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TABLE DES SÉANCES 16 page

 

Je pourrais commencer à vous l'articuler dans les mêmes termes que tout à l'heure en ce qui concerne l'existence… et dans deux minutes vous allez me prendre pour un existentialiste, et ce n'est pas

ce que je désire.

 

Je vais prendre un exemple dans La Règle du jeu,

le film de Jean RENOIR.

 

Quelque part le per­sonnage qui est joué par Dalio, qui est le vieux personnage comme on en voit dans

la vie dans une certaine zone sociale…

et il ne faut pas croire que ce soit

même limité à cette zone sociale

…c'est un collectionneur d'objets et plus spé­cialement de boîtes à musique.

 

Rappelez-vous…

si vous vous souvenez encore de ce film

…du moment où DALIO découvre devant une assistance nombreuse sa der­nière découverte :

une plus spécialement belle boîte à musique.

À ce moment là, le personnage littéralement est dans cette position que nous pourrions appeler et que nous devons appeler exactement celle de la pudeur :

il rougit, il s'efface, il disparaît, il est très gêné.

 

Ce qu'il a montré, il l'a montré.

 

Mais comment ceux qui sont là pourraient-ils comprendre que nous nous trouvons là, à ce niveau,

à ce point d'oscillation que nous saisissons,

qui se manifeste, à l'extrême, dans cette passion pour l'objet du collectionneur ?

 

C'est une des formes de l'objet du désir.

Ce que le sujet montre ne serait rien d'autre

que le point majeur, le plus in­time de lui-même.

Ce qui est supporté par cet objet, c'est justement

ce qu'il ne peut dévoiler, fût-ce à lui-même, c'est ce quelque chose qui est au bord même du plus grand secret.

 

C'est cela, c'est dans cette voie que nous devons chercher à savoir ce qu'est pour l'avare sa cassette. Il faut que nous fassions certainement un pas de plus pour être tout à fait au niveau de l'avare, et c'est pour cela que l'avare ne peut être traité que par la comédie.

 

Mais donc ce dont il s'agit, ce par quoi nous sommes introduits est ceci, c'est que ce dans quoi, à partir d'un certain moment, le sujet se trouve engagé,

c'est à ceci : à articuler son vœu en tant que secret.

Le vœu, ce qui est le vœu s'exprime comment ?

Dans ces formes de la langue auxquelles j'ai fait allusion la dernière fois, pour lesquelles selon

les langues, les modes, les registres, les cordes diverses ont été inventées.

 

Ne vous fiez pas toujours là-dessus à ce que disent les gram­mairiens, le subjonctif n'est pas aussi subjonctif qu'il en a l'air et le type de vœu…

Je cherche dans ma mémoire quelque chose qui puisse en quelque sorte vous l'imager et, je ne sais pas pourquoi, m'est revenu du fond de ma mémoire ce petit poème que j'ai eu quelque peine d'ailleurs à recomposer, voire à resituer



 

« Être une belle fille blonde et populaire qui mette de la joie dans l'air et lorsqu'elle sourit donne de l'appétit aux ouvriers de Saint-Denis. »

 

Ceci a été écrit par une personne[26] qui est notre contemporaine, poétesse dis­crète mais dont l'une

des caractéristiques est d'être petite et noire

et qui sans aucun doute exprime, dans sa nostalgie

de donner de l'appétit aux ouvriers de Saint-Denis., quelque chose qui peut s'attacher assez fortement à tel ou tel moment de ses rêveries idéologiques. Mais on ne peut pas non plus dire que ce soit là son occupation ordinaire.

Ce sur quoi je voudrais vous faire un instant vous arrêter, autour de ce phé­nomène qui est un phénomène poétique, c'est d'abord ceci que nous y trouvons quelque chose d'assez important quant à la structure temporelle.

 

Peut-être est-­ce là la forme pure, je ne dis pas

du vœu mais du souhaité, c'est-à-dire de ce qui

dans le vœu est énoncé comme souhaité.

 

Disons que le sujet primitif est élidé, mais ceci ne veut rien dire, il n'est pas élidé parce que ce qui est articulé ici c'est le souhaité, c'est quelque chose qui se présente

à l'infinitif, comme vous le voyez, et dont…

si vous essayez de vous introduire

à l'intérieur de la structure

…vous verrez que ceci se situe dans une position,

une position d'être devant le sujet et de le déterminer rétroactivement.

Il ne s'agit là ni d'une aspiration pure et simple, ni d'un regret, il s'agit de quelque chose qui se pose devant le sujet comme le déterminant rétroactivement dans un certain type de l'être.

 

Ceci se situe tout à fait en l'air.

Il n'en reste pas moins que c'est comme ceci que

le souhaité s'articule, nous donnant déjà quelque chose qu'il y a lieu de rete­nir quand nous cherchons à donner un sens à la phrase par où se termine

La Science des rêves, à savoir que :

 

« Le désir indestructible modèle le présent à l'image du passé.[27] »

 

[ Indem uns der Traum einen Wunsch als erfüllt vorstellt, führt er u ns allerdings in die Zukunft; aber diese vorn Träumer für gegenwärtig genommene Zukunft ist durch den unzerstörbaren Wunsch zum Ebenbild jener Vergangenh eit gestaltet. ]

 

Ceci dont nous entendons le ronron comme quelque chose que nous inscrivons tout de suite au bénéfice

de la répétition ou de l'après-coup n'est peut-être pas sûr,

à y regarder de très près : c'est à savoir que si

le désir indestructible modèle le présent à l'image du passé, c'est peut-être parce que, comme la carotte de l'âne, il est toujours devant le sujet,

produisant toujours rétroactivement les mêmes effets.

Ceci nous introduit du même coup, à l'ambiguïté

de cet énoncé par ses ca­ractéristiques structurales parce qu'après tout, le caractère si l'on peut dire gra­tuit de cette énonciation a quelques conséquences dans lesquelles rien ne nous retient de nous engager.

 

Je veux dire que rien ne nous retient de nous engager dans la remarque suivante :

que ce vœu poétiquement exprimé…

intitulé comme par hasard - m'étant reporté au texte - Vœux secrets, c'est donc cela que j'avais retrouvé dans ma mémoire après vingt cinq ou quelques trente ans, en cherchant quelque chose qui nous porterait au secret du vœu

…ce vœu secret bien entendu, se communique.

 

Car c'est là tout le problème, comment communiquer aux autres quelque chose qui s'est constitué comme secret ?

 

Réponse :

par quelque mensonge, car en fin de compte ceci…

pour nous qui sommes un tout petit peu

plus malins que les autres

…peut se traduire :

 

« Aussi vrai que je suis une belle fille blonde et populaire,

je désire mettre de la joie dans l'air

et donner de l'appétit aux ouvriers de Saint Denis. »

 

Et il n'est pas dit que tout être, même généreux, même poétique, même poétesse, ait tellement envie

que cela, de mettre de la joie dans l'air.

 

Après tout pourquoi ?

Pourquoi, sinon dans le fantasme,

sinon dans le fantasme et pour démontrer à quel point

l'objet du fantasme est métonymique ?

 

C'est-à-dire que c'est la joie qui va circuler comme cela. Quant aux ouvriers de Saint Denis « ils ont bon dos »…

qu'ils se partagent l'affaire entre eux

…ilssont en tous cas déjà assez nombreux pour que l'on ne sache pas auquel s'adresser !

Sur cette digression, je vous introduis

à la structure du vœu par la voie de la poésie.

Nous pouvons maintenant y entrer par la voie des choses sérieuses, c'est-­à-dire par le rôle effectif que le désir joue, et ce désir dont nous avons vu, comme il fallait s'y attendre, qu'il devait bien en effet, avoir à trouver sa place quelque part, entre :

 

- ce point d'où nous sommes partis en disant

que le sujet s'y aliène, essentiellement dans l'aliénation de l'appel, de l'appel du besoin, pour autant qu'il a à entrer dans les défilés du signifiant,

 

- et cet au-delà où va s'introduire comme essentielle la dimension du non-dit, il faut bien qu'il s'articule quelque part.

 

Nous le voyons dans ce rêve que j'ai choisi, ce rêve qui est un rêve assurément des plus problématiques

en tant que rêve de l'apparition d'un mort.

 

Ce rêve de l'apparition d'un mort, dont FREUD…

à la page 433de la Traumdeutung dans l'édition allemande,

à la page 366et à la page 367de La Science des rêves [28]

…concernant l'apparition des morts, est très loin

de nous avoir encore tout à fait livré leur secret, encore que déjà il y articule beaucoup de choses, ceci est essen­tiel.

 

Et c'est à ce propos que FREUD a marqué avec le plus d'accent

tout au long de cette analyse

des rêves dans la Traumdeutung

ce qu'il y a de profond dans le premier abord

qui a été celui de la psychologie de l'inconscient,

à savoir l'ambi­valence des sentiments à l'égard

des êtres aimés et respectés.

 

C'est quelque chose d'ailleurs qui, dans le rêve

dont j'ai fait le choix pour commencer d'essayer d'articuler devant vous la fonction du désir

dans le rêve, est réabordé.

Vous avez pu voir que j'ai fait la relecture récente de la Traumdeutung dans la première édition à certaines fins et qu'en même temps, la dernière fois, j'avais fait une allusion au fait que, la Traumdeutung, on oublie toujours ce qu'il y a dedans.

 

J'avais oublié qu'en 1930ce rêve avait été rajouté.

Il a d'abord été rajouté en note peu après

la publication dans les Sammlung Kleiner Schriften Für Neurosen Lehre,1913, tome III, page 271 de la 2ème édition, et puis dans l'édition de 1930, il est rajouté dans le texte, il est donc

dans le texte de la Traumdeutung.

 

Ce rêve est ainsi constitué, je vous le répète :

le sujet voit apparaître son père devant lui…

ce père qu'il vient de perdre après une maladie qui a constitué pour lui de longs tourments

…il le voit apparaître devant lui et il est pénétré, nous dit le texte, d'une profonde douleur à la pensée que son père est mort et qu'« il ne savait pas.», formulation dont FREUD insiste sur son caractère résonnant absurdement, dont il dit qu'il se complète,

il se comprend si l'on ajoute qu'il était mort

« selon son vœu » : qu'il ne savait pas que c'était selon son vœu, bien entendu, qu'il était mort.

 

Voici ce que j'inscris sur le graphe selon l'étagement suivant « Il ne savait pas.»se rapporte essentiellement à la dimension de la constitution du sujet, pour autant que c'est sur un « Il ne savait pas.»inutile que le sujet a à se situer,

et c'est précisément là…

ce que nous allons tâcher de voir

dans le détail, à l'expérience

…qu'il a à se consti­tuer lui-même comme ne sachant pas, seul point d'issue qui lui est donné pour que ce qui est « non-dit » prenne effectivement portée de « non-dit ».

 

C'est au niveau de l'énoncé que cela se fait mais, sans aucun doute, aucun énoncé de ce type ne peut se faire, sinon comme supporté par la sous-jacence d'une énonciation, car pour tout être qui ne parle pas…

nous en avons des preuves

…« Il était mort » ne veut rien dire.

Je dirais plus : nous en avons le test, jusqu'à l'indifférence immédiate que porte la plupart des animaux aux déchets, aux cadavres de leurs semblables dès lors qu'ils sont cadavres.

 

Pour qu'un animal s'attache à un défunt…

on cite l'exemple des chiens

…il faut précisément que le chien soit dans cette posture exceptionnelle de faire que s'il n'a pas d'in­conscient, il a un surmoi. C'est-à-dire que quelque chose soit entré en jeu qui permette ce qui est de l'ordre d'une certaine ébauche d'articulation signifiante. Mais laissons ça de côté.

 

Que cet « Il était mort » déjà suppose le sujet introduit

à quelque chose qui est de l'ordre de l'existence, l'existence n'étant pas autre chose que le fait

que le sujet à partir du moment où il se pose dans

le signifiant ne peut plus se détruire, qu'il entre dans cet enchaînement intolérable, qui pour lui

se déroule immédiatement dans l'imaginaire,

qui fait qu'il ne peut plus se concevoir sinon

comme rejaillissant toujours dans l'existence.

 

Ceci n'est pas construction de philosophe, je l'ai pu constater chez ceux qu'on appelle des « patients » et

je me souviens d'une patiente, dont ce fut un des tournants de son expérience intérieure, qu'à un certain rêve, précisément où elle toucha sans aucun doute…

pas à n'importe quel moment de son analyse

…à quelque chose d'appréhendé, de vécu oniriquement qui n'était autre qu'une sorte de sen­timent pur d'existence, d'exister si l'on peut dire d'une façon indéfinie.

 

Et du sein de cette existence rejaillissait toujours pour elle une nouvelle existence et celle-ci s'étendant, pour son intuition intime si l'on peut dire, à perte de vue.

 

L'existence étant appréhendée et sentie comme quelque chose qui, de par sa nature, ne peut s'éteindre

qu'à toujours rejaillir plus loin, et ceci était

accompa­gné pour elle, précisément d'une douleur intolérable.

Ceci est quelque chose qui est tout proche

de ce que nous donne le contenu du rêve.

 

Car enfin, qu'avons-nous ?

 

Nous avons ici un rêve qui est celui d'un fils.

Il est toujours bon de faire remarquer à propos

d'un rêve que celui qui le fait c'est le rêveur,

il faut toujours s'en souvenir quand on commence

à parler du personnage du rêve.

 

Qu'avons-nous ici ?

 

Le problème de ce qu'on appelle « identification »

se pose avec des facilités toutes particulières

car dans le rêve nul besoin de dialectique pour penser qu'il y a quelque rapport d'identification entre le sujet et ses propres fantaisies de rêve.

 

Qu'avons-nous ?

 

Nous avons le sujet qui est là devant son père, pénétré de la plus profonde douleur et en face de lui nous avons le père qui ne sait pas qu'il est mort,

ou plus exactement…

car il faut bien le mettre au temps où

le sujet l'appréhende et nous le communique

…« Il ne savait pas.».

J'y insiste sans pou­voir tout a fait y insister jusqu'au bout pour l'instant, mais j'entends toujours ne pas vous donner des choses approximatives qui me mènent quelquefois à l'obs­curité, puisque aussi bien cette règle de conduite m'empêche de ne vous donner les choses qu'à peu près, et comme je ne peux pas

les préciser tout de suite, natu­rellement cela laisse des portes ouvertes.

 

Néanmoins, il est important pour ce qui est du rêve, de vous souvenir que la façon dont il nous est communiqué est toujours un énoncé.

Le sujet nous rend compte de quoi ?

D'un autre énoncé, mais il n'est pas du tout suffisant de dire cela.

D'un autre énoncé qu'il nous présente comme une énonciation, car c'est un fait que le sujet nous raconte le rêve pour que précisément, nous en cherchions la clef, le sens, c'est-à-dire ce qu'il veut dire, c'est-à-dire pour tout autre chose que l'énoncé qu'il nous rapporte.

 

Le fait donc que ceci « Il ne savait pas.», soit dit à l'imparfait

a dans cette perspective tout à fait son importance.

 

 

 

« Il ne savait pas.» : dans ce que je vous énonce ceci…

pour ceux que la question des rapports du rêve avec la parole par laquelle nous le recueillons intéresse

…peut aborder dans le dessin le premier plan du clivage (1).

 

Mais continuons. Voilà donc comment les choses se répartissent :

 

- d'un côté (2), du côté de ce qui se présente dans le rêve comme le sujet, quoi ? Un affect,

la douleur, douleur - de quoi ? - « qu'il était mort ».

 

- Et de l’autre côté (3), correspondant de cette douleur : « Il ne savait pas» quoi ? - la même chose :

« qu'il était mort ».

 

FREUD nous dit que s'y trouve son sens et implicitement son interprétation, et cela a l'air d'être tout simple.

Je vous ai quand même suffisamment indiqué que cela ne l'était pas.

 

- En complément (4) : « selon son vœu ».

 

Mais qu'est-ce que ceci veut dire ?

Si nous sommes…

comme FREUD nous indique formellement de

le faire, non pas simplement dans ce passage, mais dans celui auquel je vous ai priés de

vous reporter, concernant le refoulement

…si nous sommes au niveau du signifiant, vous devez voir tout de suite que nous pouvons faire

de ce « selon son vœu » plus d'un usage.

 

« Il était mort selon son vœu », à quoi cela nous porte-t-il ?

 

Il me semble que certains d'entre vous au moins peuvent se souvenir de ce point où autrefois,

je vous ai menés, celui du sujet qui, après avoir épuisé sous toutes les formes la voie du désir…

en tant qu'il est du sujet non connu, est le châtiment de quel crime ? D'aucun autre crime que celui d'avoir justement existé dans ce désir

…se trouve mené au point où il n'a plus d'autre exclamation à proférer que ce μή ϕῦναι [mè phunai] [Œdipe à Colonne],

ce « ne pas être né » où aboutit l'existence arrivée

à l'extinction, très précisément, de son désir.

 

Et cette douleur que ressent le sujet dans le rêve…

n'oublions pas que c'est un sujet dont nous ne savons rien d'autre que cet antécédent immédiat qu'il a vu mourir son père dans les affres

d'une longue maladie pleine de tourments

…cette douleur est proche dans l'expérience,

de cette douleur de l'existence quand plus rien d'autre ne l'habite que cette existence elle-même,

et que tout, dans l'ex­cès de la souffrance, tend à abolir ce terme indéracinable qu'est le désir de vivre.

 

Cette douleur d'exister, d'exister quand le désir n'est plus là, si elle a été vécue par quelqu'un,

ça a été par celui qui est loin d'être un étranger pour le sujet.

 

Mais en tout cas ce qui est clair,

c'est que dans le rêve, cette douleur le sujet la savait.

Le sens de cette douleur, nous ne saurons jamais

si celui qui l'éprouva dans le réel le savait ou ne le savait pas, mais par contre, ce qui est sensible, c'est que ni dans le rêve bien sûr, ni hors du rêve très sûrement…

avant que l'interprétation nous y conduise

…le sujet, lui, ne sait pas que ce qu'il assume

c'est cette dou­leur-là en tant que telle.

Et la preuve c'est qu'il ne peut dans le rêve l'articuler que d'une façon fidèle, cynique,

qui répond absurdement à quoi ?

 

FREUD y répond si nous nous reportons au petit chapitre de la Traumdeutung oùil parle des rêves absurdes, très spécialement à propos de ce rêve…

et c'est une confir­mation de ce que j'essayais

de vous articuler ici avant de l'avoir relu

…nous ver­rons qu'il précise que si le sentiment d'absurdité est souvent lié dans les rêves à cette sorte de contradiction, lié à la structure

de l'inconscient lui-même et qui débouche

dans le risible dans certains cas, cet absurde…

il le dit à propos de ce rêve

…s'introduit dans le rêve comme élément de quoi ?

 

Comme élément expressif d'une répudiation particulièrement violente du sens ici désigné et assurément en effet, le sujet peut voir que son père ne savait pas son vœu, lui, du sujet :

que son père meure pour en finir avec ses souffrances.

 

C'est-à-dire qu'à ce niveau là, il sait lui, le sujet, quel est son vœu, il peut voir ou ne pas voir…

tout dépend du point de l'analyse où ilen est

…que ce vœu ce fut le sien dans le passé, que son père meure…

et non pas pour son père, mais pour lui, le sujet,

…qui était son rival. Mais ce qu'il ne peut pas voir du tout, au point où il en est, c'est ceci :

qu'en assumant la douleur de son père sans le savoir, ce qui est visé c'est de maintenir devant lui,

dans l'objet, cette ignorance qui lui est absolument nécessaire, celle qui consiste à ne pas savoir

qu'il vaut mieux ne pas être né. [ Cf. le μή ϕῦναι [mè phunai] d’Œdipe à Colonne ]

 

Il n'y a rien au dernier terme de l'existence,

que la douleur d'exister, plutôt l'assumer…

comme celle de l'autre qui est là et qui parle toujours, comme moi le rêveur je continue à parler

…que de voir se dénuder ce dernier mystère qui

n'est – quoi ? - en fin de compte que le contenu

le plus secret de ce vœu…

celui dont nous n'avons aucun élément

dans le rêve lui-même si ce n'est ce que

nous savons par la connaissance

…ce qui est le contenu de ce vœu, c'est à savoir

le vœu de la castration du père, c'est-à-dire le vœu par excellence qui, au moment de la mort du père, fait retour sur le fils parce que c'est à son tour d'être châtré, c'est-à-dire ce qu'il ne faut à aucun prix voir.

 

Et je ne suis pas en train de poser pour l'instant les termes du point, et du moment, et des temps,

où doivent se poser – donc - l'interprétation !

 

Il serait facile déjà sur ce schéma de vous montrer qu'il y a une première interprétation qui se fait tout de suite : il n'a aucune peine, « il ne savait pas » votre père, selon votre vœu, l'énonciation du vœu.

Nous sommes là au niveau de ce qui est déjà

dans la ligne pleine de la parole du sujet

et c'est très bien qu'il en soit ainsi.

 

Mais il faut qu'une certaine intro­duction, de par l'analyste, soit telle que déjà quelque chose

de problématique soit introduit dans cette remarque

qui est de nature à faire surgir ce qui jusque là est refoulé et pointillé, à savoir qu'il était mort déjà depuis longtemps « selon son vœu », selon le vœu de l'œdipe,

et à faire surgir cela comme tel de l'inconscient.

 

Mais il s'agit de savoir, de donner sa pleine portée à ce quelque chose qui, comme tout à l'heure,

va bien au-delà de la question de ce qu'est ce vœu,

car ce vœu de châtrer le père, avec son retour

sur le sujet, est quelque chose qui va bien au-delà

de tout désir justifiable.

 

Si c'est, comme nous le disons, une nécessité structurante, une nécessité signifiante…

et ici le vœu n'est que le masque de ce qu'il y a de plus profond dans la structure du désir

tel que le dénonce le rêve

…ce n'est rien d'autre - non pas qu'un vœu – mais que l'essence du « selon », du rap­port, de l'enchaînement nécessaire qui défend au sujet d'échapper à cette conca­ténation de l'existence en tant qu'elle est déterminée par la nature du signifiant.

 

Ce « selon », c'est là le point de ce que je veux

vous faire remarquer, c'est qu'en fin de compte

dans cette problématique de l'effacement du sujet, qui en l'occasion est son salut, dans ce point dernier où le sujet doit être voué à une der­nière ignorance, le ressort, la Verdrängung…

c'est là le sens dans lequel j'ai essayé de vous introduire tout à fait à la fin de la dernière fois

…repose tout entier - ce res­sort de la Verdrängung - sur, non pas le refoulement…

- de quelque chose de plein,


Date: 2016-03-03; view: 428


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