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Exercices pour le travail individuel des étudiants

1. Mettez, s’il y a lieu, une proposition qui convient :

1. Il commença ce travail ... lire des articles scientifiques. 2. Il vaut mieux ... attendre un peu que ...partir par un temps pareil. 3. Dans le désert l’homme peut mourir plutôt ... soif que ... faim. 4. Sa peur constante de commettre une faute a fini ... être une sorte ... manie. 5. Le criminel a été condamné ... la peine capitale. 6. Dans son cas, il n’avait pas équilibre ... l’amour qu’il éprouvait et celui qu’on lui donnait. 7. Il est arrivé ... la conviction qu’il avait été trompé par cet homme. 8. Il a résolu ... quitter la ville le plus vite possible.

2. Remplacez les mots mis en italique par leurs synonymes. Ex. : Essayons de le dire.- Tâchons de le dire.

1. C’était un ignorant, mais ce n’était pas un imbécile. 2. Le malheur augmenta le peu de jour qu’il y avait dans cet esprit. 3. Ce garçon a commis une action blâmable. 4. Le prêtre l’a fait répentir de cette infamie. 5. Elle a commis une erreur fatale ayant refusé de prendre ce médicament. 6. Bien sûr qu’il a commis une erreur grave, mais le châtiment aurait pu être moins sévère. 7. Il s’indigne de la condamnation de cet innocent. 8. Les hommes ne l’avaient touché que pour le meurtrir. 9. Il sentit que fortifier son intelligence, c’était fortifier sa haine. 10. Jean Valjean sentit qu’il devenait impie. 11. Ici il est difficile de ne pas méditer un instant. 12. La nature humaine se transforme-t-elle ainsi de fond en comble ? 13. Le coeur peut-il devenir difforme sous la pression d’un malheur disproportionné ?

 

Alphonse Daudet (1840-1897)

Alphonse Daudet est un des meilleurs auteurs du réalisme français de la fin du XIXème siècle. Daudet a écrit plusieurs romans dans lesquels il brosse un tableau critique et parfois satirique des moeurs de la société bourgeoise de son époque. Cependant il tient une place toute particulière parmi les réalistes français. Comme l’a dit Anatole France, il possédait « le don d’attendrir ». Ce don justement venait de son amour apitoyé de tous ceux qui souffraient.

Dans la littérature française et mondiale, Alhponse Daudet demeure surtout l’auteur de l’immortel « Tartarin de Tarascon ». Avec un esprit brillant et un humour tout méridional, l’écrivain y dessine, dans le personnage de Tartarin, le type d’un petit bourgeois vantard et fanfaron.

Daudet est non moins célèbre comme nouvelliste. Dans son recueil de nouvelles intitulé « Lettres de mon moulin » il décrit avec un lyrisme pénétrant les beautés de la Provence et ses moeurs patriarcales. Plusieurs récits d’un autre recueil, « Contes du lundi », sont consacrés aux sentiments patriotiques dont le peuple français a fait preuve pendant la guerre franco-prussienne. Il y dénonce aussi la bourgeoisie et les généraux incapables, tous ceux qui ont trahi le peuple français, rendant inutiles ses sacrifices.



 

Porte-drapeau

Le régiment était en bataille sur un talus de chemin de fer, et servait de cible à toute l’armée prussienne se trouvant en face... On se fusillait à quatre-vingt mètres. Les officiers criaient : « Couchez-vous !.. », mais personne ne voulait obéir, et le fier régiment restait debout, groupé autour de son drapeau. De temps en temps le drapeau qui se dressait au-dessus des têtes, sombrait dans la fumée ; alors une voix retentissait, grave et fière : « Au drapeau, mes enfants, au drapeau !.. » Aussitôt un officier se précipitait et l’héroïque enseigne redevenue vivante planait encore au-dessus de la bataille.

Vingt-deux fois elle tomba ! Vingt-deux fois sa hampe encore tiède, échappée à une main mourante, fut saisie, redressée, et lorsqu’au soleil couché, ce qui restait du régiment... battit lentement en retraite, le drapeau n’était plus qu’une guenille aux mains du sergent Hornus, le vingt-troisième porte-drapeau de la journée.

Ce sergent Hornus savait à peine signer son nom, et avait mis vingt ans à gagner ses galons de sous-officier. Toutes les misères de l’enfant trouvé... se voyaient dans ce front bas, ce dos voûté par le sac. Avec cela il était un peu bègue, mais, pour être un porte-drapeau, on n’a pas besoin d’éloquence. Le soir même de la bataille, son colonel lui dit : « Tu as le drapeau, mon brave ; eh bien garde-le... » Et sur la pauvre capote de campagne, la cantinière cousit tout de suite un liséré d’or de sous-lieutenant. Ce fut le seul orgueil de cette vie d’humilité. Du coup la taille du vieux soldat se redressa. Ce pauvre être habitué à marcher courbé, les yeux à terre, eut désormais une figure fière, le regard toujours levé pour voir flotter le drapeau et le tenir bien droit, bien haut, au-dessus de la mort, de la trahison, de la déroute.

Vous n’avez jamais vu d’homme si heureux qu’Hornus les jours de bataille, lorsqu’il tenait sa hampe à deux mains. Il ne parlait pas, il ne bougeait pas. Toute sa vie, toute sa force était dans ses doigts crispés autour de la hampe, et dans ses yeux, qui regardaient les Prussiens bien en face, d’un air de dire « Essayez donc de venir me le prendre !.. » Personne ne l’essaya, pas même la mort.

Puis septembre arriva, l’armée sous Metz, le blocus, et cette longue halte dans la boue où les premières troupes de monde, démoralisées par l’inaction, le manque de vivres, de nouvelles, mouraient de fièvre et d’ennui. Ni chefs, ni soldats, personne ne croyait plus ; seul, Hornus avait encore confiance. Son drapeau lui tenait lieu de tout, et tant qu’il le sentait là, il lui semblait que rien n’était perdu.

[...]Un matin, Hornus, en s’éveillant, vit tout le camp en rumeur. On criait : « Enlevons-le ! ...qu’on le fusille !.. » Et les officiers laissaient dire. [...] Ils marchaient à l’écart, la tête basse, comme s’ils avaient eu honte devant leurs hommes. C’était honteux, en effet. On venait de lire à cent cinquante mille soldats, bien armés, encore valides, l’ordre du maréchal qui les livrait à l’ennemi sans combat. « Et les drapeaux, demanda Hornus en palissant... Les drapeaux étaient livrés avec le reste, avec les fusils, tout... To... To... Tonnerre de Dieu !... bégaya le pauvre homme. Mais ils n’auront pas la mien... », et il se mit à courir du côté de la ville.

Là aussi il y avait une grande animation. Hornus, lui, ne voyait rien, n’entendait rien. Il parlait seul, tout en remontant la rue du Faubourg.

« M’enlever mon drapeau !.. Est-ce que c’est possible ? Est-ce qu’on a le droit ? Qu’il donne aux Prussiens ce qui est à lui ! Mais ça c’est à moi... C’est mon honneur. Je défends qu’on y touche ».

[...] Quand il arriva là-bas, on ne le laissa pas même entrer. Le colonel, furieux lui aussi, ne voulait voir personne, mais Hornus jurait, criait : - Mon drapeau... je veux mon drapeau... A la fin une fenêtre s’ouvrit : « C’est toi, Hornus ? » - « Oui, mon colonel, je... » - « Tous les drapeaux sont à l’Arsenal... Vas-y, on te donnera un reçu... » - « Un reçu ? Pourquoi faire ?.. » - « C’est l’ordre du maréchal... » et la fenêtre se referma. Le vieil Hornus chancelait comme un homme ivre. « Un reçu..., un reçu... » répétait-il machinalement... Enfin il se remit à marcher, ne comprenant plus qu’une chose, c’est que le drapeau était à l’Arsenal, et qu’il fallait le ravoir à tout prix.

[...] Dans un coin, tous les drapeaux de l’armée de Bazaine s’entassaient, confondus sur le pavé boueux. Un officier d’administration les prenait un à un, et à l’appel de son régiment, chaque porte-enseigne s’avançait pour chercher un reçu...

- Hornus, on t’appelle... va chercher ton reçu.

Le drapeau était là, devant lui. C’était bien le sien, le plus beau, le plus mutilé de tous... Et en le revoyant il croyait être encore là-haut, sur le talus. Il entendait chanter les balles et la voix du colonel : « Au drapeau, mes enfants !.. » Puis ses vingt-deux camarades par terre, et lui vingt-troisième se précipitant à son tour pour relever, soutenir le drapeau. Ah ! ce jour-là il avait juré de le défendre, de le garder jusqu’à la mort. Et maintenant...

A cette pensée, tout le sang de son coeur lui monta à la tête. Ivre, éperdu, il se jeta sur l’officier prussien, lui arracha son enseigne bien-aimée, puis il essaya de l’élever encore, bien haut, bien droit, en criant : « Au dra... » mais sa voix s’arrêta au fond de sa gorge. Il sentit la hampe trembler, glisser entre ses mains. Dans cet air de mort qui pèse si lourdement sur les villes rendues, les drapeaux ne pouvaient plus flotter, rien de fier ne pouvait plus vivre... Et le vieil Hornus tomba foudroyé.

D’après Alphonse Daudet, Contes du lundi.

 

Questionnaire

1. Décrivez la bataille et le comportement du régiment.

2. Décrivez le brusque changement qui s’opéra chez Hornus après qu’il fut devenu sous-lieutenant.

3. Décrivez l’état de l’armée réunie sous Metz.

4. Décrivez l’atmosphère qui régnait dans le camp et dans la ville après la lecture de l’ordre de la capitulation. Quel était le sentiment qui animait tous les soldats ?

5. Parlez des sentiments qui agitèrent Hornus lorsqu’il eut appris le sort qui attendait son drapeau.

6. Racontez la scène qui se déroula à l’Arsenal. Quelle est l’impression que vous laisse cette description ?

7. Quels moyens stylistiques l’auteur a-t-il employé dans ce texte ?

 


Date: 2015-12-24; view: 483


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