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TABLE DES SÉANCES 31 page

de tout à fait important pour le sujet.

 

C'est quelque chose qui a le plus grand rapport avec le phallus, mais c'est quelque chose aussi qui démontre que le phallus n'est pas là, que le « to get my penis » dont il s'agit pour le partenaire est quelque chose qui fuit, qui se dérobe, non pas simplement par la volonté du sujet, mais parce que quelque accident structural, qui est vraiment ce qui est en question.

 

Ce qui donne son style à tout ce qui revient dans

la suite de l'association, à savoir :

 

- aussi bien cette femme dont il nous parle, qui se conduit si remarquablement en ceci qu'elle imite parfaitement les hommes,

 

- que cette sorte d'incroyable escamoteur dont il se souvient après des années, et qui lui propose avec un bagout incroyable quelque chose…

dont singulièrement, c'est encore

une chose pour une autre

…faire une enveloppe de quelque chose avec l'enveloppe qui est faite pour autre chose, nommément le tissu destiné à faire une capote de voiture - et pour faire quoi ? - pour lui permettre de mettre ses clubs de golf, cette sorte de fallacieux bonhomme, voilà donc ce qui reviendra.

Tout a toujours ce caractère…

de quelque élément qu'il s'agisse

…que ce n'est jamais tout à fait de ce qui se présente qu'il s'agit. Ce n'est jamais de la chose vraie qu'il s'agit, c'est toujours sous une forme problématique que les choses se présentent.

 

Prenons ce qui vient tout de suite après,

et qui va jouer son rôle. Le caractère problématique de ce qui insiste devant le sujet se poursuit tout de suite, et par une question qui lui vient à propos,

qui va surgir des souvenirs de son enfance.

 

Pourquoi diable a-t-il eu à un autre moment,

une autre compulsion…

que celle qu'il a eue au début

de la séance, à savoir la toux

…à savoir couper les lanières de sa sœur ?

 

« Je ne pensais pas que c'était une véritable compulsion. C'est pour la même raison que la toux m'ennuyait. Je suppose que je coupais les sandales de ma sœur dans le même style.

J'ai une mémoire assez obscure de l'avoir fait. Je ne sais pas pourquoi, ni ce que je désirais de ce cuir pour lequel je faisais cela, de ces bandes. »

[I dislike thinking it was a compulsion; that's why the cough annoys me. I suppose I cut up my sister's sandals in the same way. I have only the dimmest memory of doing it. I don't know why nor what I wanted the leather for when I had done it. p.135 lignes 17 à 22]

 

« Mais enfin il faut croire que je voulais en faire quelque chose d'utile mais, je pense, de tout à fait unneccessary. C'était fort utile dans mon esprit, mais cela n'avait aucune nécessité sérieuse.

[that makes me think of how I used to collect leather straps, of how I used to cut up leather straps. I thought



I wanted the strips to make something usefill but I expect something quite unnecessary. p.135 lignes 15 à 17]

 

Là aussi nous nous trouvons devant une sorte de fuite dans laquelle va suivre une autre fuite encore,

à savoir la remarque qu'il pense tout d'un coup

aux courroies qui liaient la capote de la voiture, ou plutôt cela lui fait penser aux courroies qu'il y a

à un « pram », qui est une voiture d'enfant.

 

Et à ce moment là d'une curieuse façon, d'une façon négative, il introduit la notion de « pram ». Il pense qu'il n'y avait pas de pram chez lui. Or justement :

 

« …il n'y a rien de plus bête - dit-il lui-même - de dire qu'il n'y avait pas de pram chez nous.

Il y en avait sûrement puisqu'il y avait deux enfants. »

[and I then thought how silly you are, you must have had a "pram." p.135]

Toujours le même style de choses qui apparaît sous

la forme de quelque chose qui manque et qui domine tout le style des associations du sujet. Le pas suivant, enchaîné directement sur cela, quel est-il ?

 

« Tiens je me suis rappelé, là tout de suite, dit-il, que je devais envoyer deux lettres à deux membres qui doivent être admis à notre club. Et je me vantais d'être un meilleur secrétaire que le dernier,

c'est tout de même assez drôle, maintenant voilà que je viens justement d'oublier de donner à ceux-ci la permission d'entrer au club. »

[I've suddenly remembered I meant to send off letters admitting two members to the Club. I boasted of being a better secretary than the last and yet here I am forgetting to give people permission to enter the Club. p.135-136]

 

Autrement dit, je ne leur ai pas écrit.

Et enchaîné tout de suite, et indiqué entre guillemets dans le texte d'Ella SHARPE, encore qu'elle n'en fasse pas état parce que pour un lecteur anglais ces lignes n'ont même pas besoin d'être entre guillemets, une citation d'une phrase qui se trouve dans ce qu'on appelle la General Confession, à savoir une des prières du Book of Common Prayer du « Livre de prière pour tout le monde » qui forme le fondement des devoirs religieux

des individus dans l'Église d'Angleterre.

 

Je dois dire que mes relations avec le Book of Common Prayer ne datent pas d'hier et je ne ferai qu'évoquer ici

le très joli objet qui avait été créé il y a vingt

ou vingt cinq ans dans la communauté surréaliste

par mon ami Roland PENROSE qui avait fait un usage, pour les initiés du cercle, du Book of Common Prayer.

Lorsqu'on l'ouvrait, de chaque côté du plat intérieur de la couverture il y avait un miroir.

 

Ceci est fort instructif, car c'est là le seul tort qu'on puisse faire à Ella SHARPE pour qui sûrement

ce texte était beaucoup plus familier qu'à nous,

car le texte du Book of Common Prayer n'est pas tout à fait pareil à la citation qu'en donne le sujet :

 

« We have left undone… »,

« Nous avons laissées non faites ces choses que nous avions à faire… »

 

au lieu de :

 

« Nous n'avons pas fait ces choses que nous devons faire » (citation du sujet). [« Ah well, we have undone those things we ought to have done … » p.136 ]

 

C'est peu de chose, mais à la suite manque une phrase entière qui en est en quelque sorte la contre partie dans le texte de la Prière de confession générale :

 

« Et nous avons fait ces choses que nous ne devions pas faire. »

 

Ceci, le sujet n'éprouve pas du tout le besoin de s'en confesser, pour une bonne raison,

c'est qu'en fin de compte il s'agit vraiment pour lui jamais que de

« ne pas faire les choses ».

Mais « faire les choses », cela n'est pas son affaire.

C'est bien en effet ce dont il s'agit puisqu'il ajoute qu'il est tout à fait incapable de faire

quoi que ce soit de crainte de trop bien réussir, comme nous l'a souligné l'analyste.

 

Et puis, car cela n'est pas la moindre chose,

c'est là que je veux en venir, le sujet continue

la phrase : « Il n'y a rien de bon en nous ». […and there is no good thing in us. p.136]

 

Ceci est une pure invention du sujet, car dans

le Book of Common Prayer, il n'y a rien de tel.

Il y a : « Il n'y a pas de santé en nous ».

 

Je crois que ce « good thing » qu'il a mis à la place

est bien ce dont il s'agit.

Je dirais que ce bon objet qui n'est pas là,

c'est bien ce qui est en question, et il nous confirme une fois de plus qu'il s'agit du phallus.

 

Il est très important pour le sujet de dire que ce

bon objet n'est pas là, nous retrouvons encore le terme : il n'est pas là, il n'est jamais là où on l'attend.

 

Et c'est assurément un « good thing » qui est pour lui quelque chose de la plus extrême importance, mais

il est non moins clair que ce qu'il tend à montrer,

à démontrer c'est toujours une seule et même chose,

à savoir qu'il n'est jamais là. Là où quoi ?

 

Là où on pourrait to get, s'en emparer, le prendre.

Et c'est bien ce qui domine l'ensemble du matériel dont il s'agit.

 

Qu'à la lumière de ce que nous venons ici d'avancer, le rapprochement entre les deux compulsions :

 

- celle de la toux,

 

- et aussi bien celle d'avoir coupé les bandes de cuir des sandales de sa sœur,

 

…nous paraisse moins surprenant.

 

Car c'est vraiment une interprétation analytique

des plus courantes :

le fait de couper les bandes de cuir qui retiennent les sandales de sa sœur a un rapport que nous nous contentons ici, comme tout le monde, d'approximer globalement avec le thème de la castration.

Vous prendrez M. FENICHEL, vous verrez que les coupeurs de tresses sont des gens qui font cela

en fonction de leur complexe de castration.

 

Mais comment pouvoir dire…

sauf à la pesée la plus exacte d'un cas

…si c'est :

- la rétorsion de la castration,

- l'application de la castration à un autre sujet qu'à eux-mêmes

- ou au contraire, apprivoisement de la castration,

- mise en jeu sur l'autre d'une castration qui n'est pas une vraie castration, et donc qui ne se manifeste pas si dangereuse que cela : domestication si l'on peut dire, ou moins-value, dévaluation de la castration au cours de cet exercice. D'autant plus que coupant les nattes, il est toujours possible, concevable, que les dites nattes repoussent, c'est-à-dire réassurent contre la castration.

 

Ceci est, bien sûr, tout ce que la somme des expériences analytiques permet sur ce sujet d'embrancher mais qui, dans l'occasion, ne nous apparaît que comme cachant…

Mais qu'il y ait liaison avec la castration

ceci ne fait aucune espèce de doute.

Mais alors ce dont il s'agit, si nous nous obligeons à ne pas aller plus vite et à soutenir les choses

au niveau où nous les avons suffisamment indiquées, c'est-à-dire qu'ici la castration est quelque chose qui fait partie si l'on peut dire, du contexte, du rapport, mais que rien ne nous permet jusqu'à présent de faire intervenir d'une façon aussi précise que l'analyste l'a fait, l'indication du sujet, postulée en l'occasion, pour articuler quelque chose comme étant une intention agressive primitivement retournée contre lui.

 

Mais qu'en savons nous après tout ?

Est-ce qu'il n'est pas beaucoup plus intéressant

de poser, de renouveler sans cesse la question :

ce phallus où est-il ?

Où est-il en effet, où faut-il le concevoir ?

 

Ce que nous pouvons dire, c'est que l'analyste va très loin, va très fort en disant au sujet :

 

- il est quelque part très loin en vous,

- il fait partie d'une vieille rivalité avec votre père,

- il est là au principe de tous vos vœux primordiaux de toute puissance,

- il est là à la source d'une agression dont vous avez en cette occasion la rétorsion.

 

Alors que rien à proprement parler ne permet de saisir dans le texte quelque chose qui s'articule ainsi.

 

Essayons quant à nous, après tout, de nous poser

la question peut-être même un tout petit peu plus hardiment que nous n'y serions portés de nature.

Nous ne pouvons pas, semble-t-il, proposer à propos d'une observation imprimée comme cela, écrite, quelque chose qui serait ce que nous demanderions à un élève.

 

S'il s'agissait d'un élève, j'en parlerais beaucoup plus sévèrement, je dirais quelle mouche vous a piqué de dire une chose pareille !

Je poserais la question dans un cas semblable :

où est l'élément de contre-transfert ?

C'est là ce qui peut sembler hardi, de poser une pareille question à propos d'un texte d'un auteur qui, somme toute, est quelqu'un dont nous avons toutes raisons de faire à cette date la plus extrême confiance, à savoir Ella SHARPE.

 

Je me suis souri à moi-même au moment où je me suis posé cette question car elle me paraissait à proprement parler un petit peu exorbitante.

Eh bien on n'a jamais tort, en fin de compte,

d'être comme cela un tout petit peu trop audacieux. Il arrive que ce soit comme cela qu'on trouve ce que l'on cherche.

 

Et dans l'occasion, j'ai cherché d'abord avant de trouver, je veux dire que j'avais lu presque distraitement

les premières pages de ce livre, je veux dire que comme toujours on ne lit jamais bien, et il y avait pourtant quelque chose d'extrêmement joli.

 

Tout de suite après avoir parlé du père mort,

de ce père qu'elle n'arrive pas à réveiller dans la mémoire du sujet, qu'elle est arrivée à faire bouger un tout petit peu ces derniers temps…

vous vous rappelez que le sujet s'émerveillait que son père, dans un temps, avait parlé

…tout de suite après, elle fait remarquer que

c'est la même difficulté qu'il y a avec elle, à savoir que :

 

« Il n'a pas de pensées à mon propos, ce patient. ».[He has no thoughts about me. p.126]

 

Il y avait là déjà quelque chose qui aurait pu retenir notre attention.

 

« Il ne sent rien à mon propos. Il ne peut pas croire à cela. »

 

[He has no thoughts about me. He feels nothing about me. He cannot believe in the theory of transference. p.126]

 

C'est inquiétant, il faut le dire.

Que le sujet n'en prenne pas conscience comme tel, cela ne dit pas qu'il n'y a pas de manifestation, car tout de même il y a une espèce de fourragement obscur de l'anxiété à telle ou telle occasion. C'est là que j'avais mal retenu quelque chose qui s'exprime ici. Mais quand on lit cela, on croit que c'est une dissertation générale comme il arrive d'en faire

à l'analyste :

 

« Je pense - dit-elle, il s'agit bien de cela - que l'analyse pourrait être comparée à un jeu d'échecs qui tire en longueur et qui doit continuer ici - dit-elle - jusqu'à ce que je cesse d'être le père qui se venge dans l'inconscient, qui s'emploie à le « cornering him », à le coincer, à le mettre en échec,

après quoi il n'y a plus d'autre alternative que la mort. »

[I think the analysis might be compared to a long-drawn-out game of chess and that it will continue to be so until

I cease to be the unconscious avenging father who is bent on cornering him, checkmating him, after which there is no alternative to death. p.127]

 

Cette référence curieuse au jeu d'échec dans cette occasion…

qu'à la vérité rien n'implique

…est quand même ce qui mérite à cette occasion de retenir notre attention. Je dirai qu'au moment où j'ai lu cette page, je l'ai trouvée effectivement

très jolie, que je ne me suis pas tout de suite arrêté

à sa valeur dans l'ordre transférentiel.

Je veux dire qu'au cours de la lecture, ce que cela

a fait vibrer en moi c'est : c'est très joli !

 

On devrait comparer tout le déroulement d'une analyse au jeu d'échecs. Et pourquoi ?

Parce que ce qu'il y a de plus beau et de plus saillant dans le jeu d'échecs, c'est que c'est un jeu

qu'on peut décrire ainsi :

il y a un certain nombre d'éléments que nous caractériserons comme des éléments signifiants,

chacune des pièces est un élément signifiant.

 

Et en somme, dans un jeu qui se joue à l'aide d'une série de mouvements en réplique fondés sur la nature de ces signifiants, chacune ayant son propre mouvement caractérisé par sa positon comme signifiant, ce qui se passe c'est la progressive réduction du nombre de signifiants qui sont dans le coup.

 

Et on pourrait après tout décrire une analyse ainsi : qu'il s'agit d'éliminer un nombre suffisant de signifiants pour qu'il reste seulement en jeu un nombre assez petit de signifiants pour qu'on sente bien où est

la position du sujet dans leur intérieur.

 

Pour y être revenu par la suite, je crois qu'en effet cela peut nous mener assez loin.

Mais ce qui est important c'est ceci :

c'est qu'Ella SHARPE…

effectivement tout ce que je connais ou pouvais connaître par ailleurs de son œuvre l'indique

…a effectivement cette conception de l'analyse,

qu'il y a dans son interprétation de la théorie analytique cette espèce de profonde mise en valeur

du caractère signifiant des choses.

 

Elle a mis l'accent sur la métaphore d'une façon qui ne dissone absolument pas avec les choses que je vous explique.

Et tout le temps, elle sait mettre en valeur

cet élément de substitution à proprement parler linguistique, dans les symptômes, qui fait qu'elle l'a porté dans ses analyses de thèmes littéraires

qui constituent une part importante de son œuvre.

 

Et tout ce qu'elle donne comme règles techniques participe aussi de quelque chose qui est tout à fait profondément marqué d'une espèce d'expérience, d'appréhension du jeu de signifiants comme tel.

 

De telle sorte que la chose dont, dans cette occasion,

on puisse dire qu'elle méconnaisse, je dirai que ce sont ses propres intentions qui s'expriment dans ce registre…

sur le plan de la parole dont il s'agit

au premier plan de cette observation

…de « coincer ».

 

Le « cornering him » est là amené d'abord par elle.

C'est uniquement dans les séances ultérieures

à l'interprétation qu'elle a donnée de ce rêve, que nous verrons apparaître le même mot dans le discours du patient, et je vous dirai tout à l'heure à quel propos.

 

C'est pourquoi, vous le savez déjà, je vous ai indiqué ce qui se passait aussi deux séances après.

À savoir son impossibilité de « to corner » son partenaire dans un jeu également, le jeu de tennis, de le coincer pour donner le dernier shot,

celui que le type ne peut pas aller rattraper.

 

 

Il s'agit bien en effet de ceci, que c'est sur ce plan que l'analyste se manifeste. Et je ne suis pas du tout en train de dire que le sujet s'en aperçoit.

 

Il est bien entendu qu'elle est une bonne analyste. Elle le dit de toutes les façons :

c'est un cas dans lequel vous avez pu remarquer,

dit-elle aux étudiants, que je ne fais que la plus petite remarque, ou que je me tais.

 

Pourquoi ? - dit-elle - parce qu'il n'y a absolument rien chez ce sujet qui ne m'indique, de toutes les façons, que sa prétention à vouloir être aidé veut dire exactement le contraire, à savoir qu'avant tout il veut rester à l'abri, et avec sa petite couverture,

sa capote de voiture sur lui.

 

Le « hood », c'est vraiment une position tout à fait fondamentale. Cela, elle le sent, tout ce qui se passe à propos du souvenir du « pram » qui est effacé, c'est quand même ceci qu'il a été dans son lit

« pinned in bed », c'est-à-dire « épinglé ».

 

D'ailleurs il apparaît qu'il a des notions très précises sur ce que peut provoquer chez un enfant

le fait d'être plus ou moins ligoté, encore qu'il n'y ait rien de particulier dans son souvenir qui

lui permette de l'évoquer, mais qu'assurément

à cette position liée, il tient beaucoup.

 

Donc elle est bien loin de laisser transparaître

cet élément de contre-transfert, c'est-à-dire quelque chose qui serait trop interventionniste dans le jeu. Un jeu agressif dans ce jeu d'échecs.

 

Mais ce que je dis, c'est parce qu'elle en sent si bien la portée de cette notion, cet exercice agressif du jeu analytique, qu'elle ne voit pas sa portée exacte, à savoir que ce dont il s'agit, c'est de quelque chose qui a les plus étroits rapports aux signifiants.

 

À savoir que si nous nous demandons où est le phallus, c'est dans ce sens que nous devons le chercher. Autrement dit que, si vous voulez, dans le quadrangle du schéma :

 

- du sujet,

- de l'autre,

- du moi en tant qu'image de l'autre

- et du grand Autre,

 

c'est de cela qu'il s'agit :

de là où peut apparaître le signifiant comme tel.

 

C'est à savoir que ce phallus qui n'est jamais là

où nous l'attendons, il est quand même là.

Il est là comme la lettre volée, où on l'attend

le moins, et là où pourtant tout le désigne.

 

Pour s'exprimer comme vraiment la métaphore du jeu d'échecs nous permet de l'articuler, je dirais que

le sujet ne veut pas perdre sa dame, et je m'explique.

 

Dans le rêve, le phallus ce n'est pas le sujet qui est là

et qui le regarde. Ce n'est pas là qu'il est le phallus. Car pour ce sujet en effet…

comme le perçoit obscurément à travers un voile

l'analyste dans son interprétation

…le sujet a un certain rapport à l'omnipotence,

à la « potence » tout simplement, à la puissance.

 

Sa puissance…

dans cette occasion le phallus

…ce qu'il convient qu'il préserve à tout prix, qu'il maintienne hors du jeu parce que ce phallus il peut le perdre dans le jeu, est ici dans le rêve représenté tout simplement par le personnage auquel on penserait le moins qu'il le représente, à savoir sa femme qui est là, bien loin d'être l'apparent témoin qu'elle est, car à la vérité de cette fonction de voir,

il n'est nullement indiqué que ce soit là quelque chose d'essentiel.

 

Chez ce sujet comme chez beaucoup de sujets…

et je vous prie de retenir ceci parce que

c'est un fait clinique tellement évident

qu'on est absolument stupéfait que ce ne soit

un lieu commun de la psychanalyse

…le partenaire féminin en tant qu'Autre est justement ce qui représente pour le sujet ce qu'il y a

en quelque sorte de plus tabou dans sa puissance,

et aussi qui se trouve du même coup dominer

toute l'économie de son désir.

 

C'est parce que sa femme est son phallus que je dirais qu'il a fait cette espèce de lapsus infime que

je vous ai noté au passage, à savoir :

faire « un voyage avec ma femme autour du monde » - « …a journey with my wife round the world… » [p.132], et non pas « …round the world with my wife… ».

 

L'accent d'omnipotence est mis sur « round the world »

par notre analyste.

je crois que le secret de l'omnipotence chez ce sujet est dans le « with my wife », et que ce dont il s'agit c'est qu'il ne perde pas cela, c'est-à-dire qu'il ne s'aperçoive pas justement que c'est là ce qui est

à mettre en cause, c'est-à-dire de s'apercevoir

que sa femme est, dans l'occasion, l'analyste.

 

Car en fin de compte c'est de cela qu'il s'agit.

Le sujet ne veut pas « perdre sa dame », dirons-nous,

à la façon des mauvais joueurs d'échecs qui se figurent que perdre sa dame c'est perdre la partie, alors que gagner aux échecs, c'est en fin de compte arriver à ce que l'on appelle une fin de partie, c'est-à-dire avec le sujet, la faculté de déplacement la plus simple et la plus réduite et le minimum de droits…

je veux dire qu'il n'a pas le droit d'occuper

une case qui est mise en échec par une autre

…et avec cela trouver l'avantage de la position.

 

On a au contraire tout avantage dans l'occasion

à sacrifier sa dame. C'est ce que ne veut en aucun cas faire le sujet parce que le signifiant phallus

est ce qui pour lui est identique à tout ce qui

s'est produit dans la relation à sa mère.

 

Et c'est ici qu'apparaît, comme l'observation le laisse nettement transsuder, le caractère déficient, boiteux, de ce qu'a pu apporter le père dans l'occasion.

Et bien entendu, nous retombons dans quelque chose, dans un versant déjà connu de la relation du sujet

au couple parental.

L'important ce n'est pas cela.

 

L'important, c'est effectivement d'accentuer

ce rapport très caché, très secret, du sujet

à son partenaire, parce qu'il est tout ce qu'il y a de plus important à mettre en évidence au moment où il apparaît dans l'analyse.

 

Dans l'analyse où en somme le sujet, par son discret toussotement, avertit…

de ce qui se passe à l'intérieur

…son analyste, si par hasard elle avait…

comme ce qui se passe dans le rêve

…retourné si l'on peut dire son sac ou son jeu, d'avoir à le rentrer, avant que lui n'arrive,

parce qu'à voir ceci, à voir qu'il n'y a rien

qu'un sac, il a tout à perdre.

 

C'est là la prudence dont le sujet fait preuve

et qui en quelque sorte maintient dans un lien serré…

avec tout le « pram pinned » de

la position de son enfance

…le sujet dans un rapport à son désir qui ne peut être que fantasmatique, à savoir qu'il lui faut


Date: 2016-03-03; view: 443


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