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Séjour à Moscou du 31 août au 30 septembre 2011

· Mercredi 31 août

Arrivée à l’aéroport international Sherementyevo, sur le coup de 17h heure locale. A peine sortie de l’avion KLM (après avoir fait une escale éclair à Amsterdam), je suis étonnée par la facilité avec laquelle on passe la douane. Au contrôle des passeports, aucune interrogation sur le séjour ni sur son but exact, un simple « bonjour » du douanier marmonné du bout des lèvres, un tampon et le rendu de notre précieuse fiche départ et ça y est, la Russie s’ouvre à nous ! C’était peut-être me réjouir trop vite : au bout d’une heure d’attente à la récupération des bagages, je constate que ma valise n’arrive pas et me dirige, l’âme en peine, vers le stand des réclamations. Je ne suis cependant pas la seule dans ce cas : un jeune russo-canadien, venu rendre visite à sa famille moscovite avec sa copine, tente de me rassurer en affirmant d’un ton désabusé que cet aéroport est accoutumé à ce genre de pertes. Et en effet, le stand des réclamations est immense ! Derrière lui se tiennent une dizaine d’agents, qui réceptionnent les réclamations, font remplir l’interminable paperasse de règle, récupèrent les bagages retrouvés et les rangent, avant de les envoyer au service de livraison. Voilà à peine deux heures que je me trouve sur le territoire russe, et je me frotte déjà à la fameuse « bureaucratie » russe et à son goût pour les papiers –je remplis le même document en cinq exemplaires !- et les tampons –pas question de donner une quelconque valeur au document sans son tampon . Dans un anglais imparfait mais qui a le mérite de faciliter la communication, un agent m’assure que mon bagage arrivera dans la nuit à l’aéroport et sera livré le lendemain à mon adresse moscovite. Me voilà presque rassurée et, surtout, plus légère pour aller prendre le métro, dont je redoute alors le flot incessant et les longs couloirs.

Tout d’abord, je prends l’Aéroexpress, train rapide et tout confort reliant l’aéroport au centre de Moscou. Pour payer le ticket, il me faut changer des euros, ce que je fais auprès d’une dame d’un bureau de change absolument antipathique (pas un bonjour, alors même que j’avais scrupuleusement préparé ma phrase en russe). Mais à l’ouverture des portes automatiques qui mènent sur le quai de l’Aéroexpress, la vue du grand train rouge me fait oublier cet épisode décevant. On se croirait dans l’univers d’Harry Potter ! A l’intérieur, une employée du train élégamment vêtue de rouge à la manière d’une hôtesse de l’air passe avec son charriot de victuailles et objets souvenirs. C’est presque le grand luxe. Le paysage est magnifique et insolite pour la Française que je suis : d’immenses arbres alignés, et, à chaque gare, des gens qui semblent être des vacanciers à la plage. Défilent les complexes quelque peu vieillis de sport et les petites devantures proposant fleurs, nourriture et vêtements. Toutes ces écritures cyrilliques retiennent mon attention : je m’exerce à les déchiffrer le plus vite possible, et ça n’est pas une mince affaire !



En sortant du train, je jette un dernier regard au couple de Canadiens de l’aéroport, que je vois sur le quai : ils sont le seul élément fixe et rassurant dans cet environnement absolument étranger pour moi. Je m’engouffre dans le métro, station Biélorousskaïa, et les perds ainsi de vue. C’est partie pour l’aventure. Aux « caisses » de ticket (pas d’automates ici, cela me surprend !), je suis à nouveau déçue par l’indifférence manifestée par ses employées et les voyageurs. Ces derniers balancent leurs sous et les dames, sans un regard ni un mot, jettent le ticket. Ma phrase si bien préparée attendra. N’aurait-on pas besoin du russe pour venir à Moscou ? En fait, le déchiffrer est indispensable car aucune des stations de métro ne sont inscrites en alphabet latin. Heureusement, je connais mon trajet par cœur et fais mine de ne pas hésiter. Mais je peux manquer d’être impressionnée et presque écrasée par la grandeur et le prestige du métro moscovite. Le Routard avait raison, c’est un monument en soi. Les escaliers s’enfoncent sous la terre à n’en plus finir, et il est extrêmement décoré, orné de marbre et de dorures. A chaque tournant, on n’est pas à l’abri de tomber nez à nez avec une immense statue de bronze (pas d’indication sur celle-ci) ! Quelle originalité pour ce qui n’est autre qu’un mode de transport quotidien et très peu onéreux (l’équivalent de 60 centimes d’euro !). Après avoir marché bien dix minutes pour rejoindre une simple sortie-correspondance, j’arrive à Barrikadnaya, tenant fermement dans mon poing le mail de Katia, où mon itinéraire dans les rues pour rejoindre mon adresse est scrupuleusement décrit.

Là, une autre « grandeur » m’accable : le haut bâtiment stalinien à la sortie du métro. Ici à Moscou, je suis un moustique, une petite poussière parmi tout ce trafic et ces immeubles. Les rues ne se traversent pas, mais se « contournent » : des passages souterrains permettent de passer d’un côté à un autre –trop de voitures. Une fois passée la grande ambassade américaine, je trouve mon entrée de « dom » et en suivant toutes les indications, j’arrive à l’appartement où je vivrai un mois. Il est 19H30 environ.

Le soir, sur le coup de 21H45, il me faut faire quelques petites emplettes, histoire d’avoir quelque chose à grignoter le soir et le lendemain matin. L’on m’indique un supermarché ouvert 24h sur 24 au sous-sol d’un centre commercial non loin de là. Je m’y rends et suis déçue : il s’agit d’un supermarché international, vendant exclusivement –et à prix salés- de la nourriture importée, pour l’essentiel de France. J’y passe une demi-heure pour tenter de prendre les produits les plus typiques. Je m’en veux de n’avoir pas osé acheter dans un petit « gastronom » en bas de mon immeuble : barrière de la langue et de la nourriture, que je ne parvenais à identifier toujours. Ce sera pour plus tard ! Je me replie sur des cornichons marinés –il paraît que c’est typique.

Dans les rues le soir, je m’étonne du nombre incalculable de couples qui les sillonnent et de leurs marques d’affection ! Cela tranche non seulement avec l’idée que l’on se fait en France des innombrables femmes russes célibataires, mais aussi avec le comportement antipathique des vendeurs et clients du grand magasin où je viens de faire mes courses. Tous semblaient ennemis, là tous semblent s’adorer et s’amuser. Paradoxe.

Je m’étonne aussi de l’ambiance des passages souterrains. Alors qu’en France une jeune fille seule comme moi ne se risquerait jamais traverser de tels « couloirs » la nuit, ici tous les empruntent, et nul ne semble s’inquiéter des quelques punk qui grattent quelques notes de musique et sentent l’alcool. Je passe sereinement.

 

· Jeudi 1er septembre

 

Matinée : tour du quartier (du Novinskii boulevard) : je repère le grand nombre de petits magasins de « prodoukti », sans y entrer –je dois d’abord apprendre le nom des aliments. Cette abondance n’a rien à voir avec le portrait de la Russie soviétique peint par mes professeurs de russe en France ! Je me rends compte de ce changement, alors même que je n’ai pas connu cette époque révolue.

J’ai le sentiment étrange de me sentir plus proche des « American citizens » postés devant l’ambassade américaine que des Russes. Question d’occidentalisme sûrement.

 

Après les avoir rappelé trois fois pour suivre l’évolution du trajet de mon bagage, l’aéroport me livre finalement mon bagage dans la soirée, suite à une simple signature. Ce fut long, mais ce fut fait ! Je remercie le service de livraison et oublie mon agacement de l’aéroport devant la paperasse.

· Vendredi 2 septembre

Ce matin, je veux aller plus loin dans l’exploration de mon « quartier », et surtout partir à la recherche de supermarchés plus typiques et moins onéreux que celui du premier jour. Je m’aventure au-delà de la station Barrikadnaya, sur la Krasnaya Presna. Dans ces grandes avenues où le trafic est incessant, je ressens toujours le même sentiment d’écrasement. Je m’inquiète même à un moment de ne trouver qu’un seul passage souterrain pour traverser cette si longue avenue. C’est que, je suppose, les Russes doivent connaître par cœur l’emplacement de ces passages et ne pas trop se plaindre de leur rareté. Mais pour l’étrangère que je suis, il suffit de rater son entrée pour encore marcher un bon quart d’heure sur le même côté, sans possibilité d’en sortir : je ne tenterai pas la « traversée sauvage ». Suffit pour le taxi.

J’ai repéré en marchant un grand supermarché, le « citystore ». A l’intérieur, je ne suis pas déçue : produits essentiellement russes, une large gamme de choix et des prix assez bas. Cependant, je me fais par deux fois rabrouer par les vendeurs du magasin. Le premier, occupé à ranger un rayon, fait mine de ne pas entendre quand je lui demande dans une phrase longuement préparée s’ils vendent des boîtes d’allumettes, et la seconde, sorte de caissière perdue entre le rayon alcool et celui des fruits, me renvoie sur les roses lorsque je lui demande si les fruits dont l’on se sert doivent être étiquetés, comme en France. Qu’importe, la dame du bureau de change le matin même m’avait mise en jambes face à ce genre de comportement !

Dans les rues, je m’étonne du nombre incalculable de petits fleuristes. Les fleurs semblent avoir la part belle en Russie, et ne pas se limiter à quelques boutiques très grandes et souvent prétentieuses que l’on trouve à Paris. Les fleurs ici sont populaires.

· Samedi 3 septembre

Aujourd’hui, visite touristique de la ville prévue. A Moscou, c’est inévitable…et j’en rêve depuis tellement longtemps !

Dès 10h du matin, je m’engouffre dans le métro à Krasnopresnenskaya et me réjouis d’avoir complètement intégré le rituel de la « kassa » pour acheter son ticket (pas un mot à la caissière, juste quelques roubles négligemment déposés sur la tablette). Cependant, je ne me suis toujours pas habituée à la grandeur du métro de Moscou, à sa beauté ! Kievskaya en particulier, avec ses mosaïques représentant des paysans soviétiques. C’est si improbable pour la jeune Parisienne que je suis –rien à voir avec la station « Arts et métiers » et ses murs de bronze qui m’impressionnait tellement étant petite !

A la sortie du métro Place de la Révolution, et malgré la pluie et la grisaille, la « vraie Moscou » semble enfin m’apparaître. Ou plutôt, la Moscou que je préfère : moins de voitures, de grosses rues, mais des immeubles plus bas et colorés.

Je passe le portique de sécurité avant de pénétrer sur la Place Rouge, écrasante de beauté et de grandeur malgré les immenses gradins disposés en plein milieu à l’occasion (je l’apprends plus tard) du festival international de la musique militaire. Que de festivals internationaux ici ! Il y en a aussi un du café sur la place Rouge, face au Goum. Loin de trouver cela ridicule, ces stands colorés m’amusent et commencent à me convaincre que les Russes aiment vraiment les événements et les rassemblements.

Oh bien sûr, la cathédrale de Basile-le-Bienheureux m’époustoufle par son charme, mais je dirais que le festival installé de façon éphémère sur la place Rouge attirerait presque mon regard. Je suis persuadée qu’il m’apprendra quelque chose sur la société russe d’aujourd’hui. Et ce que j’y vois ne me déçoit pas, tant cela me semble atypique. A vue d’œil, plus d’une centaine d’hommes se tiennent debout en survêtement Reebok bleu marine, avec chacun à la main un drapeau russe. Ils ne défilent pas encore, mais la musique, elle, est diffusée à tue-tête. Derrière les gradins, un passage comme une sorte de coulisses, où des femmes paraissent elles aussi attendre le début d’un défilé. Elles sont affublées d’un blouson, de baskets, et avec ça d’un tutu de danse classique ! Quel étrange style.

C’est ensuite que je décide de me lancer dans le périple du mausolée de Lénine. Mais en ce jour, il est barré par les barrières en fer qui entourent les gradins du festival. Par deux fois je me fais rabrouer par des gardes exaspérés et brutaux en tentant d’entrer par tel ou tel passage. D’autres touristes sont dans mon cas et pour la première fois je me sens moins seule face au ton sec de certains Russes. Je suis néanmoins assez fière de moi car je suis parvenue à faire une photo du tombeau de Staline dans la nécropole du Kremlin avant qu’un garde ne me saute dessus en hurlant « no fotos ! ». Je ne savais pas que c’était interdit. Dans le mausolée, autre étonnement : pas question de s’attarder devant le corps de Lénine, il s’agit d’en faire le tour rapidement. Après avoir cherché une demi-heure la queue puis de l’avoir faite une demi-heure, on aurait pu attendre plus. Mais cela ne fait rien : voir Lénine était déjà si émouvant. L’obscurité du lieu et les gardes postés à l’intérieur aux quatre coins de la pièce accusent encore plus l’aspect solennel de ce moment inoubliable.

Grand instant de plaisir de la journée, mon déjeuner au café-blini que j’avais repéré à la sortie du métro. C’est que ces petites crêpes russes sont fameuses par chez nous.

En début d’après-midi, ma petite virée au Goum (en observatrice!) ne me déçoit pas. Outre le Gastronom numéro 1 dans lequel je me suis efforcée de me représenter cette épicerie fine comme un lieu populaire à l’ère soviétique, je prends surtout conscience du fait qu’il existe une élite russe, charmée par les grandes marques étrangères. Ici, le français est bien présent. Cependant, le lieu a plus d’un tour dans son sac et il m’a charmée car s’y côtoient des gens issus de milieux sociaux assez divers, les moins nantis venant simplement admirer la fontaine et déguster un petit cornet de glace acheté à l’un des stands à l’entrée. Ma visite aurait presque pu être entachée par la horde de forces de l’ordre (qui sont-ils exactement, je l’ignore) occupant toute la moitié du dernier étage. Pour un peu je n’oserais pas prendre l’escalator pour y monter. Ils me mettent mal à l’aise.

Les forces de l’ordre sont disséminées partout à Moscou, cela se confirme. Dans le métro direction « Park Koultoury », je vois un policier sauter arbitrairement sur une jeune fille s’apprêtant à prendre l’escalator pour lui demander ses papiers. J’étais juste après elle.

Au parc Gorki, je viens en repérage pour savoir si le jogging y est praticable. En effet, à ma grande déception, je n’ai pas vu un seul joggeur dans Moscou. En France, ce sport simple et gratuit a la cote. En déambulant dans cet immense parc (tout est donc grand à Moscou !), je me rends compte à quel point tout y est fait pour le loisir, le loisir à l’état pur. Le fait de ne rien faire, de se détendre, d’être ensemble. Rien de stressant ni même de trop stimulant. Un défilé d’éléments incroyables s’enchaînent devant mes yeux : une vaste fontaine diffusant de la musique et autour de laquelle des gens s’assoient sur des bancs, des innombrables stands de nourriture, de restaurants qui paraîtraient presque improvisés, des pédalos en forme de canard, une femme jouant au ping-pong en habits ultra chics, une quantité de jeunes femmes marchant dans l’herbe avec de très hauts talons, un rassemblement anti-terroriste, des ouvriers bâtissant une immense cabane en bois à toute vitesse… Les gens ne sont jamais seuls, souvent par deux en couple ou entre amis, parfois en famille. Le seul véritable sport pratiqué est sur roues : vélos en location, rollers ou même skate parc. Pas de joggeur. J’hésite : dois-je un jour venir courir et tenter de me marginaliser du reste de la population moscovite ?

Autre impossibilité, qui me chagrine tout autant : je ne trouve pas d’allumettes, dans aucune petite boutique ni aucun supermarché. Cela me désole, j’avais pourtant appris à prononcer correctement le mot, voyant que ça n’avait pas marché au « citystore ».

· Dimanche 4 septembre

Ce matin au réveil, une belle journée en perspective. Belle parce que typiquement russe, ou même plutôt moscovite : je suis invitée à venir passer l’après-midi et la soirée dans la datcha de la belle-famille russe d’un ami, à Peredelkino.

Nous avons rendez-vous à 12h30 devant la gare de Kiev, à la sortie de style métropolitain parisien. Je suis la seule à photographier cette bouche de métro : ça y est, je suis catégorisée « touriste », Française plus précisément. C’est avec enthousiasme que nous nous engouffrons dans le train de 12h47, très peu cher –il suffit donc de mettre 26 roubles pour aller à la campagne depuis Moscou, quel luxe ! Tout le monde court pour attraper le quai : j’aime cette énergie du dimanche matin.

J’apprécie le trajet et m’étonne de tout, des sièges en bois dur comme de la vieille dame qui passe dans les wagons nous proposer des petits recueils de contes russes pour enfants. Pour la première fois depuis que je suis arrivée à Moscou, j’ai le sentiment agréable d’entre-apercevoir un bout de la fameuse « roussakaya doucha » -datcha et « skazki », voilà ce que nous enseignent nos professeurs de russe en France !

A la sortie du train, l’environnement me plaît déjà et m’interpelle : avant de nous lancer pour vingt minutes de marche sur les chemins et ponts de bois longeant la voie ferrée, on achète quelques boissons à la petite échoppe de la gare.

Peredelkino m’intéresse aussi car, à travers ces datchas de styles différents, je crois percevoir l’évolution de la société russe actuelle, avec l’apparition d’une haute classe moyenne, dont les datchas nouvellement construites n’ont rien d’une simple cabane en bois avec potager ! Un jeune homme apparemment assez pauvre propose de nous vendre des pommes de terre et des oignons. A côté de ça, des voitures ultra chics roulent sur les petites routes cabossées.

 

Après-midi brochettes et concombres : je m’étonne du côté très informel du repas, loin du cérémonial à la française. Chacun se sert avec les mains et croque des concombres sans les découper ni même les éplucher. Ensuite, il y a le cérémonial de la vaisselle en commun et des tasses de thé à répétition. Ca rapproche et facilite la conversation. Les enfants courent partout.

Après manger (même si en fait, il n’y a pas de temps délimité pour manger !), nous partons nous balader, à la recherche d’un terrain de foot. On traverse la voie ferrée sans hésiter, c’est la première fois de ma vie ! Au-delà de la voie se trouvent les barres d’immeuble de Peredelkino. Deux images me viennent à l’esprit : le film Ironia Soudbi, et le Soleil Trompeur de Mikhalkov, pour la partie de football entre petits et grands. J’ai l’impression de sentir un peu mieux la Russie qu’à mes débuts…

Nous rentrons assez tard, vers 22h, il fait déjà nuit mais des gens continuent de déambuler dans les allées. A l’entrée du métro, c’est la fête de la ville : un immense rassemblement. Encore un !

 

· Mardi 6 septembre

Ce matin, en descendant les escaliers de l’immeuble pour sortir, je sursaute en voyant surgir devant moi un policier qui me hurle de prendre l’ascenseur –apparemment il y a un problème de fondation à l’étage où il se tient, avec son collègue. Jamais en France je n’ai vu de policiers dans un immeuble, sauf cas extrême (pour des histoires criminelles !). Je suis encore plus surprise lorsque je vois ma voisine échanger une petite blague avec le représentant. Je suppose alors que les Moscovites sont habitués à se frotter aux forces de l’ordre, qui sont visibles partout. Pour ma part, depuis mon arrivée à Moscou, je n’ai pas passé un jour sans croiser un agent du ìâä ! Cela me met plutôt mal à l’aise, bien que je n’aie rien à me reprocher.

Cette mésaventure passée, je me rends à la maison de Tchekhov, que l’on peut visiter. Il n’y a aucun visiteur à l’intérieur mais le musée est bien ouvert. Ici, l’ambiance y est très théâtrale (un comble !) : il n’y a que des employées femmes, dont une femme policière (ce qui est, en France, plus rare qu’en Russie apparemment). Chacune fait ses petites affaires (café, lecture…) et se soucie peu de moi. Etonnant pour un musée. Elles sont assez brutales dans leurs recommandations (« obligation de déposer ses affaires aux vestiaires ! »), mais je pense m’être un peu habituée à cette façon d’aborder les gens et désormais, cela m’amuserait presque.

 

· Mercredi 7 septembre

 

Aujourd’hui, visite de la grande université d’Etat de Moscou, le Mãó. Je suis absolument émerveillée par la grandeur du campus et son activité. Alors que je m’attendais à une université plutôt petite et coincée entre des immeubles, je découvre un véritable espace qui lui est dédié (il y a même une station de métro « Université », où descendent essentiellement des étudiants). Des arbres majestueux, un stade, un alignement de paniers de baskets, un cybercafé… : tout y est. Je m’étonne aussi du style vestimentaire des étudiants : costard-cravate pour les jeunes hommes, talons pour les jeunes filles. Peut-être qu’en Russie étudier dans le supérieur est considéré comme une petite vie professionnelle en soi, une activité hautement sérieuse qui requière un uniforme digne de ça. En France au contraire, à la Sorbonne où j’étudie, les jeunes sont plutôt abonnés au jeans-baskets !

· Jeudi 8 septembre

Ce matin, je me rends dans un centre commercial : un petit trajet en métro le long de la ligne centrale circulaire brune. Et prendre le métro à Moscou reste encore une aventure pour moi, même une semaine après mon arrivée ! Je me retrouve assise seule dans une rame de métro, non contente de m’y être engouffrée avant tout le monde. Je n’avais pas compris l’annonce qui demandait de quitter la rame ! La seule autre personne dans le wagon est un policier, qui me lance un regard noir, tandis que les passagers posent sur moi un regard amusé.

Constat qui me saute aux yeux dans le métro : il y a en Russie une survivance des agents, des personnes « au service » des voyageurs, qui, en France, sont rapidement remplacés par les machines. Il y a encore des dames aux caisses vendant les tickets, encore des agents de sécurité un peu partout, qui prennent l’escalator avec nous, et, plus étonnant, toujours quelqu’un de posté en bas de l’escalator dans une petite cabine (souvent décorée d’un drapeau russe). Je suppose qu’il est censé régler les problèmes techniques de l’escalator, qui, s’il tombe en panne, embêterait un bon nombre de voyageurs !

· Vendredi 9 septembre

Aujourd’hui, je découvre un nouveau quartier, qui me plaît bien : le vieil Arbat. Certes, ça n’est une surprise pour personne car ce quartier est très touristique. C’est même la première fois que je trouve des cartes postales et des boutiques de souvenirs à Moscou !

Je comprends aujourd’hui que Moscou n’est pas uniquement constituée d’avenues géantes et impersonnelles, dépassant largement la dimension humaine décente –tellement qu’on doit les traverser en sous-terrain. En fait, derrière ces autoroutes de centre-ville, se trouvent de petites rues charmantes et encadrées d’arbres.

Observation du jour : il y a très peu d’enfants à Moscou. Ou en tout cas, ils ne sont pas visibles du tout : ni dans le métro, ni dans les rues.

 

 

· Samedi 10 septembre

10h du matin : je prends mon courage à deux mains et décide d’enfiler mes baskets et mon jogging pour aller courir au parc Gorki. Ca n’est pas très pratique, car il me faut d’abord faire une demi-heure de métro pour atteindre le parc. Mais c’est le défi que je me suis lancé

Arrivée au parc Gorki, j’hésite avant d’entrer, car une grande manifestation a l’air de s’y préparer : tous les édifices que j’avais vus en cours de construction samedi dernier sont maintenant sur pied, et une multitude de petits agents circulent dans le parc : ils s’affairent. Ils balaient, montent les derniers détails de leurs édifices (micros, ballons etc). Il semble s’agir d’un salon de l’auto à l’avant du parc, et d’un festival de la lecture à l’arrière. Tout cela est incroyable : près des fontaines et des allées s’alignent des petits restaurants en bois largement décorés de plantes, des hamacs géants (où lire en paix, je suppose), des sortes de podium… Les Moscovites ne sont donc jamais à court d’idées lorsqu’il s’agit d’organiser des événements ! Impressionnant ! Cela confirme mon impression première selon laquelle ce parc est entièrement dévolu au loisir, à la détente, au divertissement. Aujourd’hui, c’est encore plus vrai.

J’imagine que voir quelqu’un courir dans cette ambiance fera un peu tache. C’est comme si je faisais mon jogging au milieu du salon de l’auto au parc des expositions de Versailles ! Cette pensée m’effleure et m’amuse un instant. Qu’importe, j’y suis, et finalement, personne ne me regarde de travers, ni les glaciers en attente de clients lors de cette journée pluvieuse, ni les enfants postés près de la grande scène encore vide.

Je l’ai fait : j’ai couru à Moscou !

Mon après-midi est « française ». Je me rends au centre culturel français avec une amie et deux amies russes, absolument amoureuses de la France. Ce sont elles qui insistent pour que nous nous rendions au café Æàí-Æàê, qui reproduit presque exactement le style café parisien. Un accordéoniste y joue même quelques balades classiques ! Voir la représentation qu’ont de nous les étrangers est toujours intéressante, mais là, cela va plus loin : elle est émouvante.

Une des Russes avec lesquelles je suis me confirme que les Moscovites ne sont pas très friands du sport en pleine rue, comme en France ! Ici, l’on va plutôt au Fitness club.

 

· Dimanche 11 septembre

Il pleut à verses sur Moscou. Mais pas question de louper la visite du Kremlin !

Sortie à la station de métro Bibliothèque Im. Lenina, c’est déjà tout une entreprise qui m’attend : celle de parvenir à atteindre l’autre côté de l’immense boulevard –qui ressemble plus à une autoroute ! Après avoir tourné une demi-heure dans les rues environnantes, je parviens à repérer trois passages piétons. L’un deux, tout près du jardin Alexandrovski jouxtant le Kremlin, est encadré par des gardes. Je m’étais tranquillement arrêtée sur le trottoir pour consulter mon guide du Routard, lorsqu’un des gardes a sauté sur moi en criant « bouh ! ». J’ai crié, il a ri et est remonté sur son mirador en me souriant. Finalement, les forces de l’ordre ne sont peut-être pas si glaçantes.

La visite fut malheureusement pluvieuse, mais splendide. Je rejoins une amie russe, qui s’est proposée de me faire découvrir la ville. En échange, je lui fais pratiquer son français. C’est, ma foi, une proposition intéressante. L’on déjeune des blinis (achetés à la célèbre chaîne Teremok) dans le centre commercial souterrain près du Kremlin. Il y a un monde fou, et tous les magasins sont ouverts ! Apparemment, le dimanche en Russie, la vie continue. Ce centre commercial n’est pour moi pas classique : partout dans les allées, sont postés des petits stands proposant glaces, manucures, essais de lisseurs à cheveux, maquillage etc. Tout est fait pour attirer le client. Une sorte de parc d’attraction des produits de beauté et de santé !

· Lundi 12 septembre

Le métro de Moscou n’a pas fini de m’impressionner : j’entre ce matin par hasard dans un wagon un peu spécial. C’est un wagon sans pub, aucune. Et cette initiative de la ville transforme la voiture en un véritable train, avec sa lumière chaude jaune-orangée, ses cadres de bois et ses murs vierges. Je m’imagine une seconde dans le Transsibérien, en me laissant imprégner par les voix russes autour de moi.

· Mardi 13 septembre

En fin de matinée, je me rends dans le quartier de Kouznetsky Most. Dès la sortie du métro, ce coin de Moscou me charme. L’on sort, comme assez souvent dans cette ville, sous des sortes de petites arcades, ou plus exactement de cours intérieures. Mais ici en particulier, je trouve l’ambiance chaleureuse et populaire : l’espace est restreint, mais des stands de nourriture, boissons, fleurs et autres babioles se collent les uns aux autres.

En voulant tester un fameux chausson fourré dans l’une de ces étales, je remarque une tendance qu’ont les vendeurs ici. Celle de demander systématiquement au client : « vous n’en voulez qu’un ? » (Îäèí ?). Alors même que je dis toujours « un ceci, un cela » ! J’imagine que les Russes –ou les Moscovites- ont l’habitude d’acheter en assez grande quantité, ou du moins par pairs.

Jeudi 15 septembre

Ce soir, je retrouve une amie Moscovite qui s’est proposé de faire ma guide russe, en échange de quoi je lui fais la conversation en français –le grand intérêt des jeunes Russes pour la France me touche. C’est donc parti pour une visite nocturne de Moscou, sorte de « Moscow by night ».

Cette expression convient bien, car nous allons dans un endroit assez huppé de la capitale : la rue Tverskaya, ou les Champs-Elysées moscovites. Cette grande artère n’a, à mes yeux, rien de froid et d’impersonnelle. Elle est animée, impressionnante et classe avec ses magasins chics, ses hôtels flambants neufs (tels que l’Inter continental) et ses immenses statues dédiées aux grands hommes. Les rues sont, là aussi, affublées des stands de nourriture, journaux et autres petites merveilles, ce qui confère à la rue un côté populaire plutôt agréable. Et que dire de la grande et splendide épicerie Elisséïev : un véritable supermarché-musée !

Ici, deux choses retiennent particulièrement mon attention : la ruelle Brioussov Pereulok, perpendiculaire à la Tverskaya. Un petit coin calme et bucolique où l’on semble à mille lieux de la grande artère ! S’y enchaînent les restaurants de tous les pays et surtout, à son entrée, la grande école de théâtre de Moscou. Non loin de là, sur une place, ma « guide » me montre le cinéma de Pouchkine, où sont présentés les grands films internationaux en avant-première. Je trouve l’endroit génial : derrière un parc, le cinéma en impose. Jaune-orange, dans un style soviétique. Dommage qu’une petite manifestation bloque l’accès au parc. Elles sont plutôt rares en Russie d’après ce que je sais ! Il ne s’agit tout de même pas d’une manifestation strictement politique, puisqu’elle concerne la réforme de l’éducation, non pas une critique directe du pouvoir, comme c’est toujours le cas en France.

Mais, outre les façades éclairées du Bolchoï rénové, du Tsoum et de la Douma, ce qui m’a marquée ce soir, c’est l’ambiance des passages souterrains, si nombreux à Moscou. Contrairement à un passage piéton classique en extérieur, où les gens ne font que passer le plus rapidement possible, le passage moscovite souterrain a une vie en soi. Des petites boutiques sont collées les unes et autres, qui proposent toutes sortes d’objets, certes très pratiques, mais qu’on n’a pas l’habitude de voir réunis comme cela à Paris (des barrettes, des chewing-gums, de l’épicerie, des vêtements, des paires de ciseaux, des parapluies…). Ces sortes de petits bazars ne font pas peine à voir, ils sont plutôt joyeux. Tout comme les passants dans cette galerie souterrain bien éclairée, qui peuvent marcher à leur rythme et discuter tranquillement.

· Vendredi 16 septembre

Je découvre aujourd’hui une nouvelle facette de Moscou, que je qualifierais de berlinoise. Après avoir passé le prestigieux pont reliant l’église de la Nativité à l’île (près de l’imposante, et sous certains aspects laide, statue du créateur de Moscou, dans un style très « Disneyland-Paris »), j’arrive dans un quartier très jeune, bobo, artiste. Derrière l’ancienne fabrique rouge brique de chocolat Krasnaya Oktiabr, dont on voit encore l’enseigne, des porches et des cours se succèdent, où l’on trouve toutes sortes de lieux destinés à l’art et au spectacle. Des boîtes de nuit alternatives (ouvertes le jour à ce qui me semble ?), des studios télé, des chapiteaux accueillant des événements, un bar rouge et rose en hauteur… Ici, tout bouge. Les gens sont comme en ébullition. La proximité avec la Moskova, le Kremlin et autres monuments historiques, que l’on aperçoit bien (taches de couleur à l’horizon), ajoutent au charme du coin.

Une chose me frappe aujourd’hui en voyant une femme répondre poliment à la dame pauvre qui vend des légumes en face du Mac Donald’s de l’Arbat : les Russes semblent beaucoup moins ignorer les pauvres. Il est très courant de les voir donner quelques pièces aux mendiants.

· Dimanche 18 septembre

Je me rends aujourd’hui dans le Nord de Moscou, au fameux parc des expositions ou VDNkh. Ce parc géant semble, sous certains aspects, s’être arrêté à l’époque soviétique. Première chose qui frappe, au sens propre : l’immense statue de fer représentant le décollage d’une fusée, haut, très haut dans le ciel. Je suis à la sortie du métro VDNkh. Le long de la route menant au parc, de nombreux vendeurs, généralement des vieilles dames portant le platok, châle typique russe, vendent toutes sortes de choses, et même de petits animaux (lapins, chatons ou chiots). Je ne peux qu’être impressionnée par les pavillons des différentes républiques soviétiques, par la fontaine en or et le véritable avion au fond du parc –les enfants se font photographier sur l’aile. Mais alors que je m’attendais à trouver une sorte de musée à l’intérieur de chaque pavillon, je découvre de formidables centres commerciaux, proposant tout aussi bien des produits typiques des régions russes que des babioles électroniques.

Au début de mon séjour, je m’étonnais du côté oisif du parc Gorki, mais là, cela dépasse toutes mes espérances ! C’est un parc d’attraction géant. L’œil est attiré partout, et des stands de fête foraine alternent avec des stands de kvas et des restaurants en terrasse de chachlik (côtelettes, grillades).

Alors que, depuis le début de mon séjour, au vu du grand nombre de gens me demandant leur chemin dans la rue, je pensais passer pour une Russe, je comprends aujourd’hui que cette façon de s’adresser sans hésitation aux gens dans la rue était en fait une habitude russe. Ce dimanche-là par exemple, en sortant du parc, une femme nous demande, à mon amie et à moi, si une certaine fontaine du parc marche. Je suis persuadée que personne n’irait demander à un inconnu dans la rue ce genre d’informations en France…

· Mardi 20 septembre

Je vais à la gare de Iaroslavl prendre l’elektrichka qui nous mènera à Sergueï Possad, dans la région de Moscou, pour une grande après-midi. Je suis frappée par la désorganisation, ou plus exactement le manque d’informations, qui règne dans les gares de Moscou. Pas moyen de trouver notre quai, auquel –on le comprend 2 minutes avant le départ du train !- on accède en fait en prenant une petite entrée cachée de la gare (ce qui suppose de ressortir de la gare et, au passage, de se faire crier dessus par les employés chargés d’ouvrir les portes « automatiques »). De même dans le train, il n’y a qu’une seule toilette, tout au bout, et introuvable car sans panneau l’indiquant, même sur la porte. On devine juste le contour d’une porte, après que le contrôleur a bien voulu nous y emmener !

Mais j’aime capter l’ambiance des trains ici, surtout celui du retour qui, quoique plus long, me semble être une elektrichka typique avec ses bancs en bois en guise de sièges et ses voyageurs de tous âges, les plus vieux trimballant un nombre impressionnant de gros sacs en toile rayée, et les plus jeunes jouant aux cartes ou écoutant de la musique. C’est, pour nous tous, le retour à la capitale après une journée loin de son agitation.

· Vendredi 23 septembre

Aujourd’hui je peux le dire : je me sens tout à fait à l’aise dans le métro de Moscou. Mais je ne pense toujours pas vivre mes trajets comme les autres Moscovites. Pour moi, cela reste une plongée dans un monde en soi, sous-terrain, avec ses agents de sécurité (hommes et femmes d’ailleurs, qui patrouillent par petits groupes sur les quais et les escalators), ses caissières bleues ciel assises devant leurs icônes aux « kassa » et ses surveillants dans les cabines au bout des escaliers. Ce n’est pas, comme à Paris, un banal « tête-à-tête » entre les voyageurs et le train.

Ce qui me plaît, c’est que je participe à un rituel moscovite tout à fait particulier : celui du rendez-vous dans la station de métro, dans le grand couloir en marbre au centre des deux quais opposés. D’ailleurs, ne sachant pas au début que les rendez-vous « au métro » se faisaient à l’intérieur de celui-ci, j’ai, lors de ma première semaine à Moscou, dû attendre près d’une demi-heure mes amies à l’extérieur de la station avant de comprendre la subtilité de ce genre de points de rencontre ! Mais ce vendredi après-midi, j’attends sous terre, sur les nombreux bancs prévus à cet effet dans le majestueux couloir. Un très grand nombre de gens font la même chose ! Ils attendent leurs amis et n’ont pas l’air de se laisser distraire par le flot continu de voyageurs pressés qui passent en furie devant eux toutes les minutes, ni même par le bruit assourdissant des rails quand un train arrive à quai.

· Dimanche 25 septembre

Aujourd’hui, grande sortie culturelle de prévue : avec trois amies, nous avons pris des places pour aller voir le ballet Figaro au Kremlin même. Une fois le lourd dispositif de sécurité franchi, nous pénétrons dans l’immense bâtiment autrefois destiné aux congrès du Parti Communiste, le Palais étatique du Kremlin. Sans même parler du spectacle (splendide), la découverte de ce palais me subjugue. Déjà, il est immense, démesuré –l’entrée, les escaliers, les fresques à la gloire des ex républiques d’Union soviétique… Les six étages, aux murs de verre, sont meublés de fauteuils et tables basses (si l’on souhaite méditer le programme avant de se rendre au spectacle !) et le dernier niveau, absolument gigantesque, est consacré au « buffet », ou bar du théâtre, où l’on peut se restaurer, déguster un jus de cerises et une « julienne ». Un nombre incalculable de tables en longueur (mais sans chaises) recouvertes de nappes blanches sont disséminées dans cet espace. Bref, la Comédie française, à côté, semble minimaliste –mais plus chiadée !

Plus généralement, je peux dire que le rituel russe de la virée au spectacle m’enchante. Tout d’abord, l’on s’y rend très bien habillé (pas question de mettre un jean). Toutes les femmes sont maquillées, coiffées et portent robe et talons hauts. A la fin de la représentation, au moment des applaudissements, des enfants du public sont envoyés par leurs parents sur scène pour distribuer des fleurs aux artistes. Je n’ai jamais vu ça en France ! Et puis bien sûr, le rituel de la « garde-robe »: gratuite, tout le monde est sommé d’y déposer son manteau et de le récupérer à la fin. Mais attention, ne pas remettre son par-dessus juste après l’avoir récupéré : se rhabiller uniquement un peu plus loin, sur les canapés prévus à cet effet. Je suppose que c’est parce que l’on met plus de temps à se couvrir en Russie (surtout l’hiver) et qu’il vaut donc mieux laisser la place aux autres qui attendent de récupérer leur manteau.

· Vendredi 30 septembre

Le jour du départ est arrivé. Je fais le chemin retour : Aéroexpress de la gare de Biélorussie, direction l’aéroport Sheremetyevo. Sur la route, les grands arbres de la banlieue de Moscou et ses petites échoppes me semblent toujours aussi charmants. Je n’ai l’impression de quitter la Russie qu’une fois arrivée à l’aéroport, ce grand espace internationalisé, où affluent les touristes et les inscriptions en anglais. Cependant, je pense que le nombre démultiplié de contrôles de sécurité à l’aéroport est caractéristique de Moscou –risque terroriste oblige.

Aujourd’hui, en entrant dans l’avion qui ramène en France, je me rends compte du chemin parcouru. Durant ce mois de septembre, j’ai vraiment le sentiment d’avoir capté ce que pouvait être sinon la Russie, du moins la vie dans ce pays. J’ai hâte de retrouver la France et son été indien (à Moscou, on commençait à sortir les manteaux !), mais aussi hâte de poursuivre ma découverte de Moscou en janvier prochain. Le plus dur est fait.


Date: 2016-03-03; view: 956


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