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TABLE DES SÉANCES 37 page

et non en vain bien sûr

…qu'HAMLET avait vécu un peu longtemps à Wittenberg.

 

Et ce terme renvoyant l'intellectuel et ses problèmes à une fréquentation un peu abusive de Wittenberg représenté, non sans raison, comme l'un des centres d'un certain style de formation de la jeunesse étudiante allemande, est une chose qui a eu

une très grande postérité.

 

HAMLET est en somme l'homme qui voit tous les éléments, toutes les complexités, les motifs du jeu de la vie, et qui est en somme suspendu, paralysé dans son action par cette connaissance.

 

C'est un problème à proprement parler gœthéen,

et qui n'a pas été sans profondément retentir, surtout si vous y ajoutez le charme et la séduction du style de GŒTHE et de sa personne.

 

Quant à COLERIDGE…

dans un long passage que

je n'ai pas le temps de vous lire

…il abonde dans le même sens, avec un caractère beaucoup moins sociologique, beaucoup plus psychologique.

 

Il y a quelque chose à mon avis qui domine là,

dans tout le passage de COLERIDGE sur cette question, et que je me plais à retenir :

 

« Il faut bien que je vous avoue que je ressens en moi quelque goût de la même chose. »

 

C'est ce qui dessine chez lui le caractère psychasthénique, l'impossibilité de s'engager dans une voie, et une fois y être entré, engagé, d'y rester jusqu'au bout.

 

L'intervention de l'hésitation, des motifs multiples, est un morceau brillant de psychologie qui donne pour nous l'essentiel, le ressort, le suc de son essence, dans cette remarque dite au passage par COLERIDGE :

« Après tout j'ai quelque goût de cela - c'est-à-dire - je me retrouve là-dedans… »

 

Il l'avoue au passage, et il n'est pas le seul.

On trouve une remarque analogue chez quelqu'un qui est quasi contemporain de COLERIDGE, et qui a écrit des choses remarquables sur SHAKESPEARE dans ses

Essays on SHAKESPEARE, c'est HAZLITT, dont JONES - à tort - ne fait pas du tout état, car c'est quelqu'un qui

a écrit les choses les plus remarquables sur ce sujet à l'époque.

 

Il va plus loin encore, il dit qu'en fin de compte parler de cette tragédie… elle nous a été

si rebattue, cette tragédie, que nous pouvons à peine savoir comment en faire la critique, pas plus que nous ne saurions décrire notre propre visage.

Il y a une autre note qui va dans le même sens, et ce sont là des lignes dont je vais faire grand état.

 

Je passe assez vite l'autre versant, celui

d'une difficulté extérieure qui a été instaurée

par un groupe de critiques allemands dont les deux principaux sont KLEIN et WERDER qui écrivaient



à la fin du XIXème siècle à Berlin. C'est à peu près comme cela que JONES les groupe, et il a raison.

 

Il s'agit de mettre en relief les causes extérieures de la difficulté de la tâche qu'HAMLET s'est donnée, et les formes que la tâche d'HAMLET aurait.

 

Elle serait de faire reconnaître à son peuple

la culpabilité de CLAUDIUS, de celui qui, après avoir tué son père et épousé sa mère, règne sur le Danemark.

 

Il y a là quelque chose qui ne soutient pas

la critique, car les difficultés qu'aurait HAMLET

à accomplir sa tâche…

c'est-à-dire à faire reconnaître la culpabilité d'un roi, ou bien de deux choses l'une,

à intervenir déjà de la façon dont il s'agit qu'il intervienne, par le meurtre, et ensuite d'être dans la possibilité de justifier ce meurtre

…sont évidemment très facilement levées par la seule lecture du texte :

jamais HAMLET ne se pose un problème semblable !

Le principe de son action, à savoir que ce qu'il doit venger…

sur celui qui est le meurtrier de son père et qui, en même temps, a pris son trône et sa place auprès de la femme qu'il aimait par dessus tout

…doit se purger par l'action la plus violente et par le meurtre, n'est non seulement jamais mis en cause chez HAMLET, mais je crois que je vous lirai là-dessus des passages qui vous montrent qu'il se traite de lâche, de couard, il écume sur la scène du désespoir

de ne pouvoir se décider à cette action.

 

Mais le principe de la chose ne fait aucune espèce

de doute, il ne se pose pas le moindre problème concernant la validité de cet acte, de cette tâche.

 

Et là-dessus il y a un nommé LŒNING, dont JONES fait grand état, qui a fait une remarque à la même période, discutant les théories de KLEIN et WERDER

de façon décisive. Je signale au passage que c'est

la plus chaude recommandation que JONES apporte sur ces remarques. En effet, il en cite quelques unes

qui paraissent fort pénétrantes.

 

Mais tout ceci n'a pas une extraordinaire importance puisque la question est véritablement dépassée

à partir du moment où nous prenons la troisième position, celle par laquelle JONES introduit

la position analytique. Ces lenteurs d'exposé sont nécessaires,

car elles doivent être suivies pour que nous ayons

le fond sur lequel se pose le problème d'HAMLET.

 

La troisième position est celle-ci :

bien que le sujet ne doute pas un instant d'avoir

à l'accomplir, pour quelque raison inconnue de lui cette tâche lui répugne.

 

Autrement dit, c'est dans la tâche même et non pas

- ni dans le sujet,

- ni dans ce qui se passe à l'extérieur.

 

Inutile de dire que pour ce qui se passe à l'extérieur, il peut y avoir des versions beaucoup plus subtiles que celle que je vous ai amorcée pour déblayer.

 

Il y a donc là une position essentiellement conflictuelle par rapport à la tâche elle-même.

Et c'est de cette façon…

en somme très solide et qui doit tout de même nous donner une leçon de méthode

…que JONES introduit la théorie analytique.

 

Il montre que la notion du conflit n'est pas du tout nouvelle, à savoir la contradiction interne

à la tâche a déjà été apportée par un certain nombre d'auteurs qui ont très bien vu…

comme LŒNING, si nous en croyons

les citations que JONES en donne

…qu'on peut saisir le caractère problématique, conflictuel, de la tâche à certains signes,

dont on n'a pas attendu l'analyse pour s'apercevoir de leur caractère signalétique, à savoir la diversité, la multiplicité, la contradiction, la fausse consistance des raisons que peut donner le sujet d'atermoyer cette tâche, de ne pas l'accomplir au moment où elle se présente à lui.

 

La notion en somme du caractère superstructural, rationalisé, rationalisant des motifs que donne

le sujet, avait déjà été aperçu par les psychologues bien avant l'analyse, et JONES sait très bien

le mettre en valeur, en relief.

 

Seulement, il s'agit de savoir où gît le conflit, dont les auteurs qui sont sur cette voie ne laissent pas d'apercevoir qu'il y a quelque chose qui se présente au premier plan, et une sorte de difficulté sous-jacente qui, sans être à proprement parler articulée comme inconsciente, est considérée comme plus profonde et en partie non maîtrisée,

pas complètement élucidée ni aperçue par le sujet.

 

Et la discussion de JONES présente ce caractère tout à fait caractéristique de ce qui, chez lui, donnera un des traits dont il sait le mieux faire usage

dans ses articles qui ont joué le plus grand rôle pour rendre valable à un large public intellectuel la notion même d'inconscient.

Il articule puissamment que ce que les auteurs, certains subtils, ont mis en valeur, c'est à savoir que le motif sous-jacent, contrariant pour l'action d'HAMLET, est par exemple un motif de droit,

à savoir :

a-t-il le droit de faire ceci ?

 

Et Dieu sait si les auteurs allemands n'ont pas manqué…

surtout alors que ceci se passait

en pleine période d'hégélianisme

…de faire état de toutes sortes de registres sur lesquels JONES a beau jeu d'ironiser, montrant que si quelque chose doit entrer dans les ressorts inconscients,

ce ne sont pas des motifs d'ordre élevé, d'un haut caractère d'abstraction, faisant entrer en jeu

la morale, l'État, le savoir absolu, mais qu'il doit y avoir quelque chose de beaucoup plus radical, de plus concret, et que ce dont il s'agit c'est précisément ce que JONES va alors produire.

 

Puisque c'est à peu près vers cette année-là

que commencent à s'introduire en Amérique les points de vue freudiens, c'est cette même année qu'il publie

un compte-rendu de la théorie de FREUD sur les rêves, que FREUD donne son article sur les origines et le développement de la psychanalyse, directement écrit en anglais si mon souvenir est bon, puisqu'il s'agit des fameuses Conférences de la Clark University.

 

Je crois qu'on ne peut pas toucher du doigt,

dans une analyse qui va vraiment aussi loin

qu'on peut aller à cette époque, qui met en valeur…

dans le texte de la pièce, dans le déroulement

du drame, pour en montrer la signification œdipienne

…qui met en valeur ce que nous pouvons appeler la structure mythique de l'œdipe.

 

Je dois dire que nous ne sommes pas si débarbouillés mentalement que de pouvoir tous si aisément sourire de voir amener à propos d'HAMLET :

TELESPHORE, AMPHION, MOÏSE, PHARAON, ZOROASTRE, JESUS, HERODE…

tout le monde vient dans le paquet

…et en fin de compte, ce qui est l’essentiel,

deux auteurs qui ont écrit à peu près vers 1900

ont fait un HAMLET in Iran dans une revue fort connue,

une référence du mythe d'HAMLET aux mythes iraniens

qui sont autour de la légende de PYRRHUS,

dont un autre auteur a fait aussi grand état

dans une revue inconnue et introuvable [ ? ].

 

L'important c'est que dans l'introduction par JONES, à la date de 1910, d'une nouvelle critique d'HAMLET, et d'une critique qui va consister toute entière

à nous amener à cette conclusion :

 

« Nous arrivons à ce paradoxe apparent que le poète et l'audience sont tous deux profondément remués par des sentiments dus à un conflit de la source duquel ils ne sont pas conscients,

ils ne sont pas éveillés, ils ne savent pas de quoi il s'agit. »

 

Je pense qu'il est essentiel de remarquer le pas franchi à ce niveau. Je ne dis pas que ce soit le seul pas possible, mais que le premier pas analytique consiste à transformer une référence psychologique non pas en une référence à une psychologie plus profonde, mais en une référence à un arrangement mythique censé avoir le même sens pour tous les êtres humains.

 

Et il faut tout de même bien quelque chose de plus, car HAMLET ce n'est tout de même pas les Pyrrhus Saga,

les histoires de CYRUS avec CAMBYSE, ni de PERSÉE

avec son grand-père ACRISIOS, c'est quand même autre chose.

Si nous en parlons, ce n'est pas seulement parce qu'il y a eu des myriades de critiques, mais aussi parce que c'est intéressant de voir ce que cela fait d'HAMLET.

 

Vous n'en avez, en fin de compte, aucune espèce d'idée parce que, par une espèce de chose tout à fait curieuse, je crois pouvoir dire d'après ma propre expérience que c'est injouable en français. Je n'ai jamais vu un bon HAMLET en français, ni quelqu'un qui joue bien HAMLET, ni un texte qu'on puisse entendre.

 

Pour ceux qui lisent le texte, c'est quelque chose

à tomber à la renverse, à mordre le tapis, à se rouler par terre, c'est quelque chose d'inimaginable !

Il n'y a pas un vers d'HAMLET, ni une réplique qui

ne soit, en anglais, d'une puissance de percussion,

de violence de termes qui en fait quelque chose où,

à tout instant, on est absolument stupéfait.

On croit que c'est écrit d'hier, qu'on ne pouvait pas écrire comme cela il y a trois siècles.

 

En Angleterre, c'est-à-dire là où la pièce est jouée dans sa langue, une représentation d'HAMLET,

c'est toujours un événement. J'irai même plus loin…

parce qu'après tout on ne peut pas mesurer la tension psychologique du public, si ce n'est au bureau de location

…et je dirai ce que c'est pour les acteurs,

ce qui nous enseigne doublement.

 

D'abord parce qu'il est tout à fait clair que jouer HAMLET pour un acteur anglais c'est le couronnement de sa carrière, et que lorsque ce n'est pas

le couronnement de sa carrière, c'est tout de même

qu'il veut se retirer avec bonheur, en donnant ainsi sa représentation d'adieu, même si son rôle consiste à jouer le premier fossoyeur. Il y a là quelque chose qui est important et nous aurons à nous apercevoir de ce que cela veut dire, car je ne le dis pas au hasard.

 

Il y a une chose curieuse, c'est qu'en fin de compte lorsque l'acteur anglais arrive à jouer HAMLET,

il le joue bien, ils le jouent tous bien.

Une chose encore plus étrange est que l'on parle de l’HAMLET de tel ou tel, d'autant d'HAMLET qu'il y a de grands acteurs. On évoque encore l’HAMLET de GARRICK, d’HAMLET de KENNS etc., c'est là aussi quelque chose d'extraordinairement indicatif.

 

S'il y a autant d'HAMLET qu'il y a de grands acteurs, je crois que c'est pour une raison analogue.

Ce n'est pas la même parce que c'est autre chose

de jouer HAMLET et d'être intéressé comme spectateur et comme critique.

Mais la pointe de convergence de tout cela,

ce qui frappe particulièrement et que je vous prie

de retenir, c'est qu'on peut croire en fin de compte que c'est en raison de la structure du problème qu'HAMLET, comme tel, pose à propos du désir.

À savoir, ce qui est la thèse que j'avance ici,

qu'HAMLET fait jouer les différents plans,

le cadre même auquel j'essaye de vous introduire ici, dans lequel vient se situer le désir.

 

C'est parce que cette place y est exceptionnellement bien articulée…

aussi bien je dirais, de façon telle que

tout un chacun y vient trouver sa place,

vient s'y reconnaître

…que l'appareil, le filet de la pièce d'HAMLET

est cette espèce de réseau, de filet d'oiseleur

où le désir de l'homme…

dans les coordonnées que justement FREUD

nous découvre, à savoir son rapport

à l'œdipe et à la castration

…est là articulé essentiellement.

 

Mais ceci suppose que ce n'est pas simplement

une autre édition, un autre tirage de l'éternel type drame-conflit, de la lutte du héros contre le père, contre le tyran, contre le bon ou le mauvais père.

 

Là, j'introduis des choses que nous allons voir se développer par la suite. C'est que les choses sont poussées par SHAKESPEARE à un point tel que ce qui est important ici, c'est de montrer les caractères atypiques du conflit, la façon modifiée dont se présente la structure fondamentale de l'éternelle saga que l'on retrouve depuis l'origine des âges.

 

par conséquent dans la fonction où, d'une certaine façon, les coordonnées de ce conflit sont modifiées par SHAKESPEARE de façon à pouvoir faire apparaître comment, dans ces conditions atypiques, vient jouer, de tout son caractère le plus essentiellement problématique, le problème du désir, pour autant

que l'homme n'est pas simplement possédé, investi, mais que ce désir, il a à le situer, à le trouver.

 

À le trouver à ses plus lourds dépens et à sa plus lourde peine, au point de ne pouvoir le trouver

qu'à la limite, à savoir dans une action qui ne peut pour lui s'achever, se réaliser, qu'à condition d'être mortel.

Ceci nous incite à regarder de plus près

le déroulement de la pièce. Je ne voudrais pas trop vous faire tarder, mais il faut quand même que

j'en mette les traits saillants principaux.

 

L'acte I concerne quelque chose qu'on peut appeler l'introduction du problème, et là tout de même,

au point de recoupement, d'accumulation, de confusion où tourne la pièce, il faut bien quand même que nous revenions à quelque chose de simple qui est le texte.

 

Nous allons voir que cette composition mérite d'être retenue, qu'elle n'est pas quelque chose qui flotte ni qui aille à droite ou à gauche.

 

Comme vous le savez, les choses s'ouvrent sur une garde, une relève de la garde sur la terrasse d'Elseneur,

et je dois dire que c'est une des entrées les plus magistrales de toutes les pièces de SHAKESPEARE,

car toutes ne sont pas aussi magistrales à l'entrée.

 

C'est à minuit que se fait la relève, une relève

où il y a des choses très jolies, très frappantes.

Ainsi c'est ceux qui viennent pour la relève qui demandent « Qui est là ? », alors que ce devrait être

le contraire. C'est qu'en effet, tout se passe anormalement, ils sont tous angoissés par quelque chose qu'ils attendent, et cette chose ne se fait pas attendre plus de quarante vers.

 

Alors qu'il est minuit quand la relève a lieu, une heure sonne à une cloche lorsque le spectre apparaît. Et à partir du moment où le spectre apparaît,

nous sommes entrés dans un mouvement fort rapide, avec d'assez curieuses stagnations.

 

Tout de suite après, la scène où apparaissent le roi et la reine, le roi dit qu'il est tout à fait temps de quitter notre deuil, « Nous pouvons pleurer d'un œil, mais rions de l'autre », et où HAMLET qui est là, fait apparaître ses sentiments de révolte devant la rapidité du remariage de sa mère et du fait qu'elle s'est remariée avec quelqu'un qui, auprès de ce qu'était son père,

est un personnage absolument inférieur.

 

À tout instant dans les propos d'HAMLET nous verrons mise en valeur l'exaltation de son père

comme d'un être dont il dira plus tard que :

 

« Tous les dieux semblaient avoir sur lui marqué leurs sceaux, pour montrer jusqu'où la perfection d'un homme pouvait être portée. »

 

C'est sensiblement plus tard dans le texte que cette phrase sera dite par HAMLET, mais dès la première scène, il y a des mots analogues.

 

C'est essentiellement dans cette sorte de trahison, et aussi de déchéance…

sentiments que lui inspire la conduite

de sa mère, ce mariage hâtif, deux mois,

nous dit-on, après la mort de son père

…qu'HAMLET se présente.

 

C'est là le fameux dialogue avec HORATIO :

 

« Économie, économie ! Le rôti des funérailles n'aura pas le temps de refroidir pour servir au repas des noces. »

 

Je n'ai pas besoin de rappeler ces thèmes célèbres.

Ensuite, tout de suite, nous avons l'introduction

de deux personnages, OPHÉLIE et POLONIUS.

Et ceci à propos d'une sorte de petite mercuriale

que LAERTE…

qui est un personnage tout à fait important

dans notre histoire d'HAMLET, dont on a voulu faire - nous y viendrons - quelqu'un qui joue

un certain rôle par rapport à HAMLET

dans le déroulement mythique de l'histoire,

et à juste titre bien entendu

…adresse à OPHÉLIE qui est la jeune fille dont HAMLET fut - comme il le dit lui-même - amoureux,

et qu'actuellement, dans l'état où il est,

il repousse avec beaucoup de sarcasmes.

 

POLONIUS et LAERTE se succèdent auprès de cette malheureuse OPHÉLIE pour lui donner tous les sermons de la prudence, pour l'inviter à se méfier de cet HAMLET.

Vient ensuite la quatrième scène.

La rencontre sur la terrasse d'Elseneur d'HAMLET…

qui a été rejoint par HORATIO

…avec le spectre de son père.

 

Dans cette rencontre il se montre passionné, courageux puisqu'il n'hésite pas à suivre le spectre dans le coin où le spectre l'entraîne, à avoir avec lui un dialogue assez horrifiant. Et je souligne que le caractère d'horreur est articulé par le spectre lui-même : il ne peut pas révéler à HAMLET l'horreur et l'abomination du lieu où il vit et de ce qu'il souffre, car ses organes mortels ne pourraient le supporter.

 

Et il lui donne une consigne, un commandement.

Il est intéressant de noter tout de suite que

le commandement consiste en ce que, de quelque façon qu'il s'y prenne, il ait à faire cesser le scandale de la luxure de la reine, et qu'en tout ceci,

au reste, il contienne ses pensées et ses mouvements, qu'il n'aille pas se laisser aller à je ne sais quels excès concernant des pensées à l'endroit de sa mère.

 

Bien sûr les auteurs ont fait grand état de

cet espèce d'arrière-plan trouble dans les consignes données par le spectre à HAMLET, d'avoir en somme à se garder de lui-même dans ses rapports avec sa mère.

 

Mais il y a une chose dont il ne semble pas qu'on ait articulé ce dont il s'agissait, qu'en somme d'ores

et déjà et tout de suite, c'est autour d'une question à résoudre :

que faire par rapport à quelque chose qui apparaît ici être l'essentiel, malgré l'horreur de ce qui est articulé, les accusations formellement prononcées

par le spectre contre le personnage de CLAUDIUS, c'est-à-dire l'assassin. C'est là qu'il révèle

à son fils qu'il a été tué par lui.

 

La consigne que donne le ghost n'est pas une consigne en elle-même, c'est quelque chose qui d'ores et déjà met au premier plan, et comme tel, le désir de la mère.

C'est absolument essentiel, d'ailleurs nous y reviendrons.

Le deuxième acte est constitué par ce qu'on peut appeler l'organisation de la surveillance autour d'HAMLET.

 

Nous en avons en somme, une sorte de prodrome sous

la forme…

c'est assez amusant et cela montre le caractère de doublet

- du groupe POLONIUS, LAERTE, OPHÉLIE,

- par rapport au groupe HAMLET, CLAUDIUS et LA REINE

…des instructions que POLONIUS, premier ministre, donne à quelqu'un pour la surveillance de son fils qui est parti à Paris.

 

Il lui dit comment il faut procéder pour se renseigner sur son fils.

Il y a là une espèce de petit morceau de bravoure du genre vérités éternelles de la police, sur lequel je n'ai pas à insister.

 

Puis interviennent…

c'est déjà préparé au premier acte

…GUILDENSTERN et ROSENCRANTZ, qui ne sont pas simplement les personnages soufflés qu'on pense.

Ce sont des personnages qui sont d'anciens amis d'HAMLET.

 

Et HAMLET qui se méfie d'eux, qui les raille,

les tourne en dérision, les déroute et joue avec eux un jeu extrêmement subtil sous l'apparence de la folie

nous verrons aussi ce que veux dire

ce problème de la folie ou pseudo-folie d'HAMLET

…fait véritablement appel, à un moment, à leur vieille et ancienne amitié, avec un ton et un accent

qui lui aussi mériterait d'être mis en valeur

si nous avions le temps, et qui mérite d'être retenu, qui prouve qu'il le fait sans aucune confiance.

 

Et il ne perd pas un seul instant sa position de ruse et de jeu avec eux, pourtant, il y a un moment

où il peut leur parler sur ce certain ton.

 

ROSENCRANTZ et GUILDENSTERN sont, en venant

le sonder, les véhicules du roi, et c'est bien ce que sent HAMLET qui les incite vraiment à lui avouer :

 

« Êtes-vous envoyés près de moi ? Qu'avez-vous à faire près de moi ? »

Et les autres sont suffisamment ébranlés pour

qu'un deux demande à l'autre :

 

« Qu'est-ce qu'on lui dit ? »

 

Mais cela passe, car tout toujours se passe d'une certaine façon, c'est-à-dire pour que jamais ne soit franchi un certain mur

qui détendrait une situation qui apparaît essentiellement, et d'un bout à l'autre, nouée.

 

À ce moment ROSENCRANTZ et GUILDENSTERN introduisent les comédiens qu'ils ont rencontrés en route et qu'HAMLET connaît.

 

HAMLET s'est toujours intéressé au théâtre et, ces comédiens, il va les accueillir d'une façon qui est remarquable. Là aussi il faudrait lire les premiers échantillons qu'ils lui donnent de leur talent.

 

L'un portant sur une tragédie concernant la fin


Date: 2016-03-03; view: 413


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