La multinationalisation des entreprises est une facette de leur internationalisation, c’est-àdire
de l’élargissement de leur champ d’activité au-delà du territoire national. Elle s’effectue
d’abord par des IDE (investissements directs à l’étranger), qui consistent en la création ou
l’achat de sociétés à l’étranger qui deviennent des filiales de la firme ainsi multinationalisée,
dès lors que leur capital est détenu majoritairement par la FMN. Il peut aussi s’agir de création
d’une joint-venture, c’est-à-dire d’une filiale commune à deux entreprises de deux nationalités
distinctes. Parfois l’IDE amène l’entreprise initiatrice à transférer son activité de production du
pays d’origine vers un autre pays. On parle alors de délocalisation (voir fiche 64). Mais la multinationalisation
se réalise aussi par la mise en place de « réseaux d’alliance » entre une ou plusieurs
entreprises « centre névralgique » et un ensemble d’entreprises liées à celle(s)-ci par
des contrats (sous-traitance, franchise, partenariat, coopération…).
Caractéristiques
Les premières entreprises dont l’activité s’est mondialisée sont très anciennes (la
Compagnie des Indes par exemple, créée par Colbert en 1664). Au XIXe siècle, l’exploitation
de richesses des colonies contribue au développement d’activités de production.
C’est pourquoi la majorité des pays d’accueil des IDE sont des pays en développement.
Jusqu’à la Seconde Guerre mondiale cependant, les FMN ne constituent pas, au niveau
macroéconomique, un phénomène dominant; en effet, le montant des IDE reste faible
et augmente peu. Depuis le début des années soixante, la multinationalisation s’est
accélérée et s’est transformée. En effet, si les États-Unis dominent le processus, ils sont
progressivement concurrencés par les pays européens et par le Japon. En outre, les
nouveaux pays industrialisés émergent dans le club des pays investisseurs au début des
années quatre-vingt-dix. Par ailleurs, les pays développés remplacent les pays du tiersmonde
comme principal pôle d’accueil des IDE. Enfin, si l’industrie a supplanté le primaire
comme premier secteur attirant ces investissements, les IDE ont tendance, depuis
le début des années quatre-vingt, à se redéployer vers le secteur tertiaire.
LES OBJECTIFS ET LES EFFETS DE LA MONDIALISATION
Les objectifs
Historiquement, la multinationalisation avait pour objectif le contrôle et l’exploitation
des matières premières. Elle a ainsi été, et reste encore, un moyen pour les entreprises de réduire les coûts de production. Aujourd’hui, les firmes cherchent à s’implanter là où
le coût du travail est faible; elles peuvent aussi s’installer dans des paradis fiscaux qui
leur permettent de diminuer les coûts financiers.
Par ailleurs, la multinationalisation apparaît comme une nécessité dès lors que les
innovations deviennent rapidement obsolètes; il faut en effet conquérir très vite un
immense marché pour bénéficier d’économies d’échelle et rentabiliser en un minimum
de temps les investissements réalisés. Aussi la majorité des IDE est réalisée dans les
pays développés, les FMN cherchant à pénétrer les marchés solvables et à y occuper
toutes les niches.
Mais les firmes qui se multinationalisent maximisent leur profit en répartissant leurs
activités au niveau international en fonction des différences socio-économiques des
pays dans lesquels elles s’implantent. On assiste donc à la constitution de réseaux transnationaux
intégrés au sein d’une firme unique et dont la gestion est facilitée par les progrès
des technologies de l’information permettant l’interconnexion de tous les sites de
production et la gestion en temps réel des opérations.
Les effets de la mondialisation
La multinationalisation est ainsi à l’origine d’une spécialisation à l’échelle internationale
dans laquelle les pays développés se sont réservé les activités à haute valeur ajoutée.
Cependant, elle engendre dans ces pays des délocalisations d’activités industrielles,
sources de destruction d’emplois peu qualifiés, exluant ainsi de facto les actifs les moins
productifs du marché du travail.
Par ailleurs, la multi nationalisation donne aux firmes un poids considérable dans
l’économie mondiale : environ 35000 FMN (et leurs 150000 filiales) réalisent un chiffre
d’affaires égal à la moitié du PNB mondial. Les firmes multinationales sont en partie à
l’origine de l’accroissement des échanges internationaux et elles contribuent largement
à la mondialisation des économies. De ce fait, elles limitent les marges de manoeuvre
des pouvoirs publics dans la conduite de politiques nationales.