qu'il a à se situer devant le désir de l'Autre qui pourtant littéralement l'aspire et le laisse sans recours, c'est dans ce drame de la relation du désir du sujet au désir de l'Autre que se constitue une structure essentielle,
non seulement de la névrose, mais de toute autre structure analytiquement définie.
Nous commençons par la névrose, nous sommes assez loin, partis de la perversion, pour que vous puissiez entrevoir que la perversion aussi y est liée.
Néanmoins soulignons-le, nous ne l'avons fait entrer, cette perversion, que dans ce moment instantané
du fantasme, du fantasme pour autant que le passage à l'acte
dans la perversion, et dans la perversion seulement, le révèle.
Dans la névrose…
dont il s'agit pour nous de serrer
de près pour l'instant ce qui a rapport à
cette structure que j'articule devant vous
…c'est ce moment fécond de la névrose que je vise dans le cas du Petit Hans, parce que là il s'agit d'une phobie, c'est-à-dire la forme la plus simple
de la névrose, celle où nous pouvons toucher du doigt le caractère de la solution, celui que je vous ai déjà articulé longuement à propos du Petit Hans en vous montrant l'entrée en jeu de cet objet, l'objet phobique, en tant qu'il est un signifiant à toutes fins.
Il est là, pour occuper cette place entre le désir du sujet et le désir de l'Autre, une certaine fonction qui est une fonction de protection ou de défense.
Là-dessus il n'y a aucune ambiguïté sur la formulation freudienne.
La peur de l'objet phobique est faite pour protéger le sujet de quoi ?
C'est dans FREUD : de l'approche de son désir.
Et c'est en regardant les choses de plus près
que nous voyons ce dont il s'agit :
de son désir en tant qu'il est sans armes par rapport
à ce qui dans l'Autre, la mère en l'occasion, s'ouvre pour Hans comme le signe de sa dépendance absolue.
Elle l'emmènera au bout du monde.
Elle l'emmènera plus loin encore, elle l'emmènera aussi loin et aussi souvent :
- qu'elle-même disparaît, s'éclipse,
- qu'elle est la personne qui à ce moment peut lui paraître non plus seulement comme celle qui pourrait répondre à toutes ses demandes.
Elle lui apparaît avec ce mystère supplémentaire d'être elle-même ouverte à un manque dont le sens apparaît à ce moment-là à Hans, d'être dans
un certain rapport au phallus que pourtant - ce phallus - il n'a pas.
C'est au niveau du manque à être de la mère que s'ouvre pour Hans le drame qu'il ne peut résoudre qu'à faire surgir ce signifiant de la phobie dont je vous ai montré la fonction plurivalente :
une espèce de clé universelle, de clé à toutes fins qui lui sert à ce moment-là à se protéger contre
ce que, d'une façon univoque, tous les analystes expérimentés ont perçu, contre le surgissement
d'une angoisse plus redoutable encore que la peur liée,
que la peur fixée de la phobie.
Ce moment, en tant qu'il est relation du désir,
qu'il est quelque chose qui va…
dans la structure du fantasme,
[Sàa]dans l'opposition S à (a)
…donner à ce S :
- quelque chose qui en allège la part, qui en soutient la présence,
- qui est quelque chose où le sujet se raccroche,
- ce point où en somme va se produire le symptôme… le symptôme au niveau le plus profond dans la névrose, c'est-à-dire pour autant qu'il intéresse de la façon la plus générale, la position du sujet
…c'est cela qui mérite ici d'être articulé.
Si vous voulez procédons dans cet ordre :
- d'être articulé d'abord,
- puis à nous demander, si cette structure du fantasme est si fatale : comment quelque chose… qui se tient au bord de ce point de perte, de ce point de disparition indiqué dans la structure du fantasme comme ce quelque chose qui se tient au bord, qui se soutient à l'entrée du tourbillon du fantasme
…comment ce quelque chose est possible ?
Car il est bien clair que c'est possible. Le névrosé accède au fantasme. Il y accède à certains moments élus de la satisfaction de son désir.
Mais tous, nous savons :
- que ce n'est là qu'une utilisation fonctionnelle du fantasme,
- que son rapport par contre à tout son monde et spécialement ses rapports aux autres, aux autres réels…
c'est là que nous en arrivons maintenant …est profondément marqué par quoi ?
On l'a toujours dit : par une pulsion refoulée.
Cette pulsion refoulée, c'est sa relation que nous essayons d'articuler un peu mieux, de façon un peu plus serrée, d'une façon aussi cliniquement plus évidente.
Nous allons tout simplement voir comment cela est possible.
Nous allons tout de même indiquer comment cela se présente.
Prenons l'obsessionnel, si vous voulez, et l'hystérique.
Prenons-les ensemble, pour autant que dans un certain nombre de traits nous allons les voir s'éclairer
l'un par l'autre.
L'objet du fantasme, pour autant qu'il débouche
sur ce désir de l'Autre, il s'agit de ne pas l'approcher,
et pour cela évidemment il y a plusieurs solutions.
Nous avons vu celle qui est liée à la promotion de l'objet phobique, à l'objet d'interdiction.
D'interdiction de quoi ?
En fin de compte d'une jouissance qui est dangereuse parce qu'elle ouvre devant le sujet l'abîme du désir comme tel.
Il y a d'autres solutions, je vous les ai déjà indiquées sous ces deux formes schématiques dans
le rapport de Royaumont. Le désir du sujet,
le sujet peut le soutenir devant le désir de l'Autre.
Il le soutient de deux façons :
- comme désir insatisfait, c'est le cas des hystériques.
- Je vous rappelle l'exemple de « la belle bouchère » où cette structure apparaît d'une façon si claire, ce rêve dans les associations duquel apparaît la forme, en quelque sorte avouée, de l'opération de l'hystérique. La belle bouchère désire manger du caviar, mais elle ne veut pas que son mari le lui achète, parce qu'il faut que ce désir reste insatisfait.
Cette structure, qui est là imagée dans une petite manœuvre qui forme d'ailleurs la trame et le texte de la vie quotidienne de ces sujets, va beaucoup plus loin en fait. Elle veut dire - cette historiette –
la fonction que l'hystérique se donne à elle-même :
- c'est elle qui est l'obstacle,
- c'est elle qui ne veut pas.
C'est-à-dire que dans ce rapport du sujet à l'objet dans le fantasme, elle vient occuper cette même position tierce qui était tout à l'heure dévolue au signifiant phobique, mais d'autre façon.
C'est elle qui est l'obstacle, c'est elle qui est l'enjeu en réalité. Et sa jouissance est d'empêcher justement le désir dans les situations qu'elle trame elle-même.
Car c'est là une des fonctions fondamentales du sujet hystérique dans les situations qu'elle trame :
sa fonction est d'empêcher le désir de venir à terme pour en rester elle-même l'enjeu.
Elle prend la place de ce que nous pourrions appeler d'un terme anglais « a puppet [119] », c'est-à-dire quelque chose comme « un mannequin ». Puppet a un sens plus étendu, plus général, c'est « un faux semblant » [ simulacre, marionnette ].
L'hystérique, pour autant que dans une situation
si fréquemment observée qu'elle est vraiment,
dans les observations, reconnaissable en clair…
il suffit d'en avoir la clef qui est celle de
sa position entre :
- une ombre qui est son double,
- une femme qui est, de façon cachée, ce point précisément où se situe, où s'insère son désir pour autant qu'il faut qu'elle ne le voie pas
…l'hystérique s'institue…
se présente elle-même dans l'occasion
…comme le ressort de la machine, celle qui les suspend et les situe l'une par rapport à l'autre comme des sortes de marionnettes où elle a elle-même à se soutenir dans ce rapport dédoublé qui est celui Sàa.
L'hystérique est pourtant dans le jeu elle-même sous la forme de celle qui en fin de compte est l'enjeu.
L'obsessionnel a une position différente.
La différence de l'obsessionnel par rapport à l'hystérique est de rester, lui, hors du jeu.
Son véritable désir vous l'observerez…
fiez-vous à ces formules quand vous aurez affaire aux sujets cliniquement ainsi qualifiables
…l'obsessionnel est quelqu'un qui n'est jamais véritablement là, à la place où quelque chose est
en jeu qui pourrait être qualifié : « son désir ».
Là où il risque le coup, apparemment, ce n'est pas là qu'il est.
C'est de cette disparition même du sujet - le S–
au point d'approche du désir, qu'il fait, si l'on peut dire, son arme et sa cachette :
il a appris à se servir de cela pour être ailleurs.
Et - observez-le bien - ceci bien sûr, il ne le peut…
parce qu'il n'y a pas d'autre place que celle
qui était réservée jusqu'ici à la structure instantanée, relationnelle, de l'hystérique
…il ne le peut qu'en déployant dans le temps, en temporalisant cette relation, en remettant toujours au lendemain son engagement dans ce vrai rapport du désir.
C'est toujours pour demain que l'obsessionnel réserve l'engagement de son véritable désir.
Ce n'est pas dire qu'en attendant ce terme,
il n'engage rien. Bien loin de là ! Il fait ses preuves.
Bien plus ! Il peut aller jusqu'à considérer ces preuves, ce qu'il fait, comme un moyen de s'acquérir des mérites. Des mérites à quoi ?
À la référence de l'Autre à l'endroit de ses désirs.
Ces choses…
vous les constaterez bel et bien
…s'avouant à tout bout de champ, même si l'obsessionnel
ne le reconnaît pas comme tel, ce mécanisme.
Mais il est important que vous soyez capable
de le reconnaître pour le désigner. Car après tout
c'est bien là quelque chose - je le dis - d'importun que d'écraser ce mécanisme sous la forme de ce
qu'il entraîne dans son sillage, à savoir toutes
ces relations inter-subjectives qui ne se conçoivent qu'ordonnées par rapport à cette relation,
ou à ces relations fondamentales telles que j'essaye ici de les articuler pour vous.
Qu'est-ce qu'en fin de compte cela veut dire ?
Je veux dire, avant même de nous demander comment cela est possible, qu'est-ce que nous voyons poindre dans cette position névrotique ?
Il est clair que ce que nous voyons poindre
c'est au moins ceci :
l'appel au secours du sujet pour soutenir son désir, pour le soutenir, en présence et en face du désir de l'Autre, pour se constituer comme désirant.
C'est cela que je vous indiquais la dernière fois, c'est que la seule chose qu'il ne sait pas,
c'est que, se constituant comme désirant, sa démarche est profondément marquée par quelque chose qui est
là derrière, à savoir le danger que constitue cette pente du désir.
De sorte que se constituant comme désirant,
il ne s'aperçoit pas :
- que dans la constitution de son désir il se défend contre quelque chose,
- que son désir même est une défense et ne peut pas être autre chose.
Encore…
pour que ceci puisse se soutenir
…est-il clair que dans chaque cas il appelle à l'aide une chose qui se présente dans une position tierce par rapport à ce désir de l'Autre :
quelque chose où il puisse se placer pour que
la relation aspirante, évanouissante de l'S
devant le (a), soit tenable [Sàa].
C'est dans la relation à l'autre, l'autre réel,
que nous voyons suffisamment indiqué le rôle
de ce qui permet au sujet de symboliser.
Car il ne s'agit pas d'autre chose que de symboliser sa situation, à savoir de maintenir en acte quelque chose où il puisse se reconnaître comme sujet, se satisfaire comme sujet, tout étonné qu'il est finalement de voir que ce sujet qui se soutient, il se trouve en proie à toutes sortes d'attitudes contorsionnées et paradoxales qui le désignent à lui-même…
dès qu'il peut avoir la moindre vue
réfléchie sur sa propre situation
…comme un névrosé en proie à des symptômes.
Ici intervient cet élément que l'expérience analytique nous a appris à mettre en un point-clé des fonctions signifiantes
et qui s'appelle le phallus.
Si le phallus a la position-clé que je désigne à l'instant, c'est très évidemment en tant que signifiant,
que signifiant lié à quelque chose qui a un nom dans FREUD, et
dont FREUD n'a absolument pas dissimulé la place dans l'économie inconsciente elle-même, c'est à savoir la loi.
À cet égard, toute espèce de tentative de ramener
le phallus à quelque chose qui s'équilibre, qui se compose avec tel autre correspondant fonctionnel dans l'autre sexe, est quelque chose qui bien entendu, du point de vue de l'interrelation du sujet, a sa valeur si l'on peut dire génétique, mais qui ne peut s'exercer, se faire qu'à la condition de méconnaître ce qui est tout à fait essentiel dans la valorisation du phallus comme tel.
Il n'est pas purement et simplement un organe.
Là où il est un organe, il est instrument d'une jouissance, il n'est pas, à ce niveau, intégré dans le mécanisme du désir, parce que le mécanisme du désir est quelque chose qui se situe à un autre niveau, que pour comprendre ce qu'est ce mécanisme du désir il faut
le définir vu de l'autre côté, c'est-à-dire une fois les relations de la culture instituées et à partir
ou non du mythe du meurtre primordial.
Le désir…
de toutes les demandes
…se distingue en ceci qu'il est une demande soumise à la loi.
Cela a l'air presque d'enfoncer une porte ouverte, mais c'est tout de même de cela qu'il s'agit
quand FREUD nous fait la distinction :
- des demandes qui répondent à des besoins dits de conservation de l'espèce ou de l'individu,
- et de celles qui sont sur un autre plan.
C'est pourquoi, nous dire que celles qui sont
sur cet autre plan se distinguent des premières
en ce sens qu'elles peuvent être atermoyées…
Mais après tout si le désir sexuel peut être atermoyé dans ses effets, dans son passage à l'acte chez l'homme, c'est d'une façon assurément ambiguë.
Il peut être atermoyé ?
Pourquoi peut-il l'être plus chez l'homme
que chez les animaux où après tout, il ne souffre pas tellement d'atermoiements ?
C'est en raison sans aucun doute d'une souplesse génétique. C'est aussi et essentiellement…
car rien n'est articulé dans l'analyse
si on ne l'articule pas à ce niveau
…pour autant que c'est sur ce désir sexuel lui-même qu'est édifié l'ordre primordial d'échanges qui fonde la loi par laquelle entre à l'état vivant le nombre
comme tel dans l'inter-psychologie humaine.
La loi dite de l'alliance et de la parenté par quoi nous voyons ceci apparaître :
que le phallus, fondamentalement, c'est le sujet en tant qu'objet de ce désir, cet objet étant soumis à ce que nous appellerons la loi de la fécondité.
Et aussi bien c'est ainsi que chaque fois qu'on fait intervenir d'une façon plus ou moins dévoilée et plus ou moins initiatique le phallus, il est…
à ceux qui participent à cette initiation
…dévoilé.
Si la fonction du père, pour le sujet, en tant qu’« auteur de ses jours » comme on dit, n'est que le signifiant de ce que j'appelle ici la loi de la fécondité…
pour autant qu'elle règle,
qu'elle noue le désir à une loi
…effectivement cette signification fondamentale
du phallus est ce dont part toute la dialectique du désir :
- pour autant que le désir, en tant que s'y exprime l'être du sujet, au point de sa perte, s'interpose sur le trajet :
de cette fonctionnalisation du sujet en tant que phallus,
de ce par quoi le sujet se présente dans la loi d'échange définie par les relations fondamentales réglant les inter-réactions du désir dans la culture.
- C'est pour autant que le sujet est, en tant
qu'à partir d'un certain moment il n'est plus,
il manque à être, il ne peut plus se saisir.
C'est de la rencontre de ceci avec sa fonction phallique…
avec sa fonction phallique dans les liens réels
des rapports avec les autres réels,
de la génération réelle de la lignée
…c'est ici que se produit le point d'équilibre
qui est celui où nous nous sommes arrêtés à la fin
du rêve du patient d'Ella SHARPE.
Si j'ai branché toute la grande digression sur HAMLET à ce niveau, c'est pour autant que ce sujet nous présentait dans son rêve, sous la forme la plus pure, cette alternance du « To be or not… », dont j'ai fait déjà tellement état.
C'est à savoir ce sujet qui se qualifiait lui-même comme « personne », ce sujet au moment où il approche de son désir :
- où il y met tout juste le doigt,
- où il a à choisir de n'être personne ou d'être pris, absorbé entièrement dans le désir dévorant de la femme,
- que tout de suite après il est sommé d'être ou de « ne pas être » : de faire venir au jour le « to be » de la seconde partie qui n'a pas le même sens que dans la première, le « ne pas être » de la structure primordiale du désir
…se voit offert à une alternative :
pour être, c'est-à-dire être le phallus, il doit être le phallus pour l'Autre, le phallus marqué.
Pour être ce qu'il peut être comme sujet,
il est offert à la menace du « ne pas l'avoir ».
Si vous me permettez de me servir d'un signe dit logique qui est le V [ vel ] dont on se sert pour désigner le « ou bien…, ou bien… » de la distinction, le sujet voit s'ouvrir pour lui le choix entre :
- le « ne pas l'être » : ne pas être le phallus
- ou s'il l'est : « ne pas l'avoir », c'est-à-dire être le phallus pour l'autre, le phallus dans la dialectique intersubjective.
C'est de cela qu'il s'agit.
Et c'est dans ce jeu que le névrosé éprouve l'approche, l'intégration de son désir comme une menace de perte.
Le « pas Un » à quoi se désigne le S dans la structure fondamentale du désir, se transforme dans un :
- « 1 en trop »,
- ou « quelque chose en trop »
- ou « quelque chose en moins »,
…dans la menace de la castration pour l'homme, ou
dans le phallus ressenti comme absence pour la femme.
C'est pourquoi on peut dire qu'à l'issue de la démystification analytique de la position du névrosé, quelque chose semble rester dans la structure…
tout au moins ce dont nous témoigne
FREUD dans sa propre expérience
…qui se présente comme un reste, comme quelque chose qui pour le sujet, le fait dans tous les cas rester dans une position inadéquate, celle du péril pour le phallus chez l'homme, celle de l'absence du phallus chez la femme.
Mais aussi bien c'est peut-être pour autant :
- que dans le biais adopté d'abord pour la solution du problème névrotique, la dimension transversale, ce en quoi le sujet dans son désir a affaire à la manifestation de son être comme tel, à lui comme auteur possible de la coupure, cette dimension est négligée,
- qu'en d'autres termes la visée de l'analyste va à la réduction de la position névrotique du désir et non pas au dégagement de la position du désir comme tel, hors de cet engluement de cette dialectique particulière qui est celle du névrosé.
Comment encore revenir sur ces points pour vous en mieux faire sentir encore l'articulation ?
Assurément je l'ai menée là sur son tranchant le plus pur. Il est bien certain que ceci traîne avec soi non seulement toute l'anecdote de l'histoire du sujet, mais aussi d'autres éléments structuraux dans son passé.
Je veux dire ce que nous avons manifesté, mis en valeur au moment voulu, ce qui est ce qui se rapporte comme tel au drame narcissique, au rapport du sujet
à sa propre image. Bien sûr qu'en fin de compte c'est là que s'insère pour le sujet…
FREUD l'a souligné maintes fois en son temps
et en ses propres termes
…la crainte de la perte du phallus, le sentiment aussi du manque de phallus.
Le moi, en d'autres termes, est intéressé.
Mais remarquons-le alors à ce niveau, que s'il intervient, s'il peut intervenir à cette place où le sujet peut avoir à se soutenir dans cette dialectique complexe où il craint de perdre dans la relation à l'autre son privilège, eh bien ça n'est certes pas
si la relation narcissique à l'image de l'autre intervient en raison de quelque chose que nous pourrions appeler faiblesse du moi, car après tout dans tous les cas où nous constatons une telle faiblesse, ce à quoi nous assistons, c'est au contraire à un éparpillement de la situation,
voire à un blocage de la situation.
Après tout je n'ai là qu'à faire allusion à quelque chose qui vous est à tous familier, qui a été
je crois traduit dans la revue, au cas notoire
de Mélanie KLEIN, à savoir de cet enfant qui était bel et bien introduit comme tel à ce rapport du désir au signifiant, mais qui se trouvait par rapport à l'autre, à la relation possible sur le plan imaginaire, sur le plan gestuel, communicatif, vivant avec l'autre complètement suspendu, tel que nous le décrit Mélanie KLEIN.
Nous ne savons pas tout de ce cas, et après tout nous ne pouvons pas dire que Mélanie KLEIN ait fait autre chose que nous présenter là un cas remarquable.
Et ce que ce cas démontre, c'est qu'assurément cet enfant qui ne parlait pas est déjà si accessible et si sensible aux interventions parlées de
Mélanie KLEIN que pour nous, dans notre registre, dans celui que nous essayons de développer ici, son comportement est vraiment éclatant.
Les seules structures du monde qui sont pour lui accessibles, sensibles, manifestes, manifestantes
dès les premiers moments avec Mélanie KLEIN,
ce sont des structures qui portent en elles-mêmes tous les caractères du rapport à la chaîne signifiante.
Mélanie KLEIN nous les désigne :
- c'est la petite chaîne du train, c'està-dire de quelque chose qui est constitué d'un certain nombre d'éléments accrochés les uns aux autres.
- C'est une porte qui s'ouvre ou qui se ferme, autant dire ce que, quand j'essayais de vous montrer dans les utilisations possibles de tel schéma cybernétique à notre maniement du symbole, ce qui est la forme la plus simple de l'alternance « oui ou non » qui conditionne le signifiant comme tel, « une porte doit être ouverte ou fermée ».