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Vers un renouveau des approches

 

Ces deux modèles dominants ont fait l’objet de nombreuses discussions de la part des historiens. Ceux-ci ont puise notamment leur inspiration chez les sociologue. Ces derniers rejoignent souvent Rostow autour de l’idée que l’existence d’une classe d’entrepreneurs ouverts au progrès technique et enclins au risque constitue un préalable à la croissance économique (C.T. Parsons). Une société est plus ou moins propice au bouleversement de l’industrialisation en fonction du degré de fluidité ou de fermeture, de ses hiérarchies et de ses idéaux. Dans Dix-huit leçons sur le société industrielle, Raymond Aron rappelle que s’il croissance est une quantité, les phénomènes qui la déterminent sont, pour l’essentiel qualitatifs. Elle requiert une rationalité économique moderne, faite à la fois d’esprit de science et de technique, d’esprit de calcul économique et de goût du changement et de l’innovation. Cinq facteurs conditionnent cette rationalité :

1/ le cadre institutionnel ; à savoir une administration et une justice rationnelle

2/ une incitation économique à la production (le producteur doit avoir le sentiment qu’une hausse de la production entraînera une amélioration de son sort)

3/ une capital disponible, pour des raisons économiques, mais aussi psychologiques (choix et effort d’investissement), du côté des individus comme des groups

4/ un accroissement de la population. En la matière les effets indirects ou psychologiques l’emportant sur les effets directs

5/ le type d’éducation, qui suscite ou entrave la volonté d’appliquer les connaissances scientifiques à l’industrie.

 

Paul Bairoch offre une approche originale de la révolution industrielle. Soucieux d’abord de fournir une explication aux difficultés de démarrage du pays sous-développés, il écarte les pseudo-facteurs du développement (le progrès technique, la croissance démographique, le mouvement des prix) tout en minorant l’effet de l’accumulation du capital : les aires géographique d’accumulation primitive (Provinces-Unies) différent des premiers foyers d’accumulation (Grande-Bretagne). De même il réfute l’idée selon laquelle l’expansion du commerce extérieur aurait été une condition nécessaire de la révolution industrielle, même dans le cas britannique. Il ne reste qu’une cause première : la révolution industrielle a été d’abord une révolution agricole, qui a permis et favorisé un développement sans précédent des secteurs industriels et miniers. En effet, la révolution agricole permet la révolution démographique en augmentant les ressources alimentaires. L’élévation des revenus agricoles permet de consacrer ces gains supplémentaires à l’achat de produits manufactures, en particulier le coton, mais aussi le fer, nécessaire à l’outillage agricole. De plus, le financement de la révolution industrielle a pour source principale le capital agricole. Selon Bairoch, le plupart des premières entreprises britanniques sont d’origine paysanne ou, au moins, rurale : de fait le passage de l’agriculture à l’entreprise textile se réalise aisément. Cette thèse de P. Bairoch, pour séduisante qu’elle est, ne propose pas cependant de cause pour la révolution agricole.



 

Alexander Gerschenkron, de son côté, a développé, à partir du cas russe, un modèle d’explication du retard dans l’industrialisation. Si le pays suiveur souffre souvent de handicaps divers par rapport au pays leader, il profite aussi de l’expérience de ses prédécesseurs. En inversant le raisonnement de Gerschenkron, Richard Roehl propose ainsi une grille de lecture de l’industrialisation pionnière de la Grande-Bretagne. Plus un pays est en avance :

1/ moins les moyens mis en œuvre seront importants, donc moins l’industrialisation sera rapide ;

2/ moins les technologies choisie sera élaborée ;

3/ moins la taille des entreprises sera grande ;

4/ moins le remplacement du travail par le capital se fera rapidement ;

5/ moins il aura tendance à choisir dans les secteurs à démarrer ceux produisant des biens de production ;

6/ moins l’industrialisation est encouragée par l’Etat

7/ moins le rôle des banques d’investissement est important ;

8/ moins la dépendance technologique et financière à l’égard de l’étranger est forte ;

9/ moins il y aura de pression sur les niveaux de vie populaires, afin de dégager le taux d’investissement maximal ;

10/ moins l’agriculture aura de rôle dans l’industrialisation.

 

 


Date: 2015-12-11; view: 933


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