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A. Le faible engagement écologiste militant

 

Au vu des nombreuses enquêtes d’opinion disponibles sur le sujet, on peut dire que les préoccupations environnementales apparaissent remarquablement consensuelles. Selon les enquêtes européennes, au début de la décennie 1980, 56% des Français adhéraient à l'idée que « la protection de l'environnement et la lutte contre la pollution [représentent] un problème urgent et immédiat »plutôt que « un problème pour l'avenir ». Ils étaient 76% en 1996 (enquête Eurobaromètre de 1996). A ce niveau de consensus, le souci de l'environnement paraît transcender les clivages sociaux et marquer le progrès des valeurs post matérialistes.

Pourtant, si les années 1980 et 90 ont bien vu la « montée de la sensibilité écologique », l’importance de cette progression n’est pas aussi facile à établir. En effet, 33% seulement des Français se déclarent « très concernés » par les problèmes d’environnement (CREDOC-IFEN, 1999). Par rapport à d’autres préoccupations sociétales, telles que le chômage, la pauvreté, la violence, etc., la question de la « dégradation de l’environnement » est loin d’arriver en tête des priorités des Français.

De plus, cette préoccupation parait pour Bruno Maresca inégalement distribuée : elle sensibilise beaucoup plus les catégories sociales supérieures (50% des cadres supérieurs et des professions libérales se déclarent très concernés), les habitants des zones très urbanisées et les individus d’âge mûr (les 40-60 ans). Dans son dossier « La mobilisation écologique, conscience individuelle ou collective ? », il démontre la croissance de sensibilité aux problèmes écologiques.

Cette évolution selon lui traduit le fait que les registres de la mise en pratique du souci environnemental se sont beaucoup multipliés : trier ses déchets, acheter des produits labellisés (respectant l’environnement, recyclables, issus de l’agriculture biologique, etc.), économiser l’eau et l’énergie, privilégier les modes de locomotion les moins polluants, contribuer à protéger les milieux naturels et les espèces sauvages, se mobiliser pour les causes environnementales. Ce sont des modes d’action dont la grande majorité des individus partagent le bien-fondé.

En matière de mobilisations collectives, le niveau d’implication des Français reste très modeste. Le militantisme suppose une disponibilité et une propension à se mobiliser activement qui est plus répandue parmi les catégories supérieures de la population. La cause des animaux, tout comme les causes humanitaires (maladies, faim dans le monde), trouvent leurs membres actifs plutôt dans les classes moyennes. La question de la protection de la nature et de l’environnement mobilise plus fortement les catégories supérieures, de la même manière que les droits de l'homme. Enfin, la confrontation directe à des problèmes de nuisances (pollutions, bruit, constructions, infrastructures) est un puissant déclencheur pour l’engagement des Français dans des associations de défense.



 

Lorraine Brindel et Nils Harrmann soulignent dans leur article « L’écologie, la troisième force politique en France et en Allemagne ? » une raison religieuse qui explique aussi le faible militantisme. La France est historiquement à dominante catholique alors que l’Allemagne, où l’écologisme est bien plus développé, est majoritairement protestante. Le protestantisme a une différente culture de la nature où l’Homme est placé face à la nature. Dans la religion catholique, il y a tout d’abord cette hiérarchie ecclésiastique, et la pensée que la nature c’est l’œuvre de Dieu. S’y ajoute une « mentalité protestante » en Allemagne qui tient beaucoup à l’engagement individuel et à la participation civique dans des petites formes associatives à l’encontre d’une tendance catholique française à vivre dans des structures plus hiérarchiques, avec une culture d’adhésion et d’engagement individuel moindre.

 

 


Date: 2015-12-11; view: 713


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