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Chapitre 11: Courage !

Le voyage en train s’est très bien passé; ça prend toute une nuit pour arriver où nous allons. Dans le compartiment où nous étions, notre chef d’équipe, qui s’appelle Gérard Lestouffe et qui est très chouette, nous a dit de dormir et d’être sages pour arriver bien reposés au camp, demain matin. Il a bien raison. Je dis notre chef d’équipe, parce qu’on nous a expliqué que nous serions des équipes de douze, avec un chef. Notre équipe s’appelle l’équipe « OEil-de-Lynx », et notre chef nous a dit que notre cri de ralliement c’est : « Courage ! »

Bien sûr, on n’a pas pu beaucoup dormir. Il y en avait un qui pleurait tout le temps et qui disait qu’il voulait rentrer chez son papa et sa maman. Alors, un autre a rigolé et lui a dit qu’il n’était qu’une fille. Alors, celui qui pleurait lui a donné une baffe et ils se sont mis à pleurer à deux, surtout quand le chef leur a dit qu’il allait les faire voyager debout dans le couloir s’ils continuaient. Et puis, aussi, le premier qui a commencé à sortir des provisions de sa valise a donné faim à tout le monde, et on s’est tous mis à manger. Et de mâcher ça empêche de dormir, surtout les biscottes, à cause du bruit et des miettes. Et puis les types ont commencé à aller au bout du wagon, et il y en a eu un qui n’est pas revenu et le chef est allé le chercher, et s’il ne revenait pas, c’était parce que la porte s’était coincée, et il a fallu appeler le monsieur qui contrôle les billets pour Ouvrir la porte, et tout le monde s’énervait, parce que le type qui était dedans pleurait et criait qu’il avait peur, et qu’est-ce qu’il allait faire si on arrivait dans une gare, parce que c’était écrit qu’il était interdit d’être là-dedans quand le train était dans une gare. Et puis, quand le type est sorti, en nous disant qu’il avait bien rigolé, le chef nous a dit de revenir tous dans le compartiment, et ça a été toute une histoire pour retrouver le bon compartiment, parce que comme tous les types étaient sortis de leurs compartiments, plus personne ne savait quel était son compartiment, et tout le monde courait et ouvrait des portes. Et un monsieur a sorti sa tête toute rouge d’un compartiment et il a dit que si on n’arrêtait pas ce vacarme, il allait se plaindre à la S.N.C.F., où il avait un ami qui travaillait dans une situation drôlement haute.

On s’est relayés pour dormir, et le matin nous sommes arrivés à Plage-les-Trous, où des cars nous attendaient pour nous conduire au camp. Notre chef, il est terrible, n’avait pas l’air trop fatigué. Pourtant, il a passé la nuit à courir dans le couloir, à faire ouvrir trois fois la porte du bout du wagon; deux fois pour faire sortir des types qui y étaient coincés et une fois pour le monsieur qui avait un ami à la S.N.C.F., et qui a donné sa carte de visite à notre chef, pour le remercier.



Dans le car, on criait tous, et le chef nous a dit qu’au lieu de crier, on ferait mieux de chanter. Et il nous a fait chanter des chouettes chansons, une où ça parle d’un chalet, là-haut sur la montagne, et l’autre où on dit qu’il y a des cailloux sur toutes les routes. Et puis après, le chef nous a dit qu’au fond il préférait qu’on se remette à crier, et puis nous sommes arrivés au camp.

Là, j’ai été un peu déçu. Le camp est joli, bien sûr: il y a des arbres, il y a des fleurs, mais il n’y a pas de tentes. On va coucher dans des maisons en bois, et c’est dommage, parce que moi je croyais qu’on allait vivre dans des tentes, comme des Indiens, et ça aurait été plus rigolo. On nous a emmenés au milieu du camp, où nous attendaient deux messieurs. L’un avec pas de cheveux et l’autre avec des lunettes, mais tous les deux avec des shorts. Le monsieur avec pas de cheveux nous a dit:

— Mes enfants, je suis heureux de vous accueillir dans le Camp Bleu, où je suis sûr que vous passerez d’excellentes vacances, dans une ambiance de saine et franche camaraderie, et où nous vous préparerons pour votre avenir d’hommes, dans le cadre de la discipline librement consentie. Je suis M. Rateau, le chef du camp, et ici je vous présente M. Genou, notre économe, qui vous demandera parfois de l’aider dans son travail. Je compte sur vous pour obéir à ces grands frères que sont vos chefs d’équipe, et qui vous conduiront maintenant à vos baraques respectives. Et dans dix minutes, rassemblement pour aller à la plage, pour votre première baignade.

Et puis quelqu’un a crié: « Pour le Camp Bleu, hip hip ! » et des tas de types ont répondu « Hourra !». Trois fois comme ça. Très rigolo.

Notre chef nous a emmenés, les douze de l’équipe OEil-de-Lynx, notre équipe, jusqu’à notre baraque. Il nous a dit de choisir nos lits, de nous installer et de mettre nos slips de bain, qu’il viendrait nous chercher dans huit minutes.

— Bon, a dit un grand type, moi je prends le lit près de la porte.

— Et pourquoi, je vous prie? a demandé un autre type.

— Parce que je l’ai vu le premier et parce que je suis le plus fort de tous, voilà pourquoi, a répondu le grand type.

— Non, monsieur ; non, monsieur! a chanté un autre type. Le lit près de la porte, il est à moi! J’y suis déjà!

— Moi aussi, j’y suis déjà! ont crié deux autres types.

— Sortez de là, ou je vais me plaindre, a crié le grand type.

Nous étions huit sur le lit et on allait commencer à se donner quelques gifles quand notre chef est entré, en slip de bain, avec des tas de muscles partout.

— Alors? il a demandé. Qu’est-ce que ça veut dire? Vous n’êtes pas encore en slip? Vous faites plus de bruit que ceux de toutes les autres baraques réunis. Dépêchez-vous !

— C’est à cause de mon lit.., a commencé à expliquer le grand type.

— Nous nous occuperons des lits plus tard, a dit le chef; maintenant, mettez vos slips. On n’attend plus que nous pour le rassemblement!

— Moi je veux pas me déshabiller devant tout le monde! Moi je veux rentrer chez mon papa et ma maman! a dit un type, et il s’est mis à pleurer.

— Allons, allons, a dit le chef. Voyons, Paulin, souviens-toi du cri de ralliement de notre équipe: «Courage ! » Et puis, tu es un homme maintenant, tu n’es plus un gamin.

— Si! Je suis un gamin! Je suis un gamin! Je suis un gamin ! a dit Paulin, et il s’est roulé par terre en pleurant.

— Chef, j’ai dit, je ne peux pas me mettre en slip, parce que mon papa et ma maman ont oublié de me donner ma valise à la gare.

Le chef s’est frotté les joues avec les deux mains et puis il a dit qu’il y aurait sûrement un camarade qui me prêterait un slip.

— Non monsieur, a dit un type. Ma maman m’a dit qu’il ne fallait pas prêter mes affaires.

— T’es un radin, et je n’en veux pas de ton slip ! j’ai dit. Et bing ! je lui ai donné une gifle.

— Et qui c’est qui va me détacher mes chaussures? a demandé un autre type.

— Chef! Chef! a crié un type. Toute la confiture s’est renversée dans ma valise. Qu’est-ce que je fais?

Et puis on a vu que le chef n’était plus avec nous dans la baraque.

Quand nous sommes sortis, nous étions tous en slip; un chouette type qui s’appelle Bertin m’en avait prêté un ; nous étions les derniers au rassemblement. C’était drôle à voir, parce que tout le monde était en slip.

Le seul qui n’était pas en slip, c’était notre chef. Il était en costume, avec un veston, une cravate et une valise. M. Rateau était en train de lui parler, et il lui disait :

— Revenez sur votre décision, mon petit ; je suis sûr que vous saurez les reprendre en main. Courage!

 


Date: 2015-12-24; view: 631


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