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Structure phonétique de l'ancien français

Les modifications dans le phonétisme survenues à l'époque romane (VI-VIIIss;) ont formé en grande partie ce système vers l'ancien français qui est celui d'une nouvelle langue et non pas d'une étape de l'évolution d'une même langue. L'accent en ancien français reste dynamique. La voyelle accentuée est donc plus forte, plus nette et considérablement plus longue que la voyelle non accentuée. Cependant l'accentuation du mot est toute différente: l'ancien français ne possède que des oxytons et des paroxytons (les mots se terminant en e). La langue a une tendance prononcée au rythme oxyton et ceci à la suite de la réduction des syllabes posttoniques due au caractère dynamique de l'accent.

L'accent frappe chaque mot comme en latin, à part quelques monosyllabes — pronoms, particules — se trouvant en postposition au mot accentué et formant avec celui-ci un même groupe accentuel. Ces monosyllabes portent le nom d'enclitiques.

Bien que le vocalisme de l'ancien français soit riche en phonèmes, la classe des voyelles simples (voyelles fondamentales, monophtongues) est plutôt pauvre à l'époque. Elle comprend en très ancien français (IX-XIss.) deux séries inégales: les voyelles antérieures au nombre de six et les voyelles postérieures qui ne sont que deux. La prédominance des voyelles antérieures devient une des marques du phonétisme français. A part l'opposition «voyelle antérieure/voyelle postérieure» l'ancien français connaît l'opposition «voyelle ouverte/voyelle fermée ».

 

5. Premiers monuments littéraires de la langue française:

On trouve les premières traces du vieux français dans un manuscrit de l'abbaye de Reichenau (VIIIe s.) qui contient un glossaire latin-roman. On y trouve quelques mots latins traduits dans le français (roman). Ce glossaire atteste l'existence d'une nouvelle langue romane ainsi que le glossaire de Cassel (VIIIe-IXe ss.) qui donne quelques noms des parties du corps, d'animaux etc. Mais le premier texte officiel en français est «Serments de Strasbourg» (842). Au Xe s. «La Cantilène ou Séquence de Sainte Eulalie» marque la première apparition du français comme langue poétique. Le plus grand monument de la littérature française de cette époque est la «Chanson de Roland» qui conte de la bataille de 788. D'autres textes du Xe au XIe siècles (La Passion du Christ, la Vie de Saint Léger, la Vie de Saint Alexis, le Pèlerinage de Charlemagne) indiquent non seulement que le français est en usage comme langue littéraire, mais qu'il présente aussi des formes variées, le morcellement féodal correspondant bien au morcellement linguistique.



Le dialecte de l'Ile-de-France supplante progressivement les autres dialectes et devient bientôt modèle de l'usage littéraire.

6. Vocabulaire de l'ancien français:

Le fonds primitif du vocabulaire de l'ancien français est celui du latin parlé constitué de différentes couches lexicales (strats): le fonds latin, le substrat celtique et le superstrat germanique.

Le strat latin constitue l'essentiel du lexique français: les mots d'origine latine présentent la majorité écrasante du vocabulaire et sont d'un rendement sans égal puisqu'ils désignent les objets, les actes et les notions indispensables à la vie commune:

ome, femme, père, mène; dos, pied, main, boche; citet, ville, mur, mansion; champ, soleil, vent, pluie, jor; vieil, fier, bel, grant; aler, venir, fuir, estre, aveir, dire, chanter, conter, ferir, oir, demander, etc.

Ils servent de base à la formation des dérivés:

corage, vasselage, maintenance, maintenement, venter, champignol, jornée, fiancier, garance, grandesse, etc.

Le latin vulgaire a également fourni à l'ancien français nombre de mots d'origine différente.

Le lexique celtique et germanique n'est pas nombreux, il est d'un rendement restreint et spécialisé. C'est ainsi que les mots d'origine celtique se rapportent à l'activité des paysans, à la campagne; ce sont souvent lés termés agricoles très spécifiques (benne, charrue, claie, soc, bouge, etc.).

Le superstrat germanique a fourni surtout les termes militaires (heralt, gaite, guarder, hache, brant, honnir, hardi, fleche, escremir, mordir, etc.).

Dans le vocabulaire de l'ancien frahçais sont reflétés tous les grands événements historiques que le peuple avait vécus. L'économie et la vie politique et culturelle, bien qu'elles soient plutôt repliées sur elles-mêmes au début du moyen âge vu le mode de vie de l'époque féodale, ne restent pas sans évoluer, ce qui demande la création de nouveaux mots et expressions.

L'enrichissement lexical s'effectue par dérivation propre et impropre, par composition, grâce aux emprunts et à l'évolution de sens des vocables.

La source essentielle de l'èmprunt est le latin. A la suite des emprunts au latin il se forme en ancien français un lexique dit savant parallèle au lexique populaire. Les doublets étymologiques diffèrent par leur forme phonétique et leur signification, le mot d'origine populaire étant concret et le mot d'origine savante appartenant le plus souvent au lexique abstrait ou scientifique (signification spécialisée):

cherté - charité, chose - cause, (h)ostel – (h)ospital, avoué – advocat.

Le lexique de l'ancien français, surtout à partir du XIIe s. s'enrichit de formations nouvelles par voie de dérivation, surtout à la suite de l'usage de nombreux suffixes. Ce qui est particulier à l'ancien français c'est l'existence de plusieurs suffixes synonymiques qui s'ajoutent tous indifféremment au même radical, bien qu'il y ait déjà certaines préférences:

angoisse, angoissement, angoisserie, angoisseté;

Les principaux suffixes pour former les noms sont les suivants:

âge qui sert à former les mots abstraits à partir du radical verbal (devorage) et les mots concrets avec le radical nominal (potage, visage);

aison, -ance, -ement, -eüre produisent les mots abstraits avec le radical verbal (devinaison, secourance, usance, naissement, devinement)

aille, -erie s'ajoutent le plus souvent au radical nominal (baronaille, vilenaille, chevalerie);

L'ancien français connaît plusieurs suffixes pour former le féminin des noms de personne et des substantifs abstraits de féminin:

esse (-ece) < -icia et issa (duchesse, maîtresse, abesse, grandesse, grassesse);

Parmi les suffixes de l'adjectif on peut nommer:

-os, -ous, (< -osum) — envoisos, joios;

-able (< -abile) — au sens actif et passif—prenable, mangeable;

L'ancien français continue de marquer une vive prédilection les suffixes diminutifs:

-et, -on, -ot, -el: oiselet, oisillon, chevrot, chevron, chevalet, chapel;

La dérivation préfixale caractérise en premier lieu les verbes français. Les préfixes:

-a-, es — marquent de préférence l'achèvement d'une action :

atorner, ajorner, abattre;

Parmi les procédés productifs on peut noter la dérivation régressive ou directe qui consiste à tirer un substantif d'un infinitif en nominalisant le radical. Le nom est soit du féminin, soit du masculin:

robe (rober), demande - (demander), cri - (crier);

De nombreux substantifs sont créés par dérivation impropre à partir des infinitifs. Ce procédé de formation de nouveaux mots est illimité et très vivant jusqu'au XVIe s. Rien ne s'oppose à ce que tout infinitif subisse la substantivation qu'elle soit passagère (individuelle) ou stable, pour survivre dans la langue:

le devoir, le manger, le boire, les vivres, le rire, etc.

 


Date: 2015-12-11; view: 1214


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