Home Random Page


CATEGORIES:

BiologyChemistryConstructionCultureEcologyEconomyElectronicsFinanceGeographyHistoryInformaticsLawMathematicsMechanicsMedicineOtherPedagogyPhilosophyPhysicsPolicyPsychologySociologySportTourism






TABLE DES SÉANCES 30 page

 

« Je m'en aperçois à l'instant même, elle était au-dessus de moi, elle faisait tout ce qu'elle pouvait

to get my penis. »

 

Telle est l'expression sur laquelle nous aurons

à revenir plus loin.

 

« Bien entendu, dit le sujet, cela ne m'agréait pas du tout, au point que je pensais que devant son désappointement je devrais la masturber. »

 

Il fait une remarque ici sur la nature foncièrement intransitive du verbe to masturbate, en anglais,

dont nous avons intérêt déjà, avec l'auteur lui-même…

encore que l'auteur en ait accentué moins directement son fondement sur la remarque

en quelque sorte grammaticale du sujet

…à remarquer qu'il s'agit bien entendu d'une masturbation du sujet.

 

Nous avons la dernière fois, mis en relief la valeur de ce qui apparaît moins encore dans les associations que dans le développement de l'image du rêve,

à savoir, que forme ce repli, ce « hood »[49] à la façon du repli d'un chaperon, dont parle le sujet.

 

Et nous avons montré qu'assurément le recours au bagage des images…

considérées par la doctrine classique et issues manifestement de l'expérience, quand on les fait agir en quelque sorte comme autant d'objets séparés sans très bien repérer leur fonction par rapport au sujet

…pousse peut-être à quelque chose qui peut être forcé.

 

 

Donc nous avons souligné la dernière fois ce qu'il pouvait y avoir de paradoxal dans l'interprétation trop hâtive de ce singulier appendice, de cette protusion de l'organe génital féminin comme étant d'ores et déjà le signe qu'il s'agit du phallus de la mère.

 

Aussi bien d'ailleurs une telle chose n'est-elle pas sans entraîner dans la pensée de l'analyste un autre saut, tellement il est vrai qu'une démarche imprudente ne peut se rectifier…

contrairement à ce qu'on dit

…que par une autre démarche imprudente,

que l'erreur est bien moins érudite qu'on ne croit car la seule chance de se sauver d'une erreur

est d'en commettre une autre qui la compense.

Nous ne disons pas qu'Ella SHARPE a complètement erré, nous essayons d'articuler de meilleurs modes de direction qui auraient pu permettre une adéquation plus complète. Ceci sous toute réserve bien entendu puisque nous n'aurons jamais l'expérience cruciale.

 

Mais le saut suivant dont je parlais est que ce dont il s'agit, c'est encore bien moins du phallus du partenaire

du partenaire dans l'occasion imaginé dans le rêve

…que du phallus du sujet.

 

Ceci nous le savons, le caractère masturbatoire du rêve, nous l'admettons, coordonné par bien d'autres choses, de tout ce qui paraît après dans les dires du sujet.



 

Mais ce phallus du sujet, d'ores et déjà, nous sommes amenés à le considérer comme étant cet instrument

de destruction, d'agression, d'un type extrêmement primitif, tel qu'il sort de ce qu'on pourrait appeler l'imagerie. Et c'est dans ce sens que d'ores et déjà s'oriente la pensée de l'analyste, Ella SHARPE dans l'occasion, et encore qu'elle soit loin de communiquer l'ensemble de son interprétation au sujet.

 

Le point sur lequel elle va tout de suite intervenir, en ce sens qu'elle le dit, c'est après lui avoir fait remarquer les éléments qu'elle appelle d'omnipotence. Selon son interprétation, ce qui apparaîtrait en son dire dans le rêve serait :

deuxièmement : la masturbation,

troisièmement : cette masturbation est omnipotente, dans le sens

qu'il s'agit de cet organe perforant et qui mord qu'est le propre phallus du sujet.

 

Il faut bien dire qu'il y a là une véritable intrusion, une véritable extrapolation théorique de la part de l'analyste, car à la vérité rien…

ni dans le rêve, ni dans les associations

…ne donne aucune espèce de fondement à faire intervenir tout de suite dans l'interprétation cette notion chez le sujet que le phallus ici interviendrait en tant qu'organe d'agression, et que ce qui serait redouté ce serait en quelque sorte le retour, la rétorsion de l'agression impliquée de la part du sujet.

On ne peut pas ne pas souligner là que nous voyons mal à quel moment le sujet passe de ces intrusions

à l'analyse de ce qu'elle a effectivement devant

les yeux, et qu'elle sent avec tellement de détails et de finesse.

 

Il est clair qu'il s'agit de théorie.

 

Il suffit de lire cette formule pour s'apercevoir qu'après tout, rien ne justifie cela, si ce n'est quelque chose que l'analyste ne nous dit pas.

 

Mais encore nous a-t-elle suffisamment informés,

et avec assez de soin, des antécédents du rêve,

du cas du malade dans ses grandes lignes,

pour que nous puissions dire qu'il y a là assurément quelque chose qui constitue un saut.

 

Qu'il lui soit apparu nécessaire, c'est bien après tout ce que nous lui concédons volontiers,

mais qu'il nous paraisse à nous aussi nécessaire, c'est sur ce point que nous posons la question

et que nous allons essayer de reprendre cette analyse.

 

Non pas en quelque sorte pour substituer aux équivalents imaginaires des interprétations

au sens où l'on l'entend à proprement parler :

« Ceci qui est une donnée doit se comprendre comme cela. ».

 

Il ne s'agit pas de savoir ce que veut dire à tel ou tel moment, dans l'ensemble, chaque élément du rêve. Dans l'ensemble on peut dire que ces éléments sont plus que correctement appréciés. Ils sont basés sur une tradition de l'expérience analytique au moment où opère Ella SHARPE. Et d'autre part ils sont certainement perçus avec un grand discernement et une grande finesse.

 

Ce n'est pas de cela dont il s'agit.

C'est de voir si le problème ne peut pas s'éclairer

à être formulé, articulé, d'une façon qui lie mieux l'interprétation avec ce quelque chose sur lequel j'essaie de vous faire mettre l'accent ici,

à savoir la topologie inter-subjective.

 

Celle qui sous diverses formes est toujours celle qu'ici j'essaie de construire devant vous, de restituer pour autant qu'elle est celle même de notre expérience :

celle du sujet, du petit autre, du grand Autre, pour autant que leurs places doivent toujours…

au moment de chaque phénomène dans l'analyse

…être par nous marquées si nous voulons éviter cette sorte d'écheveau, de nœud véritablement serré comme d'un fil qu'on n'a pas su dénouer et qui forme,

si l'on peut dire, le quotidien de nos explications analytiques.

 

Ce rêve, nous l'avons parcouru déjà sous plusieurs formes et nous pouvons tout de même commencer d'articuler quelque chose de simple, de direct,

quelque chose qui n'est pas absent, même du tout,

de l'observation, qui se dégage de cette lecture

que nous avons faite.

 

Je dirai qu'au stade de ce qui précède, qui amène

le sujet, et du rêve lui-même, il y a un mot qui…

après tout ce que nous avons

ici comme vocabulaire en commun

…semble être celui qui vient le premier et dont

il n'aurait pas été exclu qu'il vienne à cette époque à l'esprit d'Ella SHARPE.

 

Ce n'est pas faire intervenir du tout une notion

qui ne fut pas à sa portée :

nous sommes dans le milieu anglais, à ce moment-là dominé par des discussions telles que celles

qui s'élaborent par exemple entre M. JONES

et Mme Joan RIVIÈRE dont il a déjà été question ici

à propos de son livre De la féminité comme une mascarade [50].

Je vous en ai parlé à propos de la discussion concernant la phase phallique et la fonction phallique dans la sexualité féminine[51].

 

Il y a un mot dont il fait état à un moment, qui est

le mot qui est vraiment nécessaire à JONES pour entrer dans la compréhension de ce qui est bien le point le plus difficile à comprendre, pas simplement à mettre en jeu, de l'analyse, à savoir le complexe de castration.

Le mot dont JONES[52] se sert est le mot aphanisis[ἀϕάνισις], qu'il a introduit de façon intéressante dans

le vocabulaire analytique, et que nous ne pouvons

du tout considérer comme absent du milieu anglais, car il en est fait grand état.

 

Aphanisis c'est disparition, ce qu'il entend ainsi, et ce qu'il veut dire par là nous le verrons plus loin. Mais je vais en faire un usage tout autre pour l'instant :

l'usage en somme impressionniste de ce qui est vraiment là tout le temps au cours du matériel du rêve,

de ce qui l'entoure, du comportement du sujet,

de tout ce que nous avons déjà essayé d'articuler

à propos de ce qui se présente, de ce qui se propose

à Ella SHARPE.

 

Ce sujet même…

qui avant de se présenter à elle d'une façon qu'elle décrit si joliment, avec cette sorte d'absence profonde qui lui donne à elle-même

le sentiment qu'il n'y a pas un propos du sujet ni un de ses gestes qui ne soient quelque chose d'entièrement pensé, et que rien ne correspond

à quoi que ce soit de senti

…ce sujet :

 

- qui se tient si bien « à carreau »,

- qui d'ailleurs ne s'annonce pas,

- qui apparaît mais qui, aussitôt apparu, est plus insaisissable que s'il n'était pas là,

- ce sujet qui lui-même nous a donné dans les prémisses de ce qu'il a apporté au sujet de son rêve, cette question qu'il a posée à propos de sa « petite toux ».

 

Et cette « petite toux » est faite pour quoi faire ?

 

Pour faire disparaître quelque chose qui doit être là au-delà de la porte. On ne sait pas quoi.

Il le dit lui-même : dans le cas de l'analyste,

qu'est-ce qu'il peut bien y avoir à faire disparaître ?

Il évoque à ce propos la mise en garde dans d'autres circonstances, dans un autre contexte :

qu'il s'agit qu'ils se séparent, qu'ils se désunissent,

car la situation pourrait être embarrassante

si lui-même entrait, et ainsi de suite…

 

Dans le rêve, nous sommes en présence de trois personnages, car il ne faut pas oublier qu'il y a sa femme.

Le sujet, après l'avoir dit une fois, n'en parle plus. Mais qu'est-ce qui se passe bien exactement entre lui et la partenaire sexuelle, celle en somme à laquelle il se dérobe ?

 

Est-ce si sûr qu'il se dérobe ?

La suite de ce qu'il énonce prouve qu'il est loin d'être complètement absent et il a mis son doigt, dit-il, dans cette sorte de vagin protus, retourné, cette sorte de vagin prolabé sur lequel j'ai insisté.

Là aussi des questions se posent et nous allons

les poser :

- Où est ce qui est en jeu ?

- Où est l'intérêt de la scène ?

 

Ce qui…

pour autant qu'on puisse poser cette question

à propos d'un rêve, et nous ne pouvons la poser que pour autant que toute la théorie freudienne nous impose de la poser

…ce qui se produira tout de suite après dans

les associations du rêve, c'est quelque chose qui intéresse cette amie, par l'intermédiaire d'un souvenir

qui lui est venu concernant le chaperon

que constitue l'organe féminin

…de quelqu'un qui lui a proposé sur un champ de golf quelque chose dans lequel pourraient être enveloppés ses clubs, et qu'il a trouvé vraiment un drôle de personnage.

 

Il en parle avec cet espèce de réjouissance amusée, et on voit bien ce qui se passe autour de ce personnage vrai. C'est vraiment ce personnage à propos duquel on peut bien se demander où jusque là, il a bien pu rouler sa bosse.

 

C'est le ton sur lequel il en parle.

Avec cette gueule, et ce bagout qu'est-ce qu'il a bien pu être ? Peut-être « un boucher ? », dit-il.

Dieu sait pourquoi, un boucher !

Mais le style et l'atmosphère générale,

l'ambiance d'imitation à propos de ce personnage…

tout de suite d'ailleurs

le sujet s'amuse à l'imiter

…montrent bien qu'il s'agit bien là…

C'est par là d'ailleurs qu'est introduite la notion d'imitation, et l'association avec son amie « qui imite si bien les hommes, qui a un tel talent, et un talent qu'elle exploite à la Broadcasting ».

 

Et à ce propos, la première idée qui vient au sujet c'est qu'il en parle trop, qu'il a l'air de se vanter en parlant d'une relation aussi remarquable, d'en remettre. J'ai vérifié le mot anglais qu'il utilise : c'est un mot tout récent d'usage, qu'on peut considérer comme étant presque du slang, et que nous avons essayé de traduire ici par « la ramener ».

Il l'utilise pour dire « J'ai scrupule à la ramener à ce propos »[53].

Pour tout dire, il disparaît, il se fait tout petit, il ne veut pas prendre trop de place à cette occasion.

 

Bref, ce qui s'impose à tout instant, qui revient comme un thème, comme un leitmotiv dans tout le discours, les propos du sujet, c'est quelque chose pour lequel le terme aphanisis apparaît ici bien plus près

du « faire disparaître » que du « disparaître », de quelque chose qui est un perpétuel jeu où nous sentons que

sous diverses formes quelque chose

appelons cela si vous voulez l'objet intéressant …n'est jamais là.

 

La dernière fois, j'ai insisté là-dessus.

Il n'est jamais où on l'attend, glisse d'un point

à un autre en une sorte de jeu d'escamoteur.

 

Je vais encore y insister, et vous allez voir où cela va nous mener qui est l'essentiel, la caractéristique à tous les niveaux, de la confrontation devant laquelle l'analyste se trouve.

Le sujet ne peut rien avancer qu'aussitôt,

par quelque côté, il n'en subtilise l'essentiel,

si l'on peut dire.

 

Et je ferai la remarque que chez JONES aussi ce terme d' aphanisis est un terme qui s'offre à une critique qui aboutirait à la dénonciation de quelque inversion

de la perspective. JONES a remarqué chez ses sujets

qu'à l'approche du complexe de castration, ce qu'il sent,

ce qu'il comprend, ce qu'il voit en eux,

c'est la peur de l'aphanisis, de la disparition du désir.

 

Et en quelque sorte ce qu'il nous dit,

c'est que la castration…

il ne le formule pas ainsi

faute d'en avoir l'appareil

…c'est la symbolisation de cette perte.

 

Nous avons souligné combien cela est un énorme problème que de voir, dans une perspective génétique quelconque, comment un sujet…

supposons dans son développement,

à quelque moment, à un niveau en

quelque sorte animal de la subjectivité

…commence à voir la tendance se détacher d'elle-même pour devenir crainte de sa propre perte.

Et JONES fait de l'aphanisis la substance de la crainte de la castration.

 

Ici je ferai remarquer que c'est exactement dans le sens contraire qu'il convient de prendre les choses. C'est parce qu'il peut y avoir castration,

c'est parce qu'il y a le jeu de signifiants impliqué dans la castration, que dans le sujet s'élabore cette dimension où il peut prendre crainte, alarme,

de la disparition possible et future de son désir.

 

Observons bien que quelque chose comme le désir…

si nous lui donnons un sens plein, le sens de

la tendance au niveau de la psychologie animale

…il nous est difficile de le concevoir en tant que dans l'expérience humaine ce soit quelque chose

de tout à fait accessible.

La crainte du défaut du désir est quand même un pas qui est à expliquer. Pour l'expliquer je vous dis : le sujet humain, pour autant qu'il a à s'inscrire dans le signifiant, trouve là une position d'où effectivement, il met en question son besoin en tant que son besoin est pris modifié, identifié dans la demande.

 

Et là tout se conçoit fort bien, et la fonction

du complexe de castration dans cette occasion, à savoir

ce en quoi cette prise de position du sujet dans

le signifiant implique la perte, le sacrifice

d'un de ses signifiants entre autres,

c'est ce que nous laissons pour l'instant de côté.

 

Ce que je veux simplement dire, c'est que la crainte de l'aphanisis chez les sujets névrosés correspond, contrairement à ce que croit JONES, à quelque chose qui doit être compris dans la perspective d'une insuffisante formation, articulation, d'une partielle forclusion du complexe de castration. C'est pour autant que le complexe de castration ne met pas le sujet à l'abri de cette sorte de confusion, d'entraînement, d'angoisse qui se manifeste dans la crainte de l'aphanisis, que nous la voyons effectivement chez les névrosés. Et ceci nous allons bien avoir l'occasion de le contrôler à propos de ce cas.

 

Continuons et revenons sur le texte lui-même, sur

le texte du rêve, et sur ces images dont nous avons parlé la dernière fois, à savoir sur la représentation

du sexe féminin sous la forme de ce vagin prolabé.

 

Dans les images du sujet, cette sorte de fourreau, cette sorte de sac, de gaine, qui fait là une image si étrange qu'on ne peut tout de même pas, encore qu'elle ne soit pas du tout un cas exceptionnel et unique, mais qui n'est tout de même pas fréquente à rencontrer, qui n'a pas été décrite d'une façon parfaitement caractérisée dans la tradition analytique, ici on peut dire que l'image même…

qui est employée dans l'articulation signifiante du rêve, à savoir qu'est-ce que cela veut dire entre les personnages qui sont présents

…prend sa valeur de ce qui se passe, de ce pour quoi elle est utilisée.

En fait ce que nous voyons, c'est que le sujet va y mettre - comme il dit - le doigt. Il n'y mettra pas son pénis, certes pas, il y mettra le doigt.

 

Il retourne, il ré-engaine, il ré-invagine ce qui est là dé-vaginé, et tout se passe comme si se produisait là presque un geste d'escamoteur.

Car en fin de compte il met quelque chose à la place de ce qu'il devrait y mettre, mais aussi, il montre que quelque chose peut y être mis.

 

Et si tant est que quelque chose puisse effectivement être suggéré par la forme de ce qui se présente,

à savoir le phallus féminin, tout se passe comme si…

ce phallus qui est en effet en question

de la façon la plus claire : « to get my penis »

…nous étions en droit de nous demander ce que

le sujet est en train de nous montrer puisque beaucoup plus qu'un acte de copulation, il s'agit là d'un acte d'exhibition.

Cela se passe, ne l'oublions pas, devant un tiers.

 

Le geste est là, le geste est déjà évoqué du prestidigitateur dans l'exercice qui s'appelle,

en français « le sac à l’œuf », à savoir ce sac de laine

dans lequel le prestidigitateur alternativement

fait apparaître l’œuf et le fait disparaître :

 

- le fait apparaître au moment où on ne l'attend pas,

- et le montre disparu là où on croirait le voir,

 

… « the bag of the eggs » dit-on aussi en anglais.

 

Le geste si l'on peut dire…

la monstration dont il s'agit

…est d'autant plus frappant que dans les associations du sujet, ce que nous avons vu c'est très exactement toujours d'avertir au moment où il apparaît, de façon à ce que rien ne se voie de ce qu'il y avait avant, ou encore se faire prendre lui-même…

dit-il dans son fantasme

…pour un chien aboyant, de façon à ce qu'on dise qu'il n'y avait là qu'un chien.

 

 

Oui, toujours le même escamotage dont nous ne savons pas ce qui est escamoté, et assurément c'est avant tout le sujet lui-même qui est escamoté.

 

Mais le rêve nous indique, et nous permet de préciser qu'en tout cas, si nous cherchons à préciser ce qui se localise dans le rêve comme étant ce qui est

en jeu dans cet escamotage, c'est certainement le phallus, le phallus dont il s'agit : « to get my penis » [ p.133 ].

 

Et ceci nous y sommes, je dirais, tellement habitués, endurcis par la routine analytique, que nous ne nous arrêtons presque pas à cette donnée du rêve.

 

Néanmoins le choix du sujet du « to get » pour désigner ce qu'ici prétend faire la femme, c'est un verbe

à usage extrêmement polyvalent.

 

C'est toujours dans le sens d'obtenir, de gagner, d'attraper, de saisir, de s'adjoindre. Il s'agit de quelque chose qu'on obtient, en gros, dans le sens général. Bien sur nous entendons cela avec la note et l'écho du [ femina curam et penem devoret ? ], mais ce n'est pas si simple.

 

Car après tout, ce qui est mis en cause en cette occasion est quelque chose qui en fin de compte

est très loin d'être de ce registre.

 

Et aussi bien la question…

s'il s'agit en effet sous quelque forme que

ce soit, réelle ou imaginaire d'obtenir le pénis

…la première question à se poser est à savoir :

ce pénis où est-il ?

 

Car cela semble aller de soi qu'il est là.

 

À savoir que sous prétexte qu'on a dit, que le sujet dans le compte rendu du rêve a dit qu'elle faisait des manœuvres « to get my penis », on a l'air de croire

que pour autant, il est là quelque part dans le rêve. Mais littéralement, si l'on regarde bien le texte, absolument rien ne l'indique.

 

Il ne suffit pas que l'imputation du partenaire

soit là donnée pour que nous déduisions que le pénis du sujet y est, suffise en quelque sorte à nous satisfaire sur le sujet de cette question : où est-il ?

Il est peut-être tout à fait ailleurs que là où

ce besoin que nous avons de compléter, dans une scène où l'on supposerait que le sujet se dérobe.

Cela n'est pas si simple.

 

Et à partir du moment où nous nous posons cette question, nous voyons bien en effet que c'est là que se pose toute la question, et que c'est à partir de là aussi que nous pouvons saisir quelle est la discordance singulière, l'étrangeté que présente le signe énigmatique qui nous est proposé dans ce rêve.

Car c'est sûr qu'il y a un rapport entre ce qui

se passe et une masturbation.

 

Qu'est-ce que cela veut dire, qu'est-ce que cela

nous souligne en cette occasion ?

Il vaut la peine de le recueillir au passage, car…

encore que cela ne soit pas élucidé

…c'est fort instructif.

Je veux dire, encore que ce ne soit pas articulé

par l'analyste dans ses propos, c'est à savoir que

la masturbation de l'autre et la masturbation du sujet c'est tout un,

qu'on peut même aller assez loin et dire :

 

- que tout ce qu'il y a dans la prise de l'autre chez le sujet lui-même qui ressemble à une masturbation, suppose effectivement une secrète identification narcissique, qui est moins celle du corps au corps, que du corps de l'autre au pénis,

 

- que toute une partie des activités de la caresse… et ceci devient d'autant plus évident qu'elle prend un caractère de plaisir plus détaché, plus autonome, plus insistant, voire confinant à quelque chose qu'on appelle plus ou moins proprement en cette occasion un certain sadisme …est quelque chose qui met en jeu le phallus,

pour autant que, comme je vous l'ai déjà montré, il se profile imaginairement dans l'au-delà

du partenaire naturel.

Que le phallus est intéressé comme signifiant dans le rapport du sujet à l'autre, fait qu'il vient là comme ce quelque chose qui peut être recherché dans cet au-delà de l'étreinte de l'autre sur laquelle s'amorce, prend toute espèce de forme-type plus ou moins accentuée dans le sens de la perversion.

 

En fait, ce que nous voyons là c'est que justement cette masturbation de l'autre sujet diffère du tout au tout de cette prise de phallus dans l'étreinte

de l'autre, ce qui nous permettrait de faire

équivaloir strictement la masturbation de l'autre à la masturbation du sujet lui-même.

 

Que ce geste dont je vous ai montré le sens,

qui est un geste presque de vérification que

ce qui est là en face est assurément quelque chose


Date: 2016-03-03; view: 438


<== previous page | next page ==>
TABLE DES SÉANCES 29 page | TABLE DES SÉANCES 31 page
doclecture.net - lectures - 2014-2024 year. Copyright infringement or personal data (0.026 sec.)