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A. Interruptions possibles

Roman romanesque se permet des variétés interdites au théâtre : peut s’interrompre à tout moment pour repartir ensuite : cf. Quatrevingt-treize, interruptions en II, 3 et en III, 1. Aussi dans Jacques le fataliste.

b. Ellipses du récit

Pause diégétique, descriptive. Lenteur de l’interruption diégétique peut s’opposer à la « vitesse infinie de l’ellipse » (cf. Genette, Figure III). Tempo plus libre que le déroulement du drame théâtral. Roman comme long drame ne doit plus correspondre à la temporalité du drame. Ellipse : dans La Chartreuse de Parme : « Ici nous demandons de passer, sans explication, sur un bonheur de trois années ». Ou aussi dans L’Education sentimentale : « Il voyagea, des années passèrent » à sommaire, prestissimo, et ellipse avant d’en revenir au vieil amour. Dans Le Temps retrouvé, revenue du narrateur après « de nombreuses années », aussi ellipses après la mort de la grand-mère. Cf. Genette, Figures III. Ellipses qui peuvent se résoudre en paralipses : voyage évoqué après, on se rend compte après-coup de l’ellipse, car elle est comblée dans un second tempsà liberté d’allure, tempo ne suivant plus celui du drame théâtral. Cf. rencontre de l’officier par Jacob chez Mme Rémy (page 288-289).

C. Anachronies

Aussi temporalité composée par les anachronies : analepses, prolepses, inégalités entre le temps du récit et celui de l’histoire. Déroulement du romanesque n’est ni celui du drame théâtral ni celui de la vie même. Cf. dans Le Paysan parvenu.

 

B. Développement de la description dans la diégèse : description romanesque

a. Décor qui peut se réduire à un silence diégétique

Dans première partie, passages descriptifs peuvent s’apparenter à des décors théâtraux, mais la description peut aussi s’en détacher. Cf. Genette, Figures I, « Silences de Flaubert » : « L’abondance des descriptions ne répond pas seulement chez lui à des nécessités d’ordre dramatique, mais d’abord à ce qu’il nomme lui-même « l’amour de la contemplation ». On trouve chez lui des descriptions explicatives. Mais plus souvent, la description se développe pour-elle même, aux dépens de l’action. Salammbô est un exemple de cela. Aussi dans Mme Bovary : tension dramatique pourtant très puissante est sans cesse contrariée par des points d’orgue descriptifs d’une admirable gratuité ». Dans la fin du même essai, page 240-243 : « Si le principal dans un roman consiste en l’action, les personnage, la psychologie, les mœurs, l’histoire, détail gratuit et compromettant peut compromettre chez lui l’efficacité du récit ».



b. Description peut participer du récit, excéder les décorations

Description peut être au-delà des décorations, compte-tenu de l’ouverture du genre romanesque. C’est une description diégétique, qui elle-même devient une histoire. Description n’est pas seulement le décor planté au début de l’œuvre ou le substitut de l’élément scénique. Les frontières qui se distinguent des limites imposées au drame permettent au paysage d’acquérir une fonction indicielle. Exemple : les lieux élevés dans La Chartreuse de Parme. C’est un fil en soi, tiré à travers le roman jusqu’à l’heureuse prison de Fabrice. Ou bien description d’un coucher de soleil, qui par l’hypotypose, l’enargeia, se développe, comme le coucher de soleil de l’enfer africain dans le Voyage, c’est tout un drame qu’il donne à voir, en lien avec les éléments passés et ceux à venir. Il apparaît comme une scène qui se répète comme un vieux spectacle avec de vieux oripeaux qui n’en finissent pas de s’user. Description du quartier de tomate dans Les Gommes (1953) : page chosiste, objective. Wallace se retrouve dans un des temples de la modernité : un self-service, avec un quartier de tomate décrit très minutieusement. Cette description s’inscrit dans une histoire qui fonctionne par échos. Cela est apparu comme totalement inutile. C’est le regard du personnage. Description pas aussi objective qu’il y parait à première vue : « symétrie parfaite », « accident à peine visible ». Regard à travers le filtre d’une subjectivité. On s’aperçoit que ce quartier de tomate est aussi le reflet de la forme même d’une ville. Cette ville est circulaire : on s’y perd, on revient toujours au point de départ. Chose accomplie par rien. Quartier de tomate qui reflète aussi l’accident à peine visible qui va tout remettre en cause, l’accident du début. Histoire contenue dans cette description qui peut apparaître comme gratuite mais ne l’est pas.

c. Description comme matière du roman

Roman qui se développe par série de descriptions, qui atteint une plénitude chez Robbe-Grillet avec La Jalousie : description de la maison, du retour de la voiture, du mille-pattes sur le mur. Derrière cette écriture essentiellement fastidieuse, description qui faisait figure de didascalie devient une perception par le regard du jaloux à travers le filtre de plus en plus déformant d’une passion. Dans Pour un nouveau roman, Robbe-Grillet dit qu’il « n’avai[t] jamais parlé que de l’homme ». Précision de ces descriptions finit par revêtir un caractère fantastique : tellement de minutie faussement objective que caractère fantastique. Fantastique : cf. Todorov : par rapport à l’étrange et au merveilleux, il oscille. Il est marqué par l’inquiétude qu’il provoque, le sentiment de peur.

Autre question à prendre en compte dans le genre narratif : diversité des points de vue.

 

C. Diversité des points de vue


Date: 2016-03-03; view: 444


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