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La démocratie selon Rousseau, ou la représentation parlementaire en questions

L'égalité et la démocratie selon Rousseau. Eclairages d'un spécialiste

Paul Audi: Très tôt, Jean-Jacques Rousseau s'est montré sensible aux différences qui structurent la societé. Pourquoi ? En 1731, âgé de 19 ans et livré à lui-même, le jeune homme gagne Paris dans l'espoir d'y devenir précepteur : il se voit offrir une place de laquais ! Là, après plusieurs années et diverses péripéties, il parvient à se mêler à la vie mondaine et devient, en 1743, le secrétaire de M. de Montaigu, ambassadeur à Venise. Mais celui-ci s'avère être un homme présomptueux et incompétent. Rousseau, qui refuse de retomber au rang de valet, se brouille définitivement avec lui. Chassé de Venise, le jeune roturier conservera une vive amertume contre les inégalités sociales. Même si Rousseau a d'abord éprouvé l'injustice sociale à titre personnel, comme en témoignent ses Confessions, il a très vite élargi le champ de ses réflexions, explique Paul Audi, docteur-agrégé en philosophie (sa thèse portait sur l'éthique de Jean-Jacques Rousseau): "Dans le système de l’Ancien Régime, la hiérarchie et les fondements de l’autorité ne laissaient pas de place à l’égalité, elle-même subordonnée à la notion de liberté, au degré de liberté qu’on peut éprouver au sein d’une societé civile à la fois policée et réglementée par des lois."

Avant même de publier le premier Discours qui l’a fait connaître du monde intellectuel de son époque, Rousseau a écrit une lettre contestant une idéologie alors déclinante : celle de la grande chaîne des êtres qui supputait l'homme supérieur au végétal et à l'animal : "Rousseau n'aurait pas été Rousseau s'il ne s'était pas attaqué à cette hiérarchie des "perfections"", affirme Paul Audi, "Autrement dit, l'acte inaugural de sa pensée, celui à laquelle il aura été fidèle tout au long de sa vie réflexive, consista à affirmer que la seule universalité digne de ce nom devait être indexée sur un principe d'Egalité. Au commencement est l'égalité."


La démocratie selon Rousseau, ou la représentation parlementaire en questions

Une fois ce principe d'égalité établi, il restait à savoir comment le garantir par un ordre politique et social juste et légitime.

Et Rousseau, qui a élaboré son système politique sur les modèles antiques, ne concevait pas de démocratie autre que directe. Paul Audi : Alors que le pacte social et "l'aliénation totale de chaque associé avec tous ses droits à toute la communauté" qu'il suppose, n'est plus guère sujet à débat, cette question de la représentation, même si elle n'est pas au centre du Contrat social, est d'une actualité d'autant plus brûlante que les législatives viennent de se clotûrer. Des théories politiques de Rousseau, et notamment de la distinction qu'il établit entre volonté générale (ce que le citoyen souhaite pour le bien de tous) et volonté de tous (somme des volontés particulières), on peut peut-être déduire quel serait le meilleur moyen de désigner les représentants du peuple :



On le sait aujourd'hui : l'apport principal du Contrat social a été de placer la souveraineté dans le peuple, de manière inaliénable. Il n'y a pas de souveraineté qui soit transcendante au peuple lui-même. En revanche, les questions d'égalité et de démocratie représentative ("il y a des caractères d’autorité et d’autorisation qui ne sont pas du tout ceux élaborés dans le Contrat social. Aujourd’hui, nous parlons beaucoup de transfert de souveraineté, mais il s’agit en fait d’une démultiplication des lieux d’autorité", explique Paul Audi) sont toujours sujettes à débat, car infiniment moins monolithiques que cette notion indiscutable de la souveraineté du peuple.

Ils sont concernés de très près par ces questions puisqu'au coeur de la construction de l'ordre politique national et international... Qu'en pensent nos élus ? Nous avons rencontré deux d'entre eux : Bruno Le Maire, ancien ministre et député UMP, et Philippe Duron, député PS. Ce qu'en pensent nos représentants


Bruno Le Maire, qui a été directeur de cabinet de Villepin, est un ancien ministre du gouvernement Fillon, aujourd'hui député UMP de l'Eure. Passé par l'Ecole Normale Supérieure, il a été reçu à l'agrégation de Lettres modernes avant d'intégrer l'Institut d'Etudes Politiques de Paris, puis l'ENA. Pour lui, l'égalité des droits est au coeur de la conception politique française, préalable indispensable pour assurer un pacte national solide. "Nécessaire, mais évidemment insuffisante : si l’on se contente de l’égalité des droits sans regarder ce que cela signifie en terme de devoirs, d'obligations, de contreparties, je crois que cela ne suffit pas pour garantir l’unité et le bon fonctionnement de la societé."

Quant à la question de la représentation démocratique, il la trouve aussi incontournable que difficile à mettre en oeuvre, et l'évoque volontiers sur le plan national, mais également européen : Alors que d'aucuns s'interrogent sur la modernité de Rousseau, Bruno Le Maire se dit persuadé que le Contrat social est encore d'une grande actualité, et qu'il peut toujours nous fournir un support, dans un temps comme le nôtre : Philippe Duron, député-maire de Caen, est un élu du Parti Socialiste. Pour cet agregé d'Histoire, comme pour Bruno Le Maire, l’égalité des droits, les libertés reconnues par les lois, sont évidemment essentielles et fondatrices. "Mais ensuite, les inégalités de toute sortes, économiques, culturelles et sociales, viennent mettre en cause l’exercice des libertés et de la citoyenneté. Depuis le 18e siècle, nous avons mesuré qu’il fallait agir par la loi et le biais de l’action publique pour s’efforcer de mieux garantir l’accès à l’égalité pour un nombre plus important de nos concitoyens.", affirme-t-il. Et si lui aussi considère qu'une démocratie directe ne serait pas viable à l'échelle d'une nation, et que certains concepts présentés par le Contrat social ne sont plus d'actualité, il n'en estime pas moins que des progrès sont à faire en ce qui concerne la question de la représentation :

Et même si Philippe Duron se distancie de certains aspects de la conception démocratique de Rousseau, qu'il ne considère plus du tout comme actuels depuis les mesures de décentralisation des années 60 et 80, il va quand même volontiers puiser régulièrement dans les théories républicaines rousseauistes : Egalité et représentation sont donc des notions que nos hommes politiques interrogent incessamment. Et, comme le soulignait Paul Audi, ne s'agit-il pas là du secret de la démocratie ? La mouvance, la perpetuelle remise en question de la légitimité de la représentation nationale, grâce aux élections... Laissons d'ailleurs le mot de la fin à Paul Audi : "S'il est une chose qui demeurera toujours présente chez Rousseau, c'est bien la passion de la chose publique, du politique, plus que de la politique.Et l’importance qu’il y a à placer la liberté au cœur du vivre-ensemble. Cette passion a été transmise par Rousseau et de ce point de vue là, ouvrir le Contrat social est une stimulation extraordinaire que l’on peut éprouver pour redonner un sens à sa vie civique, civile et politique et revitaliser son engagement de citoyen, son inscription au sein de la Cité. " Hélène Combis-Schlumberger 6 commentaires Paul Laurens 02.07.2012

Bonjour à tous Je souhaite vous signaler la sortie de l'ouvrage "Jean-Jacques Rousseau. Conseil d'un philosophe d'hier aux politiques d'aujourd'hui" aux éditions Les points sur les i, dans lequel un programme contemporain d'inspiration rousseauiste est imaginé et soumis à votre jugement. Bien à vous, PL

surmely alain28.06.2012 Il est assez piquant que ces représentants-là se réclament de Rousseau,un des plus grands penseurs français sinon le plus grand.Si l'égalité n'est plus respectée(sinon bafouée) c'est parce que la loi n'est pas respectée ou pas appliquée.Or rares sont les domaines,en vérité,où l'on a pu voir l'UMP comme le PS lutter pour le respect de la loi en tant qu'elle est la garante de l'égalité(à l'exception de la parité en fait).Je ne mettrai pas le PS et l'UMP sur le même plan au demeurant ne souhaitant pas,pour ma part,faire cette injure aux leaders et héritiers de Mitterrand et Blum.Le problème réside dans le fait que la vérité est ailleurs.Une formation politique se réclame plus que toute autre de l'égalité.C'est le Front de Gauche.Seule la loi permet en la matière de faire progresser l'égalité.Dès lors que la loi est appliquée faut-il s'empresser d'ajouter.Quant aux tartuffes de l'égalité dans sa version "discrimination positive" ou "inégalité des civilisations" ils donnent envie de rire aux éclats tant ils ont tourné le dos à Jean-Jacques Rousseau.Qui plus est Rousseau bénéficie du sinistre privilège d'être fort mal compris et carricaturé à foison quand il ne continue pas à être couvert d'insultes.Mais les temps sont aux tartuffes comme aux faussaires d'une pensée inexistante.Ont-ils seulement lu Rousseau?La pensée fait défaut en France comme la politique du reste.C'est très bien de parler de Rousseau.Ce serait encore mieux de donner la parole à ses véritables héritiers.

FORMACOLOR27.06.2012 Bonsoir à tous et à chacun, Je m'en vais demain mettre un mot sur mon blog (formacolor.blog.club-corsica.com) en l'honneur de ce tricentenaire j'ai une grande estime pour ROUSSEAU: et l'homme et le penseur il a eu le bonheur de voir sa réflexion précéder puis coïncider avec une période de changements sociétaux majeurs: c'est le rêve de tout faiseur de systèmes! Quel trajet et quelle histoire ! honneur à lui. A un moment historique où des lézardes monstrueuses apparaissent qui feront les révolutions de Demain (elles ont déjà commencé au sud), il y faudra revoir bien des choses dans la démocratie "formelle", mais c'est aussi bien sûr en s'inspirant du Passé, de Jean Jacques ROUSSEAU entre autre (son "Contrat social" est un monument, ne négligeons pas son sous-titre), que l'on pourra bâtir quelque chose de nouveau.

iris27.06.2012 Bonjour, Merci pour cette réflexion. Je voulais attirer votre attention sur un magnifique document réalisé par l'Office national du film canadien et l'école de la Montagne Rouge, le collectifs d'étudiants québécois en art -en grève- qui ont réalisé la plupart des affiches du mouvement étudiant au Québec. C'est un site internet, un objet multimédia magnifique, qui repose entièrement sur des extraits du contrat social de JJ Rousseau.
Ca s'appelle Rouge au carré, ici : http://rouge.onf.ca/


 


Date: 2015-12-24; view: 868


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