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TABLE DES SÉANCES 32 page

qu'il soit lui-même ligoté dans un pram ou ailleurs, et bel et bien serré et boudiné pour que puisse être ailleurs Le signifiant, l'image d'une toute­puissance rêvée.

 

Et c'est bien ainsi aussi qu'il nous faut comprendre le rôle pour lui capital de l'omnipotence, toute cette histoire et cette observation de l'automobile.

 

L'automobile, cet instrument problématique de notre civilisation dont chacun sent bien le rapport d'une part à la puissance :

les chevaux, la vitesse, le « pin of speed ».

Et chacun de dire évidemment « équivalent phallique », équivalent de la « puissance de secours » des impuissants.

 

Mais d'autre part, chacun sait bien le caractère infiniment couplé, féminin aussi.

Car automobile, ce n'est pas pour rien que nous

le disons au féminin, que nous lui donnons à l'occasion, à cette automobile, toutes sortes de menus surnoms qui ont aussi le caractère d'un partenaire de l'autre sexe.

 

Eh bien, cette automobile dans l'occasion,

sur laquelle il fait ces remarques si problématiques, à savoir : « C'est drôle qu'on en parle comme d'un être vivant » [p.135]

 

Ce sont là banalités bien entendu, mais cette automobile, chose très curieuse, est tellement évidemment ce en quoi se produit cette sorte d'ambiguïté signifiante qui fait que c'est à la fois ce qui le protège, ce qui le lie et l'enveloppe,

ce qui par rapport à lui, a exactement la même position que dans le rêve le chaperon protrus

il s'agit d'ailleurs du même mot

qui est employé dans les deux cas

…que dans le rêve cette bizarre protubérance sexuelle sur laquelle il se trouve mettre le doigt, que d'autre part…

j'ai bien souligné cela que j'ai mal traduit

…il ne faut pas lire « striée de rouge », mais « doublée de rouge »…

 

Mais que nous dit l'analyste ?

L'analyste ici ne s'y est pas trompée.

Le moment, nous dit-elle, où elle porte son intervention décisive n'est pas le moment où elle commence à le mettre sur la voie de son agression, avec comme résultat chez ce sujet, d'ailleurs, cette curieuse manifestation qu'on peut appeler psychosomatique, dont elle ne relève pas tout à fait le caractère,

à savoir qu'à la place de la toux, le lendemain

il éprouve une petite colique avant d'entrer.

 

Dieu sait s'il a serré son jeu pour cela car…

comme je l'ai dit tout à l'heure

…il a tout à perdre au moment d'entrer pour la séance suivante dans le cabinet de l'analyste.

 

Mais l'interprétation qui, à Ella SHARPE elle-même, paraît la plus illuminante, c'est à la deuxième séance après cette interprétation quand le sujet



lui raconte qu'il a encore eu la colique en quittant la dernière fois la séance.

Puis il parle de quoi ? il dit :

 

« Je n'ai pas pu avoir ma voiture, le garagiste n'avait pas fini; je n'ai pas pu l'engueuler parce qu'il est si gentil qu'on ne peut pas lui en vouloir, il est brave comme tout …//… et puis je n'en ai aucun besoin de cette voiture. - Et il ajoute avec un accent d'irritation - Mais vraiment j'en ai tout de même bougrement envie, je la veux, j'aime cela. »

 

[he had been unable to use his car because certain repairs had not been finished. The garage man was so very good, so very kind; it was impossible to be angry with him …//… Not that the car was imperative for him at the moment; it was not a necessity, but he wanted it, he liked it. p.146]

 

Et elle ne s'y trompe pas.

 

« Pour la première fois, dit-elle, j'avais affaire à des libidinal wishes ».

[Then for once I was able to deal with the libidinal wishes. p.147]

 

Ici il s'agit de la libido, donc nous sommes bien d'accord avec elle.

 

Si je fais cette critique d'Ella SHARPE, c'est parce que je la trouve en tous points, dans cette observation, admirablement sensible. Elle comprend l'importance de cela, à savoir ce qui est présent dans la vie d'un sujet proprement comme désir.

Le désir étant caractérisé par son caractère non-motivé, il n'a aucun besoin de cette voiture.

Le fait qu'il lui déclare son désir, que c'est

la première fois qu'elle entend un discours pareil, est quelque chose qui se présente soi-même comme déraisonnablement dans le discours du sujet.

 

Elle nous dit qu'elle saute là-dessus,

c'est-à-dire qu'elle le lui souligne.

Chose curieuse, ici nous avons comme une espèce

de flottement de l'appareil de projection :

alors qu'elle nous a toujours tellement dit

ce qu'elle a dit au sujet, même les choses les plus audacieuses, les plus hasardées, là nous ne savons pas exactement ce qu'elle lui a dit.

 

C'est très agaçant !

 

Ce qu'elle nous dit, c'est qu'elle était vraiment ivre de joie de l'occasion de lui dire : là vous avouez que vous désirez quelque chose.

Mais qu'est-ce qu'elle a pu lui dire ?

Nous ne le saurons pas. Nous savons simplement qu'elle a pu tout de même lui dire quelque chose d'assez orienté dans le sens de ce qu'elle lui avait dit avant pour que ce soit justement après

ce qu'elle lui a dit que, le lendemain,

le sujet vienne lui dire, mi­content, « mi-figue, mi-raisin », que cette nuit-là, il a mouillé son lit.

 

Nous ne pouvons pas considérer que ce soit,

je vous l'ai dit déjà, en soi-même un symptôme qui, si transitoire et si significatif soit-il de ce

qu'un coup a été porté, qui certainement a retenti, puisse être tout de même quelque chose qui nous confirme absolument dans ce que je pourrais appeler « le sens de la bonne direction du dire » - si « dire » il y a.

 

C'est à savoir que si nous avons la notion

de ce quelque chose que représente une énurésie,

c'est certainement de la mise en action,

je dirais personnelle, du pénis.

 

Mais enfin ce n'est tout de même pas une mise en action génitale, c'est justement le pénis comme réel qui intervient en écho très fréquemment…

c'est ce que la clinique

nous montre chez les enfants

…de l'activité sexuelle des parents.

 

C'est pour autant que les sujets masculins ou féminins, enfants, sont dans une période où ils sont très profondément intéressés par le commerce sexuel des parents qu'il arrive ces manifestations énurétiques qui dans l'occasion sont la mise en jeu sur le plan du réel de l'organe comme tel.

 

Mais l'organe comme tel, comme réel, non plus comme signifiant, qui est bien quelque chose qui nous montre qu'en cette occasion l'intervention

d'Ella SHARPE a eu en effet une certaine portée.

 

Cette portée est-elle opportune ?

C'est bien entendu ce qui reste à voir de plus près. Il est bien clair que ce qui suit, à savoir l'arrivée, le surgissement, certaines réactions que le sujet alors a lui-même…

semble-t-il avec une certaine

conscience de satisfaction

…à son actif et qui est le fait qu'au jeu

il ne s'est plus laissé railler par ses camarades…

c'est-à-dire qu'il en a pris un au collet

et qu'il lui a serré le kiki dans un coin

avec assez de force pour qu'il n'ait plus

envie de recommencer

…ne peut d'aucune façon être considéré comme quelque chose qui soit vraiment dans la ligne qui est à obtenir.

 

N'oublions quand même pas que s'il y a quelque chose qui est à permettre au sujet, c'est-à-dire de

« corner l'autre dans un jeu », cela n'est absolument pas la même chose que de le « corner à la gorge » à propos de ce jeu.

 

C'est justement là la réaction inadéquate, celle qui ne le rend pas un instant plus capable de le « corner au jeu », c'est-à-dire en tant que là où se passe les relations avec l'Autre, l'Autre :

- comme lieu de la parole,

- comme lieu de la loi,

- comme lieu des conventions du jeu

…c'est justement cela qui se trouve, par cette légère déclinaison de l'acte d'intervention analytique, raté.

 

Je crois que nous avons aujourd'hui poussé les choses assez loin. Je ferai la prochaine fois le dernier séminaire de ce qui se groupe ici autour de l'analyse littéraire à propos du désir et de son interprétation.

 

Et j'essayerai de rassembler pour vous en quelques formules comment nous devons concevoir cette fonction du signifiant phallique dans toute sa généralité à propos

de la relation […] et de la façon dont le sujet

se situe dans le désir.

 

J'essayerai de rassembler autour des notions

que j'essaie ici d'articuler à l'aide du graphe cette fonction que nous devons donner très précisément

au signifiant phallique.

 

J'essayerai de vous montrer aussi où se situe exactement, comment à titre de repérage dans votre exercice d'analyse vous pouvez essayer de situer,

le signifiant phallique dans ce schéma.

 

Pour tout dire…

et pour donner quelque chose qui est emprunté

à l'œuvre d'un écrivain auquel j'ai fait déjà allusion ici, Lewis CARROLL

…je vous montrerai ce que Lewis CARROLL[54] quelque part dit à peu près ainsi :

 

« Il pensait qu'il avait vu une porte de jardin…

cette fameuse porte du jardin paradisiaque de l'intérieur du ventre maternel, autour duquel se centrent actuellement, ou s'engouffrent même, toutes les théories analytiques

…qui s'ouvrait avec une clé. Il regarda de plus près et s'aperçut que c'était une double

règle de trois. »

 

 

La prochaine fois je vous montrerai quelle est

cette « règle de trois ».

 

11 Février 1959 Table des séances

 

Le rêve d'Ella SHARPE (5)

 

J'ai annoncé la dernière fois que je terminerai cette fois-ci l'étude de ce rêve que nous avons particulièrement fouillé du point de vue de son interprétation, mais je serai obligé d'y consacrer encore une séance.

 

Je rappelle rapidement que c'est ce rêve d'un patient avocat qui a de grands embarras dans son métier.

Et Ella SHARPE n'en approche qu'avec prudence,

le patient ayant toute l'apparence de se tenir à carreau, sans qu'il s'agisse d'ailleurs de rigidité dans

son comportement.

 

Ella SHARPE n'a pas manqué de souligner que tout

ce qu'il raconte est du pensé, non pas du senti.

Et au point où on en est de l'analyse, il a fait

un rêve remarquable qui a été un tournant de l'analyse et qui nous est brièvement rapporté.

C'est un rêve que le patient concentre en peu de mots encore qu'il y ait eu là, dit-il, « un énorme rêve »,

si énorme que s'il s'en souvenait, il n'en finirait pas de le rapporter.

 

Il émerge de ceci quelque chose qui jusqu'à

un certain degré présente les caractères d'un rêve répété, c'est-à-dire d'un rêve qu'il a déjà eu.

 

C'est-à-dire que quelque part dans ce voyage qu'il a entrepris, comme il dit, « …avec sa femme autour du monde… » - et j'ai souligné cela - en un point qui est en Tchécoslovaquie

c'est le seul point sur lequel Ella SHARPE

nous dira qu'elle n'a pas obtenu de lumières suffisantes faute d'avoir interrogé le patient sur ce que signifie le mot Tchécoslovaquie, et

elle le regrette car cette Tchécoslovaquie, après tout, nous pouvons peut-être en penser quelque chose

…il se passe : « …un jeu sexuel avec une femme devant sa femme.» [p.132]

La femme avec qui le jeu sexuel se poursuit

est quelqu'un qui se présente par rapport à lui

comme dans une position supérieure.

 

D'autre part il n'apparaît pas tout de suite dans

son dire, mais nous le trouvons dans ses associations, qu'il s'agit pour elle de manœuvrer « to get my penis ».

 

J'ai signalé le caractère très spécial du verbe to get en anglais. To get, c'est « obtenir », de toutes

les façons possibles du verbe obtenir.

 

C'est un verbe beaucoup moins limité qu'obtenir, c'est obtenir, attraper, saisir, en finir avec. Et to get, si la femme arrive à « to get my penis », cela voudrait dire qu'elle l'a.

 

Mais ce pénis entre d'autant moins en action que

le sujet nous dit que le rêve se termine sur ce vœu que devant le désappointement de la femme

il pensait qu'elle devrait bien se masturber.

 

Et je vous ai expliqué que ce dont il s'agissait évidemment là est le sens clef, le sens secret du rêve. Dans le rêve cela se manifeste par le fait que le sujet dit « Je voudrais bien la masturber ». [...I thought that I would masturbate her. p.133]

 

En fait il y a une véritable exploration de quelque chose qui est interprété…

avec beaucoup d'insistance et de soin

dans l'observation par Ella SHARPE

…comme étant l'équivalent du chaperon.

 

Quand on regarde de près, ce quelque chose mérite

de retenir notre attention. C'est quelque chose qui montre que l'organe féminin est là comme une sorte

de vagin retourné ou prolabé. Il s'agit de vagin, non pas de chaperon.

 

Et tout se poursuit comme si cette pseudo-masturbation

du sujet n'était pas autre chose qu'une sorte de vérification de l'absence du phallus.

 

Voilà dans quel sens j'ai dit que la structure imaginaire, l'articulation manifeste du rêve, devait au moins nous obliger à limiter le caractère du signifiant.

 

Et je pose en somme la question de savoir

si par une méthode plus prudente…

pouvant être considérée comme plus stricte

…nous ne pouvons pas arriver à une précision

plus grande dans l'interprétation, à condition que

les éléments structuraux avec lesquels nous avons ici pris le parti de nous familiariser soient suffisamment mis en ligne de compte pour permettre justement

de différencier ce qui est le sens de ce cas.

 

Et nous allons voir qu'à le faire, nous voyons

que comme d'habitude, les cas les plus particuliers sont les cas dont la valeur est la plus universelle,

et que ce que nous montre cette observation

est quelque chose qui n'est pas à négliger.

 

Car il s'agit de rien moins que de préciser à cette occasion ce caractère de signifiant sans lequel on ne peut pas donner sa véritable position à la fonction du phallus

qui reste à la fois toujours si importante,

si immédiate, si « carrefour »

dans l'interprétation analytique

…sans qu'à tout instant nous ne nous trouvions

à propos de son maniement dans des impasses

dont le point le plus frappant est « traduit-trahi » par

la théorie de Mme Mélanie KLEIN, dont on sait qu'elle fait de l'objet phallus le plus important des objets.

 

L'objet phallus s'introduit dans la théorie kleinienne, et dans son interprétation de l'expérience,

comme quelque chose, dit-elle, qui est le substitut, le premier substitut qui vient à l'expérience

de l'enfant, qu'il s'agisse de la petite fille ou du garçon, comme étant un signe plus commode,

plus maniable, plus satisfaisant.

 

C'est quelque chose à provoquer des questions sur

le rôle, le mécanisme…

Comment faut-il que nous concevions cette issue

d'un fantasme tout à fait primordial, comme étant ce autour de quoi

déjà va s'ordonner ce conflit très profondément agressif qui met le sujet dans un certain rapport avec

le contenant du corps de la mère ?

Pour autant que du contenant il convoite, il désire…

tous les termes sont employés, malheureusement toujours avec difficulté : c'est-à­dire juxtaposés

…il veut arracher ces bons et ces mauvais objets qui sont là dans une sorte de primitif mélange à l'intérieur

du corps de la mère.

 

Et pourquoi à l'intérieur du corps, le privilège accordé

à cet objet phallus ?

 

Assurément, si tout cela nous est apporté avec

la grande autorité, le style de description si tranché, dans une sorte d'éblouissement par le caractère déterminé des styles, je dirais presque non ouvert à aucune discussion des énoncés kleiniens, on ne peut pas manquer aussi de se reprendre après en avoir entendu attester et à chaque instant se demander :

qu'est-ce qu'elle vise ?

 

Est-ce que c'est l'enfant effectivement qui apporte le témoignage de cette prévalence de l'objet phallus,

ou bien au contraire c'est elle-même qui nous

le donne, le signal du caractère de signifiant

comme ayant le sens du phallus ?

 

Et je dois dire que, dans de nombreux cas,

nous ne sommes pas éclairés sur le choix qu'il faut faire quant à l'interprétation. En fait je sais que certains d'entre vous se demandent où il faut placer ce signe du phallus dans les différents éléments du graphe autour duquel nous essayons d'orienter l'expérience du désir et de son interprétation.

 

Et j'ai eu quelques échos de la forme qu'a pu prendre pour certains la question : quel est le rapport de ce phallus avec l'Autre, le grand Autre dont nous parlons comme du lieu de la parole?

 

Il y a un rapport entre le phallus et le grand Autre, mais ce n'est certainement pas un rapport au-delà, dans le sens où le phallus serait l'être du grand Autre, si tant est que quelqu'un a posé la question dans ces termes. Si le phallus a un rapport avec quelque chose, c'est bien plutôt avec l'être du sujet.

Car je crois que c'est là le point nouveau, important que j'essaye de vous faire saisir dans l'introduction du sujet dans cette dialectique qui est celle qui

se poursuit dans le développement inconscient

des diverses étapes de l'identification, à travers

le rapport primitif avec la mère puis avec l'entrée du jeu de l'Œdipe et du jeu de la loi.

 

Ce que j'ai mis là en valeur est quelque chose qui est à la fois très sensible dans les observations…

très spécialement à propos

de la genèse des perversions

…et qui est souvent voilé dans ce rapport avec

le signifiant phallus.

 

C'est qu'il y a deux choses très différentes

selon qu'il s'agit :

 

- pour le sujet d'être par rapport à l'Autre ce phallus,

 

- ou bien par quelques voies, ressorts ou mécanismes qui sont ceux que nous allons justement reprendre dans la suite de l'évolution du sujet, mais qui déjà sont là, ces rapports, installés dans l'Autre, dans la mère.

 

Précisément la mère a un certain rapport avec le phallus, et c'est dans ce rapport avec le le phallus que le sujet :

- a à se faire valoir,

- à entrer en concurrence avec le phallus.

 

C'est de là que nous sommes partis il y a deux ans quand j'ai commencé de réviser cette relation.

 

Ce dont il s'agit, de la fonction du signifiant phallus

par rapport au sujet, l'opposition de ces deux possibilités du sujet par rapport au signifiant phallus :

 

- de l'être [le phallus],

 

- ou de l'avoir [le phallus],

 

…est là quelque chose qui est une distinction essentielle.

Essentielle pour autant :

 

- que les incidences ne sont pas les mêmes,

 

- que ce n'est pas au même temps du rapport d'identification que l'être et l'avoir surviennent,

 

- qu'il y a entre les deux une véritable ligne de démarcation, une ligne de discernement,

 

- qu'on ne peut pas l'être et l'avoir,

 

- et que pour que le sujet vienne - dans certaines conditions - à l'avoir, il faut de la même façon qu'il y ait renoncement à l'être.

 

Les choses en fait sont beaucoup moins simples

à formuler si nous cherchons à serrer d'aussi près que possible la dialectique dont il s'agit.

 

Si le phallus a un rapport à l'être du sujet :

- ce n'est pas avec l'être du sujet pur et simple,

- ce n'est pas par rapport à ce sujet prétendu sujet-de-la-connaissance, support noétique de tous les objets,

- c'est avec un sujet parlant, avec un sujet en tant qu'il assume son identité et comme tel,

je dirais…

c'est pour cela que le phallus joue sa fonction essentiellement signifiante

…que le sujet à la fois l'est et ne l'est pas.

 

Je m'excuse du caractère algébrique que prendront les choses, mais il faut bien que nous apprenions à fixer les idées puisque, pour certains, des questions se posent.

 

Si dans la notation quelque chose se présente…

et nous allons y revenir tout à l'heure

…comme étant le sujet barré en face de l'objet : Sàa, c'est-à-dire le sujet du désir, le sujet en tant que dans son rapport à l'objet, il est lui-même profondément mis en question et que c'est cela qui constitue la spécificité du rapport du désir

dans le sujet lui-même.

C'est en tant que le sujet est dans notre notation

le sujet barré, qu'on peut dire qu'il est possible, dans certaines conditions, de lui donner comme signifiant le phallus. Ceci en tant qu'il est le sujet parlant.

 

Il est et il n'est pas le phallus :

 

- il l'est parce que c'est le signifiant sous lequel le langage le désigne,

 

- et il ne l'est pas pour autant que le langage, et justement la loi du langage, sur un autre plan le lui dérobe.

 

En fait les choses ne se passent pas là sur le même plan.

Si la loi le lui dérobe, c'est précisément pour arranger les choses, c'est qu'un certain choix,

à ce moment-là, est fait. La loi en fin de compte apporte dans la situation une définition,

une répartition, un changement de plan.

La loi lui rappelle qu'il l'a ou qu'il ne l'a pas.

 

Mais en fait ce qui se passe est quelque chose

qui joue tout entier dans l'intervalle entre :

cette identification signifiante,

et cette répartition des rôles :

 

- le sujet est le phallus,

- mais le sujet, bien entendu, n'est pas le phallus.

 

Je vais mettre l'accent sur quelque chose que

la forme même du jeu de la négation dans la langue nous permettra de saisir dans une formule où se passe le glissement concernant l'usage du verbe être.

 

On peut dire que le moment décisif, celui autour duquel tourne l'assomption de la castration est ceci :

oui, on peut dire qu'il est et qu'il n'est pas le phallus

mais il n'est pas sans l'avoir.

 

C'est dans cette inflexion de « n'être pas sans »,

c'est autour de cette assomption subjective qui s'infléchit entre l'être et l'avoir, que joue la réalité de la castration.

C'est-à-dire que c'est pour autant que le phallus,

que le pénis du sujet dans une certaine expérience, est quelque chose qui a été mis en balance…

qui a pris une certaine fonction d'équivalent

ou d'étalon dans le rapport à l'objet

…qu'il prend sa valeur centrale et que - jusqu'à un certain point - on peut dire que c'est en proportion d'un certain renoncement à son rapport au phallus que le sujet entre en possession de cette sorte d'infinité, de pluralité, d'omnitude du monde des objets,

qui caractérise le monde de l'homme.

 

Remarquez bien que cette formule, dont je vous prie de garder la modulation, l'accent, se retrouve sous d'autres formes dans toutes les langues :

« Il n'est pas sans l'avoir » a son correspondant qui est clair, nous y reviendrons dans la suite.

 

Le rapport de la femme au phallus, et la fonction essentielle de la phase phallique dans le développement

de la sexualité féminine s'articulent littéralement sous la forme différente, opposée, qui suffit à bien distinguer cette différence des départs du sujet masculin et du sujet féminin par rapport à la sexualité.

 

La seule formule exacte, celle qui permet de sortir des impasses, des contradictions, des ambiguïtés autour desquelles nous tournons concernant la sexualité féminine, c'est qu'« elle est sans l'avoir ». Le rapport du sujet féminin au phallus, c'est d'« être sans l'avoir ».


Date: 2016-03-03; view: 443


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