L'ELLIPSE C'est une figure de style qui consiste à omettre, dans un énoncé ou dans un récit, un ou plusieurs éléments nécessaires à la compréhension du texte pour produire un effet de raccourci, et ainsi saisir l'attention de l'interlocuteur, en l'obligeant à compléter mentalement ce qui est sous entendu. Ex. : «Pris ou non, exécuté ou non, peu importait» (Malraux).
L'ASYNDETE Se reconnaît à l'absence volontaire d'éléments de liaison (particules de coordination ou articulations logiques) entre des mots ou des groupes de mots. L'asyndète sert à produire des effets d'ellipse, comme dans ce qu'on appelle le «style télégraphique». Ex. : «J'ai reçu un télégramme de l'asile : "mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués".» (L'Étranger, de Camus).
L'ANACOLUTHE C'est un cas extrême d'ellipse. Elle consiste en une rupture de construction. Ex . : «Exilé sur le sol au milieu des huées Ses ailes de géant l'empêchent de marcher». Dans ce vers de L'Albatros, Baudelaire parlant du poète (sujet de la phrase), passe sans explication au sujet «ses ailes».
30. La cohérence du texte. Les types de séquences. La dimension configurationnelle du texte. La cohésion textuelle. La progression thématique.
Considérant la définition du texte de Slakta, la textualité peut être caractérisée par quatre critères: la cohérence, la cohésion, la progression thématique, la séquentialité.
· la cohérencese manifeste au niveau global du texte (interprétabilité, unité
thématique, champ lexical…)
· la cohésionse manifeste au niveau local, phrase à phrase (connecteurs,
La notion de cohérence implique l’organisation logique de la pensée autour d’une intention globale. Rendant compte de l’organisation conceptuelle du texte, la cohérence se rapporte au niveau sémantique du discours. Elle est caractérisée par :
L’unité thématique : le texte jugé cohérent est un macro-acte de communication donnant lieu à l’expression d’une intention informative.
La non-contradiction : le texte jugé cohérent est un texte qui n’introduit aucun élément sémantique contredisant un contenu posé ou présupposé antérieurement. On ne peut en même temps affirmer une chose et son contraire.
La relation : le texte cohérent est un texte mettant en relation, de manière explicite ou implicite, les faits du monde qu'il représente (en termes de cause, de condition, de conséquence, d’addition, d’opposition etc.).
La cohésion
La cohésion désigne l'ensemble des moyens linguistiques qui assurent les liens intra et interphrastiques dans le texte. Elle se rapporte au niveau morphosyntaxique et est régie par trois types de phénomènes: référentiation, ellipse et connexité.
La référentiation est l’opération par laquelle le signe linguistique renvoie à un objet du monde extérieur. On peut retenir deux dispositifs de référentiation : la référence anaphorique et la référence déictique.
La référence anaphorique renvoie à une réalité présente dans le discours ou ayant un caractère générique. Exemple : Jeanne est née au Canada en 2007. (Tout le monde sait à quoi réfèrent « canada » ou « 2007 »).
Tandis que la référence déictique renvoie à une réalité dont le référent ne peut être établi que par rapport à la situation d’énonciation. Ex: Jeanne est née ici, il y a trois ans. (Dans cet exemple, il n’est pas possible de savoir l’endroit ni la date de naissance de Jeanne si on ne sait pas le lieu et l’année de l’énonciation).
L’ellipse se caractérise par l’économie d’information dans l’énoncé. Exemple: Lorsqu'un locuteur dit à un autre : "j'ai raison, n'est-ce pas?", il faut croire qu'ils ont suffisamment d'éléments en commun qui rendent possible l'enchainement sur des informations en mémoire discursive.
La connexité se réalise par le biais des conjonctions, des pronoms et autres types de connecteurs établissant la continuité sémantique et pragmatique entre les énoncés.
Cohérence et cohésion du texte
Il faut aussi que le lecteur construise des représentations successives de ce qu’il lit et les articule entre elles. Cela
suppose que l’on découpe dans le texte des ensembles cohérents d’information et qu’on les mémorise au prix
d’un important travail de sélection et de condensation. Cela suppose aussi que l’on traite efficacement toutes
les marques qui assurent la cohésion du texte : ponctuation, déterminants, substituts du nom (pronoms,
synonymes), connecteurs, marques de temporalité…
La cohésion
La cohésion d’un texte tient aux relations qui organisent ses différents éléments de signification. Des
marqueurs expriment ces relations. Pour les élèves de cycle 3 les principales difficultés sont
rencontrées dans la compréhension de la chaîne de référence (les substituts) et le système de
connexion entre les thèmes et les propositions.
Les substituts
Il s’agit de repérer dans un texte comment s’établit la chaîne de reprise des noms, notamment ceux
des personnages : les substituts pronominaux sujets : il(s), elle(s) posent moins de problèmes que les
compléments (Martin rencontre Hélène : il lui offre un cadeau.) Les pronoms relatifs (le chien que j’ai
adopté…), démonstratifs (Martin a rencontré les amies d’Hélène. Celles-ci…), possessifs (Martin a
emprunté la bicyclette d’Hélène ; la sienne était inutilisable.), indéfinis (Hélène recevait de nombreux
amis. Certains étaient ses voisins, d’autres venaient de loin. Quelques-uns n’arriveraient que le
lendemain.)
Les difficultés tiennent au système de référenciation, parfois complexe : Martin avait acheté un
cadeau pour son amie Hélène : il le lui a offert le jour de son anniversaire. Elle l’a remercié, lui à qui
elle n’avait jamais souri.
Quant aux substituts lexicaux, il s’agit de les mettre en relation avec leur référent ; pour certains
élèves, la confusion s’installe dès lors qu’ils ne peuvent établir un lien d’identité entre les synonymes,
ou les périphrases qui désignent le même personnage : le renard, Goupil, le rusé animal, notre
compère.
Les connecteurs
Les connecteurs établissent des relations complexes entre les énoncés successifs : relations
chronologiques, relations logiques, relations entre différents arguments (donc, en outre, si).
La progression thématique
La progression thématique est la manière dont un auteur distribue l’information et assure la cohérence de son texte. C’est ce qui nous permet de repérer le cheminement de sa pensée et de repérer le plan qu’il a adopté. Une phrase est constituée d’un thème et d’un propos. Le thème : C’est l’élément dont on parle, l’information connue (personne, chose, idée, etc.) Le propos : C’est ce que l’on dit à propos de ce thème, l’information nouvelle.
Exemple : Mes enfants jouent dans la cour.
(thème) (propos)
Le thème est aussi défini comme une trace d’information ancienne (déjà connue) dans l’énoncé comparativement au propos qui est une information nouvelle
Mes enfants jouent dans la cour. Je vais leur demander de nous rejoindre.
Dans cet exemple, le pronom «leur» remplace mes enfants. Donc «leur» en tant que trace d’une information ancienne est le thème de l’énoncé 2.
Il existe plusieurs types de progressions thématiques dont la progression à thème constant, la progression linéaire, la progression à thème divisé, la progression à distance, la progression pragmatique.
Progression à thème constant : dans ce type de progression, le thème ne change pas en passant d’un énoncé à une autre. Exemple : Mes enfants jouent dans la cour. Ils s’amusent follement.
(Th1 + Prop1. Th1+Prop2)
Progression linéaire : dans ce type de progression, le propos devient thème à son tour en passant d’un énoncé à une autre. Exemple : Mes enfants jouent dans la cour. Le jeu semble amusant.
{Th1 + Prop1. (Th2=Prop1)+Prop2}
Progression à thème éclaté : dans ce type de progression, le thème est divisé en sous-catégories qui deviennent thèmes à leur tour en passant d’un énoncé à un autre. Exemple : Le carnaval, cette année, aura une allure exotique : Les masques seront importés du Congo.
Progression globale : elle caractérise le fait de thématiser tout un énoncé. Ex : Jean est rentré hier à 4 heures. C’était prévisible. Dans cet exemple, Jean est en position de thème dans la phrase 1. C’ comme thème de la 2ème phrase, ne reprend pas seulement le thème Jean, ni le propos ; il reprend tout l’énoncé « Jean est rentré hier à 4 heures ».
La progression à distance : elle rend compte de la réactivation d’un thème perdu de vue dans le déploiement du texte. Ex : La démocratie est une école de courage. Dans cette école, il n’y a pas d’élèves et pas de maitres. Chacun est à l’écoute de l’autre. Mais la démocratie ressemble aussi à une porte ouverte sur l’anarchie.
La progression énonciative : elle concerne les cas où l’enchainement se fait de manière implicite. Il s’agit d’enchainement sur une information en mémoire discursive. Ex : Toi, tu es un brillant étudiant. Mais Paul, hm !
La séquentialité
Selon Adam, la séquence « peut être définie comme une structure », c’est-à-dire, « un réseau relationnel hiérarchique », « une entité relativement autonome, dotée d’une organisation interne qui lui est propre et donc en relation de dépendance/indépendance avec l’ensemble plus vaste dont elle fait partie » (1992 : 28). Tandis qu’un texte « est une structure hiérarchiquecomplexe comprenant n séquences-elliptiques ou complètes de même type ou de types différents. » , une suite configurationnellement orientée d'unités (propositions) séquentiellement liées et progressant vers une fin.
Les séquences textuelles sont en rapport direct avec les types de textes. Il s’agit du renouveau dans la grammaire. On n’appelle plus cela les types de textes, mais plutôt les types de séquences. -Séquence narrative : Cette séquence met en évidence, une histoire racontée par un narrateur. Elle contient une situation initiale, un élément déclencheur, des péripéties, un dénouement et une situation finale. C’est une situation d’action, où le protagoniste vit des aventures. (ex.: Récit, histoire, nouvelle, roman, etc.) -Séquence de dialogue ou dialogale : C’est une séquence où l’on retrouve un dialogue ou une conversation. Cette séquence rapporte le discours libre ou la parole d’un individu. On la retrouve dans tous les types de texte et elle est encadré par des guillemets et des tirets. (ex.: pièce de théâtre) -Séquence explicative : Cette séquence cherche à faire comprendre ou expliquer un phénomène. Elle répond souvent aux questions pourquoi et comment. Cette séquence se divise en trois parties : Le sujet de l’explication, la justification du besoin de l’explication et l’explication du phénomène. (Ex.: Encyclopédie) -Séquence descriptive : Séquence contenant une description. Elle sert à illustrer, à faire voir quelque chose. Cette séquence est reconnaissable par sa prédominance aux verbes attributifs et sur l’utilisation de l’imparfait. Dans une séquence descriptive, on retrouvera : La description du sujet, les propriétés du sujet prises comme un tout et les aspects du sujet. (Ex.: Description d'un personnage dans un texte narratif) -Séquence argumentative : Cette séquence est construite autour d’une argumentation dont l’auteur défend son point de vue. [Sujet, thèse, arguments appuyant la thèse, reformulation de la thèse]. (Ex.: Éditorial dans le journal) On peut conclure qu’ainsi, dans un texte, on peut retrouver plusieurs de ces types de séquences, mais qu’il y a toujours une séquence dominante, qui forme le texte. Les autres séquences, que l'on qualifiera de séquences secondaires dans le texte, concernent maintenant les temps verbaux dans un texte.
Séquence
Objectif
Marques
Structure
Dialogale
Interagir
Marqueurs d'énonciation
Ouverture/Interaction/Clôture
Narrative
Raconter
Marqueurs spatio-temporels
EtatInitial/Complication/Dynamique/ Dénouement /Etat final
Explicative
Faire comprendre
Relateurs de cause à effet
Définition/cause/Manifestation/conséquence
Argumentative
Convaincre
Connecteurs argumentatifs
Thèse/Antithèse/Synthèse
Informative
Faire savoir
Marqueurs spatio-temporels
Qui?Quoi?Quand?Où?Pourquoi?Comment?
Descriptive
Présenter
organisateurs spatiaux
Division en parties et sous parties
31. Spécificité de l’énoncé littéraire. Discours et récit.
Une langue nationale existe non seulement sous la forme des styles fonctionnels, mais aussi sous la forme de la langue de belles lettres. Elle sousentend l’ensemble des styles individuels des écrivains et des poètes. Le style d’un écrivain présente lui aussi un système de moyens d’expression résultant du choix et du mode d’emploi des éléments fournis par la langue. La langue de belles lettres a des fonctions spéciales; aussi a-t-elleses traits spécifiques.
Si pour la stylistique linguistique le texte n’est qu’un mode d’expression régi comme d’autres type de communication par des lois générales, pour la stylistique littéraire c’est en premier lieu une oeuvre d’art qui en tant que telle, devient l’objet principal de ses recherches. Cette stylistique étudie l’oeuvre dans sa totalité ou ses éléments du point de vue de leur fonction esthétique, ce qui implique également l’analyse de la fonction stylistique de certains moyens d’expression, employés dans le texte.
Celle-ci apparaît donc comme un trait d’union reliant les deux branches de la stylistique, tandis que la fonction esthétique sert de notion fondamentale, définissant la spécifité de la branche littéraire. La fonction esthétique est propre à l’oeuvre littéraire, prise dans sa totalité, mais toutes ses composantes, tous les éléments concourent à créer cette fonction étant donné qu’ils forment un tout indissoluble régi par l’intention esthétique de l’auteur.
L’énoncé est ce qui est dit ou écrit.
L’énonciation est l’ensemble des procédés qui révèlent la présence de l’émetteur de l’énoncé ou énonciateur à l’intérieur même de son énoncé.
On a l’habitude de classer les énoncés en deux types : le discours et le récit.
Discours (Énoncé ancré) - Énoncé, écrit ou oral, dans lequel l’énonciateur se réfère à l’acte d’énonciation : identité des interlocuteurs, lieu et moment de l’énonciation (déictiques ou embrayeurs), attitude des interlocuteurs… pour entrer ou rester en contact. Ces références ne sont interprétables que par les interlocuteurs.
Récit (Énoncé coupé) Énoncé, écrit ou oral, dans lequel les références à l’énonciateur ou à l’acte d’énonciation sont absentes. Le « discours » qualifie toute énonciation écrite ou orale qui est rapportée à sa situation d’énonciation (le « je-ici-maintenant ») et qui en porte donc un certain nombre de traces, comme par exemple les modalisateurs.
Le récit, à l’inverse, correspond à un mode d’énonciation narrative qui se donne comme dissociée de la situation d’énonciation. Les événements sont présentés comme se racontant d’eux-mêmes.
Puisqu’il fait référence à la situation d’énonciation, le discours utilisera les déictiques ; puisqu’il est coupé de la situation d’énonciation, le récit utilisera les anaphoriques.
Les déictiques (du grec deixis, « montrer », comme l’index est le doigt avec lequel on montre les choses) regroupent l’ensemble des outils de la langue compréhensibles seulement s’ils sont mis en rapport avec une situation d’énonciation : ici, par exemple, n’a aucun sens s’il est coupé du contexte dans lequel il a été énoncé (ici renvoie par essence au lieu dans lequel se trouve l’énonciateur) ; maintenant ne renvoie à rien si l’on ne sait à quel moment il a été énoncé (maintenant renvoie au présent de l’énonciation, concomitant à la parole) ; je n’a pas non plus de référent si l’on ne sait pas qui parle (je change constamment de référent, mais renvoie toujours à l’énonciateur). C’est pour cela que l’on dit que le discours est par définition la situation du « je-ici-maintenant ».
Par opposition, les anaphoriques renvoient à un référent interne à la langue : le lendemain ne renvoie pas à la situation d’énonciation, mais fait référence à un moment futur par rapport à une temporalité donnée dans le récit ; il, celui-ci, par exemple, sont compréhensibles parce qu’ils renvoient à des éléments identifiables en dehors de la situation d’énonciation.
DISCOURS
(le « Je–ici-maintenant »)
RÉCIT
(les éléments sont présentés comme se racontant d’eux-mêmes)
Personnes utilisées enpriorité
Les seules « vraies » personnes : je et tu
La non-personne ou l’absent du dialogue : il
Temps utilisés
Présent
Imparfait
Passé simple
Passé composé
Système de référence
Les déictiques
(qui renvoient à la situation d’énonciation)
Les anaphoriques
(qui renvoient à un élément déjà présent dans le texte)
Lexique utilisé
Noms de qualité
Adjectifs évaluatifs
Noms et adjectifs objectifs
32. Le statut de l’énonciateur par rapport à l’énoncé. Voix du narrateur. Voix du personnage. Les discours rapportés : discours direct – discours indirect – discours indirect libre – les formes nouvelles
Tout récit - romans, autobiographies, nouvelles - dépend d’un acte d’énonciation produit par un locuteur. Ce locuteur est toujours le narrateur de l’histoire racontée. Toutefois, on constatera que ces récits, notamment depuis le XVIIe siècle, sont rarement dépourvus d’interventions d’autres actes de paroles, soit par des dialogues, des monologues… Dans ce cas, le narrateur dit « locuteur primaire » relate un acte d’énonciation d’un autre locuteur dit « locuteur secondaire ». Le discours rapporté met en place un minimum de deux situations d’énonciations différentes, imbriquées l’une dans l’autre. Les différents types de discours rapporté
Le discours direct
Le discours direct donne l’illusion de l’objectivité, et permet de relayer l’information en toute neutralité. C’est apparemment la forme la plus littérale de la reproduction de la parole d’autrui (äðóãèå). Toutefois le rapporteur peut influencer le discours, notamment avec des éléments tels que les verbes de paroles.
Exemple : « J’ai appelé Max hier. », (préten)dit / reconnut / cria Elsa.