A. L’institutionnalisation progressive du mouvement écologiste

Dans un premier temps nous retraçons les parcours des partis écologistes et verts en France afin de comprendre leur institutionnalisation. Ce phénomène d’institutionnalisation n’était pas un souhait originel de l’écologie politique. Bien au contraire, les différents mouvements écologiques se considéraient comme «anti-parti» qui se situaient aussi contre le système et la structure même de partis politiques plus comme des mouvements protestataires.

Le mouvement d’institutionnalisation passe tout d’abord par la constitution d’organisation internationale tel que « les amis de la Terre » en 1969. Cette organisation non gouvernementale aura un rôle très important en France dans le développement d’une écologie politique, car l’ensemble des leaders écologistes provient en effet de cette organisation.

La participation progressive des écologistes à la vie politique française remonte aux années 1970, la date symbolique étant celle de 1974, avec la candidature de René Dumont à l'élection présidentielle. Par la suite, le mouvement écologiste participe à tous les scrutins : municipales en 1977, législatives en 1978 (sous l'intitulé Écologie 78), européennes en 1979 (Europe-Écologie), présidentielle en 1981 (Brice Lalonde est le candidat de Aujourd'hui l'Écologie).

Le premier parti politique en tant que tel à être crée est le parti Vert (« Les Verts ») née officiellement le 29 janvier 1984 à Clichy, lors du Congrès qui unifie les deux formations intéressées par l'écologie politique (Confédération et Parti écologistes). Les Verts deviennent en effet un « vrai » parti politique, et non plus une coalition d’associations diverses. La plupart des membres du Mouvement d'écologie politique adhèrent au nouveau parti Vert, tandis que Brice Lalonde s'en écarte pour se rapprocher du Parti socialiste (il ira fonder Génération écologie en 1989-90).

Ce mouvement d’institutionnalisation va ensuite se renforcer par la participation des écologistes au gouvernement : par exemple Brice Lalonde accepte de participer aux gouvernements de Michel Rocard et d'Édith Cresson.

Les désunions au sein du nouveau parti écologiste ainsi que les alliances qu’il est capable d’établir avec les partis politiques traditionnels marque son inscription durable dans la vie politique française.

Ainsi Marie-Christine Blandin est élue à la présidence de la Région Nord-Pas-de-Calais en 1992 grâce à une alliance avec les socialistes et les communistes, ce qui anticipe sur l'évolution du parti. Cette mutation du parti vert est consacrée par en 1995 par l’adoption d’une motion soutenue par Dominique Voynet qui prévoit une alliance électorale avec les partis de gauche. Cela aboutira à l’entrée de la jeune leader au gouvernement de « gauche plurielle » de Lionel Jospin.

La question de la place du parti Vert dans le paysage politique français s'est vivement reposée suite au succès des listes «Europe-écologie» aux élections européennes de juin 2009 menées par Daniel Cohn-Bendit et au changement de nom du parti en 2010 en «Europe-Ecologie-Les-Verts». Alors que Cécile Duflot, secrétaire nationale du parti, défend une participation active du mouvement à la présidentielle contre la proposition faite par Daniel Cohn-Bendit de s'effacer derrière le prétendant socialiste moyennant un accord généreux pour les législatives de 2012. C’est la position de Cécile Duflot qui l’emporte.

L ‘écologie devient donc une véritable question politique comme l’illustre la création le 24 mars 2013 du « rassemblement citoyen » autour de Corinne Lepage.

Cette inscription dans le jeu politique traditionnel, s’il peut apporter en efficacité peut aussi créer un mouvement d’incompréhension voir de rejet de l’opinion.

Date: 2015-12-11; view: 717