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Six bonnes nouvelles fraises

Des chercheurs français ont créé des cousines de la gariguette qui ont, jurent-ils, autant de goût que d'allure. Pourvu qu'ils disent vrai

En l'an de grâce 1714, un ingénieur militaire et hardi navigateur, Amédée-François Frézier (le bien nommé), rapportait du Chili cinq plants de fraisiers d'une espèce inconnue, assurant que les fruits vus là-bas en étaient merveilleux. On s'empressa de multiplier ces plants par bouturage. Mais ce fut en vaincar Frézier, jouant de malchance, n'avait rapporté que... des fraisiers femelles. La pollinisation était donc impossible.

Un jardinier de Plougastel, dont l'histoire n'a pas retenu le nom, trouva heureusement une solution provisoire : il planta en alternance des fraisiers... de Frézier et d'autres - descendants de ceux d'une autre variété, rapportée du Canada plus de deux siècles et demi plus tôt par Jacques Cartier. Banco ! La fécondation s'opéra : dès 1716, on récoltait des fruits à Plougastel. Des fruits sensiblement plus gros que ceux de notre fraise des bois indigène, et très savoureux

Mais un autre miracle devait se produire dès 1750, au jardin botanique d'Amsterdam : l'apparition spontanée d'un hybride étonnant, monstrueux, né par hasard des amours de la fraise du Chili avec celle de Virginie. C'était la fraise moderne, que chacun connaît. A l'époque, sa taille parut si monstrueuse qu'on la baptisa « fraise-ananas ». L'hybride fut soigneusement bouturé, multiplié à l'infini, et toutes les fraises qui se cultivent et se mangent aujourd'hui dans le monde entier en descendent peu ou prou.

Y compris les six variétés nouvelles obtenues l'an dernier par le Ciref (Centre interrégional de Recherche et d'Expérimentation de la Fraise), et qui vont débouler d'un seul coup, sur nos marchés avec le label Fraise de France, et probablement un fort pilonnage publicitaire. Un pilonnage du genre agressif si l'on en juge par cette remarque préliminaire d'un responsable du Ciref : « Ces fruits sont savoureux. Ce sont des fraises véritables. Pas des fraises espagnoles. » Bonjour l'Europe !

Six variétés nouvelles, cigaline, ciflorette, cigoulette, ciréine, ciloe et cirano débarquent ensemble. Selon les notices, elles sont soit mates soit brillantes ; orangé, rouge vif ou rouge sang ; plus ou moins fermes, fruitées, musquées, aromatiques... Bref, elles sont, paraît-il, toutes bonnes à la dégustation. Chacune d'elles fera l'objet d'un « traitement marketing » particulier. Ainsi la variété ciflorette sera-t-elle systématiquement commercialisée dans de charmantes barquettes de plastique transparent en forme de cœur...



Toutes ces fraises nouvelles présentent l'avantage d'être plus ou moins précoces ou tardives, ce qui permet d'occuper le marché durant une longue saison. Et toutes ont triomphé du test de résistance mécanique, quand le plateau de fruits est placé dans une machine qui lui inflige quatre heures durant d'intenses vibrations.

La nouveauté, c'est que la bonne résistance mécanique n'est plus le seul critère de sélection : naguère toute fraise bien solide était réputée, pour cette seule raison, bonne pour le service. Désormais on se préoccupe ausside son goût. On peut donc espérer le retour (amorcé avec la gariguette) des fraises dignes d'être consommées.

Une cure de vitamines

Selon les médecins, la fraise contient au moins autant de vitamine C que l'orange : il suffit d'en absorber 100 grammes pour obtenir 75% des apports journaliers recommandés. Elle est de plus très pauvre en calories, donc compatible avec tous les régimes amaigrissants. Mais très riche en folates (vitamine B9), dont tout le monde a besoin et en particulier la future mère - ce qui expliquerait le classique besoin de manger des fraises qu'expriment, paraît-il, toutes les femmes enceintes... durant l'hiver de préférence. La fraise est riche également en fibres, dont le rôle protecteur contre le cancer du côlon est dûment prouvé. En droit français aucun aliment, sauf la fraise et encore quatre aliments, n'est autorisé à faire état dans sa pub d'un quelconque avantage spécifique pour la santé - ce qui est réservé aux médicaments.


Date: 2016-01-14; view: 588


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