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TABLE DES SÉANCES 29 page

 

En fait, qu'est-ce que nous voyons ?

 

Nous voyons plutôt le sujet se faisant bien petit

en présence de cette espèce d'appendice vaguement tentaculaire vers lequel, tout au plus, ose-t-il approcher un doigt dont on ne sait s'il doit être

par lui coiffé, couvert, protégé, en tous cas éloignant de lui et de l'exercice propre de sa puissance,

en tous cas sexuelle, cet objet signifiant.

 

Peut-être est-ce aller un peu loin, et c'est toujours la même confusion, que de confondre l'omnipotence imputée au sujet, même plus ou moins déniée,

avec ce qui est par contre tout à fait clair

en cette occasion :

l'omnipotence de la parole.

 

Mais c'est qu'il y a un monde entre les deux parce que c'est précisément au contact de la parole que le sujet est en difficulté.

 

C'est un avocat, il est plein de talent, il est pris de phobies les plus sévères chaque fois qu'il s'agit pour lui de comparaître, de parler.

On nous dit au début que son père est mort à trois ans, que le sujet a eu toutes les peines du monde à le faire un peu revivre dans son souvenir. Mais quel est le seul souvenir qui lui reste absolument clair ? C'est qu'on lui a transmis dans la famille que la dernière parole du père avait été :

« Robert prendra ma place ».

 

Quel sens ?

La mort du père est-elle redoutée ?

Est-ce en tant que le père est mort ou en tant que

le père mourant a parlé, a dit « il doit prendre ma place » - c'est-à-dire « là où je suis où je meurs » ?

 

La difficulté du sujet à l'endroit de la parole, cette distance qui fait que la parole il s'en sert justement pour être ailleurs, et qu'inversement rien n'est plus difficile pour lui non seulement que de parler mais que de faire parler son père :

 

« ce pas n'a été que tout récemment franchi et cela a été une espèce d'émerveillement pour lui,

nous dit l'analyste, de voir que son père parlait »

 

Ce n'est pas quelque chose qui à tout le moins doive nous inciter à accentuer pour lui plus que pour un autre cette division entre l'autre en tant que parlant et l'autre en tant qu'imaginaire.

Parce que pour tout dire, est-ce qu'une certaine prudence ne s'impose pas à ce niveau ?

 

L'analyste trouvera une confirmation de l'omnipotence du sujet dans le caractère énorme du rêve.

Le caractère énorme du rêve, nous ne pouvons le savoir que par le sujet.

 

C'est lui qui nous dit :

 

- qu'il a fait un rêve énorme,

- qu'il y avait une énorme histoire auparavant,

- qu'il y a eu tout un tour du monde,

- cent mille aventures qui prendraient un temps énorme à raconter,



- qu'il ne va pas ennuyer l'analyste avec.

 

Mais en fin de compte, la montagne accouche d'une toute petite histoire, d'une souris.

 

S'il y a aussi là une notion de quelque chose

qui est indiqué comme un horizon de toute puissance, c'est un récit… mais un récit qui n'est pas fait. L'omnipotence est toujours du côté de l'Autre,

du côté du monde de la parole en tant que tel.

 

Est-ce que nous devons tout de suite voir en cette occasion, comme étant…

ce que suppose et ce que toute la suite impliquera dans la pensée de l'analyste

…comme étant la structure du sujet, non seulement

ce fantasme comme omnipotent mais avec l'agressivité que cela comporte ?

 

C'est à cela que nous devons dès l'abord nous arrêter pour situer justement ce que je suis en train d'essayer de vous faire remarquer, à savoir ce qui se produit parfois, semble-t-il, de partialité dans les interprétations, dans toute la mesure où est ignorée une différence de plan qui, quand elle est suffisamment accentuée dans la structure elle-même, doit être respectée.

 

C'est à cette seule condition que nous savons que cette différence de plan existe.

 

« Quelle est la question qui se pose tout de suite après ? - nous dit l'analyste.

C'est : pourquoi cette fantaisie d'extrême puissance ? La réponse est donnée dans le rêve.

Il fait un tour du monde. Je mettrais cela comme relié avec l'idée du souvenir réel qui lui vient quand il décrit le chaperon dans le rêve, qui était si étrange, car ceci met en avant non seulement le fait qu'il a décrit une projection, un repli du chaperon, mais aussi que le chaperon était surplombant comme la lèvre d'une caverne. Ainsi, nous obtenons ceci que le chaperon et les lèvres de la vulve sont comparés avec une grande caverne sur le flanc de la colline où il se promenait avec sa mère. La fantaisie de masturbation est donc une fantaisie associée avec une puissance immense parce qu'il rêve d'étreindre, d'embrasser la terre-mère, d'être à la hauteur, au niveau de l'énorme caverne, sous ses lèvres projetées en avant. Ceci est la seconde chose d'importance. »

 

[The next question that arises from that is why this phantasy of extreme power ? The answer is given in the dream. He is going round the world. I would put as commensurate with this idea the actual memory that came to him when he was describing the hood in the dream which was so strange, for it brought out not only the fact that he was describing a projection, a fold of a hood, but that the hood was also overhanging like a lip of a cave. So that we get directly the hood and lips of the vulva compared with the great cave on the hillside to which he avent with his mother. Hence the masturbation phantasy is one associated with immense potency because he is dreaming of compassing mother earth, of being adequate to the huge cave beneath the protruding lips.

That is the second thing of importance. p.139]

Vous voyez comment procède dans cette occasion

la pensée de l'analyste. Incontestablement,

vous ne pouvez pas ne pas sentir ici un saut.

 

Qu'il y ait un rapport du fait de l'association,

ceci est démontré, entre ce souvenir d'enfant,

où lui-même subit une couverture comme on dit,

et celui dont il s'agit à savoir la valeur signifiante du fantasme que j'appellerai « fantasme de prolapsus »,

ceci bien sûr n'a pas à être écarté.

 

Que le sujet soit considéré de ce fait même comme étant le sujet classique, si je puis dire, de la relation œdipienne, c'est-à-dire le sujet qui se hausse au niveau de cette étreinte de la mère, qui ici devient l'étreinte même de la terre-mère, du monde tout entier, il y a là quelque chose qui me semble être un pas franchi peut-être un peu vite.

 

Surtout quand nous savons combien, à côté de ce schéma classique, grandiose, du héros œdipien pour autant qu'il se montre à la hauteur de la mère, combien à la différence de ce schéma, nous pouvons voir ceci que FREUD a si bien détaché d'une phase de l'évolution de l'enfant, à savoir le moment où très précisément l'intégration de son organe comme tel est liée à un sentiment de l’inadéquation…

contrairement à ce que dit l'analyste

…avec ce dont il s'agirait dans une entreprise telle que la conquête ou l'étreinte de la mère.

 

Effectivement, cet élément peut jouer un rôle,

joue un rôle incontestable, manifesté d'une façon tout à fait instante dans un très grand nombre d'observations concernant précisément ce rapport narcissique du sujet à son pénis en tant que, par lui, il est considéré comme plus ou moins insuffisant, trop petit.

 

Il n'y a pas que le rapport avec les semblables, les rivaux masculins qui entre en jeu. L'expérience clinique nous montre au contraire que l'inadéquation du pénis à l'organe féminin comme supposé tout à fait énorme par rapport

à l'organe masculin, est quelque chose de trop important pour que nous puissions ici aller si vite.

L'analyste continue :

 

« Maintenant j'attirerai votre attention sur l'association concernant les lèvres et les lèvres vulvaires. La femme qui fut un stimulant pour ce rêve avait des lèvres rouges, pleines, passionnées.

Dans le rêve, il a une très vive peinture de l'image des lèvres et du chaperon. Il y a la caverne avec une lèvre surplombante. Il pense à des choses longitudinales …//… et d'autres en travers - ce qui maintenant nous suggère la bouche comparée avec la vulve. »

[Next I would draw your attention to the associations concerning lips and labia. The woman who was a stimulus for the dream had full red passionate lips. In the dream he had a vivid picture of the labia and the hood. The cave had an overhanging lip. He thinks of things longitudinal like labia and then of cross-wise things - where I would now suggest the mouth as compared with the vulva. p.139]

 

Ceci sans commentaires…

 

« Il pense d'autre part au premier motor, la première voiture qu'il a eue et à sa capote serrée par des courroies, en arrière quand elle n'est pas rabattue, au dessin écarlate de cette capote. Il pense immédiatement à la vitesse du car, à la « pointe de sa vitesse » qui était de tant de miles à l'heure. Il parle ensuite de « la vie du car », et il note qu'il parle du car comme s'il était un être vivant. Du fait de la description …//… je déduirai de cela que la mémoire de la caverne véritable qu'il a visitée avec sa mère constitue un souvenir écran. Je déduirai que ceci est projeté sur la voiture avec son chaperon écarlate, que c'est le même souvenir dont il s'agit dans les deux cas, nous dit-elle, et que la pointe de vitesse a la même signification que la projection des parties génitales dans le rêve. La pointe de la vitesse est donc la pointe du chaperon. Je déduis que c'est un souvenir réel, réprimé, d'avoir vu les organes génitaux de quelqu'un de beaucoup plus âgé que lui, quand il était tout à fait petit.

Et le car, et la caverne, et faire le tour du monde en même temps, je les mets en conjonction avec cette puissance immense par nous requise. La pointe, le chaperon, je les interprète comme le clitoris. »

[He thinks, moreover, of the first motor he was in and of its hood and of the scarlet lining in that motor. He then thinks immediately of the speed of the car, and says “the peak of its speed” was so many miles an hour, and then speaks of "the life of the car" and notices that he talks of a car as if it were human.

From the fact of the dream picture of the vulva and the hood, with the wealth of other associations that give the picture of "red inside" and projecting lips and hood I should deduce that the memory of the actual cave which he visited with his mother also acts as a cover memory. I would deduce that there is projected on to the motor with its scarlet lined hood this same forgotten memory and that the peak of speed has the same significance as the projection in the genitals in the dream - it is the peak of the hood. I infer there is an actual repressed memory of seeing the genitals of someone much older than himself; of seeing them when he was very tiny and I infer this from both the car and the cave and going round the world in conjunction with the immense potency required. The peak, the hood, I interpret as the clitoris. p.140]

 

Tout de même, ici, un peu à la façon dont je disais tout à l'heure que la montagne du rêve annoncée accouche d'une souris,

il y a quelque chose d'analogue, de décelable dans ce que j'appellerais presque « les ânonnations de l'analyste ».

 

Je veux bien que cette « pointe de vitesse » soit identifiable au chaperon, mais si c'est vraiment quelque chose

de si pointu, de si énorme, comment l'associer à

un souvenir réel, vécu, de l'enfance.

Il y a tout de même quelque excès à conclure aussi hardiment qu'il s'agit là chez le sujet d'un souvenir écran concernant une expérience effective de l'organe génital féminin en tant qu'il s'agirait du clitoris. C'est bien en effet ce à quoi pourtant se résout l'analyste en faisant état à ce moment-là comme

d'un élément clef, du fait que :

 

« Sa sœur a huit ans de plus que lui, et aux références qu'il a faites à la voix de femme et à la voix d'homme imitée, qui sont semblables par l'imitation. De cette référence à elle et en connexion avec une incarnation mâle, je déduis que, au moins quand il était tout petit, il vit les organes de sa sueur, s'aperçut du clitoris et l'entendit uriner …//… étendu sur le tapis. »

 

[The patient's sister is eight years older than himself. Considering the references made to his woman friend's voice, that is to sound, accent, sound of a man's voice, and considering that the reference to her is in connection with male impersonation, I deduce that at least when very tiny he saw her genitals, noticed the clitoris, and heard her urinate …//… laid on the floor on a blanket. . p.140-141]

 

Il lui faut d'ailleurs tout de suite après évoquer plus loin :

 

« Considérant l'ensemble du travail d'analyse fait précédemment, qu'en addition, il y avait quelque situation enfantine dans laquelle il a eu quelque occasion de voir les parties génitales de sa mère. »

 

[But considering all the work in analysis we have done so far I believe in addition there was some babyhood situation in which he had a quite definite opportunity of seeing his mother's genitals. p.140-141]

 

 

Tous les détails supposent dans ces souvenirs,

dans ces images :

 

- qu'il aurait été à ce moment-là couché sur le tapis,

 

- qu'il aurait vu ceci ou cela.

 

Je vais quand même vous ponctuer ici quelque chose qui vous indique à tout le moins où je veux en venir dans ces critiques où je vous apprends à regarder,

à épeler si l'on peut dire, dans quel sens vont

un certain nombre d'inflexions dans la compréhension de ce qui nous est présenté, qui n'est pas destiné, je crois, à en augmenter l'évidence, ni non plus surtout, vous le verrez quand nous y arriverons,

à lui donner sa juste interprétation.

 

Il faut quand même que j'éclaire un peu ma lanterne, que je vous dise où je veux en venir, ce que j'entends dire, à l'opposé de ce couloir dans lequel s'engage la pensée de l'analyste.

 

Et vous verrez que ces interprétations seront à cet égard extrêmement actives, voire même brutales, suggérant que le fond de la question est le caractère agressif de son propre pénis.

 

Vous le verrez, que c'est son pénis en tant qu'organe agressif, en tant qu'organe faisant rentrer en jeu

le caractère nocif et délétère de l'eau qu'il émet,

à savoir de l'urination que vous avez vue évoquée

à l'occasion et sur laquelle nous aurons à revenir, que l'analyste obtient un effet dont il n'y a pas tellement à être surpris :

qu'un sujet adulte et assez en âge, se trouve faire une miction dans la nuit qui suit.

Mais laissons cela de côté.

 

Ce que je veux dire est ceci :

je crois que ce rêve… pour anticiper un peu sur ce que je crois pouvoir vous démontrer en continuant ce travail pénible et lent d'analyse ligne par ligne de ce qui nous est présenté…

 

Où la question se pose­t-elle dans ce qu'on peut appeler le fantasme fondamental du sujet pour autant qu'il est présentifié ?

 

Le sujet imagine quelque chose, nous ne savons pas quoi, concernant son analyste.

Je vous dirai ce que l'analyste pense elle-même

du point où on en est du transfert.

 

Ce transfert est à ce moment-là un transfert du type nettement imaginaire. L'analyste est focalisée, centrée comme quelque chose qui est essentiellement, par rapport au sujet, dans un rapport d'un autre moi.

 

Toute l'attitude rigide, mesurée, de défense…

comme l'analyste le sent très bien

…en présence d'Ella SHARPE, est quelque chose qui indique un rapport spéculaire des plus étroits avec l'analyste.

Et contrairement à ce que dit Ella SHARPE, c'est très loin d'être l'indication qu'il n'y a pas de transfert. C'est un certain type de transfert à la source, duel, imaginaire.

Cette analyste…

en tant qu'elle est l'image de lui

…elle est en train de quoi faire ?

Déjà cela s'impose, il est bien clair que ce contre quoi le sujet la prémunit avec sa « petite toux »,

c'est qu'elle rêve de se masturber.

C'est cela qu'elle est censée être en train de faire.

 

Mais comment le savons-nous ? Nous ne le savons pas tout de suite, et ceci est très important.

Comment pouvons nous savoir ?

C'est pour autant que dans le rêve la chose alors

est tout à fait claire, puisque c'est justement ce que le sujet est en train de dire, à savoir qu'il y a quelqu'un qui se masturbe. L'analyste reconnaît avec beaucoup de justesse qu'il s'agit d'une masturbation du sujet, que c'est lui qui rêve.

 

Mais dire que le rêve est l'intention manifestée dans le sujet de la masturber…

ajoutant que ceci est un verbe intransitif

…nous met suffisamment sur la voie de ceci :

que le fantasme signifiant dont il s'agit est celui d'une étroite liaison d'un élément mâle et femelle, pris sur le thème d'une sorte d'enveloppement.

Je veux dire que le sujet n'est pas simplement pris, contenu dans l'autre, pour autant qu'il la masturbe, il se masturbe, mais aussi bien ne se masturbe-t-il pas.

 

je veux dire que l'image fondamentale dont il s'agit, qui est là présentifiée par le rêve, est d'une sorte de gaine, de gant. Ce sont d'ailleurs en somme les mêmes mots, gaine est le même mot que vagin[48].

 

Voilà deux rencontres linguistiques qui ne sont pas sans signification. Sur la gaine, le gant, le fourreau, il y aura beaucoup à dire du point de vue linguistique,

car je crois qu'il y a là toute une chaîne d'images qu'il est extrêmement important de repérer parce qu'elles sont beaucoup plus constantes, vous allez

le voir, et présentes, pas seulement dans le cas particulier mais dans beaucoup d'autres cas.

Ce dont il s'agit, c'est que le personnage imaginaire, signifiant, est quelque chose où le sujet voit en quelque sorte enveloppée, prise, toute sorte de possibilité de sa manifestation sexuelle.

C'est par rapport à cette image centrale qu'il situe son désir et que son désir est en quelque sorte englué.

 

Je vais essayer de vous le montrer parce qu'il faut bien que je fasse un peu plus pour justifier cette notion qui est ceci :

dans la suite des associations, va apparaître

une idée qui a traversé l'esprit du sujet - nous dit l'analyste - lors des associations précédentes.

 

Le sujet par ses fonctions doit aller dans un endroit où le roi et la reine doivent se rendre.

Il est hanté par l'idée d'avoir une panne de voiture au milieu de la route et de bloquer par là le passage de l'auto royale. L'analyste y voit une fois de plus les manifestations de l'omnipotence redoutée du sujet pour lui-même et va même jusqu'à y voir…

nous verrons tout cela en détail la prochaine fois

…le fait que le sujet a eu l'occasion, lors de quelque scène primitive, d'intervenir de cette façon, arrêtant quelque chose, les parents lors de cette scène primitive.

 

Ce qui est tout à fait frappant, nous semble-t-il

par contre, c'est la fonction justement de la voiture sur laquelle nous reviendrons.

Le sujet est dans une voiture et, bien loin que lors de cet arrêt il sépare qui que ce soit, il arrête sans aucun doute les autres…

qu'il arrête tout, nous le savons bien puisqu'il s'agit de cela, il est en analyse pour cela

…tout s'arrête, il arrête le couple royal, parental, à l'occasion dans une voiture, et bel et bien dans une seule voiture qui les enveloppe comme la capote de sa voiture, celle qu'il évoque par ses associations, reproduisant le caractère de couverture de la caverne.

 

Nous sommes à l'époque où Mélanie KLEIN commence à monter dans la Société anglaise, et à apporter des choses articulées qui sont d'une haute qualité clinique. Et est-ce que c'est bien la peine d'avoir tellement parlé du « parent ambigu », du « monstre bi-parental », pour ne pas savoir ici reconnaître d'une façon particulièrement spécifiée, un certain caractère ambigu, lié à un certain mode de l'appréhension de la relation sexuelle.

 

Disons pour accentuer encore notre pensée que ce qui est en question dans le sujet, c'est justement cela précisément de les séparer, les parents, de séparer en eux les principes mâle et femelle.

Et je dirais, d'une certaine façon, ce qui se propose comme visée à l'horizon de l'interprétation analytique, ce n'est rien d'autre qu'une espèce d'opération de circoncision psychique.

 

Car en fin de compte, ce vagin protrus, prolabé qui est là et qui vient ici se présenter sous la forme de quelque chose qui d'autre part n'est nulle part,

qui se dérobe, j'ai parlé tout à l'heure de sac

de prestidigitateur, mais à la vérité, nous la connaissons, cette opération du prestidigitateur, cela s'appelle le sac à l'œuf qu'on tourne et qu'on retourne et où on trouve alternativement et ne trouve pas ce qu'on y glisse par quelque chose d'adroit.

 

Cette sorte de perpétuelle présence et non-présence du sujet, c'est aussi quelque chose qui a une autre face : c'est ce qu'il y a dans la masturbation qui déjà y implique un certain élément femelle présent. C'est pour cela que je parle d'une certaine circoncision.

 

Cette sorte d'élément protrus, c'est aussi le prépuce qu'il rêve, par certains côtés.

Et ce dont il s'agit chez ce sujet, et qu'une autre partie de ses souvenirs va nous faire apparaître c'est incontestable, il y a un certain rapport entre lui et la conjonction sexuelle.

 

Il y en a eu une dans son enfance.

Mais où était-il ?

Il était dans son lit et, vous le verrez, sévèrement boudiné avec des épingles mises à ses draps.

On a d'autres éléments qui nous montrent aussi le sujet dans sa voiture d'enfant avec des courroies, des lanières.

 

La question pour le sujet, telle qu'elle nous est présentée ici est ceci :

dans toute la mesure où il est lié, où il est arrêté lui-même, il peut jouir de son fantasme précisément et y participer par cette activité de supplément, cette activité dérivée, déplacée qu'est l'urination compulsionnelle.

Dans toute la mesure où il était lié, à ce moment-là même cette sorte de supplément, de fausse jouissance que lui donne cette urination que nous constatons justement chez les sujets, si fréquemment en rapport avec la proximité du coït parental, à ce moment-là, il devient quoi ?

 

Justement ce partenaire dont il nous dit qu'elle a tellement besoin, que c'est lui qui doit lui montrer tout et qu'il faut qu'il fasse tout, qu'il se féminise. Pour autant qu'il est impuissant, si l'on peut dire, il est mâle.

 

Et que ceci ait ses compensations sur le plan de la puissance ambitieuse : bien sûr !

Nous y reviendrons la prochaine fois, mais pour autant qu'il est libéré, il se féminise.

 

C'est dans cette sorte de jeu de cache-cache, de double jeu, de non-séparation des deux faces en lui de la féminité et de la masculinité, dans ce type d'appréhension fantasmatique unique, foncièrement masturbatoire, que reste pour lui l'appréhension du désir génital, que gît le problème.

 

Et j'espère montrer la prochaine fois, combien nous sommes justifiés à orienter nos interprétations

dans ce sens pour permettre au sujet le pas en avant.

 

 

04 Février 1959 Table des séances

 

 

Le rêve d'Ella SHARPE (4)

 

 

Nous voici donc arrivés au moment d'essayer d'interpréter ce rêve du sujet d'Ella SHARPE, entreprise que nous ne pouvons tenter…

à titre d'ailleurs purement théorique,

comme un exercice de recherche

…qu'à cause du caractère exceptionnellement bien développé de ce rêve qui occupe…

aux dires d'Ella SHARPE à laquelle

nous faisons crédit sur ce point

…un point crucial de l'analyse.

 

Le sujet, qui a fait « un énorme rêve » qu'il faudrait

des heures pour le raconter, dont il dit qu'il l'a oublié, qu'il en reste ceci qu'il se passe sur

une route de Tchécoslovaquie sur laquelle il se trouve pour avoir entrepris un voyage autour du monde avec sa femme. J'ai même souligné qu'il disait :

« un voyage avec ma femme autour du monde ».

 

Il se trouve sur une route et là il se passe ceci qu'il est, en somme, en proie aux entreprises sexuelles d'une femme qui, je le fais remarquer,

se présente d'une certaine façon qui n'est pas dite dans le premier texte du rêve. Le sujet dit :


Date: 2016-03-03; view: 433


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