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Les modes du français (d’après P. Delattre).

Le Mode Tendu

Parler sur le Mode Tendu signifie d’une manière générale qu’il y a grande dépense d’énergie pour tendre les muscles d’articulation pendant la phonation.

De cette tension musculaire, il résulte une certaine stabilité de timbre des sons au cours de l’articulation marquée, dans lses voyelles, par moins de diphtonguaison ; dans les consonnes, par moins d’affrication ; dans les transitions d’un son à un autre, par moins de diffusion ; dans l’intonation, par moins de grlissement ; dans le rythme, par moins d’inégalité de syllabe à syllabe ; dans l’accent, par la subjugation des effets d’intensité et d’indépendance de durée.

1. Le français n'a ni diphtongues, ni voyelles diphtonguées: bien que les voyelles ne soient pas littéralement "pures", elles ont du moins le timbre infiniment moins changeant que les voyelles anglaises. On s'en rend compte par les comparaisons de ce genre: c'est chaud (se qo) et say, show ( sE ei qo ou)... L'absence de diphtongaison notable des (e) et des (o) doit certainement s'attribuer en premier lieu au Mode Tendu.

2.Le français n'a pas non plus de consonnes affriquées comme dans l'anglais- chureh, judge. La tension les a éliminées de la langue (de même que les diphtongues) au cours de la deuxième moitié du Moyen Âge. Si les occlusives ne s'affriquent pas sensiblement en français moderne, c'est que les séparations des organes en contact se fait plus vivement qu'en anglais. Comparez: tu tires, prononcé par un Français (ty ti :r), et par un Anglais (tsy tsir). Cette façon de se porter promptement à la position ouverte est une des sources de la netteté qu'on attrjue aux syllabes françaises, netteté qui se traduit par un léger effet de saccade quand les syllabes se suivent régulièrement.

 

3. Il faut aussi expliquer par la tension le rythme si particulier de la chaîne parlée française, rythme produit par la presque égalité des syllabes qui se succèdent. Pas une syllabe notablement plus forte que l'autre, à moins d'accent d'insistance.

 

4. On sait que l'accent français porte sur la dernière syllabe. Mais pour faire ressortir cette syllabe, ce n'est pas à un excès de force que le français fait appel, mais à un excès de durée. Pour dominer ainsi l'intensité au cours de la chaîne parlée, et pour allonger la dernière syllabe indépendamment de l'intensité, il faut en français un état de tension articulatoire remarquable.

5. La tension permet enfin de donner aux syllabes françaises une intonation relativement "plate". Nous voulons dire par-là que le ton sur lequel une voyelle est lancée se maintient sans grand changement jusqu'au bout. Pas de glissement vers le grave ou l'aigu comparables à ceux de l'anglais. En français les écarts de ton se trouvent entre les voyelles plutôt que pendant les voyelles (il va, il vient).



6. Les transitions de son à son dépendent aussi du Mode Tendu, mais encore plus du Mode Croissant. Nous les reprendrons donc tout à l'heure, et nous verrons comment, en passant d'un son à un autre - d'un son oral à un son nasal, par exemple, la diffusion est évitée.

Le Mode Antérieur peut s'observer dans les mouvements de la langue, dans ceux des lèvres ou dans les deux à la fois.

1. Toutes les consonnes pour lesquelles la pointe de la langue entre en jeu sont plus antérieures en français qu'en anglais. Dans /t/, /d/, /n/, /1/, la pointe de la langue se dirige franchement vers les incisives supérieures. Devant les voyelles antérieures, la pointe de la langue descend même souvent jusqu'aux incisives inférieures. De même, dans les consonnes /s/, /z/, /J/, /3/, la pointe de la langue, au lieu de se relever, comme en anglais, se courbe vers le bas, laissant à la lame de la langue le rôle de fournir le canal par lequel l'air passe avant de se jeter contre les dents (pour /s/, /z/) ou contre les alvéoles (pour /j/, /3/).

2. L'arrondissement des lèvres entre en jeu même dans l'articulation des consonnes. Cela provient d'une combinaison de circonstances particulières. D'une part les voyelles françaises sont en majorité des voyelles arrondies ( deux séries arrondies: /u, o/, y, 0, ce/; contre une série non-arrondie : /i, e, E/); d'autre part, /le français anticipe la position d'une voyelle en articulant la consonne précédente. Ainsi toute consonne qui est suivie d'une voyelle arrondie s'articule elle-même avec les lèvres arrondies./ C'est avec les consonnes labiales que cela s'observe le mieux.

3. Ces deux caractères de consonnes - forme bombée de la langue, forme arrondie des lèvres - se retrouvent réunis dans la série des voyelles: <y, 0, ce/. Exemple: il plut, il pleut, il pleure. Si cette série est si révélatrice des habitudes de la parole française, c'est précisément parce que son caractère d'antériorité est doublement assuré, et par la position de la langue et par celle des lèvre. Or, ces deux qualités font rarement double emploi normalement, les voyelles antérieures seules sont non-arrondies /i, e, E/, et les voyelles postérieures sont arrondies /u, o/.

le Mode Croissant

1. Toutes les consonnes intervocaliques se rattachent à la voyelle qui suit, (même si cette voyelle appartient à un autre mot). La transcription syllabique d'une phrase française telle que "elle imite un autre accent" serait donc: /E-li-mi-tœ-no-tra-ksâ/. C'est ce qu'on appelle: la "syllabation ouverte", les syllabes se terminent sur la voyelle c'est-à-dire la bouche ouverte.

2. Du fait de l'anticipation vocalique, les consonnes sont mises d'avance dans la position de la voyelle qui suit. Cela se remarque surtout lorsque la voyelle est arrondie: les lèvres françaises s'arrondissent dès le début de la consonne.

3. C'est par l'anticipation vocalique qu'on peut aussi expliquer l'articulation très sonore des consonnes occlusives /b, d, g/. On sait qu'en français les cordes vocales se mettent à vibrer bien avant l'explosion.

4. Parallèlement, c'est par l'anticipation vocalique qu'on peut rendre compte de l'articulation non-aspirée des occlusives sourdes /p, t, k/. Dans l'articulation française de ces consonnes, les cordes vocales se ferment plus tôt que dans l'articulation anglaise. Au moment de l'explosion, elles sont déjà fermées - par anticipation de la voyelle qui suit - et aucune expiration de souffle des poumons ne peut se produire.

5. 11 faut aussi attribuer au Mode Croissant le phénomène connu sous le nom de "détente des consonnes finales". En français, d'une part l'ouverture buccale pour la voyelle de la syllabe finale se prolonge, de l'autre la consonne finale se prononce presque comme si elle commençait une nouvelle syllabe: la bouche rouvre légèrement et un embryon de voyelle se fait entendre. : fil /fi-1/, fine /fi-n /.

6. C'est enfin le Mode Croissant qui empêche en français la diffusion de nasalité. Que la nasale soit une consonne précédée d'une voyelle orale, comme dans Jeanne /3an / ou une voyelle suivie d'une consonne orale, comme dans tombe /tôb/, c'est par non-anticipation consonantique que le français en vient à séparer si clairement le son oral du son nasal. Renversons notre mode d'articulation et anticipons la consonne: Jeanne devient /3àn /, tombe /tômb/.

Conclusion

Nous avons groupé d'une manière systématique de nombreuses caractéristiques phonétiques propres au français en les rattachant toutes à trois modes: le Mode Tendu, le Mode Antérieur et le Mode Croissant. Ils peuvent servir dorénavant de point de repère. Toutes les fautes de prononciation trouvent leur explication quand on se rapporte, comme nous venons de faire, à ces trois modes.

 

 


Date: 2016-01-03; view: 1486


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