« nach seinem Wunsch » est après « il ne savait pas » que c'était
« selon son vœu », qu'il en fût ainsi « selon son vœu ».
Le refoulement se présente dans son origine,
dans sa racine, comme quelque chose qui dans FREUD
ne peut s'articuler autrement que comme quelque chose portant sur le signifiant.
Je ne vous ai pas fait faire un grand pas aujourd'hui, mais c'est un pas de plus, car c'est le pas qui va nous permettre de voir au niveau de quelle sorte
de signifiant porte cette opération du refoulement.
Tous les signifiants ne sont pas également lésables, refoulables, fragiles. Que ce soit déjà sur ce que j'ai appelé deux clausules que ça ait porté,
ceci est d'une importance essentielle.
D'autant plus essentielle que c'est cela qui va nous mettre à portée de désigner ce dont il s'agit
à proprement parler quand on parle du désir du rêve d'abord, et du désir tout court ensuite.
10 Décembre 1958 Table des séances
Je vous ai laissés la dernière fois sur quelque chose qui tend à aborder notre problème, le problème du désir et de son interprétation :
- une certaine ordination de la structure signifiante,
- de ce qui s'énonce dans le signifiant comme comportant cette duplicité interne de l'énoncé :
procès de l'énoncé et procès de l'acte de l'énonciation.
Je vous ai mis l'accent sur la différence qui existe
- du « je » en tant qu'impliqué dans un énoncé quelconque, du « je » en tant qu'au même titre que quelque autre, c'est le sujet d'un procès énoncé par exemple, ce qui n'est d'ailleurs pas le seul mode d'énoncé,
- au « je » en tant qu'il est impliqué dans toute énonciation, mais d'autant plus en tant qu'il s'annonce comme « je » de l'énonciation.
Ce mode sous lequel il s'annonce comme le « je »
de l'énonciation, ce mode sous lequel il s'annonce
n'est pas indifférent s'il s'annonce en se nommant comme le fait la petite Anna FREUD au début du message de son rêve.
Je vous ai indiqué qu'il reste là quelque chose d'ambigu, c'est à savoir si ce « je », comme « je »
de l'énonciation, est authentifié ou non à ce moment.
Je vous laisse entendre qu'il ne l'est pas encore
et que c'est cela qui constitue la différence
que FREUD nous donne pour être celle qui distingue
le désir du rêve chez l'enfant, du désir du rêve chez l'adulte.
C'est que quelque chose n'est pas encore achevé, précipité par la structure, ne s'est pas encore distingué
dans la structure qui est justement ce quelque chose
dont je vous donnais ailleurs le reflet et la trace.
Trace tardive puisqu'elle se trouve au niveau d'une épreuve qui, bien entendu, suppose déjà des conditions
très définies par l'expérience, qui ne permettent pas de préjuger dans son fond ce qu'il en est dans le sujet, mais la difficulté qui reste encore longtemps pour le sujet de distinguer ce « je » de l'énonciation
du « je » de l'énoncé, et qui se traduit par cet achoppement encore tardif devant le test que
le hasard et le flair du psychologue ont fait choisir
par BINET sous la forme :
« J'ai trois frères Paul, Ernest et moi. »
La difficulté qu'il y a à ce que l'enfant ne tienne pas pour ce qu'il faut d'ailleurs, cet énoncé :
à savoir que le sujet ne sache pas encore se décompter.
Mais cette trace que je vous ai marquée est quelque chose, un indice - et il y en a d'autres - de cet élément essentiel que constitue la distinction, la différence pour le sujet, du « je » de l'énonciation et du « je » de l'énoncé.
Or je vous l'ai dit, nous prenons les choses non pas par une déduction, mais par une voie dont je ne peux pas dire qu'elle est empirique puisqu'elle est déjà tracée, qu'elle a déjà été construite par FREUD quand il nous dit que le désir du rêve chez l'adulte est un désir qui, lui, est emprunté et qui est la marque d'un refoulement, d'un refoulement qu'à ce niveau il apporte comme étant une censure.
Quand il entre dans le mécanisme de cette censure, quand il nous montre ce que c'est qu'une censure,
à savoir les impossibilités d'une censure, car c'est là-dessus qu'il met l'accent, c'est là-dessus que j'essayais de vous faire un instant arrêter votre réflexion en vous disant une espèce de contradiction interne qui est celle de tout non-dit au niveau de l'énonciation.
Je veux dire cette contradiction interne qui structure
le « Je ne dis pas que… ». Je vous l'ai dit l'autre jour
sous diverses formes humoristiques :
« Celui qui dira telle ou telle chose de tel ou tel personnage dont il faut respecter
les paroles, ne pas offenser - disais-je - aura affaire à moi ! »
Qu'est-ce à dire, si ce n'est qu'en proférant cette prise de parti - qui évidemment est ironique –
je prononce, je me trouve prononcer précisément
ce qu'il y a à ne pas dire.
Et FREUD lui-même, a souligné amplement…
quand il nous montre le mécanisme, l'articulation, le sens du rêve
…combien fréquemment le rêve emprunte cette voie, c'est-à-dire que ce qu'il articule comme ne devant pas être dit est justement ce qu'il a à dire, et ce par quoi passe ce qui dans le rêve est effectivement dit.
Ceci nous porte à quelque chose qui est lié à la structure la plus profonde du signifiant. Je voudrais,
un instant m'y arrêter encore car cet élément,
ce ressort du « Je ne dis pas… » comme tel, ce n'est pas pour rien que FREUD, dans son article de la Verneinung, le met à la racine même de la phrase la plus primitive dans laquelle le sujet se constitue comme tel
et se constitue spécialement comme inconscient.
Le rapport de cette Verneinung avec la Bejahung la plus primitive…
avec l'accès d'un signifiant dans
la question, car c'est cela une Bejahung
…c'est quelque chose qui commence à se poser.
Il s'agit de savoir toujours ce qui se pose au niveau le plus primitif : est-ce, par exemple, le couple « bon » et « mauvais » ? Selon que nous choisissons
ou ne choisissons pas tel ou tel de ces termes primitifs, déjà nous optons pour toute une théorisation,
toute une orientation de notre pensée analytique et vous savez le rôle qu'a joué ce terme de bon et de mauvais dans une certaine spécification de la voie analytique, c'est certainement un couple très primitif.
Sur ce « non-dit » et sur la fonction du « ne »…
du « ne »dans le « je ne dis pas… »
…c'est là-dessus que je m'arrêterai un instant avant
de faire un pas de plus, car je crois que c'est là l'articulation essentielle.
Cette sorte de « ne »du « je ne dis pas… » qui fait que précisément en disant que l'on ne le dit pas,
on le dit…
chose qui paraît presque une
sorte d'évidence par l'absurde
…c'est quelque chose à quoi il faut nous arrêter en rappelant ce que je vous ai déjà indiqué comme étant la propriété la plus radicale si l'on peut dire, du signifiant.
Et si vous vous souvenez, j'ai déjà essayé de vous porter sur la voie d'une image, d'un exemple vous montrant à la fois le rapport qu'il y a entre le signifiant et une certaine espèce d'indice ou de signe que j'ai appelé « la trace », que déjà lui-même porte, la marque de je ne sais quelle espèce d'envers de l'empreinte du réel.
Je vous ai parlé de Robinson CRUSOÉ et du pas,
de la trace du pas de VENDREDI[22],et nous nous sommes arrêtés un instant à ceci :
est-ce déjà là le signifiant ?
Et je vous ai dit que le signifiant commence non pas à la trace, mais à ceci qu'on efface la trace,
et ce n'est pas la trace effacée qui constitue
le signifiant, c'est quelque chose qui se pose
comme pouvant être effacé qui inaugure le signifiant.
Autrement dit, Robinson CRUSOÉ efface la trace du pas de VENDREDI mais que fait-il à la place ?
S'il veut la garder, cette place du pied de VENDREDI, il fait au minimum une croix, c'est-à-dire une barre et une autre barre sur celle-ci :
ceci est le signifiant spécifique.
Le signifiant spécifique est quelque chose
qui se présente comme pouvant être effacé lui-même
et qui justement dans cette opération de l'effacement comme tel subsiste.
Je veux dire que le signifiant effacé, déjà se présente
comme tel, avec ses propriétés propres au « non-dit ».
En tant qu'avec la barre j'annule ce signifiant,
je le perpétue comme tel indéfiniment, j'inaugure
la dimension du signifiant comme telle.
Faire une croix c'est à proprement parler ce qui n'existe dans aucune forme de repérage qui soit permise d'aucune façon.
Il ne faut pas croire que les êtres non-parlants,
les animaux, ne repèrent rien, qu'ils ne laissent pas intentionnellement de traces avec le « dit », mais avec des traces de traces. Nous reviendrons, quand nous aurons
le temps, sur les mœurs de l'hippopotame,
nous verrons ce qu'il laisse sur ses pas à dessein pour ses congénères.
Ce que laisse l'homme derrière lui c'est un signifiant, c'est une croix, c'est une barre en tant que barrée, en tant que recouverte par une autre barre d'une part, qui indique que comme telle elle est effacée.
Cette fonction du « nom du non », en tant qu'il est
le signifiant qui s'annule lui-même, est quelque chose qui assurément mérite, à soi tout seul, un très long développement.
Il est très frappant de voir à quel point les logiciens, pour être comme toujours trop psychologues, ont…
dans leur classification,
dans leur articulation de la négation
…ont laissé de côté étrangement le plus originel.
Vous savez…
ou vous ne savez pas
…et après tout je n'ai pas l'intention de vous faire entrer dans les différents modes de la négation.
Je veux simplement vous dire que plus originellement que tout ce qui peut s'articuler dans l'ordre du concept…
dans l'ordre de ce qui distingue le sens
de la négation, de la privation, etc.
…plus originellement c'est dans le phénomène du parler,
dans l'expérience, dans l'empirisme linguistique
que nous devons trouver à l'origine, ce qui pour nous est le plus important, et c'est pour cela qu'à cela seul, je m'arrêterai.
Et ici je ne puis…
au moins pour un instant
…ne pas faire état de quelques recherches qui ont valeur d'expérience et nommément celle qui a été le fait d'Édouard PICHON qui fut, comme vous le savez, un de nos aînés psychanalystes, qui est mort au début de la guerre d'une grave maladie cardiaque.
Édouard PICHON, à propos de la négation, a fait
cette distinction dont il faut au moins que vous ayez un petit aperçu, une petite notion, une petite idée.
Il s'est aperçu de quelque chose, il aurait bien voulu en logicien, manifestement il voulait être psychologue, il nous a écrit que ce qu'il fait
c'est une sorte d'exploration Des mots à la pensée [23].
Comme beaucoup de monde, il est susceptible d'illusions sur lui-même car, heureusement, c'est
ce qu'il y a précisément de plus faible dans son ouvrage, cette prétention de remonter Des mots à la pensée.
Mais par contre, il se trouvait être un admirable observateur, je veux dire qu'il avait un sens
de l'étoffe langagière qui fait qu'il nous a beaucoup plus renseignés sur les mots que sur la pensée.
Et quant aux mots, et quant à cet usage de la négation…
c'est spécialement en français qu'il
s'est arrêté sur cet usage de la négation
…et là, il n'a pas pu ne pas faire cette trouvaille qui fait cette distinction, qui s'articule dans cette distinction qu'il fait du « forclusif » et du « discordantiel ».
Je vais vous donner des exemples tout de suite
de la distinction qu'il en fait.
Prenons une phrase comme « Il n'y a personne ici. ».
Ceci est « forclusif » :
il est exclu pour l'instant qu'il y ait ici quelqu'un.
PICHON s'arrête à ceci de remarquable que chaque fois qu'en français nous avons affaire à une « forclusion » pure et simple, il faut toujours que nous employions deux termes :
- un « ne »,
- et puis quelque chose qui ici est représenté par le « personne », qui pourrait l'être par le « pas » : « Je n'ai pas où loger. », « Je n'ai rien à vous dire. » par exemple.
D'autre part il remarque qu'un très grand nombre d'usages du « ne »et justement les plus indicatifs…
là comme partout, ceux qui posent
les problèmes les plus paradoxaux
…se manifestent toujours, c'est-à-dire que d'abord jamais un « ne » pur et simple - ou presque jamais –
n'est mis en usage pour indiquer la pure et simple négation,
ce qui par exemple en allemand ou en anglais, s'incarnera dans le nicht oudans le not.
Le « ne »à lui tout seul, livré à lui-même, exprime ce qu'il appelle une « discordance » et cette « discordance » est très précisément quelque chose qui se situe
entre le procès de l'énonciation et le procès de l'énoncé.
Pour tout dire et pour illustrer tout de suite ce dont il s'agit, je vais justement vous donner l'exemple sur lequel effectivement PICHON s'arrête le plus
car il est spécialement illustratif :
c'est l'emploi de ces « ne »que les gens qui ne comprennent rien, c'est-à-dire les gens qui veulent comprendre, appellent le « ne explétif ».
Je vous le dis parce que j'ai déjà amorcé cela
la dernière fois, j'y ai fait allusion à propos
d'un article qui m'avait paru légèrement scandaleux dans Le Monde, sur soi-disant le « ne explétif ».
Ce « ne explétif »…
qui n'est pas un « ne explétif », qui est un « ne »tout à fait essentiel à l'usage de la langue française
…est celui qui se trouve dans la phrase telle que :
« Je crains qu'il ne vienne. »
Chacun sait que « Je crains qu'il ne vienne. » veut dire
« Je crains qu'il vienne. » et non pas « Je crains qu'il ne vienne pas. » mais en français, on dit : « Je crains qu'il ne vienne. ».
En d'autres termes, le français…
à ce point de son usage linguistique
…saisit, si je puis dire, le « ne »quelque part
au niveau si l'on peut dire de son errance :
- de sa descente d'un procès de l'énonciation où le « ne »porte sur l'articulation de l'énonciation, porte sur le signifiant pur et simple dit en acte : « Je ne dis pas que… », « Je ne dis pas que je suis ta femme. » par exemple,
- au « ne »de l'énoncé où il est : « Je ne suis pas ta femme. ».
Sans aucun doute ne sommes-nous pas ici pour faire
la genèse du langage, mais quelque chose est impliqué même dans notre expérience.
Ceci…
c'est ce que je veux vous montrer,
qui nous indique en tout cas l'articulation
que donne FREUD du fait de la négation
…implique que la négation descende de l'énonciation à l'énoncé.
Et comment en serions-nous étonnés puisque après tout, toute négation dans l'énoncé comporte un certain paradoxe, puisqu'elle pose quelque chose,
pour le poser en même temps…
disons dans un certain nombre de cas
…comme non-existant, entre les deux, quelque part, quelque part entre l'énonciation et l'énoncé, et dans ce plan :
- où s'instaurent les « discordances »,
- où quelque chose dans ma crainte devance le fait qu'il vienne et…
souhaitant qu'il ne vienne pas
…se peut-il autrement que d'articuler ce « Je crains qu'il vienne. » comme un « Je crains qu'il ne vienne. », accrochant au passage, si je puis dire,
ce « ne de discordance » qui se distingue comme tel
dans la négation, du « ne forclusif ».
Vous me direz :
« Ceci est un phénomène particulier à la langue française. Vous l'avez vous-même évoqué tout à l'heure en parlant du « nicht » allemand ou du « not » anglais. »
Bien entendu !
Seulement l'important n'est pas là.
L'important est que dans la langue anglaise
par exemple, où nous articulons des choses analogues, à savoir que nous nous apercevrons…
et cela je ne peux pas vous faire y insister puisque je ne suis pas ici pour vous faire
un cours de linguistique
…que c'est quelque chose d'analogue qui se manifeste dans le fait qu'en anglais par exemple, la négation ne peut pas s'appliquer d'une façon purement… pure et simple au verbe en tant qu'il est le verbe de l'énoncé, le verbe désignant le procès dans l'énoncé.
On ne dit pas :
« I eat not »
mais
« I dont eat ».
En d'autres termes, il se trouve que nous avons
des traces dans l'articulation du système linguistique anglais de ceci :
c'est que pour tout ce qui est de l'ordre de la négation,
l'énoncé est amené à emprunter une forme qui est calquée sur l'emploi d'un auxiliaire, l'auxiliaire étant typiquement
ce qui dans l'énoncé introduit la dimension du sujet.
« I don't eat. », « I won't eat. »ou« I won't go. »qui est à proprement parler « Je n'irai pas. », qui n'implique pas seulement le fait, mais la résolution du sujet à ne pas y aller, le fait que pour toute négation en tant qu'elle est négation pure et simple, quelque chose comme une dimension auxiliaire apparaît, et ici dans la langue anglaise, la trace de ce quelque chose
qui relie essentiellement la négation à une sorte
de position originelle de l'énonciation comme telle.
Le deuxième temps ou étape de ce que la dernière fois j'ai essayé d'articuler devant vous, est constitué par ceci :
que pour vous montrer par quel chemin, par quelle voie
le sujet s'introduit à cette dialectique de l'Autre…
en tant qu'elle lui est imposée par la structure même de cette différence de l'énonciation et de l'énoncé
…je vous ai menés par une voie que j'ai faite…
je vous l'ai dit
…exprès empirique…
ce n'est pas la seule
…je veux dire que j'y introduis l'histoire réelle du sujet.
Je vous ai dit que le pas suivant de ce par quoi
à l'origine le sujet se constitue dans le procès
de la distinction de ce « je » de l'énonciation d'avec
le « je » de l'énoncé, c'est la dimension du « n'en rien savoir », pour autant qu'il l'éprouve…
qu'il l'éprouve en ceci que c'est sur fond de ce
que l'Autre sait tout de ses pensées, puisque ses pensées sont, par nature et structuralement à l'origine, ce discours de l'Autre
…que c'est dans la découverte que c'est un fait que l'Autre n'en sait rien de ses pensées, que s'inaugure pour lui cette voie qui est celle que nous cherchons :
la voie par où le sujet va développer cette exigence contradictoire du « non-dit », et trouver le chemin difficile par où il a à effectuer ce « non-dit »
dans son être et devenir cette sorte d'être auquel nous avons affaire, c'est-à-dire un sujet
qui a la dimension de l'inconscient.
Car c'est cela le pas essentiel que dans l'expérience de l'homme nous fait faire la psychanalyse. C'est ceci :
c'est qu'après de longs siècles où la philosophie s'est en quelque sorte, je dirais obstinée et de plus
en plus, à mener toujours plus loin ce discours dans lequel…
- le sujet n'est que le corrélatif de l'objet dans le rapport de la connaissance, c'est-à-dire que le sujet est ce qui est supposé par la connaissance des objets ,
- cette sorte de sujet étrange dont je ne sais plus
où, j'ai dit quelque part qu'il pouvait faire
« les dimanches du philosophe [24] », parce que le reste
de la semaine…
c'est-à-dire pendant le travail bien entendu
…tout un chacun peut le négliger abondamment,
- ce sujet qui n'est que l'ombre en quelque sorte et la doublure des objets
…quelque chose est « oublié » de ce sujet, à savoir
que le sujet est le sujet qui parle.
Nous ne pouvons plus l'oublier, uniquement à partir d'un certain moment, à savoir le moment où
son domaine de sujet qui parle tient tout seul,
qu'il soit là ou qu'il ne soit pas là.
Ce qui change complètement la nature de ses relations à l'objet, c'est ce point crucial de la nature de ses relations à l'objet qui s'appelle justement le désir.
C'est dans ce champ que nous essayons d'articuler
les rapports du sujet à l'objet au sens où ils sont des rapports
de désir, car c'est dans ce champ que l'expérience analytique nous apprend qu'il a à s'articuler.
Le rapport du sujet à l'objet n'est pas un rapport de besoin,
le rapport du sujet à l'objet est un rapport complexe que j'essaye précisément d'articuler devant vous.
Pour l'instant commençons d'indiquer ceci :
c'est parce qu'il se situe là…
ce rapport d'articulation du sujet à l'objet
…que l'objet se trouve être ce quelque chose
qui n'est pas le corrélatif et le correspondant
d'un besoin du sujet, mais ce quelque chose :
- qui supporte le sujet au moment précisément où il a à faire face, si l'on peut dire, à son existence,
- qui supporte le sujet dans son existence, dans son existence au sens le plus radical, à savoir en ceci justement qu'il ex-siste dans le langage.
C'est-à-dire qu'il consiste :
- en quelque chose qui est hors de lui,
- en quelque chose qu'il ne peut saisir dans sa nature propre de langage qu'au moment précis où lui, comme sujet, doit s'effacer, s'évanouir, disparaître derrière un signifiant, en ce qui est précisément le point, si l'on peut dire « panique » autour duquel il a à se raccrocher à quelque chose, et c'est justement à l'objet en tant qu'objet du désir qu'il se raccroche.
Quelque part quelqu'un…
que pour ne pas faire d'embrouilles,
je ne vais pas nommer tout de suite aujourd'hui
…quelqu'un de tout à fait contemporain – mort -,
a écrit :
« Arriver à apprendre ce que l'avare… Arriver à savoir ce que l'avare a perdu
quand on lui a volé sa cassette, on apprendrait beaucoup.[25] »
C'est exactement ce que nous avons à apprendre,
je veux dire à apprendre pour nous-mêmes et à apprendre aux autres.
L'analyse est le premier lieu, la première dimension dans laquelle on peut répondre à cette parole,
et bien entendu, parce que l'avare est ridicule…
c'est-à-dire beaucoup trop proche de l'inconscient pour que vous puissiez le supporter
…il va falloir que je trouve un autre exemple, plus noble, pour vous faire saisir ce que je veux dire.