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Ni ange, ni bête, mais l’homme

L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.

? - Il est dangereux de trop faire voir à l'homme combien il est égal aux bêtes, sans lui montrer sa grandeur. Et il est encore dangereux de lui trop faire voir sa grandeur sans sa bassesse. Il est encore plus dangereux de lui laisser ignorer l'un et l'autre, mais il est très avantageux de lui représenter l'un et l'autre.

Il ne faut pas que l'homme croie qu'il est égal aux bêtes ni aux anges, ni qu'il ignore l'un et l'autre, mais qu'il sache l'un et l'autre.

?- L'une que l'homme dans l'état de la création, ou dans celui de la grâce, est élevé au-dessus de toute la nature, rendu comme semblable à Dieu et participant de la divinité. L'autre qu'en l'état de la corruption, et du péché, il est déchu de cet état et rendu semblable aux bêtes. Ces deux propositions sont également fermes et certaines.

Mais il n'a pu soutenir tant de gloire sans tomber dans la présomption. Il a voulu se rendre centre de lui-même et indépendant de mon secours. Il s'est soustrait de ma domination et s'égalant à moi par le désir de trouver sa félicité en lui-même je l'ai abandonné à lui, et révoltant les créatures qui lui étaient soumises, je les lui ai rendues ennemies, en sorte qu'aujourd'hui l'homme est devenu semblable aux bêtes, et dans un tel éloignement de moi qu'à peine lui reste(-t-)il une lumière confuse de son auteur, tant toutes ses connaissances ont été éteintes ou troublées. Les sens indépendants de la raison et souvent maîtres de la raison l'ont emporté à la recherche des plaisirs. Toutes les créatures ou l'affligent ou le tentent, et dominent sur lui ou en le soumettant par leur force ou en le charmant par leur douceur, ce qui est une domination plus terrible et plus injurieuse.

Voilà l'état où les hommes sont aujourd'hui. Il leur reste quelque instinct impuissant du bonheur de leur première nature, et ils sont plongés dans les misères de leur aveuglement et de leur concupiscence qui est devenue leur seconde nature.

Ils ne savent ni quel est votre véritable bien, ni quel est (votre véritable état).

Comment auraient-ils donné des remèdes à. vos maux qu'ils n'ont pas seulement connus. Vos maladies principales sont l'orgueil qui vous soustrait de Dieu, la concupiscence qui vous attache à la terre; et ils n'ont fait autre chose qu'entretenir au moins l'une de ces maladies. S'ils vous ont donné Dieu pour objet ce n'a été que pour exercer votre superbe; ils vous ont fait penser que vous lui étiez semblables et conformes par votre nature.



Et ceux qui ont vu la vanité de cette prétention vous ont jetés dans l'autre précipice en vous faisant entendre que votre nature était pareille à celle des bêtes et vous ont portés à chercher votre bien dans les concupiscences qui sont le partage des animaux.

Les impies qui font profession de suivre la raison doivent être étrangement forts en raison.

Que disent-ils donc? Ne voyons-nous pas, disent-ils, mourir et vivre les bêtes comme les hommes, et les Turcs comme les chrétiens; il ont leurs cérémonies, leurs prophètes, leurs docteurs, leurs saints, leurs religieux comme nous, etc.

Cela est-il contraire à l'Écriture? ne dit-elle pas tout cela ?

 

Nul autre n'a connu que l'homme est la plus excellente créature. Les uns, qui ont bien connu la réalité de son excellence, ont pris pour lâcheté et pour ingratitude les sentiments bas que les hommes ont naturellement d'eux-mêmes; et les autres, qui ont bien connu combien cette bassesse est effective ont traité d'une superbe ridicule ces sentiments de grandeur, qui sont aussi naturels à l'homme.

Levez vos yeux vers Dieu, disent les uns; voyez celui auquel vous ressemblez, et qui vous a fait pour l'adorer.

Vous pouvez vous rendre semblable à lui; la sagesse vous y égalera, si vous voulez le suivre. « Haussez la tête, hommes libres », dit Épictète. Et les autres lui disent : « Baissez vos yeux vers la terre, chétif ver que vous êtes, et regardez les bêtes dont vous êtes le compagnon.»

Que deviendra donc l'homme? Sera-t-il égal à Dieu ou aux bêtes? Quelle effroyable distance! Que seronsnous donc? Qui ne voit par tout cela que l'homme est égaré, qu'il est tombé de sa place, qu'il la cherche avec inquiétude, qu'il ne la peut plus retrouver. Et qui l'y adressera donc? Les plus grands hommes ne l'ont pu.

 

Cette guerre intérieure de la raison contre les passions a fait que ceux qui ont voulu avoir la paix se sont partagés en deux sectes. Les uns ont voulu renoncer aux passions et devenir dieux, les autres ont voulu renoncer à la raison et devenir bête brute. Des Barreaux. Mais ils ne l'ont pu ni les uns ni les autres, et la raison demeure toujours qui accuse la bassesse et l'injustice des passions et qui trouble le repos de ceux qui s'y abandonnent. Et les passions sont toujours vivantes dans ceux qui y veulent renoncer.

 

Cet homme si affligé de la mort de sa femme et de son fils unique, qui a cette grande querelle qui le tourmente, d'où vient qu'à ce moment il n'est point triste et qu'on le voit si exempt de toutes ces pensées pénibles et inquiétantes? Il ne faut pas s'en étonner. On vient de lui servir une balle et il faut qu'il la rejette à son compagnon. Il est occupé à la prendre à la chute du toit pour gagner une chasse. Comment voulez-vous qu'il pense à ses affaires ayant cette autre affaire à manier? Voilà un soin digne d'occuper cette grande âme et de lui ôter toute autre pensée de l'esprit. Cet homme né pour connaître l'univers, pour juger de toutes choses, pour régler tout un État, le voilà occupé et tout rempli du soin de prendre un lièvre. Et s'il ne s'abaisse à cela et veuille toujours être tendu il n'en sera que plus sot, parce qu'il voudra s'élever au-dessus de l'humanité et il n'est qu'un homme au bout du compte, c'est-à-dire capable de peu et de beaucoup, de tout et de rien. Il n'est ni ange ni bête, mais homme.

 

L'Écriture renvoie l'homme aux fourmis : grande marque de la corruption de sa nature. Qu'il est beau de voir le maître du monde renvoyé aux bêtes comme aux maîtres de la sagesse!

 

L'homme n'est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l'ange fait la bête.

 

2 sortes d'hommes en chaque religion.

Parmi les païens des adorateurs de bêtes, et les autres adorateurs d'un seul Dieu dans la religion naturelle.

Parmi les juifs les charnels et les spirituels qui étaient les chrétiens de la loi ancienne.

Parmi les chrétiens les grossiers qui sont les juifs de la loi nouvelle.

Les juifs charnels attendaient un Messie charnel et les chrétiens grossiers croient que le Messie les a dispensés d'aimer Dieu. Les vrais Juifs et les vrais chrétiens adorent un Messie qui leur fait aimer Dieu.

 

 

Le Coeur a ses raisons que la raison ne connait pas

"Le coeur a ses raisons que la raison ne connaît pas". Tout le monde a entendu cette fameuse citation de Pascal. L'ennui, c'est que très peu de gens connaissent sa véritable signification. Qu'est-ce que le coeur, chez Pascal ? Ce n'est pas le sentiment, ni l'affectivité. Pascal est-il en train dire que la foi relève du sentiment et non de la raison ? Non, non et non ! Absolument pas !

Pour Pascal, il y a bien des raisons de croire. Le but des Pensées (ou du livre qu'il avait l'intention d'écrire en écrivant ses pensées, notes de brouillon qui furent retrouvées après sa mort) est bien d'exposer les raisons de croire, pour aider les libres penseurs à accueillir la vérité révélée. D'après lui, l'argument le plus fort en faveur de la vérité du christianisme est celui des prophéties, auxquelles il consacre une bonne partie des Pensées.

Alors que veut dire la citation ? Pascal donne un sens très particulier au mot coeur. Le coeur est la faculté de connaître certaines vérités de façon intuitive. Par là, il se distingue de la raison, capacité de connaître la vérité de façon dicursive (c'est-à-dire à l'aide de raisonnements que l'on peut formuler verbalement). Pascal dit que tout raisonnement mathématique repose sur des axiomes, propositions évidentes et indémontrables. Ces vérités premières sont connues par le coeur (et non, bien entendu, au terme d'un raisonnement).

Le coeur joue aussi un rôle après la formulation des raisonnements : si on me présente une multitude d'arguments pour et contre la foi, après un examen rationnel plus ou moins détaillé, c'est finalement au coeur de discerner la vérité, car c'est toujours de façon plus ou moins intuitive que nous estimons la qualité des arguments proposés.

Le mot coeur, dans la Bible, désigne le centre de la personne : c'est le coeur qui décide ultimement de suivre ou de rejeter la vérité. Pascal a sans doute repris le sens biblique du mot, en y ajoutant ses considérations épistémologique sur le rapport entre la démonstration et la connaissance intuitive.

 


Date: 2015-12-24; view: 1016


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