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Un objet de controverses

 

La révolution industrielle demeure en effet l’objet d’un affrontement entre tout en ensemble d’interprétations, qui peuvent se regrouper en trois ensembles : les modèles classiques, les modèles contemporains et l’apport spécifique de l’économétrie.

 

Les modèles « classiques »

 

Au modèle marxiste s’oppose celui de Rostow. Dans son célèbre ouvrage, Le Capital, Karl Marx cherche à dégager les lois de fonctionnement du mode de production capitaliste, en s’appuyant sur le seul exemple britannique. Le capitalisme industriel obéit à une dynamique de croissance, ponctuée par des crises. Les entrepreneurs accumulent le capital fixe en capitalisant la plus-value, c’est-à-dire le prélèvement opéré sur le produit de la force de travail du travailleur. Or la population productive croit toujours plus vite que le besoin que le capital peut en avoir. En effet, la création croissante de plus-value permet une extension toujours plus grande du capital constant (le capital productif) que du capital variable (l’emploi de travailleurs productifs). Il s’ensuit la substitution du premier au second et l’accroissement du chômage des travailleurs, lesquels viennent renforcer « l’armée de réserve » du capitalisme et pèsent à la baisse sur les salaires moyens. Trois phénomènes y contribuent en parallèle : le sous-emploi masculin adulte chronique résultant de la très forte demande de travail pour les femmes et les enfants ; les gains de productivité agricole, qui réduisent le nombre des emplois nécessaires ; le développement du paupérisme.

 

Karl Marx appuie sa théorie sur une analyse historique. Il fait naître au Moyen-Age le capital usuraire et le capital commercial, insiste sur l’expansion commerciale du XVIe siècle, sur le rôle de l’exploitation coloniale et des intermédiaires financières. En Angleterre, le mouvement des enclosures fait disparaître la yeomanry et l’industrie domestique et naître le prolétariat que les lois sur les pauvres plient à la discipline qu’exige le système du salariat industriel. Les conditions sont dès lors remplies pour le développement de la manufacture. Au début la différence avec le passé n’est que quantitative. Mais la révolution industrielle, rend possible la conjonction de la manufacture avec sa main-d’œuvre déjà parcellaire et de la machine, dont l’accumulation primitive du capital rend possible l’usage croissant. Le machinisme alimente dès lors le développement du capitalisme industriel. Il se fonde sur des machines toujours plus puissantes, un capital constant toujours plus élevé, une durée du travail plus longue, un travail plus intense, un emploi accru des femmes et des enfants, le développement d’un chômage technologique venant renforcer « l’armée de réserve industrielle ».



 

Dans The Stages of Economic Growth, Walt W. Rostow propose une vision alternative. Il montre que toutes les économies développées passent par cinq étapes successives : la société traditionnelle, l’accumulation des conditions préalables, le take-off, la marche à la maturité, l’ère de la consommation de masse. La société traditionnelle correspond une structure déterminée par des fonctions de production limitées, elles-mêmes fondées sur la science et la technologie prénewtonienne. Productivité agricole et productivité industrielle butent sur des limites infranchissables. La plupart des ressources servent à acheter des produits agricoles. En conséquence de quoi les propriétaires fonciers dominent la hiérarchie sociale. Il ne s’agit pas toutefois d’une société immobile, car elle autorise des augmentations de production.

 

L’accumulation des conditions préalables précède le take-off. Elle implique trois conditions :

1/ une augmentation de la productivité agricole. Celle-ci permet de nourrir une population croissante, en particulier urbaine et d’accroître le revenu des agriculteur, donc les débouchés de l’industrie. Le surplus agricole met ainsi à la disposition de l’industrie les capitaux nécessaires aux investissement (directement, mais aussi par le biais de la fiscalité et de l’exportation)

2/ la mise en place d’une infrastructure de transports, souvent par intervention de l’Etat

3/ l’apparition d’une nouvelle élite, en particulier de chefs d’entreprises.

 

Le take-off (ou décollage) peut être déclenché par des stimuli technologique (Grande-Bretagne), politiques ou économiques. Il ouvre la voie à la croissance auto-entretenue. Il présente trois caractéristique : un changement d’ordre de grandeur du taux national d’investissement net, résultat de facteurs d’origine variable (l’accumulation par le commerce extérieurs dans le cas de la Grande-Bretagne) ; le développement de leading sectors (activités motrices), comme l’industrie cotonnière (Grande-Bretagne) ou, surtout, le chemin de fer ; l’existence ou les mise en place d’un appareil politique, social et institutionnel exploitant les tendances à l’expansion.

 

L’apport de Rostow est double. En premier lieu, il propose une chronologie du take-off (1783-1802 pour la Grande-Bretagne, pays le plus précoce), qui a fait l’objet de nombreuses discussions. En second lieu, il a défini deux notions essentielles : le take-off et le leading sector. Le premier offre une alternative à la notion de révolution industrielle : alors que celle-ci consiste en une transformation progressive de l’organisation de la production et du monde du travail, le take-off implique une accélération forte du taux de croissance du produit national brut ainsi que du taux d’investissement. Il peut donc y avoir révolution industrielle sans take-off, mais pas l’inverse. La notion de leading sector découle du fait que l’effet multiplicateur de l’investissement n’est pas le même suivant le secteur où s’applique cet investissement.

 


Date: 2015-12-11; view: 1058


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