Home Random Page


CATEGORIES:

BiologyChemistryConstructionCultureEcologyEconomyElectronicsFinanceGeographyHistoryInformaticsLawMathematicsMechanicsMedicineOtherPedagogyPhilosophyPhysicsPolicyPsychologySociologySportTourism






Chapitre 9: Il faut être raisonnable

Une nouvelle année scolaire, tout aussi studieuse que la précédente, s’est écoulée. C’est avec un peu de mélancolie que Nicolas, Alceste, Rufus, Eudes, Geoffroy, Maixent, Joachim, Clotaire et Agnan se sont éparpillés, après la distribution des prix. Mais l’appel des vacances est là, et la joie revient vite dans les jeunes coeurs des écoliers.

Cependant, Nicolas est inquiet on ne parle pas de vacances chez lui.

Ce qui m’étonne, moi, c’est qu’à la maison on n’a pas encore parlé de vacances! Les autres années, Papa dit qu’il veut aller quelque part, Maman dit qu’elle veut aller ailleurs, ça fait des tas d’histoires. Papa et Maman disent que puisque c’est comme ça ils préfèrent rester à la maison, moi je pleure, et puis on va où voulait aller Maman. Mais cette année, rien.

Pourtant, les copains de l’école se préparent tous à partir. Geoffroy, qui a un papa très riche, va passer ses vacances dans la grande maison que son papa a au bord de la mer. Geoffroy nous a dit qu’il a un morceau de plage pour lui tout seul, où personne d’autre n’a le droit de venir faire des pâtés. Ça, c’est peut-être des blagues, parce qu’il faut dire que Geoffroy est très menteur.

Agnan, qui est le premier de la classe et le chouchou de la maîtresse, s’en va en Angleterre passer ses vacances dans une école où on va lui apprendre à parler l’anglais. Il est fou, Agnan.

Alceste va manger des truffes en Périgord, où son papa a un ami qui a une charcuterie. Et c’est comme ça pour tous : ils vont à la mer, à la montagne ou chez leurs mémés à la campagne. Il n’y a que moi qui ne sais pas encore où je vais aller, et c’est très embêtant, parce qu’une des choses que j’aime le mieux dans les vacances, c’est d’en parler avant et après aux copains.

C’est pour ça qu’à la maison, aujourd’hui, j’ai demandé à Maman où on allait partir en vacances. Maman, elle a fait une drôle de figure, elle m’a embrassé sur la tête et elle m’a dit que nous allions en parler « quand Papa sera de retour, mon chéri », et que j’aille jouer dans le jardin, maintenant.

Alors, je suis allé dans le jardin et j’ai attendu Papa, et quand il est arrivé de son bureau, j’ai couru vers lui ; il m’a pris dans ses bras, il m’a fait «Ouplà! » et je lui ai demandé où nous allions partir en vacances. Alors, Papa a cessé de rigoler, il m’a posé par terre et il m’a dit qu’on allait en parler dans la maison, où nous avons trouvé Maman assise dans le salon.

— Je crois que le moment est venu, a dit Papa.

— Oui, a dit Maman, il m’en a parlé tout à l’heure.



— Alors, il faut le lui dire, a dit Papa.

— Eh bien, dis-lui, a dit Maman.

— Pourquoi moi? a demandé Papa; tu n’as qu’à lui dire, toi.

— Moi ? c’est à toi à lui dire, a dit Maman; l’idée est de toi.

— Pardon, pardon, a dit Papa, tu étais d’accord avec moi, tu as même dit que ça lui ferait le plus grand bien, et à nous aussi. Tu as autant de raisons que moi de le lui dire.

— Ben alors, j’ai dit, on parle des vacances ou on ne parle pas des vacances? Tous les copains partent et moi je vais avoir l’air d’un guignol si je ne peux pas leur dire où nous allons et ce que nous allons y faire.

Alors, Papa s’est assis dans le fauteuil, il m’a pris par les mains et il m’a tiré contre ses genoux.

— Mon Nicolas est un grand garçon raisonnable, n’est-ce pas? a demandé Papa.

— Oh! oui, a répondu Maman, c’est un homme maintenant!

Moi, j’aime pas trop quand on me dit que je suis un grand garçon, parce que d’habitude, quand on me dit ça, c’est qu’on va me faire faire des choses qui ne me plaisent pas.

— Et je suis sûr, a dit Papa, que mon grand garçon aimerait bien aller à la mer !

— Oh! oui, j’ai dit.

— Aller à la mer, nager, pêcher, jouer sur la plage, se promener dans les bois, a dit Papa.

— Il y a des bois, là où on va ? j’ai demandé. Alors c’est pas là où on a été l’année dernière ?

— Ecoute, a dit Maman à Papa. Je ne peux pas. Je me demande si c’est une si bonne idée que ça. Je préfère y renoncer. Peut-être, l’année prochaine...

— Non! a dit Papa. Ce qui est décidé est décidé. Un peu de courage, que diable! Et Nicolas va être très raisonnable ; n’est-ce pas, Nicolas ?

Moi j’ai dit que oui, que j’allais être drôlement raisonnable. J’étais bien content, avec le coup de la mer et de la plage, j’aime beaucoup ça. La promenade dans les bois, c’est moins rigolo, sauf pour jouer à cache-cache ; alors là, c’est terrible.

— Et on va aller à l’hôtel? j’ai demandé.

— Pas exactement, a dit Papa. Je... je crois que tu coucheras sous la tente. C’est très bien, tu sais...

Alors là, j’étais content comme tout.

— Sous la tente, comme les Indiens dans le livre que m’a donné tante Dorothée? j’ai demandé.

— C’est ça, a dit Papa.

— Chic! j’ai crié. Tu me laisseras t’aider à monter la tente? Et à faire du feu pour cuire le manger? Et tu m’apprendras à faire de la pêche sous-marine pour apporter des gros poissons à Maman? Oh ! ça va être chic, chic, chic!

Papa s’est essuyé la figure avec son mouchoir, comme s’il avait très chaud, et puis il m’a dit:

— Nicolas, nous devons parler d’homme à homme. Il faut que tu sois très raisonnable.

— Et si tu es bien sage et tu te conduis comme un grand garçon, a dit Maman, ce soir, pour le dessert, il y aura de la tarte.

— Et je ferai réparer ton vélo, comme tu me le demandes, depuis si longtemps, a dit Papa. Alors, voilà... Il faut que je t’explique quelque chose...

— Je vais à la cuisine, a dit Maman.

— Non! reste! a dit Papa. Nous avions décidé de le lui dire ensemble...

Alors Papa a toussé un peu dans sa gorge, il m’a mis ses mains sur mes épaules et puis il m’a dit:

— Nicolas, mon petit, nous ne partirons pas avec toi en vacances. Tu iras seul, comme un grand.

— Comment, seul? j’ai demandé. Vous ne partez pas, vous?

— Nicolas, a dit Papa, je t’en prie, sois raisonnable. Maman et moi, nous irons faire un petit voyage, et comme nous avons pensé que ça ne t’amuserait pas, nous avons décidé que toi tu irais en colonie de vacances. Ça te fera le plus grand bien, tu seras avec des petits camarades de ton âge et tu t’amuseras beaucoup...

— Bien sûr, c’est la première fois que tu seras séparé de nous, Nicolas, mais c’est pour ton bien, a dit Maman.

— Alors, Nicolas, mon grand... qu’est-ce que tu en dis? m’a demandé Papa.

— Chouette ! j’ai crié, et je me suis mis à danser dans le salon. Parce que c’est vrai, il paraît que c’est terrible, les colonies de vacances : on se fait des tas de copains, on fait des promenades, des jeux, on chante autour d’un gros feu, et j’étais tellement content que j’ai embrassé Papa et Maman.

Pour le dessert, la tarte a été très bonne, et j’en ai eu plusieurs fois parce que ni Papa ni Maman n’en ont mangé. Ce qui est drôle, c’est que Papa et Maman me regardaient avec des gros yeux ronds. Ils avaient même l’air un peu fâché.

Pourtant, je ne sais pas, moi, mais je crois que j’ai été raisonnable, non?

 

Les préparatifs sont allés bon train, entrecoupés, toutefois, par dix-sept coups de téléphone de la mémé de Nicolas. Un seul incident curieux : la mère de Nicolas a tout le temps des choses qui lui tombent dans les yeux, et elle a beau se moucher, rien n’y fait...


Date: 2015-12-24; view: 558


<== previous page | next page ==>
Chapitre 8: On est rentrés | Chapitre 10: Le départ
doclecture.net - lectures - 2014-2024 year. Copyright infringement or personal data (0.007 sec.)