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Le rôle de la démographie

 

Le terme souvent employé de révolution démographique apparaît sans doute abusif, parce qu’il y en évolution plus que révolution. Le tournant s’amorce au début du XVIIIe, avec plus de précocité en Angleterre, moins touchée, au XVIIe siècle, par les crises de subsistances que l’Allemagne, l’Italie, voire même la France. Le XVIIIe voit une se produire une progressive accélération de la croissance britannique. En moyenne annuelle le rythme de croissance est de + 0,53% de 1700 à 1850, de + 0,65% de 1750 à 1807 et de + 1,48% de 1801 à 1831. Il s’agit d’un recul de la mort plus que d’une variation du taux de natalité. Ce recul de la mort résulte de la disparition progressive des famines. Celle de 1846-51 en Irlande constitue ainsi la dernière manifestation en Europe d’un fléau en voie d’extinction. Les épidémies régressent aussi. L’évolution apparaît moins spectaculaire s’agissant de la natalité : en Grande-Bretagne, elle augmente d’abord au XVIIIe, puis se stabilise et ne tombe à 30 ‰ qu’au début du XIXe siècle.

 

Entre 1811 et 1851, la croissance démographique de l’Angleterre et du Pays de Galles se poursuit à un rythme soutenu :

 

Tableau 1 – Evolution de la population de l’Angleterre et du Pays de Galles de 1811 à 1851 (en millions d’habitants)

 

  Angleterre seule Angleterre + Pays de Galles
9,9 10,2
11,5 12,0
13,3 13,9
15,0 15,9
16,7 17,9

Source : Jean-Pierre Bardet et Jacques Dupâquier (dir.), Histoire des populations de l’Europe, II – La révolution démographique 1750-1914, Paris, Fayard, 1998, p. 327.

 

La baisse continue de la mortalité, caractéristique de la période s’accompagne d’une hausse de l’espérance de vie (37,9 ans en moyenne dans le premier quart du XIXe siècle contre 33,1 dans le dernier quart du XVIIe). En revanche la fécondité décline continûment durant la période. Il existe encore une forte corrélation entre l’évolution de la nuptialité, celle des conceptions prénuptiales et celle des naissances illégitimes : avec l’abaissement de l’âge au mariage et la généralisation de celui-ci, jusqu’en 1816, l’illégitimité devient forte et les grossesses prénuptiales nombreuses : naissances illégitimes et conceptions prénuptiales représentent ensemble 50% des premières naissances. A l’inverse, le fléchissement de la fécondité à partir de 1816 accompagne l’élévation de l’âge au mariage. Quant au rythme d’accroissement de la population, s’il s’accélère jusqu’en 1821 (maximum absolu de l’histoire de l’Angleterre), il fléchit ensuite.



 

Quant à l’Ecosse, elle poursuit jusqu’en 1850 la transformation rapide amorcée à partir de 1740 : en 1850, un quart seulement de la population active travaille encore dans l’agriculture. Il semble cependant que la croissance écossaise ait été moins rapide que celle de l’Angleterre.

 

Tableau 2 – Evolution de la population en Ecosse et dans le reste du Royaume-Uni de 1801 à 1861 (taux de croissance annuels moyens)

 

  Ecosse Angleterre Irlande
1801-1841 + 1,23 + 1,38 + 1,30
1841-1861 + 0,73 + 1,18 - 1,70

Source : Jean-Pierre Bardet et Jacques Dupâquier (dir.), Histoire des populations de l’Europe, vol. II, op. cit., p. 338.

 

A partir de 1830, seule la région centrale connaît une croissance marquée, tandis que s’amorce une diminution générale dans certain secteurs des Highlands, mouvement amplifié après 1850. L’un des raisons de ce moindre dynamisme réside dans un taux de mortalité demeuré élevé (aux environs de 20‰) jusqu’au début des années 1870. Certes le pays évite la malnutrition, mais les épidémies frappent encore durement : ainsi le typhus en 1818-1819, 1836-1837 et 1846-1847 et le choléra en 1831-1832 et 1848-1849. Une seconde raison tient à la très forte propension des Ecossais à émigrer, dès 1740, avec des poussées à chaque crise économique. Si l’âge au mariage ne diffère guère de l’Angleterre, le taux de célibat y apparaît beaucoup plus élevé : en 1861, 14% des hommes et 20% des femmes demeurent célibataires à 45-54 ans contre 11 et 12% en Angleterre. En revanche, la fécondité légitime, plus forte qu’en Angleterre, s’accompagne de faibles taux d’illégitimité.

 

Ces relations entre révolution démographique et industrialisation apparaissent très complexes. L’on admet en général que la croissance démographique aurait favorisé la révolution industrielle en augmentant la force de travail et le marché de consommation. En réalité, l’industrialisation a été plutôt économe de main-d’œuvre en Grande-Bretagne. Les travaux récents des historiens ont montré que la proportion de population impliquée dans les nouveaux emplois industriels a été relativement réduite jusqu’au milieu, voire jusqu’à la fin du XIXe siècle (E.A. Wrigley) : en 1831, seulement 10% des ouvriers adultes de sexe masculin travaillaient dans des manufactures. En revanche, les zones de proto-industrialisation connaissent un taux de natalité plus forte, parce que des revenus plus forts y ont libéré les comportements démographiques de l’influence des récoltes. Si l’extension continue des marchés a pu fournir un puissant stimulant à l’industrialisation, en définitive, le débat reste ouvert : les changements démographiques ne sont-ils pas plus une cause qu’une conséquence (Patrick Verley ) de la révolution industrielle ?

 


Date: 2015-12-11; view: 798


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