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Les signes d’un déclin relatif

 

Les résultats économiques des années 1870-1900 apparaissent moins brillants que ceux de la période 1840-1860.

 



Les difficultés du commerce extérieur

 

La Grande-Bretagne demeure, jusqu’en 1914, la première puissance commerciale du monde. Le rôle de leading sector des exportations se renforce (près de 20% du PNB en 1880 contre 13% en 1850). Le malaise ne résulte pas du déclin de l’« économie d’exportation », mais des fluctuations de la balance commerciale : en valeur la croissance des exportations n’est plus que de 0,8% par an de 1880 à 1900 et, même, 0,1% de 1893 à 1897. Le déficit commercial se creuse, particulièrement de 1871 à 1877 et de 1890 à 1897, en raison de l’augmentation des importations (surtout d’Europe continental) et des résultats médiocres d’exportations menacées par la baisse des prix, une concurrence croissante et la montée du protectionnisme. Le déclin des exportations d’articles textiles apparaît particulièrement (Peter Mathias, 1983).

 



La part du Royaume-Uni dans le commerce mondial décroît, même s’il résiste mieux pour les seuls biens manufacturés. L’extension impériale des années 1884-1896 n’a donc pas provoqué de boom commercial entre la métropole et ses colonies. Contrairement à l’affirmation d’Eric J. Hobsbawm (1977), l’impérialisme n’a donc pas constitué « la seule porte de sortie » pour une économie en déclin, mais un débouché opportun pour les industries en difficultés sur les marchés européens et nord-américain (coton, acier). Il faut attendre 1890 pour que la part des exportations coloniales s’élève : 27% du total des exportations en 1890, 37% en 1910, sous la pression du protectionnisme mondial. A la fin du siècle, les revenus invisibles diminuent et les investissements extérieurs se contractent, mais une reprise très sensible se produit entre 1905 et 1913. Néanmoins, pendant toute la période les revenus des « invisibles » permettent de dégager de forts excédents de la balance des paiements. Les médiocres résultats du commerce extérieur relancent le courant protectionniste, en particulier la Fair Trade League (1881). Elle dénonce la concurrence déloyale des pays à bas salaires et longues heures de travail, réclame l’établissement d’une taxe de 10% sur les produits étrangers, à l’exception des produits coloniaux. Reflétant la tendance générale à l’extension du protectionnisme, elle ouvre la voie aux thèses développées par Joseph Chamberlain au début du XXe siècle.

 



La crise agricole

 

La « Grande dépression » est d’abord agricole. L’agriculture britannique se trouve en situation critique en raison des mauvaises conditions climatiques de la fin des années 1870, de la concurrence des « pays neufs » (Etats-Unis, Canada, Nouvelle-Zélande, Australie), de la baisse des prix mondiaux et des coûts de transport interocéaniques. Les farmers sont en faillite ou s’orientent vers le mixed farming (polyculture et élevage) tandis que les industries agricoles et alimentaires périclitent. L’agriculture britannique se modifie rapidement. Sa part régresse à la fois dans le revenu national (1851 -20,3%, 1901 6,4%) et dans la population active (1861 19%, 1911 9%). La rente foncière et le prix du sol diminuent de façon inégale, mais continue. Le blé recule au profit de l’élevage, des produits laitiers et des cultures maraîchères. Aucun produit n’est à l’abri de la concurrence.

 



Les conséquences de cette évolution sont considérables. Les habitudes alimentaires se transforment (moins de pain, plus de viande, de laitages, de fruits et de légumes). Une industrie agro-alimentaire se constitue. Les pairs du Royaume, grandes propriétaires fonciers, dirigent leurs investissements vers des secteurs plus rentables. Déjà depuis longtemps administrateurs de compagnies de chemin de fer, il s’impose, dans le dernier quart du siècle, à la tête des conseils des grandes entreprises industrielles ou commerciales (T.M.L. Thompson, 1990). En 1897, 167 nobles (soit le quart du pairage) président des compagnies ferroviaires ou industrielles. Il s’agit de pairs récents (Rothschild), mais aussi d’aristocrates de haute lignée (comte de Durham, marquis de Salisbury). Les pairs investissent des capitaux importants en action et obligations de secteurs très divers ainsi que dans l’équipement des colonies (chemins de fer) ou les activités minières et industrielles des pays neufs. Il leur faut compenser la baisse des rentes foncières et du prix du sol. Dans le dernier quart du XIXe siècle, la baisse de la rente foncière peut atteindre 40 à 60% dans certains comtés du bassin de Londres ; quant à la valeur des terres, elle chute de 15 à 50%, avant les ventes massives de terre des années 1900-1914.

 




Date: 2015-12-11; view: 808


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