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TABLE DES SÉANCES 28 page

[That is the only time I can remember. p.133]

 

et il continue :

 

« Le rêve est tout à fait vivant dans ma mémoire. Il n'y a pas eu d'orgasme. …//… Je vois le devant de ses parties génitales, la fin de la vulve. »

 

et il décrit :

 

« Quelque chose de grand qui se projette en avant et qui pendait vers le bas comme un pli

sur un chaperon. C'était tout à fait comme un chaperon, et c'était ceci dont la femme faisait usage

en le manœuvrant…//…

 

c'est le terme qu'il avait employé dans le rêve

 

le vagin semblait serrer mon doigt autour. Le chaperon paraissait très étrange (seemed strange). »

[The dream is in my mind vividly. There was no orgasm. …//… I see the front of her genitals, the end of the vulva. Something large and projecting hung downwards like a fold on a hood. Hoodlike it was, and it was this that the woman made use of in manœuvring …//… The vagina seemed to close round my finger. The hood seemed strange. p.133]

 

L'analyste reprend :

 

« Qu'est-ce que vous pensez d'autre ? Laissez dire ce qu'il y a dans votre esprit. »

[What else do you think of - let the look of it be in your mind. p.133]

 

Le patient reprend :

 

« Je pense à un antre, une caverne. Il y avait quelque chose comme cela, un antre, une caverne

sur la colline où je vivais quand j'étais enfant. Souvent j'y ai été avec ma mère. Elle était visible

de la route le long de laquelle nous marchions. Son trait le plus remarquable était que le dessus,

the top, était surplombant, overhanging, et il paraissait comme une énorme lèvre ».

 

[I think of a cave. There is a cave on the hillside where I lived as a child. I often went there with my mother. It is visible from the road along which one walks. Its most remarkable feature is that it has an overhanging top to it which looks very much like a huge lip. p.133-134]

Quelque chose comme « la grotte du Cyclope », à Capri

dont la côte est parsemée de choses semblables.

Une caverne avec une partie se projetant en avant…

 

Il fait là-dessus une association très remarquable :

 

« Il y a a joke à propos des lèvres - au sens génital du terme - courant transversalement et non pas longitudinalement. Mais je ne me souviens pas comment ce joke était arrangé, quelque comparaison avec l'écriture chinoise et son rapport avec la nôtre, l'une et l'autre partant de différents côtés,

l'une du haut vers le bas, l'autre transversalement. Bien sûr, les lèvres sont side by side - c'est-à-dire côté contre côté - tandis que les parois du vagin sont l'une antérieure, l'autre postérieure, c'est-à-dire

l'une longitudinale et l'autre transversale. Je pense encore - dit-il - au chaperon. »



 

[I suddenly think labia means lips. There is some joke about the labia running crosswise and not longitudinally, but I don't remember how the joke was arranged, some comparison between Chinese writing and our own, starting from different sides, or from bottom to top. Of course the labia are side by side, and the vagina walls are back and front, that is, one longitudinal and the other crosswise. l'm still thinking of the hood. p.134]

 

Ces jokes

qui sont en anglais une sorte

de partie du patrimoine culturel

…sont bien connus, ils sont en général sous la forme de limericks.

 

Le limerick est quelque chose de très important et révélateur. Je n'en ferai qu'état. J'ai cherché dans une collection assez considérable de quelque trois mille limericks. Ce limerick existe sûrement, j'en ai vu d'autres qui s'en approchent, je ne sais même pas pourquoi le thème de la Chine semble justement considéré.

 

Il y avait cette sorte d'inversion de la ligne d'écriture, évoquée chaque fois que quelque chose

se rapproche d'une assimilation, encore et en même temps, d'une opposition de la ligne à la fente génitale avec celle de la bouche, transversale,

avec aussi ce qu'on suppose derrière la ligne de

la fente génitale de la transversalité du vagin.

 

C'est-à-dire que tout cela est très très ambigu.

Ce qui s'en rapproche le plus et ce qui est amusant par le fait qu'on ne voit pas spécialement pourquoi la Chine intervient dans cette association,

est celui-ci, « limerick 1381 » d'un ouvrage sur le limerick :

 

There was a young lady from China
Who mistook for her mouth her vagina.
Her clitoris huge
She covered with rouge
And lipsticked her labia minor.

Il y avait une jeune femme de la Chine

Qui confondit un jour sa bouche avec son vagin

Son énorme clitoris

Elle couvrit avec du rouge

Et elle mit du rouge sur ses petites lèvres

 

Traduit, cela perd de son sel, mais il est assez remarquable que c'est en tout cas quelque chose

qui est le plus rapproché de notre affaire en cause, dont l'auteur nous souligne que la superposition

de deux images…

- l'une qui est une image de bouche,

- l'autre qui est une image génitale,

…est très essentielle.

 

Qu'est-ce que je vais relever ici ? C'est qu'à propos de quelque chose sur lequel tout de suite la pensée analytique glisse vers des élément imaginaires,

à savoir assimilation de la bouche au vagin, le sein de la mère considéré comme l'élément d'engloutissement ou de dévoration primitif, et nous avons toutes sortes de témoignages diversement ethnologiques, folkloriques, psychologiques, qui montrent ce rapport primitif comme celui de contenant à contenu,

que l'enfant peut avoir par rapport à ce qu'on peut appeler l'image maternelle.

 

Est-ce qu'il ne vous semble pas que mérite d'être retenu à ce niveau quelque chose dont je dirai que cela a tout à fait le même accent qu'autrefois,

le point où je vous ai arrêtés lorsqu'il s'agissait de la grande et de la petite girafe ?

 

Ce n'était pas seulement l'élément entre le petit et le grand, entre la mère et le phallus,

ces éléments, c'est ce qu'en faisait le petit Hans.

On pouvait s'asseoir dessus, les chiffonner, c'étaient des symboles.

C'étaient déjà dans le fantasme des choses transformées en papier, on pourrait dire,

d'une façon plus nuancée, plus interrogative,

plus soumise à confirmation.

 

Mais disons, pour ponctuer ce dont il s'agit,

que cela n'est pas rien, qu'il n'est pas vain

que pour introduire là quelque chose concernant

cet élément imaginaire, représenté, déjà tellement remarquable, qui est dans le rêve et qui nous a été dépeint comme quelque chose de très précisément décrit, le repli d'un chaperon.

 

Ce n'est pas rien !

 

C'est quelque chose qui a déjà une certaine structure, qui couvre, qui coiffe, qui se redoute aussi.

Et le doigt introduit, to close round [46]

dans cet élément, cette suée aussi

…est quelque chose qui nous donne quelque chose

de tout à fait précis comme image, quelque chose qu'il n'y a pas lieu de noyer dans une simple structure générale d'enveloppement, ou de dévoration, ou d'engloutissement.

 

C'est déjà mis dans un certain rapport, avec le doigt du sujet précisément.

 

Et je dirai même que toute la question est là :

Y met-il ou n'y met-il pas le doigt ?

 

Il est certain qu'il y met le doigt et qu'il n'y met pas autre chose, entre autres qu'il n'y met pas son pénis qui est là présent, que ce rapport avec ce qui vient envelopper, ganter la main, est quelque chose qui est là tout à fait prévalent, mis en avant, poussé en avant au débouché de la figurabilité

comme dit FREUD pour désigner le troisième élément

en action : le travail du rêve, Traumarbeit.

 

Il s'agit de savoir ce que nous devons faire avec cela.

 

 

Si nous devons tout de suite le résoudre en une série de significations rédimées, préformées, à savoir tout ce qu'on va pouvoir mettre derrière cela, introduire nous-mêmes, dans cette espèce de « sac de prestidigitateur », tout ce que nous sommes habitués à y trouver,

ou bien nous arrêter, respecter cela comme quelque chose qui a ici une valeur spécifique.

 

Vous devez bien vous rendre compte, quand je dis valeur spécifique…

pour peu que vous ayez un tout petit peu plus que des notions livresques sur ce que cela peut être, un fantasme semblable

…qu'après tout, il y a tout à fait lieu que nous

ne noyons pas cela dans la notion par exemple

très générale d'intérieur du ventre de la mère,

dont on parle tellement dans les fantasmes.

 

Quelque chose d'aussi élaboré dans le rêve mérite qu'on s'y arrête. Ce que nous avons là devant nous, ce n'est certainement pas l'intérieur d’un utérus. c'est overhanging, ce bord qui se projette.

 

Et d'ailleurs…

car elle est extrêmement fine

…Ella SHARPE souligne plus loin dans un passage

que nous pourrons avoir à rencontrer dans la suite, que l'on est devant quelque chose de remarquable :

« c'est une projection » dit-elle, et tout de suite après dans le passage elle annonce « c'est l'équivalent d'un pénis. »[47]

 

C'est possible, mais pourquoi se presser ?

 

D'autant plus qu'elle souligne aussi à ce moment-là qu'il est difficile de faire de cette projection quelque chose de lié à la présence du vagin.

 

C'est assez accentué dans le rêve, et par

la manœuvre même à laquelle le sujet se prête,

je dirais se substitue à lui-même en y mettant

le doigt et non pas son pénis.

Comment ne pas voir :

- que très précisément ce quelque chose est localisé, si l'on peut dire, dans ce fantasme qui est en effet comme le sujet l'articule, quelque chose qui a le plus étroit rapport avec la paroi antérieure et postérieure du vagin !

- Que pour tout dire, pour un médecin pour qui la profession est de pratiquer la médecine… ce qui n'était pas le cas d'Ella SHARPE qui était professeur de lettres et cela lui donnait de grandes ouvertures sur la psychologie …c'est un prolapsus, quelque chose qui se produit dans la paroi du vagin, où se produit cette prosection de la paroi antérieure, plus ou moins suivie de prosections de la paroi postérieure, et qui dans un stade encore ultérieur, fait apparaître à l'orifice génital, l'extrémité du col.

 

C'est une chose extrêmement fréquente qui pose toute sorte de problèmes au chirurgien.

Ce n'est pas de cela qu'il s'agit.

Bien sûr qu'il y a là quelque chose qui met en jeu tout de suite la question et le fantasme de la femme phallique.

 

C'est si vrai que je me souvenais à votre usage…

je n'ai pu vérifier le passage, c'est un fait assez connu, je pense, pour qu'il ne soit pas nouveau pour certains d'entre vous

…de la reine Christine de Suède, l'amie de DESCARTES…

qui était une rude femme comme toutes les femmes de cette époque : on ne saurait trop insister

sur l'influence sur l'histoire des femmes

de cette merveilleuse moitié du XVIIème siècle

…la reine Christine de Suède un jour vit elle-même apparaître à l'orifice de la vulve la pointe d'un utérus qui, sans que nous en sachions les raisons,

se trouva à ce moment de son existence, faire béance dans un cas tout à fait caractérisé de prolapsus utérin.

C'est alors que, cédant à une flatterie hénaurme,

son médecin tombe à ses pieds en disant : « Miracle ! Jupiter vous a enfin rendu à votre véritable sexe. » Ce qui prouve que le fantasme de la femme phallique ne date pas d'hier dans l'histoire de la médecine et de la philosophie.

Ce n'est pas cela qui est dans le rêve,

ni qu'il faille entendre…

l'analyste en fait état

plus tard dans l'observation

…que la mère du sujet, par exemple, eut un prolapsus.

 

Encore que : pourquoi pas ?

 

Puisque dans l'articulation de sa compréhension

de ce qui se passe, l'analyste fait état du fait que, très probablement, le sujet a vu des tas de choses par en dessous, que certaines de ses imaginations laissent à penser qu'il a pu voir, qu'il doit même

y avoir…

pour que son interprétation soit cohérente

…quelque chose d'analogue, c'est-à-dire une certaine appréhension par dessous les jupes, de l'organe génital… et de celui de sa mère.

 

Pourquoi ne pas aller dans ce sens ?

 

Mais ce n'est pas cela.

 

Nous serons beaucoup plus légitimés à le faire

dans ce sens, que l'analyste elle-même, pour autant que tout à l'heure, elle va passer nécessairement

par cette supposition.

 

Pour nous, nous n'en sommes pas là.

J'indique simplement que dès lors qu'il s'agit

de références par rapport à des images du corps,

on va les faire entrer en jeu dans l'interprétation.

 

On ne serait pas précis, pourquoi ne distinguerait-on pas la hantise, ou le désir, ou la crainte du retour au ventre maternel, et le rapport très spécialement avec le vagin, qui après tout n'est pas quelque chose

on le voit bien dans cette simple explication

…dont le sujet ne puisse pas avoir quelque appréhension directe ou indirecte ?

 

Ce que je veux simplement souligner ici, après avoir marqué l'accent spécial de cette image de ce rêve, c'est qu'en tous cas quelque chose doit nous retenir.

C'est le fait que le sujet l'associe tout de suite

à quelque chose d'un tout autre ordre, à ce jeu poétique et verbal dont ce n'est pas simplement pour m'amuser que j'ai donné un exemple, c'est pour donner une idée du style, d'une extrême rigueur littéraire.

 

C'est un genre qui a des lois, les plus strictes qui soient…

et joke ou limerick, peu importe

…qui portent dans une histoire définie littérairement, et portant elles-mêmes sur un jeu concernant l'écriture.

 

Car ce que nous n'avons pas retrouvé dans le limerick que nous avons déterré, le sujet, lui, affirme l'avoir entendu : c'était en se référant à la direction différente des lignes d'écriture dans notre façon d'écrire et la chinoise, qu'il évoque à ce moment-là quelque chose qui ne s'impose pas tellement à cette association, à savoir justement ce qui met sur la voie d'un rapprochement entre l'orifice des grandes lèvres et les lèvres de la bouche.

 

Ce rapprochement comme tel, affectons-le à l'ordre symbolique. Ce qui peut avoir plus de symbolique,

ce sont les lignes de caractères chinois, parce que c'est quelque chose qui est là, qui nous désigne qu'en tous cas cet élément-là dans le rêve est un élément qui a une valeur signifiante, que dans cette sorte d'adaptation, d'adéquation, d'accommodement du désir en tant qu'il se fait quelque part par rapport à un fantasme qui est entre le signifiant de l'Autre [S(A)]

et le signifié de l'Autre [s(A)] car c'est cela

la définition du fantasme en tant que le désir

a à s'accommoder à lui.

 

Et qu'est ce que je dis là si ce n'est exprimer d'une façon plus articulée ce qui est notre expérience lorsque nous cherchons à centrer ce qu'est le désir du sujet ? C'est cela, quelque chose qui est une certaine position du sujet en face d'un certain objet, pour autant qu'il le met quelque part, intermédiaire entre :

 

- une pure et simple signification, une chose assumée, claire, transparente pour lui,

- et quelque chose d'autre qui n'est pas du tout un fantasme, qui n'est pas un besoin, qui n'est pas une poussée, un feeling, mais qui est toujours de l'ordre du signifiant en tant que signifiant, quelque chose de fermé, d'énigmatique.

 

Entre les deux, il y a ce qui ici apparaît sous la forme d'une représentation sensible extrêmement précise, imagée. Et le sujet, par les associations mêmes nous avertit : ceci est-ce qui est signifiant.

 

Que vais-je faire maintenant ?

Est-ce que je vais entrer dans la façon dont l'analyste l'interprète ? Il faut donc que je vous fasse connaître tout le matériel que nous avons.

Que dit l'analyste, poursuivant à ce moment ?

Eh bien quoi ? Elle revient au fait que le sujet reprend après avoir toussé, revient sur le chaperon.

 

« Je pense au chaperon. » [I'm still thinking of the hood. p.134]

 

- « Eh bien quoi » dit l'analyste ? [Yes, how now ?]

 

- « Un drôle de bonhomme - répond-il - une fois, sur un de mes premiers terrains de golf, je me souviens. Il me courrait après et il m'a dit qu'il pourrait me donner un sac pour les clubs, à bon marché et que le matériel serait du tissu qui est celui dont on se sert pour les capotes de voiture ».

 

[A funny man at one of the earliest golf courses I remember. He said he could get me a golf bag cheaply and the material would be « motor hood cloth. » p. 134 ]

 

Là dessus, il fait une imitation après avoir dit :

 

« C'est de son accent dont je me souviens, l'imiter ainsi…(en parlant de lui-même)

me rappelle une amie dont les imitations à la radio…(Broadcast est le mot qui est important)

sont extrêmement astucieuses et malignes (very clever), mais tout de même, je la ramène un peu en vous racontant quelque chose comme cela, autant que si je vous racontais que j'avais la plus merveilleuse T.S.F. qu'on puisse avoir, elle prend toutes les stations sans la moindre difficulté. Mon amie a une splendide mémoire, dit-il. Elle se souvient aussi bien de son enfance, mais ma mémoire à moi est rudement mauvaise au-dessous de onze ans. Je me rappelle pourtant une des premières chansons que nous avons entendues au théâtre, et elle a imité l'homme dont il s'agit, après. »

 

[It was the accent I remember. I shall never forget it. (Imitates it.) Imitating him like that reminds me of a friend who broadcasts impersonations which are very clever, but it sounds "swank" to tell you, as swanky as telling you what a marvellous wireless set I have. It picks up all stations with no difficulty. My friend has a splendid memory. She remembers her childhood too, but mine is so bad below eleven years. I do remember, however, one of the earliest songs we heard at the theatre and she imitated the man afterwards. p. 134]

 

C'est une chanson du bon genre anglais du music-hall, qu'on peut traduire à peu près « Où est-ce que tu as pêché ce chapeau-là, où est-ce que t'as pêché cette tuile ? » La « tuile » désigne plus spécialement ce qu'on appelle dans l'occasion un « tube » : le chapeau haute-forme.

Cela peut signifier aussi « bitos » ou « galurin ».

 

« Mon esprit - continue t-il - est revenu au chaperon de nouveau, et je me souviens d'un premier « car » que j'ai eu au début. Mais à cette époque, bien sûr, il n'était pas appelé « car » mais « motor-car » (le sujet est assez âgé) …//… la capote de ce « motor-car » avait des traits tout à fait remarquables. Elle était serrée avec des courroies en arrière quand elle n'était pas rabattue. L'intérieur avait des dessins écarlates. »

[My mind bas gone to the hood again and I am remembering the first car I was ever in, but of course they were called motors then when they were new. …//…the hood of this motor was one of its most obvious features.

It was strapped back when not in use. The inside of it was lined with scarlet. p.134-135]

 

Et il continue :

 

« La pointe de vitesse de ce car était environ soixante miles …//… étrange comment on parle de la vie d'un « car », comme s'il était humain. Je me souviens que j'ai été malade dans ce « car », et cela me fait souvenir du temps où j'ai du uriner dans un sac en papier quand j'étais enfant. Je pense encore au chaperon.»

[The peak of speed for that car was about sixty …//…Strange how one speaks of the life of a car as if it were human. I remember I was sick in that car, and that reminds me of the time I had to urinate into a paper bag when I was in a railway train as a child. Still I think of the hood. p.135]

 

Nous allons nous arrêter là dans les associations. Elles ne vont pas encore très loin, mais je veux quand même contre-pointer ce que je vous apporte ici avec la façon dont l'analyste commence à interpréter cela.

 

« La première chose d'importance - dit-elle - est de trouver le fil cardinal de la signification du rêve. Nous pouvons le faire - dit-elle très justement - en notant juste le moment où les choses viennent dans l'esprit du patient. »

 

[The first thing of importance is to find the cardinal clue to the significance of the dream. We can do that by noting just the moment when it came to the patient's mind. p.138]

 

Et là-dessus elle commence à parler du chien qui se masturbait contre sa jambe au moment où juste auparavant, il a parlé du chien pour dire qu'il imitait lui-même ce chien, puis de la toux, puis du rêve dont il s'est réveillé transpirant.

 

« La déduction - dit-elle - concernant la signification générale de l'ensemble du rêve est donc, pour elle, celle d'une fantaisie masturbatoire. »

 

[The deduction concerning the significance of the whole dream is that it is a masturbation phantasy. p.138]

Ici je suis tout à fait d'accord, ceci est de première importance, nous sommes d'accord avec elle.

 

« La chose suivante à noter - dit-elle - est, en connexion avec cette fantaisie de masturbation, le thème de la puissance. »

[The next thing to notice in connection with this masturbation phantasy is the theme of potency. p.138]

 

Elle l'entend non pas dans le sens de puissance sexuelle, mais dans le sens de la puissance au sens le plus universel du terme, comme elle va le dire plus loin, de l'omnipotence.

 

« - Il fait un voyage autour du monde.

- C'est le plus long rêve qu'il ait jamais eu - c'est ce que dit le sujet - cela prendrait toute une heure de le raconter.

- Avec cela, nous pouvons mettre en rapport l'excuse de le faire à l'épate en parlant des imitations de son amie qui est à la radio.

- Et qui est à la radio pour le monde entier, ajoute l'analyste,

- et son propre appareil de T.S.F. qui attrape toutes sortes de stations.

- Notons aussi sa propre imitation de l'homme dont l'accent l'a si fort amusé, un accent fortement cockney, et incidemment ce qu'il a dit de cet homme. »

 

[He is travelling round the world. It is the longest dream he bas ever had. It would take a whole hour to relate. Correlate with that his deprecation of "swank" regarding his friend's impersonations which are broadcast to the world, and his own wireless set which picks up every station. Note his own imitation of the man whose accent attracted him, a strong colloquial accent, and incidentally he said with regard to this man. p.138-139 ]

 

« Les imitations par la voix de son amie et par sa voix elle-même ont la signification d'imitations d'une personne plus forte. » [Impersonation here, whether via friend or himself, has the significance of imitating a stronger or better-known person. p.139]

 

Se trompe-t-elle ?

 

« C'est un fil conducteur de plus vers le sens de la fantaisie de masturbation, c'est-à-dire la fantaisie dans laquelle il incarne une autre personne. C'est une signification d'un pouvoir de puissance immense. » [This is again a further clue to the meaning of the masturbation phantasy, that is, a phantasy in which he is impersonating another person, one of immense power and potency. p.139]

 

Voilà donc ce qui est tenu pour l'analyste comme allant de soi. C'est-à-dire que le simple fait de ces incarnations mimées intervenant plus ou moins avec…

la fantaisie masturbatoire étant

supposée au fond de ce qui se passe

…le seul fait que le sujet se soit excusé d'en trop mettre, de se vanter, de se pousser un peu trop, signifie que nous avons une fantaisie de toute puissance qui doit être mise au tout premier plan.

 

Est-ce là quelque chose à quoi dès l'abord nous pouvons souscrire ? Une fois de plus je vous prie ici simplement de relever que le moins qu'on puisse dire, c'est qu'il y a quelque confusion peut-être, à dire qu'il s'agit d'une toute puissance souhaitée, ou plus ou moins secrètement assumée par le sujet alors que, semble­t-il, ce sujet, si nous nous en tenons au premier abord du rêve, son contenu manifeste dans cette occasion est plutôt au contraire à réduire,

à minimiser.

 

Et l'analyste elle-même le souligne, à une autre occurrence du chaperon. L'analyste est tellement en fait, beaucoup plus loin que sa propre interprétation, sous le coup d'une certaine appréhension de cela, de ce côté réduit du sujet dans toute sa présence dans ce fantasme qu'elle dit toujours, « il a vu ou il a aperçu cela quand il était un minuscule enfant ».


Date: 2016-03-03; view: 462


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