Home Random Page


CATEGORIES:

BiologyChemistryConstructionCultureEcologyEconomyElectronicsFinanceGeographyHistoryInformaticsLawMathematicsMechanicsMedicineOtherPedagogyPhilosophyPhysicsPolicyPsychologySociologySportTourism






TABLE DES SÉANCES 34 page

son idéal, cette identification extrêmement particulière à laquelle j'ai déjà indiqué la dernière fois qu'il convenait de s'arrêter.

 

Nous allons voir comment nous pouvons le préciser dans un rapport qu'il a par rapport à la première [identification], quelque chose de plus évolutif. Ce doit être quelque chose se rapportant à la situation actuelle dans l'analyse, et concernant les rapports avec l'analyste.

 

Eh bien, recommençons à nous poser les questions concernant ce qu'il en est actuellement.

Il y aurait bien des façons à se poser ce problème car dans cette occasion, on peut dire que tous

les chemins mènent à Rome !

On peut partir du rêve et de cette masse de choses que le sujet amène comme matériel en réaction aux interprétations qu'en fait l'analyste.

 

Nous sommes d'accord avec le sujet que l'essentiel c'est la voiture, la voiture et les lanières - cela n'est évidemment pas la même chose, il y a eu quelque chose qui a évolué dans l'intervalle. Le sujet a pris des positions, lui-même a fait des réflexions concernant cette voiture, et des réflexions qui ne sont pas sans porter les traces de quelque ironie :

« C'est drôle qu'on en parle comme de quelque chose de vivant… ».

Là-dessus, je n'ai pas à insister, on sent…

je l'ai déjà fait remarquer la dernière fois

…que le caractère évidemment symbolique de la voiture a son importance.

 

Il est certain qu'au cours de son existence le sujet a trouvé dans cette voiture un objet plus satisfaisant, semble-t-il, que les lanières. Pour la simple raison que - les lanières - il n'y comprend toujours rien actuellement, tandis qu'il est tout de même capable de dire qu'évidemment la voiture ne sert pas tellement

à satisfaire un besoin, mais qu'il y tient beaucoup ! Et puis il en joue, il en est maître, il est bien

à l'intérieur de sa voiture.

 

Qu'allons nous trouver ici au niveau de l'image ?

Au niveau de l'image de a, i(a), nous trouvons des choses qui sont évidemment différentes selon que nous prenons les choses au niveau du fantasme et du rêve, ou au niveau de ce qu'on peut appeler les fantasmes du rêve et du rêve éveillé.

Dans le rêve éveillé, qui a bien son prix aussi,

nous savons ce qu'est l'image de l'autre :

c'est quelque chose vis à vis de quoi il a pris

des attitudes bien particulières.

 

L'image de l'autre, c'est ce couple d'amants que, sous prétexte de ne pas déranger, remarquez-le, il ne manque jamais de déranger de la façon la plus effective, c'est-à-dire de sommer de se séparer.



 

L'image de l'autre, c'est cet autre dont tout le monde dira…

rappelez-vous ce fantasme assez piquant qu'il dit avoir eu encore il n'y a pas tellement longtemps : oh pas la peine de vérifier ce qu'il y a dans cette pièce, « ce n'est qu'un chien » [p.132].

 

Bref, l'image de l'autre, c'est quelque chose qui laisse en tout cas très peu de place à la conjonction sexuelle, qui exige ou bien la séparation ou bien,

au contraire, quelque chose qui est vraiment tout à fait en dehors du jeu, un phallus animal, un phallus,

lui, qui est tout à fait mis hors des limites du jeu. S'il y a un phallus, c'est un phallus de chien.

 

Cette situation, comme vous le voyez, semble avoir fait des progrès dans le sens de la désintégration. C'est-à-dire que si pendant longtemps, le sujet a été quelqu'un qui a pris son support dans une identification féminine, nous constatons que son rapport avec les possibilités de conjonction, le fait de l'étreinte, de la satisfaction génitale, se présente d'une façon qui en tout cas laisse béant, ouvert, le problème

de ce que fait le phallus là-dedans.

 

Il est très certain en tout cas que le sujet n'est pas à l'aise. La question du double ou simple est là :

- si c'est double c'est séparé,

- si c'est simple c'est pas humain.

 

De toute façon cela ne s'arrange pas bien.

Et quant au sujet dans cette occasion,

il y a une chose tout à fait claire. Nous n'avons pas à nous demander comme dans l'autre cas ce qu'il est,

et où il est.

C'est tout à fait clair, il n'y a plus personne, c'est vraiment le οτις [outis][57] dont nous avons fait état dans d'autres circonstances.

 

Que ce soit le rêve, où la femme fait tout pour

« to get my penis », où littéralement il n'y a rien de fait - on fera tout ce qu'on voudra avec la main, voire même de montrer qu'il n'y a rien dans les manches, mais quant à lui « personne » !

 

Et quant à ce qui est son fantasme, c'est à savoir : qu'est-ce qu'il y a dans ce lieu où il ne doit pas être, il n'y a en effet personne. Il n'y a personne, parce que, s'il y a un phallus, c'est le phallus d'un chien qui se masturbait dans un endroit où il aurait été bien embêté qu'on entre - en tout cas pas lui !

 

Et ici, qu'est-ce qu'il y a au niveau de I ? On peut dire, on est sûr qu'il y a Mme Ella SHARPE, et que

Mme Ella SHARPE n'est pas sans rapport avec tout ça.

Mme Ella SHARPE, on l'avertit à l'avance par

« une petite toux » de renverser la formule, de ne pas mettre son doigt, elle non plus, entre l'arbre et l'écorce.

 

C'est-à-dire que si elle est en train d'opérer

sur elle-même d'une façon plus ou moins suspecte,

elle ait à rentrer ça avant que le sujet arrive.

Il faut, pour tout dire, que Mme Ella SHARPE soit

tout à fait à l'abri des coups du sujet.

 

C'est ce que j'ai appelé la dernière fois…

en me référant aux propres comparaisons

de Mme Ella SHARPE qui considère l'analyse

comme un jeu d'échecs

…que le sujet ne veut pas perdre sa « dame ».

 

Il ne veut pas perdre sa « dame » parce que, sans aucun doute, sa « dame » est la clef de tout cela,

que tout cela ne peut tenir debout que parce que c'est du côté de la « dame » que rien ne doit être changé, parce que c'est du côté de la « dame »

qu'est la toute puissance.

La chose étrange, c'est que cette idée de toute puissance, Ella SHARPE la flaire et la reconnaît partout.

Au point de dire au sujet qu'il se croit tout puissant, sous prétexte qu'il a fait « un rêve énorme » par exemple, alors qu'il n'est pas capable de dire plus que ce petit bout d'aventure qui se passe sur une route

de Tchécoslovaquie.

 

Mais ce n'est pas le sujet qui est tout puissant.

Ce qui est tout puissant, c'est l'Autre,

et c'est bien pour cela que la situation

est plus spécialement redoutable!

 

N'oublions quand même pas que c'est un sujet

qui ne peut pas arriver à plaider, il ne peut pas,

et c'est tout de même quelque chose de très frappant.

 

La clef de la question est celle-ci :

est-ce qu'il est vrai ou non que le sujet ne peut pas arriver à plaider parce que l'Autre…

en lieu et place duquel nous nous plaçons toujours si nous avons à plaider

…pour lui il ne faut pas y toucher ?

 

En d'autres termes l'Autre, lui…

et dans l'occasion c'est la femme

…l'Autre ne doit être en aucun cas châtré.

je veux dire que l'Autre apporte en lui-même

ce signifiant qui a toutes les valeurs.

 

Et c'est bien ici qu'il faut considérer le phallus.

Je ne suis pas le seul :

lisez à la page 272 de Mme Mélanie KLEIN[58]: concernant l'évolution de la petite fille, elle dit très bien que le signifiant phallus, primitivement, concentre

sur lui toutes les tendances que le sujet a pu avoir dans tous les ordres, oral, anal, urétral, et qu'avant même qu'on puisse parler de génital, déjà le signifiant phallus concentre en lui toutes les valeurs,

et spécialement les valeurs pulsionnelles,

les tendances agressives que le sujet a pu élaborer.

C'est dans toute la mesure où :

- le signifiant phallus, le sujet ne peut pas le mettre en jeu,

- où le signifiant phallus reste inhérent à l'Autre comme tel,

…que le sujet se trouve lui-même dans une posture

qui est la posture en panne que nous voyons.

 

Mais ce qu'il y a de tout à fait frappant,

c'est que, là comme dans tous les cas où nous

nous trouvons en présence d'une résistance du sujet, cette résistance est celle de l'analyste.

 

Car effectivement, s'il y a quelque chose que

Mme Ella SHARPE s'interdit, dans l'occasion sévèrement…

elle ne se rend pas compte pourquoi

mais il est certain qu'elle l'avoue

comme tel, qu'elle se l'interdit

…c'est de plaider.

 

Dans cette occasion où justement une barrière

est offerte à franchir, qu'elle pourrait franchir, elle s'interdit de la franchir.

 

Elle s'y refuse car elle ne se rend pas compte

que ce contre quoi le sujet se tient à carreau :

 

- ce n'est pas comme elle le pense, quelque chose qui concernerait une prétendue agression paternelle

le père, lui, il y a bien longtemps qu'il est mort, bel et bien mort, et on a eu toutes les peines du monde à lui donner une petite réanimation à l'intérieur de l'analyse,

 

- ce n'est pas d'inciter le sujet à se servir du phallus comme d'une arme qu'il s'agit,

 

- ce n'est pas de son conflit homosexuel,

 

- ce n'est pas qu'il s'avère plus ou moins courageux, agressif en présence des gens qui se moquent de lui au tennis parce qu'il ne sait pas donner le dernier shot.

 

 

Ce n'est pas du tout de cela qu'il s'agit, il est en deçà de ce moment où il doit consentir à s'apercevoir que la femme est châtrée.

 

Je ne dis pas que la femme n'ait pas le phallus

ce qu'il démontre dans son fantasme

de rêve tout à fait ironiquement

…mais que l'autre comme tel, du fait même qu'il est dans l'Autre du langage, est soumis à ceci, pour ce qui est de la femme :

 

« Elle est sans l'avoir. »

 

Or cela c'est justement ce qui ne peut pas être admis pour lui, en aucun cas. Pour lui elle ne doit pas « être sans l'avoir » et c'est pour cela qu'il ne veut à aucun prix qu'elle le risque.

 

Sa femme est hors du jeu dans le rêve, ne l'oubliez pas. Elle est là qui ne joue en apparence aucun rôle.

Il n'est même pas souligné qu'elle regarde.

C'est là, si je puis dire, que le phallus est mis à l'abri.

 

Le sujet n'a même pas lui-même à le risquer, le phallus, parce qu'il est tout entier en jeu dans un coin où personne n'irait songer à le chercher.

 

Le sujet ne va pas jusqu'à dire qu'il est dans la femme, et pourtant c'est bien dans la femme qu'il est.

 

Je veux dire que c'est pour autant qu'Ella SHARPE est là. Ce n'est pas spécialement inopportun qu'elle soit une femme. Cela pourrait être tout à fait opportun si elle s'apercevait de ce qu'il y a à dire au sujet, à savoir qu'elle est là comme femme, et que ceci pose des questions,

que le sujet ose devant elle plaider sa cause.

 

C'est précisément ce qu'il ne fait pas.

 

C'est précisément ce qu'elle s'aperçoit qu'il ne fait pas, et c'est autour de là que tourne ce moment critique de l'analyse.

 

À ce moment-là elle l'incite à se servir du phallus comme d'une arme. Elle dit : ce phallus c'est quelque chose qui a toujours été excessivement dangereux, n'ayez pas peur, c'est bien de cela qu'il s'agit,

il est « boring and biting ».

 

[I then affirmed my conviction of his actual sight of his mother's genitals and the projection on to them of revenge phantasies which were to be correlated with the phantasies of aggression associated with his own penis as a biting and boring thing, and with the power of his water. p. 146]

 

Il n'y a rien dans le matériel qui nous donne

une indication du caractère agressif du phallus,

et c'est pourtant dans ce sens qu'elle intervient par la parole.

 

Je ne pense pas que ce soit là la meilleure chose. Pourquoi ?

 

Parce que la position qu'a le sujet, et que selon toute apparence il a gardée, qu'il gardera en tout cas encore plus après l'intervention de Mme Ella SHARPE, c'est celle justement qu'il avait à un moment

de son enfance qui est bien celui que nous essayons de préciser dans le fantasme des courroies coupées

et de tout ce qui s'y rattache des identifications

à la sœur et de l'absence des voitures d'enfant, c'est quelque chose qui apparaît…

vous le verrez si vous relisez

bien attentivement ses associations

…c'est une chose dont il est sûr qu'il a l'expérience : c'est lui ficelé, c'est lui « pined up » dans son lit.

 

C'est lui en tant qu'on l'a certainement contenu, maintenu dans des positions qui ne sont pas sans rapport…

à ce que nous pouvons présumer

…avec quelque répression de la masturbation, en tout cas avec quelque expérience qui a été pour lui liée

à ses premiers abords d'émotions érogènes,

et que tout laisse penser avoir été traumatiques.

 

C'est dans ce sens qu'Ella SHARPE l'interprète.

Tout ce que le sujet produit, c'est quelque chose

qui a dû jouer un rôle, dit-elle, avec quelque scène primitive, avec l'accouplement des parents.

Cet accouplement, sans aucun doute il l'a interrompu, soit par ses cris, soit par quelque trouble intestinal.

C'est là qu'elle retrouve même la preuve que cette

« petite colique » qui remplace la toux au moment de frapper est une confirmation de son interprétation.

 

Ce n'est pas sûr !

 

Le sujet, qu'il soit petit ou pour autant que quelque chose se produit en écho comme symptôme transitoire au cours de l'analyse, lâche ce qu'il a à l'intérieur du corps.

 

C'est cela une « petite colique », ce n'est pas pour autant trancher la question de la fonction de cette incontinence. Cette incontinence, vous le savez, se reproduira au niveau urétral, sans aucun doute avec une fonction différente.

 

Et j'ai déjà dit combien était important à noter

le caractère en écho de la présence des parents

en train de consommer l'acte sexuel, à toute espèce de manifestation d'énurésie.

 

Ici soyons prudents, il convient de ne pas toujours donner une finalité univoque à ce qui peut en effet avoir certains effets, être ensuite utilisé secondairement, par le sujet, comme constituant en effet une intervention entière dans les relations inter-parentales.

 

Mais là le sujet, tout récemment, c'est-à-dire à

une époque assez rapprochée de ce rêve de l'analyse, a eu un fantasme tout à fait spécial, et dont à cette occasion Mme Ella SHARPE fait grand état pour confirmer la notion de cette relation avec la conjonction parentale :

c'est qu'il a craint un jour d'avoir une petite panne de sa fameuse voiture, décidément de plus en plus identifiée à sa propre personne, et de l'avoir

en travers de la route où devrait passer le couple royal, ni plus ni moins !

 

Comme s'il était là pour nous faire écho au jeu d'échecs. Mais, chaque fois que vous trouvez le roi, pensez moins au père qu'au sujet.

 

Quoi qu'il en soit ce fantasme, cette petite angoisse que le sujet manifeste :

pourvu, s'il devait lui aussi se rendre à cette petite réunion d'inauguration où le couple royal…

Nous sommes en 1934, la couronne anglaise n'est pas d'une reine et d'un petit consort, il y a bien un roi et une reine qui vont se trouver là bloqués

par la voiture du sujet.

 

Ce que nous devons nous contenter purement et simplement à cette occasion de dire, c'est :

voilà quelque chose qui renouvelle imaginairement, fantasmatiquement, purement et simplement,

une attitude agressive du sujet, une attitude

de rivalité, comparable, à la rigueur, à celle

qu'on peut donner au fait de mouiller son lit.

 

Cela n'est pas sûr !

 

Si cela doit éveiller en nous quelque écho,

c'est quand même que le couple royal n'est pas

dans n'importe quelle condition :

il va se trouver dans sa voiture arrêté,

exposé aux regards.

 

Il semble que ce dont il s'agit en cette occasion, c'est quand même quelque chose qui est beaucoup plus près de cette recherche éperdue du phallus, furet qui n'est nulle part et qu'il s'agit de trouver,

et dont on est bien sûr qu'on ne le trouvera jamais.

 

C'est à savoir que si ce sujet est là dans ce capuchon, dans cette protection construite depuis

le temps autour de son moi par la capote de la voiture, c'est aussi la possibilité de se dérober avec

une « pin of speed », une « pointe de vitesse ».

 

Le sujet va se trouver dans la même position

que celle où nous avons autrefois entendu retentir

le rire des Olympiens :

c'est le VULCAIN qui nous saisit sous des rêts communs, MARS et VENUS. Et chacun sait que le rire des dieux assemblés à cette occasion résonne encore dans nos oreilles et dans les vers d'HOMÈRE.

Où est le phallus ?

 

C'est bien toujours le ressort majeur du comique,

et après tout n'oublions pas que ce fantasme est avant tout un fantasme autour d'une notion d'incongruité beaucoup plus que d'autre chose.

 

Il se raccorde de la façon la plus étroite à cette même situation fondamentale qui est celle qui va donner l'unité de ce rêve et de tout ce qui est autour, à savoir celle d'une ἀϕάνισις [aphanisis],

non pas dans le sens de « disparition du désir », mais dans

le sens propre que le mot mérite si nous en faisons le substantif d' ἀϕάνισoς [aphanisos] [ ? ], qui n'est pas tellement « disparaître », que « faire disparaître ».

 

Tout récemment un homme de talent, Raymond QUENEAU,

a mis en épigraphe à un très joli livre Zazie dans le métro : « O plasas ephanisen » « celui qui a fait cela a soigneusement dissimulé ses ressorts ».

 

C'est bien de cela qu'il s'agit en fin de compte.

 

L'ἀϕάνισις [aphanisis] dont il s'agit ici, c'est l'escamotage de l'objet en question, à savoir le phallus.

C'est pour autant que le phallus n'est pas mis dans

le jeu, que le phallus est réservé, qu'il est préservé,

que le sujet ne peut pas accéder au monde de l'Autre.

 

Et vous le verrez, il n'y a rien de plus névrosant, non pas que la peur de perdre le phallus ou la peur

de la castration…

c'est là le ressort tout à fait fondamental

…mais que de ne pas vouloir que l'Autre soit châtré.

 

 


04 Mars 1959Table des séances

 

Hamlet ( 1 )

 

Je crois que nous avons poussé assez loin l'analyse structurale du rêve modèle qui se trouve dans

le livre d'Ella SHARPE pour que voyiez au moins

à quel point ce travail nous importait, sur la route de ce que nous essayons de faire, à savoir ce que nous devons considérer comme le désir et son interprétation.

 

Bien que certains aient dit n'avoir pas trouvé

la référence à Lewis CARROLL que j'avais donnée

la dernière fois, je suis surpris que vous n'ayiez pas retenu la double règle de trois.

Puisque c'est là-dessus que j'ai terminé à propos de deux étapes de la relation du sujet à l'objet plus

ou moins fétiche, la chose qui s'expri­mait finalement comme le (I), l'identification idéale que j'ai laissée ouverte,

non sans intention, pour la pre­mière des deux équations, pour celle des lanières des sandales de la sœur,

celle où à la place du (I) nous avons un X.

 

 

Je ne pense pas qu'aucun d'entre vous ne se soit pas aperçu que cet X…

comme de bien entendu

…est quelque chose qui était le phallus.

 

Mais l'important c'est la place où était ce phallus. Précisément à la place de I, de l'identification primitive,

de l'identification à la mère, précisément à cette place où

le phallus, le sujet ne veut pas le dénier à la mère.

Le sujet…

comme l'enseigne la doctrine depuis tou­jours

…veut maintenir le phallus de la mère.

 

Le sujet refuse la castration de l'Autre.

Le sujet, comme je vous le disais, ne veut pas perdre sa « dame », puisque c'est du jeu d'échecs qu'il s'agissait.

 

Il ne veut pas, dans l'occasion, mettre Ella SHARPE dans une autre position que la position de phallus idéalisé qui est celle dont il l'avertit

par une « petite toux » avant d'entrer dans la pièce,

d'avoir à faire dispa­raître les […] de façon qu'il n'ait point, d'aucune façon, à les mettre en jeu.

 

Nous aurons peut-être l'occasion cette année de revenir à Lewis CARROLL[59], vous verrez qu'il ne s'agit pas, littéralement, d'autre chose dans les deux grands Alice :

Alice in Wonderland et Through the Looking-glass.

 

C'est presque un poème des avatars phalliques,

que ces deux Alice. Vous pouvez d'ores et déjà

vous mettre à les bouquiner un petit peu, de façon

à vous préparer à certaines choses que je pourrais être amené à en dire.

 

Une chose a pu vous frapper dans ce que je vous ai dit, qui concerne la posi­tion de ce sujet par rapport au phallus, qui est ce que je vous ai souligné :

l'oppo­sition entre l'être et l'avoir.

 

Quand je vous ai dit que c'était parce que pour lui, c'était la question de l'être qui se posait,

qu'il eût fallu « l'être sans l'avoir »…

ce qui est par quoi j'ai défini la position féminine

…il ne se peut pas qu'à propos de cet « être et ne pas l'être » le phallus, ne se soit pas élevé en vous l'écho qui vérita­blement s'impose même à propos de toute cette observation, du « To be or not to be », toujours si énigmatique, devenu presque un canular, qui nous donne le style

de la position d'HAMLET.

Et qui…

si nous nous engagions dans cette ouver­ture

…ne ferait que nous ramener à l'un des thèmes

les plus primitifs de la pensée de FREUD :

de ce quelque chose où s'organise la position du désir, où s'avère le fait que c'est dès la première édition de la Traumdeutung que le thème d' HAMLET a été promu par FREUD à un rang équivalent à celui du thème œdipien

qui appa­raissait alors pour la première fois

dans la Traumdeutung.

Bien sûr nous savons que FREUD y pensait depuis

un bout de temps mais c'est par des lettres

qui n'étaient pas destinées à être publiées.

 

La première apparition du « complexe d'Œdipe »,

c'est dans la Traumdeutung en 1900.

 

L’observation sur HAMLETà ce moment-là est publiée aussi en 1900dans la forme où FREUD l'a laissée

par la suite, mais en note, et c'est en 1910-1914

que cela passe dans le corps du texte.

 

Je crois que le thème d' HAMLETpeut nous ser­vir à renforcer cette sorte d'élaboration de ce complexe de castration. Comment le complexe s'articule-t-il dans le concret, dans le cheminement de l'analyse ?

 

Le thème d' HAMLET, après FREUD, a été repris maintes fois, je ne ferai probablement pas le tour de tous les auteurs qui l'ont repris. Vous savez que le premier est JONES.

 

Ella SHARPE a également avancé sur HAMLETun certain nombre de choses qui ne sont pas sans intérêt,

la pensée de SHAKESPEARE et la pratique de SHAKESPEARE étant tout à fait au centre de la formation de cette analyste.

 


Date: 2016-03-03; view: 515


<== previous page | next page ==>
TABLE DES SÉANCES 33 page | TABLE DES SÉANCES 35 page
doclecture.net - lectures - 2014-2024 year. Copyright infringement or personal data (0.05 sec.)