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L’Europe en pleine crise d’adulescence

Lisez l’article. Divisez-le en parties. Donnez le titre à chacune. Faites le résumé d’après votre plan.

 

Plus vraiment adolescents, pas encore adultes, ils ont entre 20 et 30 ans, et, loin du modèle hérité de leurs parents, ils inventent un nouvel âge de la vie. D’Oslo à Rome, rencontre avec les Européens du futur.

 

... 17 millions de garçons et 16 millions de filles de 18 à 24 ans dessinent les contours d’une nouvelle société en Europe. Mieux, affirment les sociologues : ils inventent un nouvel âge de la vie, l’ « adulescence », fait de rythmes, d’habitudes, de parcours radicalement différents, autrefois rangés tantôt dans l’univers de l’enfance tantôt dans le monde des adultes.

Evacuons d’emblée la question piège : comment les appeler? Parler des « jeunes » vous classe immédiatement dans la catégorie des « vieux... » (ce qui, assumé, ne serait pas si gênant si cela n’ôtait toute crédibilité aux pages qui suivent). Se référer à la « jeunesse », en revanche, c’est risquer la méprise, tant la jeunesse d’aujourd’hui diffère de celle d’hier. Il n’y a pas si longtemps encore, on était « jeune » tant qu’on n’était pas encore « adulte ». Chacun passait sur l’autre rive selon un rituel immuable, en trouvant un emploi stable, en se mariant et en quittant le domicile familial. Cette triple césure survenait sur le coup des 21 ans. « Les étapes d’entrée dans la vie d’adulte sont aujourd’hui plus progressives et plus tardives », observe Olivier Galland, sociologue au CNRS. En France, par exemple, un jeune étudie un an plus tard qu’il y a dix ans, il met un an de plus a trouver un vrai job, deux ans de plus avant d’avoir son chez-lui. Et sans couper le cordon : un jeune sur cinq revient chez ses parents après en être parti. Plus net encore : en 1970, 85% des garçons de 23 ans avaient franchi ces trois étapes de la vie adulte ; aujourd’hui, 60% n’en ont franchi aucune.

« Cette révolution a fait voler en éclats un modèle unique, homogène, avec des repères préétablis, qui conduisait de l’enfance à la vie d’adulte », ajoute Olivier Galland. Chaque jeune invente désormais librement son propre chemin, loin des normes classiques et en fonction de sa personnalité, de ses choix affectifs, de ses relations avec ses parents, des occasions de voyager, d’étudier ou de travailler qui se présentent à lui. Il n’y a plus d’âge de référence. La diversité et les clivages se sont aussi renforcés à l’échelle de l’Europe : à 22 ans, 88 % des Italiens habitent chez leurs parents, contre 15 % des Danois. Au nord, en effet, les jeunes étudient plus longtemps mais sont plus facilement indépendants, grâce au soutien de l’Etat (exception faite des jeunes Anglais qui travaillent tôt). Au sud, les jeunes ne quittent leur famille que très tard, pour se marier ou acheter leur appartement. Entre les deux, les jeunes Français profitent d’un « accompagnement familial à distance » : ils partent tôt dans un appartement payé par papa-maman et ils rapportent leur linge sale à la maison.



Cette génération « moi d’abord » n’en fait qu’à sa tête. Mais ce n’est nullement le signe d’un égoïsme forcené. Les 20 ans veulent simplement choisir leur vie, leurs valeurs, individuellement, et sans jamais imposer leur choix à quiconque. Existentialistes, ils revendiquent le droit de chacun à inventer sa vie.

Ce changement d’attitude s’exprime notamment dans le domaine du travail, les 20 ans n’y attachent pas les mêmes valeurs que leurs aînés au même âge. « Ils recherchent moins une entreprise connue qu’un travail intéressant et une ambiance fun », souligne Patrick Lemattre, professeur à HEC (Hautes études commerciales) et consultant. Les jeunes ne considèrent plus que leur épanouissement personnel repose exclusivement sur la réussite professionnelle et ils s’intéressent davantage aux conditions matérielles de leur emploi (la rémunération, les horaires, les trajets...). Pas questions pour eux de sacrifier leur vie privée, ni d’adopter le profil bas comme la génération précédente : sortie au plus fort de la crise, la « bof génération » a enchaîné CDD et emplois aidés malgré ses diplômes ; la génération suivante, elle, a le choix. Donc elle change d’entreprise quand elle ne lui convient plus. Ni individulaliste ni mercenaire, plutôt pragmatique et butineuse.

C’est vrai aussi pour la religion et pour la politique. « Les 20 ans se constituent une religion à la carte, en ne prenant que ce qui les intéresse », observe Yves Lambert du CNRS. En politique, ils snobent les partis pour inventer des formes d’action plus spontanées, à la façon des Motivé-e-s, à Toulouse. « Ils ne sont pas dépolitisés, mais désenchantés », estime le politologue Pierre Bréchon, de l’Institut d’études politiques de Grenoble (IEP). Si moins de 20 % des jeunes Européens « discutent souvent de politique », les 20 ans n’ont en revanche jamais autant manifesté, boycotté, signé des pétitions. Ils ne veulent plus changer le monde, mais cherchent des solutions concrètes. « Protestataires plus que contestataires », résume Pierre Bréchon.

Nièle Oliveau, Stéphène Jourdain, Isabelle Mas,

Thomas Schnee, Olivier Bonamici, Eric Jozsef,

Clothilde Warin, Audray Siourd, Sabine Syfuss-Arnaud,

www.lexpansion.com, 6/12/2009

 

Texte 6


Date: 2016-01-14; view: 892


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