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TABLE DES SÉANCES 1 page


Leçon1 12 Novembre 58 Leçon2 19 Novembre 58 Leçon3 26 Novembre 58

Leçon4 03 Décembre 58 Leçon5 10 Décembre 58 Leçon6 17 Décembre 58

Leçon7 07 Janvier 59 Leçon8 14 Janvier 59 Ella SHARPE (1) Leçon9 21 Janvier 59 Ella SHARPE (2) Leçon10 28 Janvier 59 Ella SHARPE (3)

Leçon11 04 Février 59 Ella SHARPE (4) Leçon12 11 Février 59 Ella SHARPE (5)

Leçon13 04 Mars 59 HAMLET (1) Leçon14 11 Mars 59 HAMLET (2) Leçon15 18 Mars 59 HAMLET (3)

Leçon16 08 Avril 59 HAMLET (4) Leçon17 15 Avril 59 HAMLET (5) Leçon18 22 Avril 59 HAMLET (6) Leçon19 29 Avril 59 HAMLET (7)

Leçon20 13 Mai 59 Leçon21 20 Mai 59 Leçon22 27 Mai 59 HAMLET (8)

Leçon23 03 Juin 59 Leçon24 10 Juin 59 Leçon25 17 Juin 59 Leçon26 24 Juin 59

Leçon27 01 Juillet 59


 

Sigmund Freud : Über die Allgemeinste Erniedrigung des Liebeslebens (1912)

 

Sigmund Freud : Das Unbewußte (1915)

 

Ella Sharpe : Dream analysis, Chapter V, Analysis of a single dream

 

Ernest Jones : The Œdipus-Complex as an explanation of Hamlet's mystery

 

William Shakespeare : Hamlet

William Shakespeare : La nuit des rois.

 


 


12 Novembre 1958 Table des séances

 

 

Nous allons parler cette année du désir

et de son interprétation.

Une analyse est une thérapeutique, dit-on, disons un traitement, un traitement psychique qui porte à divers niveaux du psychisme sur :

 

- d'abord… ça a été le premier objet scientifique de son expérience …ce que nous appellerons les phénomènes marginaux ou résiduels,

le rêve, les lapsus, le trait d'esprit, j'y ai insisté l'année dernière,

 

- et sur des symptômes d'autre part…

si nous entrons dans cet aspect curatif du traitement

…sur des symptômes au sens large, pour autant

qu'ils se manifestent dans le sujet par

des inhibitions, qu'elles sont constituées

en symptômes et soutenues par ces symptômes.

 

- D'autre part, ce traitement modificateur de structures, de ces structures qui s'appellent névroses ou neuro-psychoses que FREUD a d'abord en réalité structurées et qualifiées comme neuro-psychoses de défense.

 

La psychanalyse, intervient pour traiter à divers niveaux avec ces diverses réalités phénoménales

en tant qu'elles mettent en jeu le désir.

 

C'est nommément sous cette rubrique du désir

comme significatifs du désir

…que les phénomènes que j'ai appelés tout à l'heure résiduels, marginaux, ont été d'abord appréhendés

par FREUD, dans les symptômes que nous voyons décrits d'un bout à l'autre de la pensée de FREUD.



 

C'est l'intervention de l'angoisse, si nous en faisons le point clé de la détermination des symptômes,

mais pour autant que telle ou telle activité

qui va entrer dans le jeu des symptômes est érotisée,

disons mieux : c'est-à-dire prise dans le mécanisme du désir.

 

Enfin que signifie même le terme de défense à propos des neuro-psychoses, si ce n'est défense - contre quoi ? - contre quelque chose qui n'est pas encore autre chose que le désir.

 

Et pourtant cette théorie analytique…

au centre de laquelle il est suffisant d'indiquer que la notion de libido se situe, qui n'est point autre chose que l'énergie psychique du désir, c'est quelque chose - s'il s'agit d'énergie - dans quoi…

je l'ai déjà indiqué en passant, rappelez-vous autrefois la métaphore de l'usine

…certaines conjonctions du symbolique et du réel sont nécessaires pour que même subsiste la notion d'énergie. Mais je ne veux pas ici, ni m'arrêter ni m'appesantir

…cette théorie analytique donc repose tout entière sur cette notion de libido, sur l'énergie du désir.

 

 

Voici que depuis quelque temps, nous la voyons

de plus en plus orientée vers quelque chose que ceux-là mêmes qui soutiennent cette nouvelle orientation, articulent eux-mêmes très consciemment…

au moins pour les plus conscients d'entre eux ayant emprunté à FAIRBAIRN, parce qu'il l'écrit

à plusieurs reprises, parce qu'il ne cesse d'articuler ni de l'écrire, nommément dans le recueil qui s'appelle Psychoanalytic Studies of the Personality

…que la théorie moderne de l'analyse a changé quelque chose à l'axe que lui avait donné d'abord FREUD

en faisant ou en considérant que la libido n'est plus pour nous « pleasure-seeking » comme s'exprime FAIRBAIRN, qu'elle est « object-seeking ».

 

C'est dire que Monsieur FAIRBAIRN est le représentant le plus typique de cette tendance moderne.

 

Ce que signifie cette tendance orientant la fonction de la libido en fonction d'un objet qui lui serait

en quelque sorte prédestiné, c'est quelque chose à quoi nous avions déjà fait allusion cent fois, et dont

je vous ai montré sous mille formes les incidences dans la technique et dans la théorie analytique, avec ce que j'ai cru à plusieurs reprises pouvoir vous

y désigner comme entraînant des déviations pratiques, quelques unes non sans incidences dangereuses.

 

L'importance de ce que je veux vous signaler

pour vous faire aborder aujourd'hui le problème,

c'est en somme ce voilement du mot même « désir » qui apparaît dans toute la manipulation de l'expérience analytique, et en quelque sorte quelle impression,

je ne dirais pas de renouvellement, je dirais

de dépaysement, nous produisons à le réintroduire.

 

Je veux dire qu'au lieu de parler de libido ou d'objet génital, si nous parlons de désir génital, il nous apparaîtra peut-être tout de suite beaucoup plus difficile de considérer comme allant de soi que le désir génital et sa maturation impliquent par soi tout seul cette sorte de possibilité ou d'ouverture, ou de plénitude de réalisation sur l'amour dont il semble que ce soit devenu ainsi doctrinal d'une certaine perspective de la maturation de la libido.

 

Tendance et réalisation…

et implication quant à la maturation de la libido

…qui paraissent tout de même d'autant plus surprenantes qu'elles se produisent au sein d'une doctrine qui

a été précisément la première non seulement à mettre en relief, mais même à rendre compte de ceci que FREUD a classé sous le titre du ravalement de la vie amoureuse [1]:

 

c'est à savoir que si en effet le désir semble entraîner avec soi un certain quantum en effet d'amour,

c'est justement et précisément, et très souvent

d'un amour qui se présente à la personnalité comme conflictuel, d'un amour qui ne s'avoue pas, d'un amour qui se refuse même à s'avouer.

 

D'autre part, si nous réintroduisons aussi ce mot « désir »…

là où nous déterminons comme « affectivité », comme « sentiment positif ou négatif », sont employés couramment dans une sorte d'approche honteuse - si l'on peut dire - des forces encore efficaces, et nommément par la relation analytique, par le transfert

…il me semble que du seul fait de l'emploi de ce mot,

un clivage se produira qui aura par lui-même quelque chose d'éclairant.

 

Il s'agit de savoir si le transfert est constitué, non plus par une affectivité ou des « sentiments positifs ou négatifs » que ce terme comporte de vagues et de voilés,

mais s’il s'agit…

et ici on nomme le désir éprouvé par un seul

…de désir sexuel, désir agressif à l'endroit

de l'analyste, ce qui nous apparaîtra tout de suite et du premier coup d’œil.

 

Ces désirs ne sont point tout dans le transfert, et de ce fait même le transfert nécessite d'être défini par autre chose que par des références plus ou moins confuses

à la notion positive ou négative d'affectivité.

 

Et enfin de sorte que si nous prononçons ce mot « désir », le dernier bénéfice de cet usage plein c'est que nous nous demanderons : « Qu'est-ce que c'est que le désir ? »

 

Ce ne sera pas une question à laquelle nous aurons ou nous pourrons répondre. Simplement, si je n'étais ici lié par ce que je pourrais appeler le rendez-vous urgent que j'ai avec mes « besoins pratiques expérientiels »

je me serais permis une interrogation sur le sujet

du sens de ce mot « désir », auprès de ceux qui ont été plus qualifiés pour en valoriser l'usage,

c'est à savoir les poètes et les philosophes.

 

Je ne le ferai pas, d'abord parce que :

- l'usage du mot « désir »,

- la transmission du terme,

- et la fonction du désir dans la poésie,

…est quelque chose que, je dirais, nous retrouverons après coup si nous poursuivons assez loin notre investigation.

S'il est vrai…

comme c'est ce qui sera toute la suite

de mon développement cette année

…que la situation est profondément marquée, arrimée, rivée à une certaine fonction du langage, à un certain rapport du sujet au signifiant, l'expérience analytique nous portera…

je l'espère tout au moins

…assez loin dans cette exploration pour que

nous trouvions tout le temps :

 

- à nous aider peut-être de l'évocation proprement poétique qui peut en être faite,

- et aussi bien à comprendre plus profondément

à la fin la nature de la création poétique dans ses rapports avec le désir.

 

Simplement, je ferai remarquer que les difficultés… dans le fond même du jeu d'occultation que vous verrez être au fond de ce que nous découvrira notre expérience

…apparaissent déjà en ceci par exemple que précisément on voit bien dans la poésie combien le rapport poétique au désir s'accommode mal, si l'on peut dire,

de la peinture de son objet. Je dirais :

 

- qu'à cet égard la poésie figurative…

j'évoque presque « les roses et les lys de la beauté »

…a toujours quelque chose qui n'exprime le désir que dans le registre d'une singulière froideur,

 

- que par contre la loi à proprement parler de

ce problème de l'évocation du désir, c'est dans une poésie qui curieusement se présente comme la poésie que l'on appelle « métaphysique ».

 

Et pour ceux qui lisent l'anglais, je ne prendrai ici que la référence la plus éminente des poètes métaphysiques de la littérature anglaise : John DONNE[2],

pour que vous vous y reportiez pour constater combien c'est très précisément le problème de

la structure des rapports du désir qui est là évoquée dans un poème célèbre.

 

Par exemple The Ecstacy dont le titre indique assez les amorces, dans quelle direction s'élabore poétiquement sur le plan lyrique tout au moins, l'abord poétique du désir quand il est recherché, visé lui-même à proprement parler.

 

 

Je laisse de côté ceci qui assurément va beaucoup plus loin pour présentifier le désir :

le jeu du poète quand il s'arme de l'action dramatique, c'est très précisément la dimension sur laquelle

nous aurons à revenir cette année.

 

Je vous l'annonce déjà parce que nous nous en étions approchés l'année dernière :

c'est la direction de la comédie.

 

 

Mais laissons là les poètes.

Je ne les ai nommés là qu'à titre d'indication liminaire,

et pour vous dire que nous les retrouverons plus tard, plus ou moins diffusément.

 

Je veux plus ou moins m'arrêter à ce qui a été,

à cet endroit, la position des philosophes, parce que je crois qu'elle a été très exemplaire du point où se situe pour nous le problème…

j'ai pris soin de vous écrire là-haut ces

trois termes « pleasure-seeking », « object-seeking »

…en tant qu'elle recherche le plaisir, en tant qu'elle recherche l'objet.

 

C'est bien ainsi que depuis toujours s'est posée

la question pour la réflexion et pour la morale, j'entends la morale théorique, la morale qui s'énonce en préceptes et en règles, en opérations de philosophes, tout spécialement, dit-on, d'éthiciens, je vous l'ai déjà indiqué.

 

Remarquez au passage en fin de compte la base de toute morale

que l'on pourrait appeler physicaliste, comme

on pourrait voir en quoi le terme a le même sens,

en quoi dans la philosophie médiévale on parle

de « la théorie physique de l'amour », au sens où précisément

elle est opposée à « la théorie extatique de l'amour ».

La base de toute morale

qui s'est exprimée jusqu'à présent, jusqu'à un certain point dans la tradition philosophique

…revient en somme à ce qu'on pourrait appeler

la tradition hédoniste qui consiste à faire établir une sorte d'équivalence entre ces deux termes

du plaisir et de l'objet

- au sens où l'objet est l'objet naturel de la libido,

- au sens où il est un bienfait,

…en fin de compte à admettre le plaisir au rang des « biens » cherchés par le sujet, voire même à s'y refuser dès lors qu'on en a le même critère, au rang du souverain bien.

 

Cette tradition hédoniste de la morale est une chose qui assurément n'est capable de cesser de surprendre qu'à partir du moment où l'on est en quelque sorte

si engagé dans le dialogue de l'école,

qu'on ne s'aperçoit plus de ses paradoxes,

car en fin de compte quoi de plus contraire à ce que nous appellerons l'expérience de la raison pratique, que cette prétendue convergence du plaisir et du bien ?

 

En fin de compte, si l'on y regarde de près,

si l'on regarde par exemple ce que ces choses tiennent

dans ARISTOTE, qu'est-ce que nous voyons s'élaborer ?

Et c'est très clair,les choses sont très pures dans ARISTOTE.

 

C'est assurément quelque chose qui n'arrive à réaliser cette identification du plaisir et du bien qu'à l'intérieur de ce que j'appellerai « une éthique de maître » ou quelque chose dont l'idéal flatteur…

les termes de la tempérance ou de l'intempérance

…c'est-à-dire de quelque chose qui relève de la maîtrise du sujet par rapport à ses propres habitudes.

 

Mais l'inconséquence de cette théorification est tout à fait frappante.

 

Si vous relisez ces passages célèbres qui concernent précisément l'usage des plaisirs, vous y verrez que rien n'entre dans cette optique moralisante qui ne soit du registre de cette maîtrise d'une morale de maître, de ce que le maître peut discipliner, peut discipliner beaucoup de choses, principalement comportant relativement à ses habitudes, c'est-à-dire au maniement et à l'usage de son moi.

 

Mais pour ce qui est du « désir », vous verrez

à quel point ARISTOTE[3] lui-même doit reconnaître…

il est fort lucide et fort conscient que ce qui résulte de cette théorisation morale pratique et théorique

…c'est que les ἐπιθυμία [épithémia], les désirs se présentent très rapidement

au-delà d'une certaine limite qui est précisément la limite de la maîtrise et du moi

dans le domaine de ce qu'il appelle nommément la bestialité.

 

Les désirs sont exilés du champ propre de l'homme…

si tant est que l'homme s'identifie à la réalité du maître

…à l'occasion c'est même quelque chose comme les perversions,

et d'ailleurs il a une conception à cette égard singulièrement moderne du fait que quelque chose dans notre vocabulaire pourrait assez bien se traduire par le fait que le maître ne saurait être jugé là-dessus, ce qui reviendrait presque à dire que dans notre vocabulaire,

il ne saurait être reconnu comme responsable.

 

Ces textes valent la peine d'être rappelés.

Vous vous y éclairerez à vous y reporter.

 

À l'opposé de cette tradition philosophique, il est quelqu'un que je voudrais tout de même ici nommer…

nommer comme - à mes yeux - le précurseur de ce quelque chose que je crois être nouveau, qu'il nous faut considérer comme nouveau dans, disons le progrès, le sens de certains rapports de l'homme à lui-même, qui est celui de l'analyse que FREUD constitue

…c'est SPINOZA[4], car après tout je crois que c'est chez lui, en tout cas avec un accent assez exceptionnel

que l'on peut lire une formule comme celle-ci :

 

« Que le désir est l'essence même de l'homme ».

Pour ne pas isoler le commencement de la formule de sa suite, nous ajouterons :

 

« Pour autant qu'elle est conçue à partir de quelqu'une de ses affections, conçue comme déterminée et dominée par l'une quelconque de ses affections à faire quelque chose ».

On pourrait déjà beaucoup faire à partir de là

pour articuler ce qui dans cette formule

reste encore, si je puis dire, irrévélé.

 

Je dis « irrévélé » parce que, bien entendu, on ne peut pas traduire SPINOZA à partir de FREUD, il est quand même très singulier…

je vous le donne comme témoignage très singulier, sans doute personnellement j'ai peut-être plus

de propension qu'un autre, et dans des temps très anciens j'ai beaucoup pratiqué SPINOZA

…je ne crois pas pour autant que ce soit pour cela qu'à le relire à partir de mon expérience, il me semble que quelqu'un qui participe à l'expérience freudienne peut se trouver aussi à l'aise dans les textes de celui qui a écrit le De Servitute humana [5], et pour qui toute la réalité humaine se structure, s'organise en fonction des attributs de la substance divine.

Mais laissons de côté aussi pour l'instant - quitte à y revenir - cette amorce.

 

Je veux vous donner un exemple beaucoup plus accessible, et sur lequel je clorai cette référence philosophique concernant notre problème. Je l'ai pris là au niveau le plus accessible, voire le plus vulgaire de l'accès que vous pouvez en avoir.

 

Ouvrez le dictionnaire du charmant défunt LALANDE :

Vocabulaire Philosophique qui est toujours, je dois dire…

en toute espèce d'exercice de cette nature,

celui de faire un « Vocabulaire »

…toujours une des choses les plus périlleuses

et en même temps les plus fructueuses, tellement

le langage est dominant en tout ce qui est des problèmes.

On est sûr qu'à organiser un « Vocabulaire », on fera toujours quelque chose de suggestif.

Ici, nous trouvons ceci :

 

« Désir (Begerang, Begehrung)

il n'est pas inutile de rappeler ce qu'articule le désir dans le plan philosophique allemand

: …tendance spontanée et consciente vers une fin que vous imaginez. »

« Le désir repose donc sur la tendance dont il est un cas particulier et plus complexe.

Il s'oppose d'autre part à la volonté ou à la volition en ce qu'elle superpose :

- la coordination, au moins momentanée, des tendances,

- l'opposition du sujet et de l'objet,

- la conscience de sa propre efficacité,

- la pensée des moyens par lesquels se réalisera la fin voulue. »

 

Ces rappels sont fort utiles, seulement il est à remarquer que dans un article qui veut définir le désir, il y a deux lignes pour le situer par rapport à la tendance, et que tout ce développement se rapporte à la volonté. C'est effectivement à ceci que se réduit le discours sur le désir dans ce Vocabulaire, à ceci près

qu'on y ajoute encore :

 

« Enfin selon certains philosophes, il y a encore à la volonté un fiat d'une nature spéciale irréductible aux tendances, et qui constitue la liberté. »

 

Je ne sais quel air d'ironie dans ces dernières lignes, il est frappant de le voir surgir chez cet auteur philosophe. En note :

 

« Le désir est la tendance à se procurer une émotion déjà éprouvée ou imaginée,

c'est la volonté naturelle d'un plaisir » (citation de ROQUE).

 

Ce terme de « volonté naturelle » ayant tout son intérêt

de référence. À quoi LALANDE personnellement ajoute :

 

« Cette définition apparaît trop étroite en ce qu'elle ne tient pas assez compte de l'antériorité de certaines tendances par rapport aux émotions correspondantes. Le désir semble être essentiellement le désir d'un acte ou d'un état, sans qu'il y soit nécessaire dans tous les cas de la représentation

du caractère affectif de cette fin. »

 

Je pense que cela veut dire du plaisir, ou de quelque chose d'autre. Quoiqu'il en soit, ce n'est certainement pas sans poser le problème de savoir de quoi il s'agit, si c'est de la représentation du plaisir, ou si c'est du plaisir.

 

Certainement je ne pense pas que la tâche de ce qui s'opère par la voie du vocabulaire, pour essayer de serrer la signification du désir, soit une tâche simple, d'autant plus que peut-être la tâche vous ne l'aurez pas non plus par la tradition à quoi elle se révèle absolument préparée.

Après tout le désir est-il la réalité psychologique, rebelle à toute organisation, et en fin de compte serait-ce par la soustraction des caractères indiqués pour être ceux de la volonté que nous pourrons arriver à nous approcher de ce qu'est la réalité du désir ?

 

Nous aurions alors le contraire de ce qui nous a abandonné à la non-coordination - même momentanée - des tendances,

l'opposition du sujet et de l'objet serait vraiment retirée.

De même nous serions là dans « une présence », « une tendance » sans conscience de sa propre efficacité, sans penser les mots

par lesquels elle réalisera la fin désirée.

 

Bref, assurément nous sommes là dans un champ

dans lequel en tout cas l'analyse a apporté certaines articulations plus précises, puisqu'à l'intérieur de ces déterminations négatives, l'analyse dessine

très précisément au niveau, à ces différents niveaux,

« la pulsion », pour autant qu'elle est justement ceci :

 

- la non coordination - même momentanée - des tendances,

 

- le fantasme pour autant qu'il introduit une articulation essentielle, ou plus exactement une espèce tout à fait caractérisée à l'intérieur de cette vague détermination de la non opposition du sujet et de l'objet.

 

Ce sera précisément ici cette année notre but que d'essayer de définir ce qu'est le fantasme, peut-être même un peu plus précisément que la tradition analytique jusqu'ici n'est arrivée à le définir.

 

Pour ce qui reste, derniers termes de l'idéalisme

de la pragmatique qui sont ici impliqués,

nous n'en retiendrons pour l'instant qu'une chose :

très précisément combien il semble difficile

de situer le désir et de l'analyser en fonction


Date: 2016-03-03; view: 551


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