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TABLE DES SÉANCES 26 page

de façon trop gênante.

 

En d'autres termes, il est tout à fait important,

dès le premier abord, de pointer que s'il y a trois personnages, leur mise ensemble comporte des variations dans le temps et des variations cohérentes, à savoir qu'ils sont ensemble tant que le tiers est dehors. Quand le tiers est entré, ils ne le sont plus,

cela saute aux yeux.

 

 

Dites-vous bien que s'il fallait…

comme il va nous falloir, deux séminaires

pour couvrir la matière que nous apporte

ce rêve et son interprétation

…une semaine de méditation pour venir au bout de

ce que le patient nous apporte, l'analyse pourrait paraître quelque chose d'insurmontable, surtout

parce que les choses ne manqueront pas de se gonfler

et nous serons rapidement débordés.

 

Mais en réalité, ceci n'est pas du tout une objection valable pour la bonne raison que, jusqu'à un certain degré, dans ce schéma qui se dessine déjà à savoir que :

 

- quand le tiers est dehors, les deux sont ensemble,

 

- et que quand le tiers est à l'intérieur,

les deux ne sont plus ensemble,

 

…je ne dis pas que le tout de ce que nous allons voir à ce propos est déjà là car ce serait un peu simple.

 

Mais nous allons voir ceci se développer, s'enrichir, et pour tout dire, s'involuer dans soi­même comme un leitmotiv indéfiniment reproduit et s'enrichissant en tous points de la trame, constituer toute la texture d'ensemble. Et vous allez voir laquelle.

 

Qu'est-ce qu'Ella SHARPE pointe ensuite comme étant la suite de la toux ?

 

a) Il a abordé des « idées concernant les amants qui sont ensemble ».

 

b) « Rejet d'une fantaisie sexuelle concernant l'analyste ».

 

Est-ce là quelque chose qui rende compte de ce que

le patient a apporté ?

 

L'analyste lui a posé la question :

 

« Et alors, cette toux avant d'entrer ici ? »

 

[And why cough before coming in here ? p.131]

Juste après qu'il a expliqué à quoi cela servirait

si c'était des amants qui étaient à l'intérieur, il dit :

 

« C'est absurde, parce que naturellement je n'ai pas de raison de me demanderje n'aurais pas été prié de monter ici s'il y avait quelqu'un, et puis je ne pense pas du tout à vous de cette façon.

Il n'y a aucune espèce de raison à celle-là. Ceci me rappelle un fantasme que j'ai eu

dans une chambre où je n'aurais pas dû être… »

[That is absurd, because naturally I should not be asked to come up if someone were here, and I do not think of you in that way at all. There is no need for a cough at all that I can see. It has, however, reminded me of a phantasy I had of being in a room where I ought not to be… p.131-132]



 

C'est là que s'arrête ce que vise Ella SHARPE. Pouvons-nous dire qu'il y ait ici :

« rejet d'une fantaisie sexuelle concernant l'analyste » ?

 

Il semble qu'il n'y ait pas absolument rejet

mais qu'il y a plutôt admission, admission détournée certes, admission par les associations qui vont suivre.

 

On ne peut pas dire que dans la proposition

de l'analyste concernant ce sujet, le sujet :

 

- rejette purement et simplement,

- soit dans une position de pure et simple négation.

 

Cela paraît au contraire très typiquement le type de l'interprétation opportune, puisque cela va entraîner tout ce qui va suivre et que nous allons voir.

 

Or justement, cette question de « la fantaisie sexuelle »

qui est en cause à l'occasion de cette entrée dans

le bureau de l'analyste où l'analyste est censée être seule, est quelque chose qui est bien en effet ce qui est

en question et dont je crois qu'il va vous apparaître assez vite qu'il n'est pas besoin d'être grand clerc pour l'éclairer.

 

c) Le troisième élément que nous apportent les associations est, nous dit Ella SHARPE :

 

« Le fantasme d'être où il ne doit pas être et aboyant comme un chien pour dépister… ».

[Phantasy of being where he ought not to be, and barking like a dog to put people off the scent. p.136]

 

C'est une expression métaphorique qui se trouve dans le texte anglais, « to put… off the scent » [ lancer quelqu’un sur une mauvaise piste ].

Il n'est jamais vain qu'une métaphore soit employée plutôt qu'une autre, mais ici il n'est pas trace de « scent » dans ce que nous dit le patient, que ce soit refoulé ou pas, nous n'avons aucune raison de le trancher.

 

Je dis cela parce que le « scent » est « la joie des dimanches » de certaines formes d'analyse…

Contentons-nous ici de ce qu'en dit le patient.

 

À propos de l'interrogation que lui a portée l'analyste, il lui dit :

 

« Cela me fait souvenir de cette fantaisie que j'ai eue d'être dans une chambre où en effet

ceci est conforme à ce que « surmise » l'analyste

je n'ai pas de raison d'être

plus exactement :

« où je ne devais pas être. …//… en sorte que quelqu'un peut penser… »

 

La structure est :

 

- double,

- de référence à la subjectivité de l'autre,

- et absolument constante.

 

C'est là-dessus que je vais mettre l'accent car

il s'agit de cela sans cesse, et c'est ici et uniquement là,

que nous pouvons centrer où est le désir.

C'est cela qui est tout le temps éludé dans le compte-rendu qu'en fait Ella SHARPE et dans la façon dont elle va tenir compte des différentes incidences tendancielles.

 

Il dit donc « Je pense que quelqu'un peut penser… ».

[ …and thinking someone might think… ]

 

« …j'ai eu cette fantaisie …//… de penser que quelqu'un pouvait penser que j'étais là et alors

je pensais que pour empêcher quelqu'un d'entrer et me trouver, je pourrais aboyer comme un chien.

Ceci déguiserait ma présence. Someone pourrait alors dire « Oh, c'est seulement un chien,

il n'y a qu'un chien ici. »

 

[…a phantasy I had …//… and thinking someone might think I was there, and then I thought to prevent anyone from coming in and finding me there I would bark like a dog. That would disguise my presence. The "someone" would then say, “Oh, it's only a dog in there.” p.132 ]

 

Le caractère paradoxal de cette fantaisie du sujet appelle très probablement…

il dit lui-même que les souvenirs sont

d'une enfance tardive, d'une adolescence

…le caractère peu cohérent, voire absurde de certains fantasmes, n'en est pas moins perçu avec toute

sa valeur, c'est-à-dire comme ayant du prix

et retenu comme tel par l'analyste.

 

Donc elle nous dit, dans la suite des idées qui

lui viennent, associatives :

 

« C'est un fantasme d'être là où il ne devrait pas être, et pour dé-pister, d'aboyer comme un chien. ».

[Phantasy of being where he ought not to be, and barking like a dog to put people off the scent. p.136]

 

La chose est juste, à ceci près que s'il s'imagine être là où il ne devrait pas être, le but du fantasme, le sens du fantasme, le contenu évident du fantasme est de montrer qu'il n'est pas là où il est.

 

C'est l'autre phase !

Phase très importante parce que, nous allons le voir, c’est ce qui va être la caractéristique, la structure même de toute affirmation subjective de la part de ce patient.

 

Et que trancher dans le vif dans des conditions semblables

en lui disant qu'il est en tel point

d'où il a voulu tuer son semblable,

dont c'est le retour et la revanche

…est quelque chose qui est assurément prendre parti

et prendre parti dans des conditions où les chances

à la fois d'erreur et de succès, c'est-à-dire

de faire effectivement adopter par le patient

d'une façon subjective ce sur quoi vous tranchez, sont là particulièrement évidentes.

Et c'est ce qui fait l'intérêt de ce texte.

 

Si d'autre part, nous pouvons voir que c'est là mettre en évidence ce qui s'annonce ici dans sa structure,

à savoir ce que veut dire ce qui apparaît déjà dans le fantasme, à savoir qu'il n'est pas là où il est, nous allons voir le sens que cela a peut-être.

Peut-être cela peut-il nous conduire aussi,

nous allons le voir, à une toute autre interprétation.

Quoi qu'il en soit, il ne prend pas n'importe quel « moi » pour se faire ne pas être là où il est.

Il est trop clair, bien entendu, que du point de vue de la réalité, ce fantasme est insoutenable, et que se mettre à aboyer comme un chien dans une chambre

où on ne doit pas être, n'est pas la meilleure façon d'échapper à l'attention.

 

Laissons de coté bien entendu, cette phrase

qui n'a de valeur que pour nous faire remarquer

que nous sommes non pas dans le compréhensible mais dans la structure imaginaire, qu'après tout on entend des choses comme ça en cours de séance,

et on se contente après coup de croire qu'on comprend puisque le malade a l'air de comprendre.

 

Je vous l'ai dit, ce qui est le propre de tout affect, de toute cette marge, cet accompagnement,

ces bordures du discours intérieur…

tout au moins spécialement tel que nous pouvons le reconstituer quand nous avons le sentiment

que ce discours n'est justement pas un discours si continu qu'on le croit

…c'est que la continuité est un effet, et principalement par le moyen de l'affect. À savoir que moins les affects sont motivés, plus - c'est une loi - ils apparaissent pour le sujet compréhensibles…

 

Ce n'est pas - pour nous - une raison pour le suivre et c'est pour cela que la remarque que j'ai faite là, tout aussi évidente qu'elle puisse paraître,

a tout de même sa portée.

 

Ce qu'il s'agit d'analyser c'est le fantasme,

sans le comprendre, c'est-à-dire en y retrouvant

la structure qu'il révèle.

Or qu'est ce que cela veut dire, ce fantasme ?

 

De même que tout à l'heure l'important était de voir que le sujet nous disait à propos de sa toux :

« c'est un message », il importe de s'apercevoir que

ce fantasme n'a vraiment aucun sens du caractère totalement irréel de son efficacité éventuelle.

C'est que le sujet en aboyant dit simplement « c'est un chien ».

Là aussi il se fait autre mais ce n'est pas la question, il ne se demande pas quel est ce signifiant de l'Autre en lui. Là il fait un fantasme et, cela est quand même assez précieux quand cela nous vient pour que nous nous apercevions de ce qu'on nous donne, il se fait autre

à l'aide de quoi ?

 

D'un signifiant précisément.

L'aboiement ici, c'est le signifiant de ce qu'il n'est pas : il n'est pas un chien mais grâce à ce signifiant, pour le fantasme, le résultat est parfaitement obtenu, il est autre que ce qu'il est.

 

je vais vous demander ici…

car nous n'avons pas épuisé ce qui s'est apporté en simple association de la toux, il y a un quatrième élément que nous verrons tout à l'heure et à propos de ceci à savoir, en cette occasion, la fonction du signifiant dans le fantasme, car là c'est clair que le sujet se considère comme suffisamment couvert par cet aboiement fantasmatique

…de faire une parenthèse.

 

Ce n'est plus du rêve que je vous parle,

mais de telle petite remarque clinique élémentaire.

À la fin d'une communication scientifique récente, j'y ai fait allusion, que j'avais cela à vous apporter ici. Il faut bien dire que dans une matière si abondante, ce qu'il y aurait à enseigner est tellement démesuré par rapport à ce qui s'enseigne, c'est-à-dire à ce qui se rabâche, que vraiment certains jours je me sens moi-même ridiculement écrasé par la tâche que j'ai entreprise.

 

Prenons ce « c'est un chien ».

 

Je veux attirer votre attention sur quelque chose concernant la psychologie de l'enfant, ce qu'on appelle la psychologie génétique.

On essaie…

cet enfant qu'on veut comprendre

…de faire avec lui cette psychologie que l'on appelle génétique et qui consiste à se demander comment le cher petit qui est si bête, commence d'acquérir ses idées.

Et alors on se demande comment l'enfant procède.

Son monde serait primitivement auto-érotique,

les objets ne viendraient que plus tard.

J'espère - Dieu merci ! - que vous avez tous,

sinon directement l'expérience de l'enfant,

du moins assez de patients qui peuvent vous raconter l'histoire de leur petit enfant pour voir qu'il n'y a rien de plus intéressé aux objets, aux reflets des objets qu'un tout petit enfant.

Laissons cela de côté.

 

Il s'agit pour l'instant de nous apercevoir comment entre en jeu chez lui l'opération du signifiant.

Je dis que nous pouvons voir chez l'enfant, à la source

à l'origine de sa prise sur le monde qui s'offre

à lui et qui est avant tout un monde de langage,

un monde où les gens lui parlent, ce qui est évidemment un affrontement assez stupéfiant

…comment il va entrer dans ce monde.

 

J'ai déjà fait allusion à ceci que peuvent remarquer les gens, à condition d'avoir simplement l'oreille attentive et de ne pas trouver comme forcément confirmées les idées préconçues avec lesquelles

ils peuvent entrer dans l'abord de l'enfant.

 

Un ami me faisait récemment remarquer que lui-même ayant pris le parti de vouloir garder son enfant auquel il consacre beaucoup de temps, il ne lui avait jamais parlé du chien que comme le chien.

Et il n'avait pas manqué d'être un peu surpris

du fait que l'enfant, qui avait parfaitement repéré ce qui était nommé par la nomination primitive

de l'adulte, se mit à l'appeler un « ouah­ ouah ».

 

D'autres personnes…

qui peuvent à l'occasion me parler d'une façon, je ne dirais pas directement éclairée par

les plans d'enquête que je leur donne,

mais seulement du fait de mon enseignement

…m'ont fait remarquer cette autre chose, que non seulement l'enfant borne à la désignation du chien ce « ouah­ ouah » qui est quelque chose qui est choisi dans le chien primitivement entre tous ses caractères.

 

Et comment s'en étonner, car l'enfant ne va pas évidemment commencer déjà à le qualifier, son chien, mais bien avant de pouvoir avoir le maniement d'aucune espèce d'attribut, il commence à faire entrer en jeu ce qu'il peut en dire, à savoir

ce comme quoi l'animal se présente comme produisant lui-même un signe - qui n'est pas un signifiant.

 

Mais remarquez qu'ici c'est par l'abord, par la faveur que lui présente ceci qu'il y a dans ce qui

se manifeste, la présence précisément d'un animal, quelque chose qui est assez isolé pour en fournir

le matériel, quelque chose qui est déjà émission laryngée, que l'enfant prend cet élément, comme quoi?

 

Comme quelque chose qui…

puisque cela remplace le chien

…qu'il a déjà parfaitement compris et entendu

au point de pouvoir aussi bien diriger son regard vers le chien quand on nomme ce chien que vers

une image de ce chien lorsqu'on dit chien, et le remplace par un « ouah­ ouah », ce qui est faire la première métaphore. En quoi c'est là que nous voyons s'amorcer, et de la façon qui est la plus conforme à la vraie genèse du langage, l'opération prédicative.

 

On a remarqué que dans les formes primitives

du langage, ce qui joue comme fonction d'adjectif,

ce sont des métaphores.

 

Cela est confirmé ici chez le sujet, à ceci près que nous ne nous trouvons pas là devant quelque mystérieuse opération primitive de l'esprit,

mais devant une nécessité structurale du langage

qui veut que, pour que quelque chose s'engendre dans l'ordre du signifié,

il faut qu'il y ait substitution d'un signifiant à un autre signifiant.

 

Vous me direz : « Qu'est-ce que vous en savez ? ».

 

Je veux dire :

 

« Pourquoi affirmez-vous que ce qui est essentiel, c'est la substitution de « ouah­ ouah » à chien ? »

 

Premièrement je vous dirai qu'il est d'observation courante…

et elle m'a été rapportée

il n'y a pas si longtemps

…qu'à partir du moment où l'enfant a su appeler

« ouah­ ouah » un chien, il appellera « ouah­ ouah » un tas de choses qui n'ont absolument rien à faire avec un chien, montrant donc tout de suite par là que ce dont il s'agit, c'est bien effectivement de la transformation

du signe en signifiant qu'on met à l'épreuve de toutes sortes de substitutions par rapport à ce qui, à ce moment-là, n'a pas plus d'importance, que ce soient d'autres signifiants ou des unités du réel.

 

Car ce dont il s'agit, c'est de mettre à l'épreuve

le pouvoir du signifiant.

 

La pointe de cela est marquée dans ce moment décisif où l'enfant…

c'est de cela que je fais la remarque à la fin

de la communication scientifique dont je parlais

…déclare avec la plus grande autorité et la plus grande insistance :

« le chien fait miaou » ou « le chat fait ouah-ouah ».

 

Pointe absolument décisive car c'est à ce moment-là que la primitive métaphore qui est constituée purement et simplement par la substitution signifiante

par l'exercice de la substitution signifiante

…engendre la catégorie de la qualification.

 

Entendez-moi bien, nous pouvons à l'occasion formaliser si vous voulez cela, et dire que le pas, le progrès qui est accompli consiste en ceci :

 

- que d'abord une chaîne monolinéaire est établie qui dit : « le chien = ouah-ouah »,

 

- que ce dont il s'agit, et ce qui est démontré

de la façon la plus évidente par le fait que l'enfant superpose, combine une chaîne à l'autre, c'est qu'il est venu faire se croiser par rapport à la chaîne : « le chien fait ouah-ouah », la chaîne :

« le chat fait miaou »,

- qu'en substituant le « miaou » au « ouah-ouah »,

il va faire entrer en jeu la possibilité

du croisement d'une chaîne avec une autre,

c'est-à-dire d'une redivision de chacune des chaînes en deux parties, ce qui provisoirement sera fixe et ce qui, non moins provisoirement, sera mobile, c'est-à-dire de quelque chose

qui restera d'une chaîne autour de quoi

tournera ce qui peut s'échanger.

 

 

 

 

En d'autres termes, c'est uniquement à partir du moment où s'est associé le S' du chat en tant qu'il est signifié par ce signe, avec le S, le « ouah-ouah » signifiant du chien, et que ceci suppose qu'en dessous…

et pour commencer, il n'y a pas d'en dessous

…l'enfant lie les deux lignes à savoir que le signifié du « ouah-ouah », le chien, fait S' le « miaou », signifiant du chat.

 

Seulement à partir du moment où cet exercice a été accompli et l'importance que l'enfant donne à cet exercice

est tout à fait évidente et démontrée par ceci que, si les parents ont la maladresse d'intervenir,

de le reprendre, de le réprimander ou le gourmander pour dire de pareilles bêtises, l'enfant a des réactions émotionnelles très vives…

il pleure pour tout dire

…car lui sait bien ce qu'il est en train de faire, contrairement aux adultes qui croient qu'il bêtifie.

 

Car c'est uniquement à partir de ce moment-là

et selon la formulation que j'ai donnée de la métaphore qui consiste très essentiellement en ceci :

c'est que quelque chose au niveau de la ligne supérieure s'est déplacé, s'est élidé par rapport à quelque chose qui, dans la ligne inférieure du signifié,

s'est aussi déplacé.

C'est en d'autres termes, pour autant que du point

de vue du graphe, à partir du moment où ce jeu a été introduit…

le « ouah-ouah » peut être élidé et vient dans

les dessous de l'énonciation concernant le chien

…que cette énonciation devient proprement une énonciation signifiante et non pas simple connexion imitative par rapport à la réalité.

 

Le chien, qu'il soit indiqué ou qu'il soit nommé, cela revient au même. Mais littéralement le fait que, quand la qualification, l'attribution d'une qualité du chien lui est donnée, cela n'est pas sur la même ligne, c'est sur celle de la qualité comme telle :

il y a ceux qui font « ouah-ouah », il y a ceux qui font « miaou », et tous ceux qui feront les autres bruits sont ici impliqués dans la verticalité, dans la hauteur, pour que commence à naître de la métaphore, la dimension de l'adjectif.

 

Vous savez, ce n'est pas d'hier que ces choses-là

ont été vues !

 

DARWIN s'en était occupé déjà.

Seulement, faute d'appareil linguistique, les choses sont restées pour lui très problématiques.

 

Mais c'est un phénomène si général, si essentiel,

si fonctionnellement dominant dans le développement de l'enfant, que même DARWIN…

qui était plutôt porté vers

les explications naturalistes

…n'avait quand même pas manqué d'être frappé de ceci : il était quand même bien drôle qu'un enfant qui avait une astuce déjà remarquable qui lui permettait d'isoler du canard le « couac »…

c'est ainsi que dans le texte de DARWIN, le cri du canard, repris par l'enfant est phonétisé

…que ce « couac » est par lui reporté sur toute une série d'objets dont l'homogénéité générique va être suffisamment remarquée par le fait que si mon souvenir est bon, il y avait parmi ces objets du vin

et un sou. Je ne sais pas très bien ce que ce terme « sou » désigne, s'il désigne un penny ou autre chose. Je n'ai pas vérifié ce que cela voulait dire au temps de DARWIN, mais c'était une pièce de monnaie car DARWIN, dans son embarras, ne manque pas de remarquer

que cette pièce de monnaie était marquée au coin d'un aigle.

 

Il peut paraître que l'explication qui unifierait

le rapport du « couac » à l'espèce volatile en général sous prétexte qu'une image aussi ambiguë que celle d'un aigle aux ailes déployées sur une pièce de monnaie puisse être quelque chose que nous puissions considérer comme devant être homogénéisé par

un enfant à son aperception du canard.

 

Évidemment, celle du vin, du liquide, ferait encore problème. Peut-être simplement pouvons nous penser qu'il y a quelque rapport entre le vin, quelque chose qui serait, disons, d'élément liquide pour autant

que le canard y barbote.

 

Nous voyons qu'en tous les cas, ce dont il s'agit

est une fois de plus bien plus désigné comme marqué par le travers de l'élément signifiant comme tel.

 

Ici, admettons-le dans la contiguïté de la perception si nous voulons admettre en effet que c'est

de la qualité liquide qu'il s'agit lorsque l'enfant

y applique le « couac » du canard.

 

Vous voyez bien que c'est en tous cas dans le registre de la chaîne signifiante que nous pouvons appréhender ce qui se fonde, chez l'enfant, de fondamental dans son appréhension du monde, comme monde structuré

par la parole.

 

Cela n'est pas non plus qu'il cherche le sens

ni l'essence des oiseaux, du fluide ou des sous…

C'est que littéralement, il les trouve par l'exercice du non-sens.

 

Car en fin de compte, si nous avons le temps, nous nous poserons des questions sur ce qui est techniquement le non-sens, je veux dire dans la langue anglaise le nonsense.

C'est précisément un genre.

La langue anglaise a deux exemples éminents de nonsense, très nommément :

 

- Edward LEAR[44], auteur des Nonsenses qu'il a défini comme tels,

 

- et Lewis CARROLL[45] dont je pense que vous connaissez au moins Les Aventures d'Alice au pays des merveilles.

 

Je dois dire que si j'avais quelque chose à conseiller comme livre d'introduction à ce qui doit être


Date: 2016-03-03; view: 503


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