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Le produit matériel : agriculture et industrie

 

Il ne fait pas de doute que l’industrie a progressé plus rapidement que l’agriculture. Selon Deane et Cole (1962), l’industrie a connu un taux de croissance de sa production de 3% par an en moyenne de 1831-41 à 1861-71 contre 0,7% seulement pour l’agriculture. Celle-ci s’est donc développée pendant la période mid-victorienne.

 

Un « âge d’or agricole »

 

Les conditions naturelles de la Grande-Bretagne ne sont pas défavorables à une agriculture prospère. Seuls l’Ouest et le Nord possèdent des sols ingrats et un climat trop humide et frais pour qu’y poussent bien les céréales. Au contraire, le Sud, l’Est, le Centre (y compris les Lowlands écossais) disposent de terres souvent très fertiles et d’un climat relativement sec. De plus, de 1855 à 1874, selon Feinstein, la production agricole a augmenté de + 0,7% par an en moyenne. Il s’agit d’un taux faible, mais positif qui atteste d’une prospérité inégalement réparti entre les différents systèmes agricoles et les différents groupes sociaux.

 

Le rappel des Corn Laws en 1846 intervient alors que l’agriculture britannique a retrouvé la prospérité. Il est imposé à un gouvernement tory, pourtant lié aux grands propriétaires terriens, par les mauvaises récoltes de 1845 et 1846 ainsi que par le désastre irlandais. De plus, l’invasion par les produits étrangers et l’effondrement des prix ne se produisent pas. Au contraire, les prix restent fermes et ceux des produits animaux montent de façon sensible. Si l’accroissement de la population et l’amélioration des revenus réels expliquent l’augmentation des importations de grains, il n’en n’est pas de même pour la résistance à la baisse du prix des céréales. En fait, les producteurs britanniques bénéficient d’un répit d’un quart de siècle, parce qu’il n’existe pas de surplus mondial important de grains à bon marché, que la guerre de Crimée arrête les exportations de blés russes, que la concurrence américaine reste limitée (coût des transports, boom de la demande aux Etats-Unis après la guerre de Sécession) et que les découvertes d’or en Californie et en Australie déclenchent une poussée inflationniste.

 

Cette situation ne profite guère qu’aux grandes fermes du Sud et de l’Est, d’où un recul de la culture du blé après l’abolition des Corn Laws. En fait l’âge d’or de l’agriculture s’explique par la hausse des prix des produits animaux. L’élevage devient le secteur le plus rentable, d’où une augmentation sensible de la production animale dans les régions de mixed farming du Sud et de l’Est, associant culture céréalière et embouche du bétail. Dans ces régions, d’activité d’appoint, l’élevage tend à devenir l’activité principale. La prépondérance de l’élevage sur la culture est donc bien établie avant la « Grande Dépression ». Mais les agriculteurs britanniques n’ont pas su en profiter pour transformer plus en profondeur l’agriculture britannique. Jouent des facteurs psychologiques : conservatisme traditionnel, prestige de la culture du blé, attachement au mixed farming, confusion entre efficacités technique et économique. Interviennent aussi des obstacles techniques : absence de maîtrise de la production de fourrage, répugnance à la division des tenures et à la construction de nouveaux bâtiments.



 

L’agriculture change toutefois de façon sensible devant la période. La mécanisation s’engage, avec l’introduction de la moissonneuse, en particulier celle de l’Américain Mac Cormick, mais la diffusion de cette machine s’avère lente (au contraire de ce qui se passe aux Etats-Unis). Paul David (Paul David, in D.N. Mc Closkey, 1971, p. 152) a montré que l’échec relatif de la moissonneuse ne tient que très partiellement au conservatisme des fermiers et au bas prix d’une main-d’œuvre surabondante. Il adaptée à un paysage rural hérité du passé (trop de champs de petite dimension ou de forme irrégulière, inadaptation du réseau des chemins ruraux). De ce fait la rentabilité de la moissonneuse se trouve réduite : les coûts d’utilisation et d’entretien s’avèrent très supérieurs à ceux du travail manuel. Il faut transformer l’infrastructure, donc réaliser des investissements importants, qui réduisent la rentabilité de l’exploitation. Pour David, le partage des responsabilités entre landlords et tenants constitue un obstacle à de telles décisions.

 

Pendant la période mid-victorienne, les investissements des landlords ont été considérables, mais le rendement de ces investissements a été très bas et décevant (F.M.L. Thompson, 1963, p. 145). Les fermages augmentent certes de 10 à 30% entre 1850 et 1873, mais cette hausse n’est pas proportionnée à l’étendue des investissements. Elle s’avère même inférieure à celle des prix agricoles et de l’ensemble des prix. Il s’ensuit une diminution du revenu des landlords. Les fermiers, ou du moins une partie d’entre eux, semblent avoir retiré plus d’avantages que les propriétaires de la prospérité mid-victorienne. Quant aux ouvriers agricoles, pour la première fois, leur nombre recule sensiblement, l’attraction des villes intensifiant l’exode rural. Il en résulte une forte progression de la productivité du travail et une pénurie de main-d’œuvre de certaines régions, pénurie qui assure à ce groupe social une amélioration de ses salaires réels et de ses conditions de vie.

 


Date: 2015-12-11; view: 646


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