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Acte III Scène X Gaby, PierretteGaby. Ah ! Ce drame m'a tuée. Je n'ai plus qu'à me terrer maintenant dans ma petite ville. Pierrette, ricane. Jolie petite ville! Gaby. Qu'est-ce que vous dites ? Pierrette Je n'ai rien dit. Gaby. Votre sourire est bavard. Pierrette. On a beaucoup dit de choses sur mon sourire, mais qu'il soit bavard, jamais !... Et, puisque nous sommes là, toutes les deux, dites-moi merci et n'en parlons plus. Gaby. Merci de quoi ? Pierrette. D'avoir tenu ma langue. Gaby. A quel propos ? Pierrette. A quel propos? Je vous ai souvent vue de loin et je vous enviais. Gaby. De quoi ? Pierrette. De pouvoir jouer sur les deux tableaux. Gaby. Je n'ai jamais eu de talent pour les devinettes... Pierrette, vient se placer sous son nez. Vous avez un amant ! Gaby. J'ai un amant.? C'est votre dernière trouvaille ? Pierrette. Non, ma première. Je le sais depuis longtemps. Gaby, se lève, pâle. Autrement dit, j'ai tué mon mari parce que j'ai un amant ? Pierrette. Ah non ! Je n'ai pas dit ça... D'ailleurs ce serait trop simple. Si toutes les femmes qui ont un amant tuaient leur mari, il n'y aurait plus de maris sur terre!... ni d'amants ! Car ce sont les mêmes! Gaby. Et après, si j'ai un amant, qu'est-ce que ça change ? Vous voilà bien avancée, on ne vous croira pas. Pierrette. Mais je n'ai jamais eu l'intention de le dire. Gaby. Quel but poursuivez-vous ? Pierrette. Aucun. Je sais que vous avez un amant. C'est tout. Gaby. Ah! C'est du chantage ! Pierrette. Non, de la curiosité Gaby. Si c'est moi l'assassin, vous ne pensez pas que votre curiosité, comme celle de Chanel, pourrait vous jouer un vilain tour ? Pierrette. J'en prends le risque. Gaby. Courageuse ? Pierrette. Non, peureuse en général. (Elle a un rire de gorge.) Comment un homme peut-il vous aimer ? Gaby. Vous vous trouvez, sans doute, plus désirable que moi ? Pierrette. Oh ! le désir chez un homme n'est bien souvent qu'un vice qu'on cultive, n'est-ce pas ? Gaby. Vous ne pensez pas que nous nous égarons ? Pierrette, goguenarde. Ah ! si toutes les femmes se serraient les coudes ! Elles mèneraient le monde pour de bon! Car nous croyons le mener ! Et les hommes nous entretiennent dans cette illusions! Entre eux, ils sont d'accord, croyez-moi ! Gaby. Les hommes vous ont donc fait tant de mal ? Pierrette. Oui. Gaby. Même Marcel ? Pierrette, sourdement. Surtout Marcel! Le mal fait par les autres hommes, je m'en fiche : je l'ai rendu et bien... Mais j'ai été bientôt déçue, écœurée, alors j'ai voulu rentrer dans l'ordre. Le seul parent qui me restait, c'était mon frère. Et quand je suis arrivée ici, il a été lâche. Je lui ai fait peur. Je lui ressemblais trop ! Il m'a fermé sa porte! Renvoyée à mes aventures. Ça, je ne l'oublierai jamais. Alors, pour l'embêter, je l'ai obligé à me recevoir la nuit, à me donner de l'argent. Louise a bien entendu : « Si tu ne me donnes pas cet argent, je TE tue ! » Quand on a une sœur qui est dans le pétrin et qu'on ne l'aide pas à se relever, ça se paye! Gaby. Tout ce que vous dites vous accuse! Pierrette, dégage Non, on ne tue pas la vache à lait!Ni vous, ni moi! Gaby. Vous pensez que je suis innocente ? Pierrette. Oui. Certainement... GabY, elle est au bord de la crise de larmes et elle s'assoit à côté de Pierrette. Je voudrais vous dire merci, pour votre discrétion... Pas pour moi, pour mes filles... Pierrette, ricane. Oh ! vos filles... ! Gaby. Je vais vous dire quelque chose de pire... Pierrette. Allez-y! Gaby. Je devrais être loin à l'heure qu'il est. Je quittais mon mari ce soir... Mes valises étaient prêtes... Pierrette. Vous quittiez Marcel ? Gaby. Oui... Comment y croire ? Mon mari assassiné la nuit où je le quitte, c'est atroce! Pierrette. Marcel s'est-il douté de quelque chose? Gaby. Sûrement pas... Pierrette. Pauvre Marcel... (Elle se met à rire.) Il a toujours tout gobé... (Il y a un silence.) Et moi, maintenant, qu'est-ce que je vais devenir? Gaby. Pierrette, cet argent que Marcel vous a refusé, je vous le donnerai. Pierrette. J'ai menti. Il ne me l'a pas refusé. Gaby. Il vous l'a donné ? Pourquoi ne pas l'avoir dit ? Pierrette. Je ne pouvais pas le prouver. Je ne l'ai plus. Gaby. Qu'en avez-vous fait ? Pierrette. Je l'ai donné. A un homme... que j'aime. Gaby. Donné ? Pierrettb. Oui... Je paye, moi aussi, quelquefois ! Ça m'arrive ! Il avait besoin de cet argent pour un voyage... Gaby, soudain pâle. Un voyage ??... Combien Marcel vous a-t-il donné ? Pierrette. Il me fallait 500.000 francs anciens. Gaby. 500.000 francs ? Il vous les a donnés ? (Elle se lève.) Pierrette. Oui... Qu'est-ce que vous avez ? Vous êtes toute pâle. Gaby. Pierrette, qui est cet homme à qui vous avez donné les 500.000 francs ? Dites vite ! Pierrette. Pourquoi ? De quoi avez-vous peur ? Gaby. Ces 500.000 francs étaient dans une enveloppe ? Pierrette. Oui, une grande enveloppe bleue. (Gaby se précipite sur son sac.) Pierrette, la rejoint. Non ! Vous n'allez pas dire que... ? C'est impossible! Qui est votre amant? Gaby. Comment ? Vous ne le savez pas? Pierrette. Non. Gaby. - C'est l'associé de mon mari ! Pierrette, effarée. Jacques ! Gaby. Jacques Farnoux. Pierrette. Jacques, votre amant ! (Gaby sort l'enveloppe.) Oui ! C'est mon enveloppe ! C'est mon argent ! C'est l'argent de Marcel que Jacques vous a donné... Gaby. Vous pouvez la reprendre ! (Elle regarde soudain l'enveloppe de plus près, puis la déchire.) Oh! l'enveloppe est vide !... L'argent n'y est plus !... (Un silence.) Quelqu'un savait! Pierrette, comme une tigresse. Jacques ! Vous me l'avez pourri avec votre dignité! Avec votre air tranquille de femme bien nourrie, bien soignée..., sans peur du lendemain... La vie tranquille... On peut tout se dire maintenant, hein ? Oui, je suis une bourgeoise ratée, comme vous une putain ratée... (Elle s'avance vers Gaby.) j'ai envie de vous crever les yeux, de vous étrangler. Pourquoi est-ce que je m'en prive ? Gaby, terrorisée. Au secours ! (Soudain, elle s'empare du revolver et vise Pierrette.) Pierrette. Lâchez cet arme ! (Elles sont face à face.) Eh bien, allez-y. Tirez !... C'est l'affaire d'une seconde. Un peu de cran... Tirez !... Liquidez-moi, comme vous avez supprimé les autres, ceux qui vous gênaient... (Pierrette saute sur Gaby. Bataille. Corps à corps. Soudain le coup part. Gaby s'affaisse sur un fauteuil. Pierrette s'écarte alors. Le revolver tombe par terre. Biles se regardent, hébétées.) Pierrette. Vous n'avez- rien ? Gaby. Non... Rien... Et vous ? Pierrette. Rien... On l'a échappé belle! Dieu nous a épargnées. Gaby. Nous ne méritons guère son indulgence. Pierrette. Peut-être que si. Il voit les choses de haut. Nous ne devons pas être jolies à regarder... (Elle s'effondre à son tour sur le canapé. Tontes les femmes arrivent, l'une après l'autre.) Date: 2015-12-18; view: 590
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