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Les facteurs de la demande : l’impact des échanges extérieurs

 

Le libéralisme de l’époque mid-victorien inspire l’abolition, en 1846, du Corn Laws, puis, en 1849, des Actes de navigation (Crouzet, 1978). Le fait majeur réside dans la première des deux décisions, prise sous l’action d’un lobby efficace, l’Anti-Corn Law League et l’impulsion d’un homme d’Etat, Sir Robert Peel. En découle l’abolition de la préférence impériale pour café, le sucre et le bois en provenance des colonies. Les promoteurs de l’abolition des Corn Laws espéraient que la Grande-Bretagne serait suivie par ses partenaires commerciaux européens. Il faut cependant attendre le traité franco-britannique de 23 janvier 1860, dit traité Cobden-Chevalier, pour que s’engage le processus de désarmement douanier. Trois phases se succèdent (Paul Bairoch, 1976) : le libre échange unilatéral de 1846-1860, le libre échange largement partagé, qui s’achève entre 1879 (abandon par l’Allemagne) et 1892 (abandon par la France), enfin le retour au libre échange unilatéral.

 

Son influence demeure discutée. Pour A.H. Imlah (1958), le protectionnisme aurait retardé la croissance des exportations et la croissance industrielle, position contestée par John Clapham (1936), en raison de la faiblesse des importations de céréales et du protectionnisme pratique depuis 1815 par les autres européens. En conséquence de quoi, François Crouzet (1978) opte pour un effet négatif, mais limité du protectionnisme. A moyen terme, il convient en effet de ne pas surestimer les effets de la libéralisation des échange : la baisse du prix de céréales n’est guère sensible avant les années 1870 et l’on ne note aucun essor spectaculaire des exportations anglaises en direction des trois principaux fournisseurs de céréales (Russie, Prusse et Etats-Unis). Church (1975) est même franchement négatif. A long terme cependant, l’influence paraît plus grande, du fait de l’avènement de la « cheap food ». mais ici encore les opinions divergent : Paul Bairoch (1976) y voit l’une des sources majeure du ralentissement de la croissance britannique, David McCloskey (1981) en minimise les effets positifs, tandis que François Crouzet y voit la cause du caractère original de la structure économique de la Grande-Bretagne.

 

Des échanges commerciaux en expansion, mais une balance commerciale structurellement déficitaire

 

Par contrecoup, se trouve posée la question du rôle du commerce extérieur en tant que facteur majeur de la croissance économique de la Grande-Bretagne :

 

Tableau 4 – Taux de croissance annuels moyens des échanges internationaux en volume, 1850-1913 (en %)

 

  1850-1873 1873-1913
Grande-Bretagne 4,2 2,6
Etats-Unis 5,8 4,1
Europe du Nord-Ouest 5,1 5,2
Europe du Sud-Est 4,7 2,9
Total 4,6 3,3

Source : Lewis (1891).



 

Il ne fait pas de doute que le commerce extérieur britannique a connu une croissance vigoureuse durant l’époque mid-victorienne : au total d’ailleurs les exportations ont été multipliée par trente-cinq de 1814-16 à 1911-13 (Crouzet, 1978).

 

Mais ce rôle des exportations a été mis en question,, en particulier par Paul Bairoch (1976).A partir de 1852, les prix moyens des exportations commencent à monter. La croissance des exportations apparaît alors comme un leading sector. Elle contribue de façon décisive à la redistribution des facteurs de production des secteurs à productivité faible vers les secteurs plus productifs. Vers 1870, la Grande-Bretagne fait donc figure d’« économie d’exportation », avec un taux de ventes à l’étranger très supérieur à celui des autres Etats européens. Toutefois la progression des exportations britanniques apparaît dès cette époque inférieure à celle des Etats-Unis, et, même, de l’ensemble du commerce mondial. Il est donc probable que la demande extérieure ne constitua l’élément moteur de la croissance que pendant de courtes périodes, notamment les années 1840-1871, avec une influence sans plus forte sur la production industrielle que sur le PNB. Selon Deane et Cole (1962), la croissance des exportations britanniques a résulté d’abord de l’augmentation de la demande britannique de produits étrangers. De plus, les poussées d’exportation de capitaux ont toujours correspondu à une hausse des exportations de la Grande-Bretagne.

 

Il n’est pas possible toutefois de nier l’importance du commerce extérieur pour la Grande-Bretagne, notamment à l’époque mid-victorienne : le rapport importations/PNB atteint ainsi 30% entre 1870 et 1879 contre 10% de 1830 à 1839 (François Crouzet, 1978). La Grande-Bretagne doit importer des quantités croissantes de denrées alimentaires et de matières premières industrielles. Elle apparaît de loin comme la première puissance commerciale du monde : en 1850, tout en important massivement des produits primaires, elle fournit au monde plus de 40% de ses produits manufacturés. Les exportations britanniques connaissent une très nette accélération de 1826 à 1856, puis se ralentissent. Le « Great Victorian Boom » s’intègre en fait dans une longue période 1826-1873 durant laquelle les conditions favorisent le commerce extérieur britannique. Vers 1850-1860, les pays européens et les Etats-Unis ne concurrencent pas encore de façon sérieuse les produits britanniques ; en revanche, leur industrialisation provoque une forte demande d’équipement que la Grande-Bretagne est la mieux placée pour satisfaire.

 

A partir de 1830, par produits, les exportations britanniques se diversifient. Si la part du textile recule (surtout le coton), ce secteur demeure la première industrie exportatrice (plus de 25% du total). En revanche, les industries métallurgiques progressent (environ 20% du total), l’essentiel consistant en fers et aciers semi-finis ou peu ouvrés, tandis qu’apparaît une exportation de charbon. Aux importations, les matières premières pour l’industrie dominent, avec cependant une diminution de leur part relative à partir de 1860, au profit, pour l’essentiel, des denrées alimentaires. Plus stable apparaît la répartition géographique du commerce extérieur. Aux exportations, jusqu’en 1850, les Etats-Unis restent le premier client de la Grande-Bretagne, même si s’opère une reconversion partielle au profit des pays peu développés (Moyen-Orient, Afrique, Amérique latine), très demandeurs des cotonnades à bon marché du Lancashire. Le troisième quart du XIXe siècle voit en outre de rapides progrès des exportations au profit de l’Europe, notamment du Nord-Ouest, alors qu’après la guerre de Sécession recule celle des Etats-Unis, sous le double effet du protectionnisme et de l’industrialisation. Les exportations britanniques s’orientent dès lors de plus en plus vers les pays moins développés, en particulier l’Inde, mais aussi l’Extrême-Orient et l’Afrique britannique. Aux importations, à partir de 1850, la part de l’Europe s’accroît la part de l’Amérique du Nord se stabilise. Ailleurs, seules se développent l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Si la part de l’Empire apparaît stable dans le commerce extérieur total, cette part demeure faible. A partir des années 1850, la moitié des exportations se destine aux colonies de peuplement européen et un tiers à l’Inde, qui, dès cette époque, devient le premier débouché pour l’industrie cotonnière britannique. En défit des exportations réalisées dans ces zones, la balance commerciale reste toujours déficitaire. Ce déficit est particulièrement important envers les Etats-Unis, l’Argentine, l’Afrique du Sud, la Nouvelle-Zélande et l’Europe occidentale. Il ne peut être compensé par l’excédent avec l’Inde, la Chine, le Japon, l’Australie et le Turquie.

 


Date: 2015-12-11; view: 623


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