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Chapitre 8: On est rentrés

Et puis, le soleil est revenu, radieux, le jour de la fin des vacances. Il a fallu dire au revoir à tous les amis, faire les bagages et reprendre le train, Le patron de l’hôtel Beau-Rivage a proposé au père de Nicolas de lui donner un peu de ragoût pour le voyage, mais le père de Nicolas a refusé. Il a eu tort, car cette fois-ci, c’étaient les oeufs durs qui étaient dans la malle marron, qui était, elle-même, dans le fourgon.

Moi, je suis bien content d’être rentré à la maison, mais mes copains de vacances ne sont pas ici et mes copains d’ici sont encore en vacances et moi je suis tout seul et ce n’est pas juste et je me suis mis à pleurer.

— Ah, non! a dit papa. Demain je recommence à travailler, je veux me reposer un peu aujourd’hui, tu ne vas pas me casser les oreilles

— Mais enfin, a dit maman à papa, sois un peu patient avec le petit. Tu sais comment sont les enfants quand ils reviennent de vacances. Et puis maman m’a embrassé, elle s’est essuyé la figure, elle m’a mouché et elle m’a dit de m’amuser gentiment. Alors moi j’ai dit à maman que je voulais bien, mais que je ne savais pas quoi faire.

— Pourquoi ne ferais-tu pas germer un haricot? m’a demandé maman. Et elle m’a expliqué que c’était très chouette, qu’on prenait un haricot, qu’on le mettait sur un morceau d’ouate mouillé et puis qu’après on voyait apparaître une tige, et puis des feuilles, et puis qu’on avait une belle plante d’haricot et que c’était drôlement amusant et que papa me montrerait. Et puis maman est montée arranger ma chambre.

Papa, qui était couché sur le canapé du salon, a poussé un gros soupir et puis il m’a dit d’aller chercher l’ouate. Je suis allé dans la salle de bains, j’ai pas trop renversé de choses et la poudre par terre c’est facile à nettoyer avec un peu d’eau ; je suis revenu dans le salon et j’ai dit à papa:

— Voilà l’ouate, papa.

— On dit: la ouate, Nicolas, m’a expliqué papa qui sait des tas de choses parce qu’à mon âge il était le premier de sa classe et c’était un drôle d’exemple pour ses copains.

— Bon, m’a dit papa, maintenant, va à la cuisine chercher un haricot.

A la cuisine, je n’ai pas trouvé d’haricot. Ni de gâteaux non plus, parce qu’avant de partir maman avait tout vidé, sauf le morceau de camembert qu’elle avait oublié dans le placard et c’est pour ça qu’en rentrant de vacances il a fallu ouvrir la fenêtre de la cuisine.

Dans le salon, quand j’ai dit à papa que je n’avais pas trouvé d’haricot, il m’a dit:

— Eh bien tant pis, et il. s’est remis à lire son journal, mais moi j’ai pleuré et j’ai crié:

— Je veux faire germer un haricot! Je veux faire germer un haricot! Je veux faire germer un haricot!



— Nicolas, m’a dit papa, tu vas recevoir une fessée.

Alors ça, c’est formidable! On veut que je fasse germer un haricot et parce qu’il n’y a pas d’haricots, on veut me punir! Là, je me suis mis à pleurer pour de vrai, et maman est arrivée et quand je lui ai expliqué, elle m’a dit:

— Va à l’épicerie du coin et demande qu’on te donne un haricot.

— C’est ça, a dit papa, et prends tout ton temps.

Je suis allé chez M. Compani, qui est l’épicier du coin et qui est drôlement chouette parce que quand j’y vais, il me donne quelquefois des biscuits. Mais là, il ne m’a rien donné, parce que l’épicerie était fermée et il y avait un papier où c’était écrit que c’était à cause des vacances.

Je suis revenu en courant à la maison, où j’ai trouvé papa toujours sur le canapé, mais il ne lisait plus, il avait mis le journal sur sa figure.

— C’est fermé chez M. Compani, j’ai crié, alors, j’ai pas d’haricot!

Papa, il s’est assis d’un coup.

— Hein? Quoi? Qu’est-ce qu’il y a? il a demandé ; alors, il a fallu que je lui explique de nouveau. Papa s’est passé la main sur la figure, il a fait de gros soupir, et il a dit qu’il n’y pouvait rien.

— Et qu’est-ce que je vais faire germer alors, sur mon morceau de la ouate ? j’ai demandé.

— On dit un morceau d’ouate, pas de la ouates m’a dit papa.

— Mais tu m’avais dit qu’on disait de la ouate, j’ai répondu.

— Nicolas, a crié papa, c’est assez comme ça! Va jouer dans ta chambre!

Moi je suis monté dans ma chambre en pleurant, et j’y ai trouvé maman en train de ranger.

— Non, Nicolas, n’entre pas ici, m’a dit maman. Descends jouer dans le salon. Pourquoi ne fais-tu pas germer un haricot, comme je te l’ai dit ?

Dans le salon, avant que papa se mette à crier, je lui ai expliqué que c’était maman qui m’avait dit de descendre et que si elle m’entendait pleurer, elle allait se fâcher.

— Bon, m’a dit papa, mais sois sage.

— Et où est-ce que je vais trouver l’haricot pour faire germer? j’ai demandé.

— On ne dit pas l’haricot, on dit... a commencé à dire papa, et puis, il m’a regardé, il s’est gratté la tête et il m’a dit :

— Va chercher des lentilles dans la cuisine. Ça remplacera l’haricot.

Ça, des lentilles, il y en avait dans la cuisine, et moi j’étais drôlement content. Et puis papa m’a montré comment il fallait mouiller la ouate et comment il fallait mettre les lentilles dessus.

— Maintenant, m’a dit papa, tu mets le tout sur une soucoupe, sur le rebord de la fenêtre, et puis plus tard, il y aura des tiges et des feuilles. Et puis il s’est recouché sur le canapé.

Moi, j’ai fait comme m’avait dit papa, et puis j’ai attendu. Mais je n’ai pas vu les tiges sortir des lentilles et je me suis demandé ce qui ne marchait pas. Comme je ne savais pas, je suis allé voir papa.

— Quoi encore? a crié papa.

— Il n’y a pas de tiges qui sortent des lentilles, j’ai dit.

— Tu la veux cette fessée? a crié papa, et moi j’ai dit que j’allais quitter la maison, que j’étais très malheureux, qu’on ne me reverrait jamais, qu’on me regretterait bien, que le coup des lentilles c’était de la blague et maman est arrivée en courant dans le salon.

— Tu ne peux pas être un peu plus patient avec le petit? a demandé maman à papa, moi, je dois ranger la maison, je n’ai pas le temps de m’occuper de lui, il me semble...

— Il me semble à moi, a répondu papa, qu’un homme devrait pouvoir avoir la paix chez soi !

— Ma pauvre mère avait bien raison, a dit maman.

— Ne mêle pas ta mère qui n’a rien de pauvre, dans cette histoire! a crié papa.

— C’est ça, a dit maman, insulte ma mère maintenant!

— Moi j’ai insulté ta mère? a crié papa. Et maman s’est mise à pleurer, et papa s’est mis à marcher dans le salon en criant, et moi j’ai dit que si on ne faisait pas germer mes lentilles tout de suite, je me tuerais. Alors, maman m’a donné une fessée.

Les parents, quand ils reviennent de vacances, sont insupportables !

 


Date: 2015-12-24; view: 546


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