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TABLE DES SÉANCES 63 page

des mots qui sont tout de même des phrases et quelque chose d'essentiellement verbal que, dès les premiers moments, qu'est-ce qu'obtient de l'enfant l'intervention de Mélanie KLEIN ?

 

Sa première réaction est à mon avis presque faramineuse dans son caractère exemplaire :

c'est d'aller se situer…

et c'est dans le texte

…entre deux portes, entre la porte intérieure des cabinets et la porte extérieure, dans un espace noir dont on s'étonne que Mélanie KLEIN…

qui par certains côtés a si bien vu les éléments de structure comme ceux de l'introjection et de l'expulsion, à savoir cette limite du monde extérieur de ce qu'on peut appeler les ténèbres intérieures par rapport à un sujet

…n'a pas vu la portée de cette zone intermédiaire

qui n'est rien de moins que celle que nous distinguons ainsi :

celle où se situe le désir.

 

À savoir cette zone qui n'est ni l'extérieur,

ni l'intérieur, articulée et construite, si réduite dans ce sujet, mais ce qu'on peut appeler…

car nous en trouvons dans certaines structures

du village primitif de ces sortes de zones déblayées entre les deux

…la zone de no man's land :

entre le village et la nature vierge, qui est bien

ce où est resté en panne le désir du petit sujet.

 

 

C'est là que nous voyons intervenir possiblement

le moi, et bien entendu c'est dans toute la mesure où ce moi est non pas faible, mais fort, que viendront comme je l'ai répété toujours et cent fois, s'organiser les résistances du sujet.

 

Les résistances du sujet pour autant qu'elles sont les formes de cohérence mêmes de la construction névrotique, c'est-à-dire de ce dans quoi

il s'organise pour subsister comme désir :

 

- à n'être pas la place de ce désir,

 

- à être abrité du désir de l'Autre comme tel,

 

- à voir s'interposer entre sa manifestation la plus profonde comme désir et le désir de l'Autre, cette distance, cet alibi qui est celui

où il se constitue respectivement comme phobique, hystérique, obsessionnel.

 

Je reviendrai, il le faut, sur un exemple que FREUD nous donne, développé, d'un fantasme. Il n'est pas vain d'y revenir après avoir fait ce détour.

C'est le fantasme « On bat un enfant ».

 

Ici on peut saisir les temps qui nous permettent de retrouver la relation structurale que nous essayons aujourd'hui d'articuler.

 

Qu'avons-nous ?

 

Le fantasme des obsessionnels.

Filles et garçons se servent de ce fantasme pour parvenir - à quoi ? - à la jouissance masturbatoire.

 

La relation au désir est claire.



Cette jouissance, quelle est sa fonction ?

Sa fonction ici est celle de toute satisfaction de besoin dans un rapport avec l'au-delà que détermine l'articulation d'un langage pour l'homme.

 

C'est à savoir que la jouissance masturbatoire ici n'est pas la solution du désir, elle en est l'écrasement, exactement comme l'enfant à la mamelle dans la satisfaction du nourrissage écrase la demande d'amour à l'endroit de la mère.

 

Et aussi bien ceci est presque signé par des témoignages historiques.

 

Je veux dire, puisque nous avons fait allusion en son temps à la perspective hédoniste, à son insuffisance pour qualifier le désir humain comme tel :

n'oublions pas, après tout, que le caractère exemplaire d'un de ses points paradoxaux comme tels, évidemment laissé dans l'ombre de la vie de ceux qui se sont présentés dans l'histoire comme les sages.

 

Et les sages d'une discipline dont la fin, qualifiée de philosophique, était précisément, pour des raisons après tout valables puisque méthodiques, le choix,

la détermination d'une posture par rapport au désir posture qui consiste aussi bien à l'origine

à l'exclure, à le rendre caduc.

 

 

Et toute perspective à proprement parler hédonique participe de cette position d'exclusion, comme

le démontre l'exemple paradoxal que je vais ici vous rappeler, à savoir de la position des cyniques,

pour qui, d'une façon tout à fait catégorique…

la tradition, sous la bouche de CHRYSIPPE[120] si mon souvenir est bon, nous en transmet le témoignage

…c'est-à-dire que DIOGÈNE le cynique affichait…

au point de le faire en public en la manière d'un acte démonstratoire, et non pas exhibitionniste

…que la solution du problème du désir sexuel était, si je puis dire « à la portée de la main de chacun »,

et il le démontrait brillamment en se masturbant.

 

 

Le fantasme de l'obsessionnel est donc quelque chose qui, bien entendu, a un rapport à la jouissance…

dont il est même remarquable que cela

puisse en devenir une des conditions

…mais dont FREUD nous démontre que la structure

a valeur de ce que je désigne comme étant sa valeur d'index puisque ce que ce fantasme pointe, ce n'est rien d'autre qu'un trait de l'histoire du sujet, quelque chose qui s'inscrit dans sa diachronie.

 

C'est à savoir que le sujet, dans un passé

par conséquent oublié, a vu…

nous dit le texte de FREUD

…un rival…

qu'il soit du même sexe

ou d'un autre, peu importe

…subir les sévices de l'être aimé…

en l'occasion du père

…et a trouvé dans cette situation originelle son bonheur.

 

En quoi l'instant fantasmatique perpétue-t-il,

si l'on peut dire, cet instant privilégié de bonheur ?

 

C'est ici que la phase intermédiaire qui nous est désignée par FREUD prend sa valeur démonstrative.

Ce n'est pour autant que dans un temps, nous dit FREUD, qui ne peut être que reconstruit - ceci se signale dans le fait que dans FREUD nous ne trouvons le témoignage que de certains moments inconscients qui sont à proprement parler inaccessibles comme tels. Qu'il ait tort ou raison dans le cas précis, déterminé, pour l'instant c'est hors de question.

 

Aussi bien n'a-t-il pas tort, mais l'important c'est qu'il désigne cette étape intermédiaire comme quelque chose qui ne peut être que reconstruit, et cette étape intermédiaire entre le souvenir historique

en tant qu'il désigne le sujet dans un de ses moments de triomphe, souvenir historique, lui, qui n'est que refoulé, au pire, et qui peut être ramené au jour,

ce en quoi l'instant fantasmatique y joue le rôle d'index, éternise si l'on peut dire ce moment,

en faisant le point d'attache de quelque chose

de tout différent, à savoir du désir du sujet.

 

Eh bien ceci ne se passe que par rapport à un moment intermédiaire que j'appellerai ici, bien que ce soit un point où il ne puisse être que reconstruit,

comme à proprement parler métaphorique.

 

Car de quoi s'agit-il dans ce moment intermédiaire, ce deuxième temps dont FREUD nous dit qu'il est essentiel à la compréhension du fonctionnement

de ce fantasme ?

 

C'est de ceci :

c'est qu'à l'autre, le frère rival qui est la proie de la colère et du châtiment infligé par l'objet aimé, le sujet se substitue lui-même. C'est-à-dire que dans ce second temps c'est lui qui est châtié.

 

Nous nous trouvons là devant l'énigme à l'état nu

de ce que comporte cette métaphore, ce transfert.

 

Qu'est-ce que le sujet y cherche ?

Quelle étrange voie pour la suite à donner à son triomphe que cette façon de passer lui-même à son tour par les fourches caudines de ce qui a été à l'autre infligé !

 

Est-ce que nous ne nous trouvons pas là devant l'énigme dernière…

FREUD aussi bien ne le dissimule pas

…de ce qui vient s'inscrire dans la dialectique analytique comme masochisme, et dont on voit après tout, ici sous une forme pure se présenter la conjonction ?

 

C'est à savoir que quelque chose dans le sujet perpétue le bonheur de la situation initiale dans

une situation cachée, latente, inconsciente, de malheur.

 

Que ce dont il s'agit dans ce second temps hypothétique, c'est en somme d'une oscillation, d'une ambivalence, d'une ambiguïté plus précisément de ce que l'acte

de la personne autoritaire, en l'occasion le père, comporte de reconnaissance.

 

La jouissance que prend là le sujet est ce vers quoi il glisse d'un accident de son historique à une structure où il va apparaître comme être, comme tel.

 

C'est ceci :

que c'est dans le fait de s'aliéner…

c'est-à-dire de se substituer

ici à l'autre comme victime

…que consiste le pas décisif de sa jouissance en tant qu'elle aboutit à l'instant fantasmatique où il est plus « on » que lui-même.

 

D'une part instrument de l'aliénation en tant qu'elle est dévalorisation, il est « on bat » d'un côté,

et c'est pourquoi jusqu'à un certain point j'ai pu vous dire qu'il devient purement et simplement l'instrument phallique en tant qu'il est ici instrument de son annulation.

 

Confronté à quoi ?

 

À « on bat un enfant », un enfant sans figure, un enfant qui n'est plus rien que l'enfant originel, ni non plus l'enfant qu'il a été au second temps lui-même, dont il n'y a aucune, même spéciale, détermination de sexe. L'examen de la succession des fantasmes échantillonnés dont nous parle FREUD le montre. Il est confronté à ce qu'on peut appeler une sorte d'extrait de l'objet.

 

C'est dans cette relation pourtant, du fantasme

que nous voyons pointer à ce moment, ce qui pour

le sujet fait l'instant privilégié de sa jouissance.

 

Nous dirons que le névrosé…

et nous verrons la prochaine fois comment nous pouvons lui opposer quelque chose de très particulier, non pas la perversion en général, car ici la perversion dans ce que nous explorons comme structure joue un rôle de point pivot, mais où nous pouvons lui opposer quelque chose de très spécial, et dont le facteur commun ne semble pas avoir été trouvé jusqu'ici, c'est à savoir l'homosexualité

…mais pour nous en tenir aujourd'hui ici au névrosé, sa structure la plus commune, fondamentale réside en fin de compte en ceci que s'il se désire désirant, désirant quoi ?

 

Quelque chose qui n'est en fin de compte que ce qui lui permet de soutenir dans sa précarité, son désir comme tel. Sans savoir que toute la fantasmagorie est faite pour cela, à savoir que ce sont ses symptômes mêmes qui sont le lieu où il trouve sa jouissance, ces symptômes pourtant si peu satisfaisants en eux-mêmes.

 

Le sujet donc se présente ici comme je ne dirai point un « être pur »…

ce dont je suis parti pour vous indiquer ce que voulait dire le rapport de cette manifestation particulière du sujet au réel

…mais un « être pour ».

 

L'ambiguïté de la position du névrosé est tout entière ici, dans cette métonymie qui fait que c'est dans cet « être pour » que réside tout son pour être.

 


 

17 Juin 1959Table des séances

 

 

Il y a quelque chose d'instructif, je ne dirai pas jusque dans les erreurs, mais même surtout dans les erreurs,

ou dans les errances si l'on veut.

 

Vous me voyez assez constamment utiliser

les hésitations mêmes, voire les impasses,

qui se manifestent dans la théorie analytique, comme étant par elles-mêmes révélatrices d'une structure

de la réalité à laquelle nous avons affaire.

 

À cet égard, il est clair qu'il y a quelque chose d'intéressant, de remarquable, de significatif pour nous, dans des travaux pas tellement anciens puisque celui, par exemple, auquel je me référerai est de 1956 : numéro de Juillet-Octobre de l'International journal of Psycho-analysis, volume XXXVII.

 

C'est un article, je crois, de quelques uns de nos collègues parisiens, je ne désignerai pas leurs noms, puisque ce n'est pas leur position en tant que personnelle qui est ainsi visée.[121]

 

C'est un effort pour mettre au point le sens de la perversion. Et il est clair que dans cet article - extrêmement curieusement - réservé dans ses conclusions,

il ne ressort vraiment que cette conclusion formellement articulée :

 

« Il n'y a, par conséquent, aucun contenu inconscient spécifique dans les perversions sexuelles puisque les mêmes trouvailles peuvent être reconnues dans les cas des névroses et des psychoses. »

Il y a là quelque chose d'assez frappant que tout l'article illustre, et on ne peut pas dire

d'une façon qui soit absolument convaincante car…

sans même avoir besoin de

prendre un très grand recul

…on s'aperçoit que tout l'article part sur

une confusion vraiment constamment maintenue

entre « fantasme pervers » et « perversion ».

 

Du fait qu'il y a des fantasmes conscients et inconscients qui se recouvrent, que les fantasmes

se manifestent avec l'apparence de se recouvrir dans les névroses et dans les perversions, on en conclut…

avec cette étonnante aisance

…qu'il n'y a pas de différence fondamentale, au point de vue de l'inconscient, entre névrose et perversion !

 

Il y a là une des choses les plus étonnantes où certaines réflexions, qui elles-mêmes se présentent sans précautions […] assez libre de la tradition analytique et se présentent comme une sorte

de révision des valeurs et des principes.

 

La seule conclusion à quoi on s'arrête en fin de compte, c'est que c'est une relation en somme anormale qui, dans la perversion, est érotisée.

 

Ce n'est point donc d'un rapport à l'objet qu'il s'agit, mais plutôt d'une valorisation d'une relation […] et comme telle érotique, ce qui tout de même…

après un examen tant soit peu sensé,

à la reprise de la lecture

…ne peut apparaître vraiment autre chose que comme quelque cause de « la vertu dormitive »[122]. Cela correspond à l'objet, qu'elle soit érotisée, ce n'est pas douteux!

 

En fait, c'est bien de cette question du rapport

du fantasme et de la perversion que nous sommes amenés à nous occuper aujourd'hui, à la suite de

ce que nous avons approché la dernière fois, à savoir nous avons commencé d'indiquer les termes les plus généraux du rapport du fantasme à la névrose.

 

Un tout petit mot d'histoire.

 

Ce qui s'est passé dans l'analyse…

et c'est important ici à rappeler et, je dirais, à la lumière de notre progrès, peut être approché, serré d'une façon plus rigoureuse

…c'est essentiellement ceci :

c'est qu'en somme très peu de temps après avoir articulé les fonctions de l'inconscient…

ceci tout à fait spécialement à propos

de l'hystérie, des névroses et du rêve

…FREUD a été amené à poser la présence dans l'inconscient de ce qu'il a appelé « tendances perverses polymorphes », « polymorph perverse Anlage » [ Drei Abhandlungen zur Sexualtheorie, 1905 ].

 

C'est de là et c'est là pendant un certain temps…

très dépassé maintenant, bien sûr

…que l'on en est resté.

 

Et ce qu'il semble que l'on ait manqué à articuler, c'est que ce dont il s'agit…

cette notion de « tendances perverses polymorphes »

…ce n'est rien que ceci :

c'est qu'il a découvert la structure des fantasmes inconscients.

 

La structure des fantasmes inconscients ressemblait au mode relationnel qui s'épanouit, qui s'étale

au grand jour, qui se démontre dans les perversions.

 

Et ainsi, la notion dans l'inconscient

de la « tendance perverse polymorphe » a été d'abord posée.

 

En fin de compte, ceci peut être dit, cela relevait du fait que la forme de ces fantasmes inconscients recouvre quoi ?

 

Ce qui est une partie de la perversion, ce qui se présente à nous dans la perversion sous l'aspect suivant, que nous pouvons essayer d'articuler,

à savoir quelque chose qui occupe le champ imaginatif,

le désir, celui qui constitue le désir du pervers.

 

 

Et ce quelque chose qu'en somme le pervers met en scène, ce quelque chose comme quoi cela se présente dans

son aspect patent en clinique, est quelque chose

qui pour nous…

avec ce que nous connaissons, avec la relation que nous avons faite de ces fantasmes à l'histoire du sujet, là où nous réussissons à

le rattacher, si vous voulez, à cette histoire

…c'est en somme que le fantasme du pervers se présente :

 

- comme quelque chose que l'on pourrait appeler une séquence, je veux dire comme on pourrait l'appeler dans un movie, dans un film cinématographique, j'entends une séquence coupée du développement du drame,

 

- quelque chose comme on voit apparaître sous le nom - je ne suis pas sûr du terme - de rush :

cet élément qui dans les films-annonces nous apparaît sur l'écran comme étant ces quelques images éclairées qui sont faites pour exciter notre appétit de revenir la semaine prochaine voir le film, précisément, qui est ainsi annoncé.

 

 

Ce qu'ont de séduisant ces images tient bien,

en effet, à leur côté de désinsertion de la chaîne, de rupture par rapport au thème.

 

Et c'est bien de quelque chose de cet ordre

qu'il s'agit dans le fantasme du pervers.

Ceci, nous le savons pour autant que l'analyse

nous a appris à y voir.

 

C'est en effet quelque chose qui, jusqu'à un certain degré…

replacé dans son contexte, dans sa suite dramatique, celle du passé du sujet

peut à différents degrés…

voire au prix de quelques modifications, retouches, transformations à l'envers

…reprendre sa place et son sens.

 

Aussi bien, ce rapport qu'a le fantasme du pervers

à son désir, n'est-ce pas pour rien…

Je veux dire : c'est bien dans le relief de ce que déjà nous, dans notre formulation, nous avons déjà situé de la valeur, de la position du désir par rapport au sujet, je veux dire cet au-delà du nommable, cet au-delà du sujet dans lequel se situe ce désir.

 

C'est là, je le dis rétrospectivement et en passant,

c'est quelque chose qui nous explique la qualité propre dont le fantasme se revêt quand il s'avoue, qu'il soit ou non celui du pervers. À savoir cette sorte de gêne qu'il faut bien nommer, dans sa pointe, celle qui effectivement retient longtemps souvent

les sujets de le livrer, à savoir cette face ridicule, qui ne s'explique, ne se comprend que si déjà nous avons pu apercevoir les relations que nous avons faites entre le désir dans sa position propre et le champ, le domaine de la comédie. Ceci n'est qu'un rappel.

 

Et ayant rappelé cette position, cette fonction

du fantasme spécialement à propos du pervers,

et les problèmes qui sont donc posés tout de suite :

- de savoir quelle était leur nature réelle,

- si elle était d'une nature en quelque sorte radicale, naturelle,

- si elle était un terme dernier, cette nature du fantasme pervers,

- ou bien s'il fallait y voir d'autres choses d'aussi complexe, d'aussi élaboré, pour tout dire, d'aussi significatif que le symptôme névrotique.

 

C'est bien là pourquoi toute une élaboration

qui s'est faite, s'est intégrée au problème de

la perversité, et qui a pris une part essentielle dans l'élaboration de ce qu'on appelle « la relation d'objet » ou du rapport à l'objet, comme devant être défini d'une façon évolutive, d'une façon génétique :

comme réglant les stades, les phases du développement du sujet, non pas simplement comme « momentalités » de l'Éros du sujet, […], donc sexuels, phases érogènes du sujet, mais modes d'une relation au monde

que chacune de ces phases définit.

 

C'est à partir de là que se sont faits…

tant par ABRAHAM, par FERENCZI que par d'autres, je n'ai pas besoin de vous en rappeler ici les initiateurs

…que se sont faits ces tableaux dits des « phases corrélatives » dites d'une part de « réservoirs de tendances », « formes libidinales de l'ego » d'autre part.

 

Dans cette forme de la libido, cette structure

de l'ego semblait répondre et spécifier à un type

de relation spéciale à la réalité.[123]

 

Vous savez ce que, d'une part cette sorte d'élaboration

a apporté de clarté, voire d'enrichissement,

ce qu'elle a pu d'autre part poser de problèmes.

 

Il suffit de se rapporter au moindre des travaux…

pour le moins des travaux concrets essayant effectivement d'articuler à propos d'un cas précis, d'une forme précise

…de retrouver les correspondances, établies toujours d'une façon un peu théorique, pour s'apercevoir

que le problème est quelquefois par lui-même,

dans son développement, suggestif de quelque chose,

d'une estimation […] qui lui manque.

 

Je vous rappelle donc que c'est à cela…

à ce terme « recherche de l'ensemble de la relation de l'objet »

…c'est cela que nous disons, c'est cela que

je désigne quand il s'agit par exemple d'opposition comme telle entre « objet partiel », et « objet total »

qui apparaît sous une forme élaborée,

à notre avis inappropriée.

 

Dans les élaborations plus récentes, par exemple celle de la fameuse notion de « distance à l'objet »,

si dominante dans des travaux, des règles techniques auxquelles j'ai maintes fois fait allusion ici,

cette notion de « distance à l'objet » telle qu'un auteur français en particulier veut faire décisive dans

la relation de la névrose obsessionnelle. [ Maurice Bouvet ]

 

Comme s'il n'était pas évident, et bien plus évident encore, que par exemple cette notion de « distance »

joue un rôle décisif quand on veut simplement essayer d'articuler certaines positions perverses, celle du fétichisme par exemple, où la distance d'un objet est bien plus évidemment manifestée par la phénoménologie même du fétichisme.

 

Bien d'autres formes sont évidemment articulables dans ce sens et la première des vérités que

nous aurions là-dessus à apporter est qu'assurément cette notion de « distance » est même si essentielle qu'après tout, peut-être bien est-elle inéliminable comme telle du désir lui-même, je veux dire nécessaire au maintien, au soutien, à la sauvegarde même de la dimension du désir.

 

Il suffit en effet de considérer que si quelque chose peut répondre enfin au mythe d'un rapport à l'objet sans distance, on voit mal en effet comment pourrait se soutenir ce qui est à proprement parler le désir.

 

Il y a là quelque chose qui, je le dis, a une forme proprement mythologique, celle d'une sorte d'accord.

 

Je dirais qu'il y a deux faces, deux mirages,

deux apparences d'accord

- je dirais « animal » d'un côté,

- on pourrait aussi bien dire d'ailleurs, d'un autre côté, « mystique », n'est-ce pas ?

…avec l'objet qui est bien un reste, à l'intérieur

de l'élaboration analytique, de quelque chose qui ne coïncide nullement avec les données de l'expérience.

 

Aussi bien d'ailleurs, ce qui est indiqué dans la technique analytique comme devant corriger, rectifier cette prétendue « mauvaise distance maintenue à l'objet » de l'obsessionnel, chacun sait de la façon la plus claire que ceci

est indiqué comme devant être surmonté hic et nunc

dans le rapport analytique, et ceci par une identification idéale, voire idéalisante avec l'analyste considéré lui-même

à cette occasion comme non pas l'objet, mais le prototype d'une relation satisfaisante à l'objet !

 

Nous aurons à revenir à ce à quoi peut correspondre exactement un tel idéal pour autant qu'il est réalisé dans l'analyse.

Je l'ai déjà abordé, mais nous aurons peut-être à


Date: 2016-03-03; view: 479


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