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Un essoufflement de l’économie britannique ?

Introduction

 

Les trois dernières décennies du XIXe siècle voient, en Grande-Bretagne, comme dans le plupart des grands pays industrialisés une « Grande Dépression », marquée par la baisse des prix, du taux d’intérêt, des profits et par la réduction du nombre d’emplois (Bertrand Lemonnier, 1997) : André Siegfried, en 1931, dans son livre La crise britannique au XXe siècle, y voit le point de départ du déclin des années 1920. Bien connue depuis les travaux de N. Kondratieff sur le mouvement des prix et ceux de W.W. Rostow sur l’économie britannique au XIXe siècle, cette « Grande dépression » couvre les années 1873 (krach de la Bourse de Vienne) à 1896. Mais cette périodisation a été très critiquée, notamment par David McCloskey (Floud et McCloskey, 1995).

 

Pourtant l’expression est employée par les contemporains (Commission d’enquête royale de 1886, Friedrich Engels). La crise de la merchant bank Baring en 1890, sauvée par la Banque d’Angleterre, et l’ouvrage Made in Germany (1896) du journaliste E.E. Williams révèlent l’affaiblissement économique de la Grande-Bretagne, notamment face à la montée de l’Allemagne. En 1930, H.L. Beales met en cause, dans un article de l’Economic History Review, la légende de la « Grande dépression ». En 1948, Walt W. Rostow lui répond en fournissant la première étude très argumentée. Les années 1873 à 1896 se caractérisent par la diminution des prix, des taux d’intérêt et des profits, mais aussi la résistance à la baisse des salaires nominaux. Ainsi l’amélioration des salaires réels s’accompagne d’une aggravation du chômage. La croissance britannique décélère fortement, par suite de la stagnation ou de la récession agricole. La suprématie de la Grande-Bretagne se trouve remise en question. Mais en 1965, C. Wilson relance le débat.

 

Il suscite une synthèse remarquée de S.B. Saul (1969, 1985). Il remet en cause l’argumentation de Rostow en faveur d’une inversion de tendance des prix entre 1850-1873 (hausse due aux découvertes de mines d’or, aux guerres et aux investissements ferroviaires massifs) et 1873-1896 (baisse parce qu’absence de conflit armé important, réorientation des investissements au profit d’investissements intérieurs à courte gestation). Selon Saul, la baisse des prix devient moins nette dès 1887. Il réhabilite l’explication monétariste : en l’absence de nouvelles découvertes de mines d’or avant les années 1880 (Australie, Transvaal, Klondike), le stock d’or n’augmente que lentement jusqu’en 1887, puis de manière plus rapide ensuite. Surtout, il montre que les dates attribuées à la fin et au début de la « Grande Dépression » n’ont pas de significations à long terme. En effet, l’augmentation du chômage entre 1873 et 1876 ne tient qu’à quelques très mauvaises années (1879, 1884-87, 1892-95). Les salaires réels progressent au même rythme qu’entre 1851 et 1873, d’où l’accroissement de la part des salaires au sein du revenu national, au détriment des profits. La stagnation agricole ne concerne tous les secteurs et s’est engagée plus tôt. Le ralentissement industriel s’amorce dès les années 1860. Quant à la reprise des années 1897-1900, ce n’est qu’un feu de paille (Aldcroft et Richardson, 1969).



 

Richard C. Floud et David McCloskey (1995) vont plus loin encore dans la démythification de la « Grande Dépression ». Tenants de la New Economic History, ils concluent que l’idée d’échec (failure) de l’économie britannique à la fin du XIXe siècle doit être abandonnée. Malgré des progrès trop lents dans l’efficacité et les performances à l’exportation, en dépit de la crise agricole, il n’y a jamais eu de défaillance chronique de l’économie britannique de 1873 à 1896. La période édouardienne paraît plus médiocre en raison de la stagnation de la productivité industrielle. Quant aux dates de 1873 ou de 1895, elles ne correspondent qu’à de simples fluctuations cycliques de type Juglar. Il n’est cependant pas totalement assuré que tout soit si simple.

 

 

Un essoufflement de l’économie britannique ?

 

 

A partir des années 1870, se manifestent les signes d’un déclin relatif.

 

 


Date: 2015-12-11; view: 1078


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