres.

 

Mais ici aussi nous pouvons nous arrêter, car après tout…

si je vous le demande :

qu'est-ce qui définit la portée, les limites des objets dont nous pouvons avoir à porter le deuil ?

…ceci jusqu'à présent n'a pas été non plus articulé.

 

Nous nous doutons bien que le phallus, parmi les objets dont nous pouvons avoir à porter le deuil, n'en est pas un comme les autres.

 

Là comme partout, il doit avoir sa place bien à part, mais justement, c'est ce qu'il s'agit de préciser et comme dans bien des cas quand il s'agit de préciser, c'est la place de quelque chose sur un fond :

c'est en le précisant sur ce fond que la précision

de la place du fond apparaît aussi en rétroaction.

 

Nous sommes ici en terrain complètement nouveau. Essayons donc de nous avancer, car c'est à cela

que va nous servir, au dernier terme, notre analyse d'HAMLET, c'est à nous rappeler cette question

que je laboure devant vous par une série de touches concentriques, que j'accentue, que je vous fais entendre d'une façon diversement résonnante et que j'espère faire de plus en plus précise, à savoir

ce que j'appelle la place de l'objet dans le désir.

 

Que nous dit FREUD quant à ce deuil du phallus ?

 

Il nous dit que ce qui est lié à lui, ce qui en est un des ressorts fondamentaux, ce qui lui donne

sa valeur…

car c'est cela que nous cherchons

…c'est une exigence narcissique du sujet.

 

Voici établi ici le rapport de ce moment critique

où le sujet se voit de toutes façons châtré ou privé de la chose, du phallus.

 

Ici FREUD fait intervenir, et comme toujours

sans la moindre précaution…

je veux dire qu'il nous bouscule comme à l'habitude, et - Dieu merci ! - il l'a fait toute son existence, car il ne serait jamais venu à bout de ce qui lui restait à tracer dans son champ

…il nous dit que c'est une exigence narcissique.

 

En présence de l'issue dernière de ses exigences œdipiennes, le sujet préfère, si l'on peut dire, s'abandonner toute la partie de lui-même, sujet…

qui lui sera à jamais dès lors interdite

…à savoir dans la chaîne signifiante ponctuée,

ce qui fait le haut de notre graphe.

Toute l'affaire n'est rien d'autre que l'affaire fondamentale de la relation d'amour telle qu'elle s'est

pour lui présentée dans la dialectique parentale,

et la façon dont il pouvait s'y introduire.

 

Il va laisser sombrer tout cela en raison, nous dit FREUD, de quelque chose qui a rapport à ce phallus

comme tel déjà si énigmatiquement introduit là dès l'origine, et pourtant d'une façon si claire à travers toute l'expérience

…dans un rapport narcissique avec ce terme.

 

Qu'est-ce que cela peut vouloir dire pour nous, dans notre vocabulaire, pour autant que notre vocabulaire peut être quelque chose d'éclairant, de plus éclairant, quelque chose par quoi nous essayons

de répondre à cette exigence que FREUD - disais-je à l'instant - doit laisser de côté parce qu'il lui faut aller au vif, au tranchant du sujet et qu'il n'a pas longtemps à s'arrêter sur les prémisses.

 

C'est d'ailleurs en général comme cela que se fonde toute action, et plus encore toute action véritable, c'est-à-dire l'action qui est là notre propos,

tout au moins qui devrait l'être.

 

Eh bien, traduit dans notre discours, dans nos références : « narcissique » implique un certain rapport avec l'imaginaire.

« Narcissique » nous explique ici ceci, c'est que très exactement dans le deuil, en tant que dans ce deuil rien n'est satisfait…

et ici rien ne peut satisfaire, puisque la perte du phallus éprouvée comme telle est l'issue même

du tour fait de tout le rapport du sujet à ce qui se passe au lieu de l'Autre, c'est-à-dire au champ organisé du rapport symbolique dans lequel a commencé de s'exprimer son exigence d'amour

…il est au bout, et sa perte en cette affaire est radicale.

 

Ce qui se produit alors est très précisément

ce quelque chose dont j'ai déjà indiqué la parenté avec un mécanisme psychotique, pour autant que c'est avec sa texture imaginaire, et seulement avec elle, que le sujet peut y répondre.

Ce que, sous une forme voilée, FREUD nous présente comme étant le lien narcissique du sujet à la situation représentant ceci, ceci qui nous permet

à ce moment-là de l'identifier à quelque chose qui représente en lui, sur le plan imaginaire, ce manque comme tel qui met…

si l'on peut dire : en néantise ou en réserve

…en lui, tout ce qui plus tard va être le moule

d'où viendra se remodeler son assomption de sa position dans la fonction génitale.

 

Mais là, est-ce encore franchir trop vite ce dont

il s'agit réellement ?

Est-ce à faire croire - comme on le croit –

que le rapport à l'objet génital est un rapport de positif à négatif ?

 

Vous verrez, il n'en est rien, et c'est pour cela

que nos notations sont meilleures, parce qu'elles permettent d'articuler comment va se présenter réellement le problème.

 

Ce dont il s'agit en fait, c'est de quelque chose qui, pour nous, doit se connoter sous la forme suivante, pour autant qu'elle nous a fait aborder ce quelque chose que nous avons déjà approché quand nous avons distingué les fonctions de la castration, de la frustration

et de la privation.

 

Agent Manque Objet
  Castration : dette symbolique Imaginaire
Mère symbolique Frustration :Dam imaginaire réel
  Privation :trou réel symbolique

 

Si vous vous souvenez, alors je vous ai écrit :

 

- castration, action symbolique,

- frustration terme imaginaire,

- et privation terme réel.

je vous ai donné les connotations de leurs relations aux objets. je vous ai dit que la castration se rapportait à l'objet phallique imaginaire, et je vous ai écrit que la frustration, imaginaire dans sa nature, se rapportait toujours à un bien et à un terme réel, et que la privation, réelle, se rapportait à un terme symbolique.

 

Il n'y a…

ajoutais-je à ce moment-là

dans le réel aucune espèce de phase ou de fissure.

Tout manque est manque à sa place,

mais « manque à sa place » est « manque symbolique ».

 

Il y a ici une colonne qui est celle de l'agent,

de ces actions avec leur terme objectal qui est quelque chose que j'ai touché à ce moment-là en

un seul point, au niveau de l'agent de la frustration, la mère, et pour vous montrer que c'est pour autant que la mère comme telle est lieu de la demande d'amour, était d'abord symbolisée dans le double registre de la présence et de l'absence, qu'elle se trouvait être en position de donner le départ génétique de la dialectique, pour autant que, mère réelle, elle fait tourner ce dont le sujet est privé réellement,

le sein par exemple, en symbole de son amour.

Et j'en suis resté là.

 

Vous pourrez voir que sont restées libres ici

les cases qui correspondent au terme « agent » dans

les deux autres relations.

C'est maintenant en effet, et seulement maintenant que nous pouvons ici inscrire ce dont il s'agit.

 

Le terme « agent » est quelque chose qui, quant à sa place, se rapporte au sujet. Ce sujet, nous ne pouvions pas à ce moment-là en articuler nettement les différents étages. C'est maintenant que nous pouvons le faire, et maintenant que nous pouvons inscrire au niveau où nous avons placé le lieu effectif de la mère, le terme où tout ce qui se passe de son fait prend sa valeur, c'est-à-dire le A de l'Autre en tant que c'est là que s'articule la demande.

Agent Manque Objet
Père réel Castration : dette symbolique Phallus Imaginaire
Mère symbolique Frustration :Dam imaginaire Sein réel
Père imaginaire Privation :trou réel Phallus symbolique

 

Au niveau de la castration, nous avons un sujet

en tant que réel, mais sous la forme où nous avons appris à l'articuler et à le découvrir depuis,

c'est-à-dire en tant que le sujet parlant, en tant que le sujet concret, c'est-à-dire marqué du signe de la parole.

 

Bien sûr ! vous l'y verrez tout de suite justement. C'est ce qu'il me semble que depuis quelque temps des philosophes essaient d'articuler concernant la nature singulière de l'action humaine.

Il n'est pas possible d'approcher le thème de l'action humaine sans s'apercevoir que, quant à l'illusion de je ne sais quel commencement absolu qui serait le dernier terme où l'on peut pointer la notion d'agent, il y a quelque chose qui cloche.

 

Ce quelque chose qui cloche, à travers les temps,

on a essayé de nous l'introduire sous la forme de diverses spéculations sur la liberté qui est en même temps nécessité : c'est là le dernier terme où les philosophes sont arrivés à articuler quelque chose, c'est-à-dire qu'il n'y a pas d'autre action vraie que de vous mettre en quelque sorte dans le droit fil des volontés divines.

 

Il nous semble qu'à tout le moins nous pouvons prétendre ici apporter quelque chose d'un registre tout à fait différent par la qualité particulière

de son articulation, quand nous disons que le sujet, en tant que réel, est quelque chose qui a cette propriété d'être dans un rapport particulier avec

la parole, conditionnant chez lui cette éclipse,

ce manque fondamental qui le structure comme tel

au niveau symbolique, dans le rapport à la castration.

Il ne s'agit pas là d'un lingot d'or, d'un sésame,

de quelque chose qui nous ouvre tout, mais que cela commence d'articuler quelque chose, et quelque chose qui n'a jamais été dit, assurément peut-être cela vaut-il la peine de le souligner.

 

Alors, qu'est-ce qui va apparaître ici au niveau de la privation ?

À savoir de ce que devient le sujet en tant qu'il a été symboliquement castré ?

Mais il a été symboliquement castré au niveau de sa position comme sujet parlant, non point de son être, de cet être qui a à faire le deuil de ce quelque chose qu'il a à porter en sacrifice, en holocauste,

à sa fonction de signifiant manquant.

 

Cela devient beaucoup plus clair et beaucoup plus facile à connoter à partir du moment où c'est en termes de deuil que nous posons le problème.

En termes de deuil, c'est pour autant que nous pouvons écrire sur le plan où le sujet est identique aux images biologiques qui le guident, et qui pour lui font le sillon préparé de son behavior, de ce qui va l'attirer, et par toutes les voies de la voracité et de l'accouplement, et là que quelque chose est pris, est marqué, est soustrait sur ce plan imaginaire qui fait du sujet comme tel quelque chose de réellement privé.

 

Cette privation que notre contemplation, notre connaissance, ne nous permet de repérer, de situer nulle part dans le réel, parce que le réel en tant que tel se définit comme toujours plein.

 

Nous retrouvons ici, mais sous une autre forme

et autrement accentuée cette remarque de la pensée qu'on appelle, à tort ou à raison, existentialiste,

que c'est le sujet humain, vivant, qui y introduit une néantisation - qu'ils appellent comme cela, mais que nous, nous appelons autrement.

Car cela ne nous suffit pas cette « néantisation »

dont les philosophes font leurs dimanches,

et même leurs « Dimanches de la vie » [ Cf. note 22 du 10-12-1958 ].

Cela ne nous satisfait pas par les usages plus artificieux qu'en fait la prestidigitation dialectique moderne.

Nous, nous appelons cela -φ, c'est-à-dire ce que FREUD a pointé comme étant l'essentiel de la marque sur l'homme de son rapport au Logos, c'est-à-dire

la castration, ici effectivement assumée sur le plan imaginaire.

 

Vous verrez par la suite à quoi nous servira cette notation -φ.

 

Elle nous servira à définir ce dont il s'agit,

c'est-à-dire l'objet(a) du désir, tel qu'il apparaît dans notre formulation du fantasme, qui va être pour nous à situer par rapport aux catégories, aux têtes

de chapitres, aux registres qui sont nos registres habituels dans l'analyse.

 

L'objet(a) du désir…

nous allons le définir, nous allons le formuler comme nous l'avons déjà fait et allons le répéter une fois de plus ici

c'est cet objet qui soutient le rapport du sujet à ce qu'il n'est pas.

 

Jusque-là nous allons à peu près aussi loin…

quoiqu'un tout petit peu plus

…que ce que la philosophie traditionnelle et existentialiste

a formulé sous la forme de la négativité ou de la néantisation

du sujet existant, mais nous ajoutons :

à ce qu'il n'est pas, en tant qu'il n'est pas le phallus.

 

C'est l'objet qui soutient le sujet dans cette position privilégiée qu'il est amené à occuper

dans certaines situations, qui est d'être proprement celle-ci qu'il n'est pas le phallus, que l'objet(a) tel que nous essayons de le définir…

parce qu'il est devenu pour nous maintenant exigible que nous ayons une juste définition

de l'objet, tout au moins que nous fassions

cette expérience à partir d'une définition

que nous avons cru juste de cet objet

…d'essayer de voir comment s'ordonne, et du même coup se différencie, ce que jusqu'à présent dans notre expérience nous avons à tort ou à raison commencé d'articuler comme étant l'objet.

 

Car bien entendu ce que nous allons voir, c'est que nous allons nous poser la question :

cet objet-là, en tant qu'il est (a), est-ce que nous définissons par là l'objet génital ?

Ce qui voudrait dire que tous les objets prégénitaux ne seraient pas des objets ?

Je n'y réponds pas, à cette question, je dis qu'elle va se poser à partir du moment où c'est ainsi que nous allons commencer de poser le problème.

 

Il est clair que la réponse ne saurait être toute simple, et que dès à présent un des avantages qui apparaît est de nous permettre en tout cas de voir

la distinction, le biais, le plan de clivage

qui s'établit entre ce qu'on a appelé jusqu'à présent la phase phallique

et je suis ici dans la stricte voie de notre expérience traditionnellement acceptée

…et la phase génitale.

 

C'est du rapport…

qui depuis quelques années était

tout à fait impossible à trouver

…de cette phase phallique dans la formation

et la maturation de l'objet qu'il s'agit.

 

C'est par rapport à cette position toujours voilée, qui n'apparaît que dans des phanies, dans des apparitions en éclair, qui s'appelle l'avoir, bien sûr, ou ne pas l'avoir, c'est-à-dire dans son reflet au niveau de l'objet, que nous rencontrons, que nous apercevons la position radicale de ce dont il s'agit.

Mais la position radicale, celle du sujet au niveau de la privation, du sujet en tant que sujet du désir comme tel, c'est de n'être pas le phallus, c'est d'être lui-même, si je puis dire, un objet négatif.

 

Vous voyez jusqu'où je vais.

Les trois formes donc dans lesquelles apparaît le sujet au niveau des trois termes, castration, frustration, et privation, sont trois formes que nous pouvons bien appeler aliénées, mais peut-être apportons-nous à ce terme d'aliénation une articulation sensiblement différente en tant que diversifiée.

Je veux dire que si au niveau de la castration

le sujet apparaît dans une syncope du signifiant :

 

- c'est autre chose que quand il apparaît au niveau de l'Autre comme soumis à la loi de tous,

 

- c'est autre chose encore que quand il a lui-même à se situer dans le désir, où la forme de sa disparition nous apparaît alors avoir, par rapport aux deux autres, une originalité singulière bien propre à nous susciter

de l'articuler plus avant.

 

Et c'est bien cela qui se produit en effet dans notre expérience, et ce vers quoi nous tire le déroulement de la tragédie d'HAMLET.

 

Le « …quelque chose de pourri… »[97] que le pauvre HAMLET a

à remettre sur ses pieds, est quelque chose

qui a le rapport le plus étroit avec cette position vis-à-vis du phallus.

À travers toute la pièce nous le sentons, ce terme, partout présent dans le désordre manifeste qui est celui d'HAMLET chaque fois qu'il approche, si l'on peut dire, des points brûlants de son action.

 

Je ne pourrai aujourd'hui que vous indiquer les points qui nous permettent de le suivre à la trace.

Il y a quelque chose de très étrange dans la façon dont HAMLET parle de son père.

 

Il y a une exaltation idéalisante de son père mort qui se résume à peu près en ceci que la voix

lui manque pour dire ce qu'il peut avoir à en dire

et que véritablement, il s'étouffe et s'étrangle

pour conclure en ceci, qui apparaît une de ces formes particulières du signifiant qu'on appelle en anglais pregnant [ lourd de sens ], c'est-à-dire quelque chose qui a

un sens au-delà de son sens.

Il ne trouvait rien d'autre à dire de son père sinon, dit-il, qu'il était a man comme tout autre[98].

Ce qu'il veut dire c'est bien évidemment le contraire, première indication et trace de ce dont je veux vous parler.

 

Il y a bien d'autres termes encore. Le rejet, la dépréciation, le mépris jeté sur CLAUDIUS est quelque chose qui a toutes les apparences d'une dénégation.

 

C'est à savoir que dans le déchaînement d'injures dont il le couvre, et devant sa mère nommément,

il culmine dans ce terme : « Un roi de pièces et de morceaux »[99],

un roi fait de débris raboutés, qui ne peut pas

ne pas nous indiquer qu'il y a là quelque chose aussi de problématique, et dont assurément nous ne pouvons pas ne pas faire la liaison avec un fait, c'est que

s'il y a quelque chose de frappant dans la tragédie d'HAMLET par rapport à la tragédie œdipienne,

c'est qu'après le meurtre du père, le phallus, lui,

est toujours là.

 

Il est bel et bien là et c'est justement CLAUDIUS

qui est chargé de l'incarner.

C'est à savoir que le phallus réel de CLAUDIUS

il s'en agit tout le temps, et qu'il n'a en somme pas d'autre chose à reprocher à sa mère, sinon précisément, à peine la mort de son père,

de s'en être remplie, et de la renvoyer d'un bras

et d'un discours découragés à ce fatal et fatidique objet, lui ici bel et bien réel, qui semble être en effet le seul point autour duquel tourne le drame.

 

C'est à savoir que pour cette femme, qui ne nous apparaît pas une femme, dans sa nature, tellement différente des autres, dans la pièce il y a, étant donné tous les sentiments humains qu'elle montre par ailleurs, quelque chose de bien fort qui doit quand même l'attacher à son partenaire.

 

Or, il semble bien que ce soit là le point autour duquel tourne et hésite l'action d'HAMLET, le point où, si l'on peut dire, son génie étonné tremble devant quelque chose de complètement inattendu.

C'est que le phallus est en position tout à fait ectopique par rapport à notre analyse de la position œdipienne.


Date: 2016-03-03; view: 503


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