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LES LINGUISTIQUES ENONCIATIVES

les linguistiques ÉNONCIATIVES ont pour fondement commun une critique de la linguistique de la langue, et une volonté d'étudier les faits de parole : la production des énoncés par les locuteurs dans la réalité de la communication. Le programme théorique de la linguistique de la parole est explicitement mentionné mais aussitôt écarté par Saussure dans le CLG. Reprenant cette alternative d'une linguistique de la langue vs de la parole, Benveniste la reformule ainsi:

«Ce sont là vraiment deux univers différents, bien qu'ils embrassent la même réalité, et ils donnent lieu à deux linguistiques différentes, bien que leurs chemins se croisent à tout moment. Il y a d'un côté la langue, ensemble de signes formels, dégagés par des procédures rigoureuses, étages en classes, combinés en structures et en systèmes, de l'autre, la manifestation de la langue dans la communication vivante» (1966:130).

Comme le dit Saussure dans les ELG, ces deux univers « appellent chacun une théorie séparée » (p. 92). Celle de la « communication vivante », selon Benveniste, émerge à partir d'une remise en cause de l'hégémonie de la langue, dans les années 70. Dans L'Énonciation. De la subjectivité dans le langage, Catherine Kerbrat-Orecchioni résume les postulats de la linguistique de la langue et les critiques qui lui sont adressées, en cinq points (1980:6-8):

(1) « C'est une linguistique du code, auquel doivent être ramenés tous les faits de parole. »

Deux critiques: d'une part, le code n'a aucune réalité empirique (car il existe des dialectes, des sociolectes, des idiolectes, etc., en bref une grande variété dans les usages de la langue) et, d'autre part, il faut bien s'interroger sur la manière dont le code se manifeste en discours, au moyen d'un modèle de production et d'interprétation.

(2) « Dans cette perspective, l'unité supérieure qu'atteint l'analyse, c'est la phrase […]. »

Critique: il existe des « règles de combinatoire transphrastique » qui doivent permettre de rendre compte du fonctionnement d'unités supérieures à la phrase.

(3) « Le mécanisme de production du sens est relativement simple; on lui reconnaît un double support: le signifiant lexical [...], certaines constructions syntaxiques [...]. »

Critique: en fait, toutes les unités linguistiques peuvent participer à la construction du sens,unités phonétiques, graphiques, rythmiques, textuelles même.

(4) « Lorsqu'on envisage le problème de la « parole », c'est-à-dire du code en fonctionnement, c'est dans le cadre du fameux schéma de la communication (Jakobson) où celle-ci apparaît comme un tête-à-tête idéal entre deux individus libres et conscients, et qui possèdent le même code; communication par conséquent transparente, toujours réussie. »



Critique: il s'agit là d'une conception idéaliste qui passe sous silence les ratés de la communication, ses incessants réglages, les phénomènes inconscients qui la déterminent. La parole est une activité humaineet doit être abordée sous un angle pratique.

(5) « Postulat de l'immanence, enfin, qui affirme la possibilité et la nécessité méthodologiques d'étudier "la langue en elle-même et pour elle-même", en évacuant radicalement l'extralinguistique.»

Critique: on ne peut évacuer le réfèrent de l'étude des phénomènes langagiers (c'est tout particulièrement le cas des déictiques, comme on le verra) ni ce qui est de l'ordre des contextes de production. Il faut donc une ouverture vers d'autres disciplines.

Les linguistiques dont nous allons parler ici se fondent chacune sur une ou plusieurs de ces critiques dont elles font des postulats de départ: (1) et (3) pour la linguistique de l’énonciation, (2) pour la linguistique textuelle, (4) et (5) pour la linguistique du discours.

Le structuralisme développe et approfondit la théorie de la langue jusqu'aux années 70, moment où émergent des travaux qui, s'inscrivant explicitement dans le second programme, se concentrent sur l’énonciation. En même temps, cette approche ne doit pas être radicalement opposée à la linguistique de la langue puisqu'elle en tire une partie de ses origines: Bally, Benveniste et Culioli par exemple, sont des grammairiens formés dans le champ structuraliste. La linguistique de l’énonciation, à ses débuts, consistera en effet à repérer et analyser les marques de l’énonciation dans la parole, marques qui sont des outils de la langue ayant pour fonction d'inscrire dans l'énoncé la subjectivité du locuteur. (Chap 9, Les grandes théories de la ling.)

 

GENÈSE DE LA NOTION D’ENONCIATION


Date: 2016-01-14; view: 899


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