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A. Paratexte, ce qui enclot le texte

Quel statut réserver à ce qui est à la limite de la diégèse mais appartient au livre ? Notes, titres, paratextes insérés, etc… Paratexte = indice, titre prolonge son écho, trouve un écho différent selon les parties du roman. Par exemple La Jalousie : c’est à la fois la persienne, qui laisse à demi voir les choses, et le narrateur semble être l’époux toujours plus soupçonneux, obsédé par la possible trahison de son épouse, il voit à travers une jalousie et à travers sa jalousie. Scène obsessionnelle du mille-pattes écrasé. Ou Les Faux-Monnayeurs : titre du roman projeté, ou nom des littérateurs, ou bande qui sévit dans le texte, ou chacun qui est faux-monnayeur des mots. Titre qui trouve des échos différents dans le texte, énigme à première vue qui se révèle dans le texte. Dans Le Paysan parvenu : titre avec recommencements successifs, on ne sait jamais bien comment il est parvenu, titre qui n’a pas d’explication sauf à travers le silence.

Cf. aussi la préface et la postface, qui prétendent diriger la lecture par un sens qui est présenté comme n’étant peut-être pas le bon : cf. double préface des Liaisons dangereuses avec contradiction ironique entre préface du rédacteur et préface de l’éditeur.

b. Echos diégétiques

Echos verticaux se retrouvent aussi dans le récit même : souvent, plusieurs niveaux diégétiques coexistent dans le récit. Reflets internes unissant les séquences sur l’axe syntagmatique et vertical. Récits enchâssés, récits métadiégétiques, en rapport avec les ondes du récit central : Mme d’Orville, M. d’Orsan, faisant apparaître deux ondes (motifs) récurrents du récit central : thème de l’épée, de l’attitude bourgeoise et noble, lâche et généreuse ; et aussi motif du trio. Explication possible de l’inachèvement : trio entre Jacob, le comte d’Orsan et Mme d’Orville.

Acte intradiégétique : récit métadiégétique.

Roman peut grâce à cela procéder à une mise en abyme de la réception, peuvent donner l’image de la création.

c. Roman face à lui-même

Mise en abyme met le récit face à lui-même. Cf. Lucien Dällenbach, Le Récit spéculaire, montre comment la mise en abyme montre le fonctionnement du récit premier lui-même. Niveau de récit qui renvoie à l’autre : le mur circulaire est redoublé, le roman se regarde fonctionner dans le miroir par le biais de cette mise en abyme. Mise en abyme qui peut aussi passer par une représentation des personnages dans le passage. Cf. dans la Curée, les personnages de Renée et de Maxime (femme et fils du héros) voient la pièce Phèdre. Epoque de médiocrité, qui ne peut plus reprendre le mythe antique que de façon abâtardie, règne de l’argent. Ils se voient eux-mêmes sur les planches du théâtre. Par le biais de cette scène, image critique de la nouvelle Phèdre et du contexte dans lequel elle évolue : Renée. Au cours de cette représentation et des sensations qu’elle provoque en Renée, elle prévoit la catastrophe : le héros surprend les deux amants dans la serre, et ne fait rien car le papier qu’il voulait est signé : l’argent, toujours l’argent. Le roman est ainsi mis face à lui-même, il donne un éclairage sur son propre sens et sur son propre fonctionnement. Cf. aussi le « chant indigène » dans La Jalousie ; dans le Paysan parvenu, leçon littéraire donnée lors du voyage à Versailles par l’officier. Pas un récit métadiégétique, mais discours méta-textuel qui permet à Marivaux de répondre à ses détracteurs. Idée d’un roman qui fonctionne de manière interne, qui se nourrit lui-même, des éléments en son sein et se réfléchit.



 

Définition de Gracq du fonctionnement romanesque amène à la possibilité d’un roman qui se regarde fonctionner, qui incorpore ses propres ondes. Cf. Les Amours de Psyché, La Fontaine, roman qui se regarde fonctionner.

Ces lignes d’écho semblent devoir faire du roman, en même temps qu’un espace clos, un monde possédant sa propre cohérence. Degré d’excellence d’un roman se mesure à l’aune de sa cohésion interne.

 

C. Monde cohérent

a. Absence d’arbitraire

Roman n’est plus soumis aux reproches d’arbitraire que lui ont lancé Valery et Breton, exemple de « La Marquise sortit à cinq heures ». Gracq rétorque que l’arbitraire ne dépasse jamais la première phrase, car les autres phrases éclairent cet acte. Une telle phrase n’est pas encore perçue, le romancier dépose un accessoire de scène destiné à devenir plus tard véritablement significatif. Toute phrase sera éclairée par l’ensemble et éclairera l’ensemble une fois le roman complètement lu à pas d’arbitraire. « Le mécanisme d’un roman est tout aussi précis et subtil que le mécanisme d’un poème ». Cela explique bien de que Gracq avait à l’esprit : il rêve d’un roman donnant de la matière à une analyse aussi précise qu’un sonnet. Pas de détail qui ne sert à rien, tout est récupéré au profit du tout. Le « cinq heures » peut permettre de faire faire une rencontre à la Marquise.


Date: 2016-03-03; view: 584


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B. Echos sur un axe vertical | A. Les ondes perdues
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